
de les enlever , ou î’economie dans leur' contamination
, fe donne aufli la facilité d’avoir les autres
chofes , qui peuvent regarder autant la fubfiftance
"des hommes, que celte des chevaux.
Je dirai donc en général , que quoique nos
sftmees ayent a leur fuite beaucoup moins d’équi-
f âges que celles des Allemands, elles ne laiffent
pas de confommer infiniment plus de fourrages &
caifancès.
Il y a plufieurs raifons de cette contamination
Inutile de nos armées, & de la bonne économie
de celle des Allemands ; ils font prefque toujours
leurs fourrages en arrière , & fuivant même les
tefoins que chaque particulier en a. Ainfi la marche
des efcortes & des fourrageurs ne gâte pas un grand
p a y s , comme cela arrive parmi nous. -
Les Allemands ont encore une autre manière
de prendre les fourrages en avant en détail, & je
î ’eftime fort, à caufe de touts les bons effets qu’elle
produit.
Ils avancent fouvent un gros corps de cavalerie
affez loin de leur armée , fuivant la conftitution
du pays où ils font la guerre. Ce corps pouffe de
petits partis devant lui pour fa fureté lefquéls ne
peuvent être pouffés bien loin par les nôtres ,
parce qu’ils fe retirent à leur gros corps.
Ce corps avancé facilite & allure même l’ente-
vement en detail & fans dégât, des fourrages qui
font entre l’armée & ce corps de cavalerie , qui
fubfifte même pendant qu’il eft dehors des fourrages
trop éloignés de l’armée pour être enlevés,
en rapporte en ballots lorfqu’il revient au camp.
L’ufage que les Allemands font de la paille hachée
lorfque les armées fourragent en fe c , eft
encore d’une grande économie pour la confom-
ination. pour peu que le cavalier y mêle de grain ,
fon cheval eft bien nourri, & le pays dure bien
plus longtemps ; parce tout ce qu’il a produit
eft tourné à profit pour l’armée, qui fait moins
de mouvements pour fe donner des fubfiftances ,
& par conféquent ruine moins les chevaux de fa
cavalerie & de fes équipages.
Le premier ufage de prendre les fourrages en
détail, & de confommer ceux qui font en arrière ,
avant ceux de la tête ou des ailes'; les fait durer
plus longtemps en verd ; parce qu’il n’y en a point
de gâtés par la marche des efcortes & des four-
rageurs, comme je l’ai dit ci-deffus.
Le fécond, de fe fervir de la paille hachée , les
fak durer plus longtemps en fec. Aufli avons-nous ;
toujours vu par expérience, que nos ennemis fub-
fiftent plus longtemps que nous dans un pays., &
qu’ils y fubfiftent même fans incommodité , quand
ils y entrent après nous, & que nous le quittons '
après avoir cru l’avoir entièrement épuifé.
De Vattaque des fourrages.
Les fourrageurs & pâtureurs d’une armée s’enlèvent
de différentes manières, ou eç détail, ou j
çn généra}, J
Si c’eft en détail,, cela s’exécute par de petits
partis , q u i, à la faveur des pays couverts , pénètrent
dans les fourrages ou pâtures , & enlèvent
quelques chevaux. Cet avantage n’eft pas confi-
dérabie, parce que ces pertes font aifément réparées
, pourvu qu’elles n’arrivent pas trop fouvent
par négligence.
Il n’en eft pas de même des grands fourrages ,
dont l’enlèvement met fouvent une grande quantité
de cavaliers à pied , & diminue coniidérablement
un corps entier de cavalerie. Mais aufli, comme
les précautions de l’armée qui fourrage font plus
grandes , il faut .en ce cas attaquer lefdits fourrages
avec plus de force & de précaution , & fe régler*
pour executer ce deffein, fur la çonnoiffance exa£ie
du pays où fe fait le fourrage , & fur la force &
la difpofition de fon efcorte, qu’il faut attaquer
avec un corps fort fupérieur , qui l’oblige à abandonner
les fourrageurs , dont on ramènera enfuitç
.les chevaux avec des gens..détachés, qui auront
été deftinés à cet ufage.
Une maxime générale, eft de ne jamais attaque?
les fourrageurs , que lorfque les cavaliers font oqs
cupcs à lier leurs trouffes, & que leurs çhevaujt
paiffent.
11 faut que ceux qui font chargés de ramaffer
les chevaux , ayent de quoi couper les longes avec
lefquelies les chevaux qui pâturent font empêtrés ,
&. même des fouets pour les chaffer devant eux,
parce que les chevaux fe fuivent les uns les
autres.
C ’eft de cette manière qu’on doit attaquer un
fourrage entier & bien gardé ; car, fi la chaîne qui
doit empêcher les fourrageurs de s’écarter, ou pour
courir à des villages éloignés de l’efcorte^, ou derrière
des bois & des rideaux,hors de la vue defdites
efcortes s’eft rompue , il ne faut pas en ce cas que
l’officier , chargé de l’enlèvement du fourrage ,
s’amufe à en attaquer Fefcorte. Il doit fe tenir dans
fon embufcade avec le gros de fes troupes, &
faire fêulçment ramaffer les chevaux qui auront
été emmenés hors de l’enceinte & de la vue des
efcortes , &. garder les fourrageurs , pour qu’il n’y
en ait point qui puiffe aller avertir 'l’efcorte.
Par cette conduite il enlèvera une grande quantité
de chevaux ,fans que l’on s’en apperçoive qu’au
retour du fourrage.
Cette manière fe pratique plus aifément dans la
faifon avancée, lorfque le fourrageur veut battre
du grain dans les granges ; parce qu’on trouve les
chevaux plus raffemblés, & par conféquent plus
aifés à emmener fans bruit, qup lorfqu’ils font difi
pçrfés dans la plaine. (F euquières.).
FOURRIER. Homme chargé de marquer les
logements.
Le maréchal- général-des-lpgis de l’armée a fous
lui des fo u rr ie rsqui , d’après les ordres , vont
marquer les logements de l’état - major dans les
villestau villages , où le quartier-général doit être,
établi, ils écrivent avec de la craie le nom & la
qualité
F O U
ijùalité de chaque perionne fur la porte de la
maifon où elle doit loger.
Il y a aufli dans chaque compagnie d’infanterie ,
cavalerie, &c. un fourrier qui a le rang de fergent,
& commande à Ion rang parmi eux. Il drèffe les
états, tient les livres & régiftres , eft refponfable
au quartier - maître de touts les détails de diftri-
bution & de comptabilité, & pourvoit au logement
de la compagnie, ainfi qu’au tracé du camp.
On connoit dans l’état militaire François trois
efpèces de fourriers. Les fourriers de l’état-major
de l’armée ; les fourriers du corps de la maifon du
ro i; enfin les fourriers bas-officiers d’infanterie, de
cavalerie, de dragons , de, huffards & de chaffeurs.
§• Ier. - !
Des fourriers de l ’état-major de l ’armée.
Les fourriers de l’état - major de l’armée font
fubordonnés aux maréchaux-de-logis de l’armée;
ils font prépofés à marquer , d’après les ordres du
maréchal général-des-logis, les logements du général
de l’armée , des officiers généraux & des
autres perfonnes qui doivent être logées à la fuite
de l’armée. Foye^ Marécha l- des-lo g is .
§ . I I .
Des fourriers du corps <S» de la maifon du roi.
Les fourriers du corps & de la maifon du roi
font fubordonnés aux maréchaux-des-logis du corps
& de la maifon du roi ; ils font pr.épofés à marquer
pendant la paix, d’après les ordres du grand ma-
rechal-des-lqgis du corps & de la maifon du r o i ,
le logement du roi & des troupes qui accompagnent
fa majefté, & pendant la guerre à reconnoitre
& à- affeoir le quartier du foi , & des
troupes qui compofent fa garde. Voye^ .Marech al-
DES-LOGIS , GRAND MARÉCHAL-DFS-LOGIS DU
CO R P S E T ’ DE LA MAISON DU R O I .
§• 1 I I.
Des fourriers des troupes réglées.
Les fourriers font dans les troupes réglées des
bas-officiers chargés d’une infinité dé détails minu-
*ieux : ils font les intendants , les économes des
compagnies. Une probité exa&e., une attention
foutenue fur les details qui leur font confiés , font
les qualités morales qu’on doit le plus rechercher
en eux. Ils n’ont parmi les fergents d’autre rang
que celui que leur donne l’ancienneté de leur
nomination.
Chaque capitaine doit être le maître de choifir
Ion fourrier. Ce bas - officier ayant fouvent en
mam des fonds dont le chef de la compagnie eft
xefponfablÈ , U failt qu>;l ait mérité 0/ aif moins
acquis la confiance de fon capitaine.
aArt militaire, Tome 11,
F O ü
| Dans l’infanterie , les devoirs du fourrier font
i®. cje tenir un compté détaillé de recette & de
J dépenfe pour chaque bas - officier & foldat de la
compagnie à laquelle il eft attaché ; ce compte
doit être clair &. oftenfible dans touts les momen ts;
les objets les moins confidérables doivent y être
confignés ; le fourrier ne doit jamais rien écrire fur
le compte d’un foldat que lorfque cet homme eft
prefent, & accompagné par le fergent de fa fec-
tion , ou au moins par le caporal de fon e fcou ad e;
lu n & l’autre de ces deux derniers b a s -o ffic ie r s
doivent avoir un double de ce- com p te , ainfi ils
connoiffent parfaitement la fituation des hommes
qui leur font confié s, & on prévient les d ifcuflions
pécuniaires * toujours dangereufes quand elles s’élèv
en t entre un fupérieur & un fubordonné ; ce
compte doit être arrêté à la fin de chaque mois.
z ° . L e fourrier eft refponfable de l’armement ,
de l’equipement & de l'habillement de la compagnie
à laquelle il eft attaché ; il a pour chacun
des objets de ces trois parties un compte particulier
dans lequel il infcrit les effets qu’il a re çu s ,
ceux qu’il a remis aux foldat?, & ceux qu’il a en
réferve : fi les différents objets ont été fournis à
des époques différentes , s’ils font de différents
modèles, le fourrier doit conferver une note de
toutes ces différences : ainfi dans la feuille de l’armement
à l’article des fu f ils ,o n doit par exemple
trouver.
Reçu* • • i 6q fufils*
D on n é aux foldats • . . 155
Refte en maga fin-• « • 5
Parmi les îô o fufils , il y a 100 du modèle de 1 jyG.
- -30 d e / . . • « . . . 1778,
30 d e . . . . . . . . 1780.
T o t a l : . . « . . . i 6o*
Les fufils de 17 76 ont été donnés aux numéros
depuis., 1 jufqu’à 100 * ceux d e ’ 1 7 7 8 'depuis 100
jufqu’à 130, & ceux de 1780 depuis 130 jufqu’à
s . A
Il doit en être de même pour les gib e rn e s,
ceinturons , habits , & c /
30. L e fourrier doit avoir un état détaillé de
l’équipement de chaque foldat de fa compagnie ;
cet état doit être à plufieurs colonnes : la première
eft deftinée au nom de l’homme ; la fécondé à
fa taille ; la troifième à la date de fon engagement ;
la quatrième au numéro qui lui eft affeéfé ; la
cinquième à l’époque de fon habillement ; la
fixième aux chemifes bonnes ; la feptième aux
chemifes mauvaifes ; la huitième aux fouliers
neufs ; l a neuvième aux fouliers déjà portés ; la
dixième aux culottes de Fannée, & c . tous les effets,
jufqu’aux c o ls , au tournevis & tireboure , doivent
avoir chacun fa colonne.
C e t état doit être refait touts les mois ; les deux
dernières colonnes font deftinées à la maffede i c
livres , & au compte particulier de chaque foldat.
A u moyen de cette fe u ille , on v o it d’ua coup-
P p p