
à un corps, à un régiment, à un officier , à un bas-
officier , à un foldat.
D É CO U V E R T E . Vifite d’une certaine étendue
de terrein. L’objet de la découverte eft dé s’affurer
s’il n’y a point au voifinage de troupes ennemies
embufquées , en marche , ou prêtes à attaquer.
( V. R econ no is san c e . ).
DÉDOUBLEMENT. Réduâion d’une troupe
à deux.
Le dédoublement a lieu , lorfqu’après avoir formé
un régiment de deux autres , on les remet en deux
régiments comme auparavant: & de même des
compagnies , des diviiions , &c.
. DÉ FA ITE . État d’un corps de troupes qui
éprouve dans une aélion une difperfion prefque
totale, ou une perte très confidérable. La défaite
peut aller jufqu’à la dëftru&ion.
DÉFENSE. Le^rincipe général de la défenfe
eft le contraire de celui de l’attaque : il confifte à
maintenir fes flancs. Il ne faut pas les laiffer em-
braffer , preffer, déplacer. Ce principe s’applique
à la défenfe d’une armée , d’une province , d’un
royaume : car une province & un royaume, ainli
qu’une armée , ont leurs flancs, que l’attaquant
tente d’embralfer , quand il connoît le fublime de
l’art. Ainfi un général doit affurer les flancs de
ion armée , comme on l’a dit partout ; mais on
n’a point encore étendu ce principe à la protection
d’un pays; & cependant il eft le .même. Il faut,
foit par des places fortes ou par des troupes,
empêcher que l’attaquant neTembraffe , & prendre
partout devant lui une telle pofition , que vous
puiffiez toujours être plutôt que lui fur touts les
points du front que vous avez à défendre. C ’eft
en cela que confifte tout l’art de la défenfive. (F .
pour les détails G u er r e d éfen siv e . ) . '
La défenfe d’un pofte fermé diffère de celle d’une
ligne, en ce que celui-là peut toujours être em-
braffé de toutes parts. Voilà pourquoi l’art de la
défenfe y eft & fera éternellement très inférieur à
celui de l’attaque : on peut dire en général que tout
pofte fermé , l’oit ville , citadelle , château, bourg ,
& c . , obligé de fubfifter par lui , devant un attaquant
, eft un pofte pris. ( Pour la défenfe des
places , poftes , vôye^ ces mots ).
On nomme défenfe de front le feu dirigé perpendiculairement
au rempart défendu ; défenfe de
flanc ,\ celle qu’une partie de rempart tire des
flancs qui la voient. C ’eft la plus effentielle de la
fortification , & elle eft infiniment préférable à la
défenfe du front.
Pour le prouver , foit A D C ( fig. 171 ) la
coupe ou le profil d’une enceinte formée d’un
rempart & d’un parapet : le fpldat qui eft placé derrière
le parapet en A , ne peut, à caufe de l’épaif-
feur A D du parapet , découvrir le pied C du
revêtement C D ; il ne peut même découvrir la
campagne,qu’à l’extrémité B du prolongement de
la partie Supérieure A D du parapet : ainli la défenfe
dire&e de cette enceinte ne commence qu’au point
J B , en forte que l’efpace C B n’eft point, défendu.1
I La défenfe de flanc n’a pas cet inconvénient, elle
J découvre toute la longueur des parties qu’elle dé-
J fend , & c’eft elle qui contribue , pour ainfi dire.,
uniquement à la défenfe des ouvrages.
La défenfe de flanc peut être de deux efpèces
fçavoir direâe ou oblique.
Elle eft dire&e, lorfqueles parties qui fervent de
flancs, font à-peu-près perpendiculaires à celles
qu’ils défendent; & elle eft oblique , quand ces
parties font dans une fituation oblique , ou inclinées
à l’égard des parties défendues.
Ainfi , dans les.fyftèmes de M. de Pagan & de
M. de Vauban , oh le flanc eft à-peu-près perpendiculaire
à la ligne de défenfe 3 les flancs défendent
direélement les faces des baftions oppofés ,
parce que le foldat, en s’appuyant, ou en le plaçant
parallèlement au côté intérieur du parapet
des flancs , découvre devant lui les faces qu’il doit
défendre.
Dans les fyftèmes d’Errard, de Marolois, du chevalier
de Ville, &c. où le flanc fait un angle aigu
avec la ligne de défenfe , la défenfe eft oblique,
attendu que le foldat placé fur le flanc , ne peut
découvrir la face du baftion oppofé , qu’en fe
mettant de côté , dans une pofture gênante , &
qui demande de l’attention. Cette forte de défenfe
eft généralement méprifée , parce que l’expérience
fait voir dans les attaques, que les foldats tirent
toujours vis-à-vis d’eux, fans le donner la peine
de fe placer de côté pour tirer fur d’ennemi; ainfi
la défenfe oblique ne doit être employée que
.lorfqu’on ne peut faire autrement ., ou que le
foldat eft peu. expofé à l’ennemi , comme dans
• les tenailles du foffé , fur-tout dans les fimples ,
qui n’ont qu’une défenfe très oblique. Voye^ T en
a i l l e s . ( Q ) .
D é f e n s e (ligne de). Ligne tirée du fommet
de l’angle du polygone ou du baftion. à l’angle
de la courtine. Les lignes D E , D E , fig. 170 ,
font les lignes de défenfe ; e’eft fur elles que , dans
la conftruénon , on prend les faces du baftion.' .
D é f e n s e s dune place. Pièces de fortification
qui défendent d’autres pièces. On nomme, aufli
défenfes les parapets de toute pièce de fortification.
Ruiner les défenfes d'une place , c’eft ruiner les pa-,
rapets du front attaqué.
DÉFILÉ. Paffage enfoncé entre des bois ou des
coteaux, qui ne peut recevoir qu’un front de troupes
, peu étendu. Voye^ R i v i è r e .
Un officier particulier peut être chargé de mettre
en état de défenfe , &. de garder l’entrée d’un défilé
; il peut être chargé d’en défendre la fortie <;
.il peut encore avoir reçu l’ordre d’attaquer un
ennemi pofté à l’entrée ou au débouché d’un dé-'
filé. Voyons rapidement quelle doit être fa conduite
dans ces différentes circonftances.
Défendre un défilé fe réduit, en dernière ana-
lyfe , à barrer, à l’ennemi un chemin qu’il veut
fuivre. Pour fermer militairement un paffage , il
faut élever des ouvrages qui, par leur difpofition,
le couvrent de beaucoup de feux croifes &. rafants ;
il faut creufer des foliés qui empêchent 1 ennemi*
d’approcher ; il faut multiplier les objets qui peuvent
retarder fa marche ; il faut enfin couvrir fes
propres flancs de manière à ce que l’affaillant,
en fe plaçant fur la droite ou fur la gauche du
défilé, ne puiffe pas obliger les defenfeurs a abandonner
leur pofte.
Dès qu’on aura ordonné à un officier d’aller
garder un défilé, fi on ne lui a pas expreffement
défigné l’endroit où l ’on veut qu’il établiffe fa
troupe , & la manière dont on veut qu’il fe fortifie
, il fe portera fur le chemin qu’on lui aura
nommé , & vers le point qu’on lui aura indique ;
il cherchera à reconnoître quel eft l’endroit le plus
propre à être mis en état ae défenfe ; il fe déterminera
pour celui où le chemin paffera entre deux
montagnes , au milieu d’un bois, au milieu d’un
marais , fur le bord d’une rivière, objets dont la
rencontre forme des défilés. S’il a à choifir entre
plufieurs fituations à-peu-près également favorables
, il donnera la préférence à celle qui ne
fera point dominée , où dont il fera aifé de garder
le cfommandement , qui ne pourra être tournée
ou prife en flanc , qui lui procurera le plus de
feux croifés fur l’objet qu’il veut défendre , à celle
enfin dont il pourra émbaraffer les avenues avec le
plus de facilité.
Si un détachement eft deftiné <à garder l’entrée
d’un défilé formé par deux montagnes , & fi ces
deuat montagnes ne font pas à plus de 90 toifes
de diftance l’une de l’autre , le commandant
de la troupe, après avoir bien reconnu les environs
de ces montagnes , après avoir examiné
avec foin les endroits , par lefquels elles font de
l’accès le plus facile , & après s’être affuré qu’on
ne peut les tourner fans faire un très grand circuit,
s’emparera du fommet des deux montagnes ; il y
établira quelques hommes qui fe couvriront avec
un abbatis ou un fimple foffé ; il tracera enfuite
au milieu du défilé une redoute à crémalière.,
( voye^ dans l’article O u v r a g e e n t e r r e , le
paragraphe des redoutes à crémalière ) , ou une
redoute à faillants perpendiculaires. ( Voye^, dans
l’article que nous venons de citer , le paragraphe
des redoutes à faillants perpendiculaires. ). Une
de ces deux redoutes , étant conftruite comme
nous l’ i n d iq u e r o n s dans l’article O u v r a g e e n
t e r r e , le défilé fera déjà en état de faire quelque
défenfe. Quand le commandant du détachement
voudra rendre le défilé plus difficile à forcer,
il fera élever , au pied de chaque montagne , une
redoute ouverte à côtés brifés. ( Voye£ l’article
déjà cité .paragraphe des redoutes à côtés brifés. ).
qu’il adoffera au pied de la hauteur. Les flancs
intérieurs de ces redoutes à côtés brifés, étant
prolongés, doivent former un angle droit , & la
redoute à crémalière ou à faillants , doit être placée
«le manière que l’angle , diamétralement oppofé à
j
celui qu’elle préfente à l’ennemi ,fe trouve formé
par le prolongement des côtés des redoutes latérales.
Si les montagnes font à plus de 90 toifes de
diftance , au lieu d’une feule redoute placée dans
le milieu du défilé , on en .conftruit deux ou trois,
& on les place de manière qu’il n’y ait jamais
plus de 90 toifes d’une redoute à l’autre.
Quand l’endroit par lequel l’ennemi peut tra-
verfer le défilé , eft plus rapro.ché d’une montagne
que de l’autre , on conftruit toujours une redoute
dans le milieu du paffage ; le refte de la difpofition
n’éprouve aucun changements
Quand on en a le temps , on élève les courtines
qui doivent lier enfemble les différentes redoutes ;
fi on ne peut p.as conftruire les courtines dans leur
entier , parce qu’on manque de temps ou de matériaux
, on fe contente de creufer a droite & a
gauche de chaque redoute un large foffé long de
vingt pieds ; on jette les terres qui proviennent
du déblaiement, dans l’intérieur du défilé ; on peut
encore remplacer le foffé par un fort abbatis , auquel
on donne la longueur que nous avons preferite
pour le fofféi,
Pour augmenter la force des redoutes qu on
aura conftruites dans la largeur du défilé, on *em-
ployera les différents moyens que nous avons raf-
femblés dans le paragraphe III de l’article O uv
ra ge EN TERRE.
Les redoutes conftruites & couvertes par tout
ce qui peut augmenter leur force , on s occupe a
rendre l’accès des montagnes difficile. O n y parvient
en taillant le roc autant à pic qu’on le peut ; en
plantant des paliffades & dès piquets dans les endroits
où la rampe eft douce ; & des arbres tailles
en abbatis dans ceux où elle eft le plus acceflible.
On fait encore dans la montagne & au-deffus des
redoutes ouvertes, des coupures que l’on couvre
d’un foible parapet, d’un blindage ou dun éventail.
( Voyc{ Ev en ta il . ). On difpofe ces coupures
de manière que l’on ne puiffe y entrer que
par le fommet de la montagne , ou , qu en fui-
vant des fentiers très efearpés. On place des
fufiliers dans ces coupures ; on y affemble des
amas de pierres & de gros quartiers de roc qu’on
fe propofe de faire rouler fur les affaillants ; on
a le foin de multiplier ce genre de défenfe dans
la partie de la montagne qui commande le défilé
.S
i on a plufieurs pièces de canon , on les place
de manière qu’elles procurent des feux croifés
fur le défilé. Si on n’a pas une affez grande quantité
d’artillerie pour en placer dans les redoutes
latérales, on la met dans la redoute qui occupe
le milieu du défilé , & on la difpofe de manière
que le feu en foit rafant.
Quand le défilé fera formé par des bois , on
fera couper les arbres à 18 pouces ou deux pieds
de hauteur, jufqu’à la portée du canon ; les arbres
ainfi coupés font une efpèce d’abatis : il en eft