
piquée proprement à la petite pointe du marteau ÿ
fes faces dreffées à la règle , &. les joints démaigris
pour recevoir le mortier ; la fécondé , fera la
brique dont on fe fervira pour le parement ; &. la
troifième , le moëllon pour la -garniture du milieu
& des contre-forts.
On pofera la première affife du parement ,
compofé de boutiffes & de carreaux ; fi les boutiffes
font rares, on en mettra un tiers fur deux
tiers de pannereffes, les unes & les autres ayant
leurs faces taillées fuivant le talus du revêtement ;
derrière cette première affife , on couvrira toute
la maçonnerie des fondements, tant du revêtement
que des contre-forts , d’un lit de trois briques
d’épaiffeur pofées à plat, bien garni de mortier ;
le commencement de cet ouvrage demande beaucoup
de foin & de précaution. Ce premier lit
étant pofé, on en fera un autre derrière les pierres
du foubaffement, qui aura trois briques & demi
de largeur feulement ; fur celui-ci , on en fera un
fetond qui fera moins étendu d’une demi-brique ;
fur ce fécond, un troifième qui ira encore en
diminuant d’une demi-brique, & on continuera
de même jufqu’au cinquième rang , qui fe terminera
à une brique & demie. En élevant ces rangs
de brique, on a grand foin de bien garnir tout
le refte de l’épaiffeur du mur & des eontre-forts
de moëllon à bain, de mortier arrafé fur toute
Y étendue de l’ouvrage, que l’on conduit toujours
de niveau , de même que les contre-forts, aux
angles defquels on met les plus gros moëllons, ob-.
fervant que la racine foit bien liée avec le revêtement,
pour que le tout ne faffe qu’un corps.
Quand la maçonnerie a- été élevée de niveau au
dernier rang de brique dont nous venons de parler,
pour lors on dit avoir fait une levée, que l’on
couvre derechef d’un rang de trois briques d’épaiffeur
, qui règne généralement fur tout l’ouvrage
; ce rang eft nommé chaîne, parce qu’ef-
feôivement il enchaîne, pour «ainfi dire, toutes
lès parties de l’ouvrage les unes avec les autres.
Après cela, on recommence tout de nouveau à
faire une levée de briques de cinq rangs de hauteur
, allant en diminuant d’une demi-brique au
premier rang, & fe terminant à une & demie au
cinquième, le derrière garni de moëHon comme
Eon a fait pour la première le vée , & ainfi de
fuite.
D ’un autre coté, l’on continue a conduire le
parement par affifes de boutiffes & de pannereffes,
les boutiffes*font bien enclavées dans l’épaiffeur
du mur, & les pannereffes ferrées & maçonnées
entre les boutiffes, faifant. toujours fuivre à
leur face le talus de la muraille jufqu’à ce que le
foubaffement foit parvenu* a la hauteur qu’on
jugera à propos de lui donner qui eft ordinairement
de 5 ou 6 pieds , plus ou moins, félon la
Hauteur de l’ouvrage. Le fommet de la dernière'
affife du foubaffement doit être taillé en chamfrain
de deux pouces cette partie du- parement fe
fabrit^ue, cofhme nous l’avons dit, avec du mortiesf
de ciment de terraffe, ou de cendrée de Tournai y
félon les pays oh l’on fait travailler ; on en ufe
de même pour touts les autres murs qiii font fujets
à être environnés,d’eau.
Quand le foubaffement eft achevé, on continue
à élever le refte du parement, qui fe fait de
briques ou de moëllons piqués, mais plus ordinairement
de briques ; c’eft pourquoi j’ai- fuppofé
que le profil repréfenté par les figures 306,307
& 308 , étoit fait dans ce goût là : il exprime
affez bien la difpofition des affifes qui compôfent
le foubaffement, les chaînes de briques qui fe
font après chaque levée , & les cinq rangs dont
nous avons parlé , qui vont toujours en diminuant
d’une demi-brique ; ainfi, comme ce def-
fein aide beaucoup à faire entendre la conftruéfion
que je me fuis propofé de décrire, cela me dit-
penfera d’entrer dans bien de petites circonftances-
qui fe préfenteront d’elles-mêmes à l’efprit, pour
peu qu’on y faffe attention..
Si le refte du parement, au-deffous* du foubafe
fement, fe fait de brique-, on commence par en
affeoir un rang, que l’on met à plat, & qui font
face de leur tête : fur celui-ci on en met un autre
a plat qui font face de leur longueur , & alternativement
une affife en boutiffes- & une autre en
pannerefle à joints recouverts, obfervam de fuivre
le talus qui a été réglé par le profil, ôt toujours
de même jufqu’au cordon , au contraire du derrière
de la muraille qui doit être à plomb y auilï
bien que les contre-forts.
En conduifant le parement, on arme les angles5
faillants de pierre de taille en petit boffage d’un
pouce & demi de relief, pofé par affife réglée , &
les deux faces de chaque pierre qui font parement,
font taillées de façon quelles forment précifémènt
un angle égal à celui que doit avoir l’ouvrage,
ayant attention de donner auffi à ces mêmes faces-
lé talus que doit avoir le revêtement,de la manière
qu’on le voit repréfenté dans la figure 9 \ quand
on eft parvenu à la hauteur qu’on veut donner au-
revêtement, on le- termine d’un cordon de la
même pierre, d’un pied de hauteur , taillé en"
demi-rond r & pofé en faillie d’environ 5 ou m
pouces; ce cordon eft auffi compofé de pannereffes
& de boutiffes : les pannereffes doivent avoir
au moins 24 pouces de l i t , non compris la faillie
& les boutiffes,. trois pieds de queue , le derrière-
bien garni & conduit à même hauteur ; enfuite on>
élève quelquefois , fur le fommet-de la muraille
un petit mur à-plomb devant & derrière , auquel
on donne quatre pieds de haut & trois d’épaiffeur
pour fervir de revêtement au parapet. Quand la
pierre de taille eft commune , on le couronne par
une tablette qui- a un larmier dont la faillie eft de
3- ou 4 pouces , ou bien on couvre toute la maçonnerie
par une affife de brique pofée en liaifon
alternative , moitié de champ & moitié debout,,
avec lefquelles on fait auffi un larmier qui déborde;
feulement d’un pouce ou d’un pouce & demi ,
obferyant de donner au couronnement une pente
de 4 pouces, allant du derrière au devant; le
tout conftruit à petits joints, en bonne liaifon ,
bien reciré.
Quand on fait des demi-revêtements , on fuit
:les mêmes chofes qu’on vient de voir , c’eft-à-dire,
que Ton conduit la maçonnerie depuis la dernière
retraite des fondements jufqu’à la hauteur de la
ligne de niveau ou de rez-de-chauffée ; le refte
de la hauteur fe revêtit de gazon ou de placage ,
& on fe conforme au cinquième ©rticle du profil
général de M. de Yauban.
A l’égard du revêtement des contrefcarpes ,
& de ceux des gorges des ouvrages, la maçonnerie
s’en fait avec les mêmes précautions qu’aux
remparts , ainfi on en peut juger par la figure
huitième.
Comme l’on fe trouve fouvent dans la nécef-
îité de lier de nouvelle maçonnerie avec la
vieille, je m’arrêterai un moment pour enfeigner
une pratique qu’on ne fera pas mal de fuivre en
pareil cas ; les maçons y faifant ordinairement fi
peu d’attention , qu’il arrive toujours que leur ouvrage
eft défeâueux en cet endroit-là.
Après avoir détaché une partie. de la vieille
maçonnerie pour fe donner des amorces , il faut
grater le mortier qui fe trouve fur la pierre, tant
qu’il n’en paroiffe plus que dans le fond des joints,
enfuite nétoyer proprement toutes les ordures,
de forte qu’il n’y refte pas de pouffière. Pour cet
effet il faut, après s’être fervi du ballet, avoir de
groffes broffes , afin que les foies s’introduifant
dans les pores les plus imperceptibles , en faffent
fortir tout ce qui s’y trouve ; car , c’eft ordinairement
la poudre répandue fur la pierre qui empêche
le mortier de s’infinuer dans fes pores pour
faire une bonne liaifon. Après cette préparation,
il faudra jetter fur la vieille maçonnerie une grande
quantité d’eau , à diverfes reprifes, afin qu’elle s’y
imbibe ,. & qu’elle acquierre pour ainfi dire une
vertu attra&ive. Il faut avoir dans un baquet de
bonne chaux détrempée , de forte qu’elle foit
graffe & glutineufe ; plufieurs manoeuvres prendront
des broffes, les tremperont dans la chaux
pour l’imprimer fur la maçonnerie, en frappant
a petits coups, afin qu’elle pénètre dans les joints
& les pores de la pierre jufqu’à ce qu’elle en foit
bien imbibée, & qu’on en ait mis une quantité
fuffifante pour que cette colle de chaux furmonte
de 3 à 4 lignes la furface de la maçonnerie , après
quoi on appliquera deffus de bon mortier pour
maçonner comme à rordinaire , obfervant que la
pierre ou la brique foient bien entrelaffés avec
les amorces, & faffent une bonne liaifon. Alors
la chaux qui fe trouve entre la vieille & la nouvelle
maçonnerie, les unifient fi bien enfemble
en s’incorporant dans l’un & dans l ’autre . qu’il
fe fait peu de temps après une liaifon qui rend
l’ouvrage plus indiffoluble à l ’endroit de la jonc*
tion j que par-tout ailleurs, comme l’expérience
l’a fait voir toutes les fois qu’on en a ufé ainfi.
Voilà ce que je m’étois propofé de dire fur la
maçonnerie en général ; je me fuis un peu étendu
fur celle des revêtements de fortification , parce
qu’elle appartient particulièrement à mon fujet ;
mais fi je voulois entrer dans un femblable détail
pour tout ce qui pourroit demander une conftruc»
tion particulière , félon les différents cas qui peuvent
fe préfenter , je n’aurois jamais fini. C ’eft
pourquoi je me tiendrai à l’idée que je viens de
donner , me propofant pourtant de ne pas négliger
dans la fuite les occafions où je pourrai infinuer
les connoiffances que je croirai encore néceffaires ,
quand il fera queftion, par exemple, des ponts ,
des voûtes, des éclufes, & autres ouvrages con-,
fidérables, qui ont une manière d’être fabriqués
qui leur appartienne effentîellement.
Explication des tables fuivanteE.
Ayant penfé que peu de perfonnes feroîent
ufage des règles que j’ai enfeignées pour trouver
l’épaiffeur des revêtements , à caufe de la longueur
des calculs, & que le plus fur moyen de contenter
tout le monde , étoit de donner des tables
dans lefquelles on peut trouver les dimenfions de
touts les profils qui peuvent s’exécuter, félon les
différents talus que l’on voudroit donner aux revêtements
, foit pour ceux qui foutiendroient des
remparts, accompagnés de leur parapet, ou pour
les autres q u i, n’ayant point de parapet à fou-
tenir, ferviroient aux terraffes , aux quais , aux
chauffées , aux contrefcarpes , aux gorges des
ouvrages, & c . mais ces tables telles que je les
conçus d’abord , me parurent d’un fi grand travail
que j’héfitai longtemps à les entreprendre ; j'en
expofai le deffein à quelques perfonnes de mes
amis , qui me firent entendre que de tout ce
que je pouvois rapporter dans taon livre , rien ne
feroit plus utile & plus intéreffant ; cela fuffit pour
me déterminer à vaincre la répugnance que j’avois
à m’appliquer pendant un temps confidérable à
un ouvrage auffi ingrat. C a r , il faut convenir que
le public n’eft pas toujours équitable ; fouvent il
ne juge du prix des chofes que par ce qui peut
flatter l'imagination , & tient fort peu de compte
de la peine dont un 'auteur veut bien feul fe
charger.
Comme j’ai déjà donné des tables pour l’épaif-
four des revêtements, on penfera peut-être que
celles dont je parle font à-peu-près les mêmes :
cependant elles font bien différentes , car dans les
premières touts les profils font affujettis à un talus ,
qui eft toujours la cinquième partie de la hauteur ,
& on n’y fuppofe point de contre-forts, au fieu que
dans c elle- ci l’on a une fuite de revêtements ,
depuis 10 pieds jufqu’à 100, qui ont non-feulement
pour talus , le cinquième de la hauteur ,
•mais le fixième , le feptieme, le huitième , le
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