demie en train, le -quitter à 8 heures pour déjeuner
une demi-heure j le reprendre à 8 ôc demie,
pour le quitter derechef à 11 ôc aller dîner , plus
le reprendre à une heure pour le quittera trois
& demie ; enfin le reprendre à 4 pour le quitter
tout à fait à 7.
« J’eftime qu’on peut encore régler le travail
comme ci-après.
Le commencer, par exemple à 5 heures du
matin & travailler jufqu’à 8 , le quitter depuis ,8
jufqu’à 9 , & le reprendre depuis 9 jufqu’à 12 ,
le difcontinuer jufqu’à 2 , & le reprendre enfuite,
& le continuer jufqu-’à 7 heures du foir , ce qui
fait 10 heures de travail ôc 3 heures dé repos par
• jour.
« On pourra foutenir ce travail fur ce pied 8
mois de l’année ; fçavoir , en mars, av r il, mai,
juin , juillet, août, feptembre, oélobre. Pour les
4 autres mois, qui font d’h iv e r ,'o n en pourra
retrancher les déjeunes ôc les goûtés, & réduire
le temps du travail à 7 heures, pendant lefquelles
je fuis perfuadé que les ouvriers ne feront guères
plus de demi-journée d’été , à caufe du froid ôc
du mauvais temp^ je tiens qu’il ne faut pas impofer
davantage au foidat qui a fa tâche , parce qu’il eft
certain que 10 heures de travail d’un homme qui
a pour chaffavant' fon intérêt , en valent du
moins 15 d’un autre qui a fa journée réglée ; de les
pouffer plus loin , c’eft les outrer & les expofer
à devenir malades , & à ne pouvoir pas tenir
longtemps.
a Troifièmement , d’augmenter un homme aux
chargeurs quand il y aura de l’eau dans le travail,
& qu’on fera obligé à des épuifements , fi c’eft
en é té , en confidération îles rigoles qu’il faut
pour les écouler vers les moulins qui i’épuifent,
6c du nettoiement des rampes & de la terre qui
fe perd par les chemins ; & fi elles font fi abondantes
qu’un homme feul n’y puiffe pas fournir ,
augmenter d’un demi ou de deux , ainfi du refte,
fuivant les difficultés qui fe présenteront. Si c’eft
^n hiver, ôc que le foidat ait le pied mouillé , on
pourra , en confidération du froid qu’il aura à
fouffrir , lui augmenter encore d’un homme de
plus , ce qui doit être arbitré par l’ingénieur en
chef avec beaucoup de circonfpeélion.
a Quatrièmement, d’augmenter d’un homme à
la charge où les terres feront dures, ou de deux ,
même de trois , félon que l’ouvrage fera difficile ;
de cette façon, on pourra même régler l ’excavation
des rocs & rocailles affez jufte, puifque le
plus ou moins d’hommes au chargeage ôc piochage
en fera toute la différence , & c’eft fur quoi les
foldats fe règlent affez bien d’eux-mêmes.
« Cinquièmement, chommer touts les dimanches ,
mais ndn les fêtes, comme étant très certain qu’on
ne gagne rien au travail des dimanches , par la
raifon que tout homme qui a travaillé fix jours
tout de fuite , a befoin de repos le feptième.
a Sixièmement ? régler un peu la diftançe moyenne
des relais du centre de l’ouvrage au centre du
tranfport, pour éviter les conteftations qui pour-
roient arriver à eet égard, & parce que d’ordinaire
les foldats allongent ôc raccourciffent leur
relais comme il leur plaît, compter toujours la
diftance totale du lieu où l’on charge à celui où
l’on décharge, 1 ôc régler après les relais comme
ci-devant, Ôc donnant Ôc ôtant le moins, quand:
il defaudra ou furpaffera le demi-relais pour éviter
tout ce qui peut faire embarras.
' « Septièmement, oblerver , dans une même file
de relais, quand il s’en trouvera où il y aura à
monter ou defeendre, de régler ceux des montées
a 10 toifes, comme il a été déjà dit ci-devant,
& ceux de la plaine à 15 , fans rien changer au
prix des uns ôc des autres.
« Huitièmement, ne rien changer non plus où
il s’agira de travailler dans le roc puifque le
nombre des chargeurs Ôc ro&eurs qu’il y faudra de
plus, & le moins de gens aux relais fuffira pour
en régler le prix au jufte, en y prenant garde de
près. On pourra d’ailleurs ajouter quelque chofe
pour l’entoifage du moëllon qui fera propre à bâtir.
Au furplus , l’obligation des entrepreneurs
envers les ouvriers doit être de leur fournir les
outils propres au travail, de faire touts les épuù*
fements d’eaux à leurs dépens, les ponts où il
en faudra fournir les planches , arracher ou faire
battre les terres où il fera néceffaire , couper des
rampes dans les talus qui leur feront réglés , à
quoi les mêmes feront obligés. En faveur dé cette
obligation des entrepreneurs, qui font de plus
fujets à d’autres envers le ro i, comme dé faire
l’ouvrage bon ôc folide dans un certain temps , ÔC
d’en repondre fuivant les conventions de leur
marché, on leur donnera 6 fols de plus qu’aux
foldats pour le prix de la toife, en confidératioa
de touts les devoirs à quoi ils font tenus ; avec
cette remarque, que plus il y a de relais , plus
leurs charges font grandes, à caufe de la quantité
de brouettes ôc d’outils qu’ils doivent fournir.
Il eft encore à obferver que pendant les hivers
les frais augmentent de beaucoup , à caufe de la
brièveté des jours, difficulté des voitures , l’abondance
des eaux, boues ôc gelées, c’eft pourquoi
les 6 fols n’y pourront pas toujours fuffire , à moins
qu’on n’ait foin de leur ménager du travail aifé ,
commode & en petite quantité j le mieux eft de
ne les obliger que le moins qu’on pourra à de
grands travaux de terre dans ces temps là ; car
s’ils ont quelqu'avantage pendant l’été , il eft certain
que les grands ouvrages d’h iver, les confom-
meront.'Cependant c’eft une chofe à bien examiner
; car les ouvrages d’été où il y a peu de
relais ôc de confommation, il y a aulîi bien moins
de frais, & par conféquent beaucoup plus d’avantage
qui fe peuvent modérer , fuivant les lieux
ôc la facilité des ouvrages.
« De cet ordre une fois établi réfultera plufieurs
connoiffances aux gens qui font travailler.
fc Premièrement. Que le prix de la toife augmentant
à chaque relais de 4 fols , il s’enfuivra
que dès auffi-tôt qu’on aura donné le prix à ce
chargeage , il n’y aura qu’à compter le nombre des
relais , 6c les frais de l’entrepreneur , pour fçavoir
au jufte le prix que l’on doit donner à la toifè.
« Secondement. Qu’on aura' toujours, une con-
noiffance parfaite du prix de la toife de terre,
-—^.puifque ce prix hauffera ôc baiffera félon le nombre
de chargeurs ôc de relais.
, a Troifièmement. Que quelque nombre d’ouvriers
qu’il y ait, le roi ne payera jamais que
8 fols pour la journée d’un chacun , qui, n’étant
pas cependant diftribué fur le pied de journée,
mais bien fur le pied de ce qu’ils pourront faire
d’ouvrage , il s’enfuivra que S. M. fera fervie
très-diligeamment , à bon marché, fans peine ôc
fans violenter perfonne.
« Quatrièmement. Que fi on fait attention à
l’utilité de cette propofition, on la trouvera très-
avantageufe , d’autant que la journée du roi étant
aujourd’hui réglée à 10 fols, il n’y a pas d’hommes,
de ceux qui travaillent à la tâche, qui n’en méritent
mieux 1 c , que ceux qui font à la journée de 1 o ;
cependant on n’en demande ici que 8 pour faire
aller les foldats de toute leur force.
ic Cinquièmement. Que pour avoir plus près à
mener, le foidat n’en gagne pas davantage, ni
moins, pour avoir plus loin , là toife revenant
toujours au prix proportionné à la quantité de
ces relais, & à la difficulté de la charge.
a Sixièmement. Que quoiqu’on fuppofe 6 fols
par toife à l’entrepreneur pour fes peines, fournitures
de planches , ponts , brouettes ,. outils ,
épuifements d’eau , façon de montées., ôcc., cela
ne fe doit entendre que des endroits où il y a
grande confommation d’outils, comme ceux où il
y a plufieurs relais , ôc où l ’on eft obligé de travailler
pendant l’hiver dans le temps des grandes
gelées , ou pendant que les terres font trempées
ôc boueufes, en un mot, où il y a beaucoup de
peine 6c peu d’ouvrage, autrement on peut leur
donner 3 , jufqu’à 4 6c 5 fols , félon que les frais
des épuifements 6c les confommations en font plus
ou moins confidérables. »
Il eft à remarquer que le prix des journées à
8 fols , qui étoit paffable pour des foldats dans le
temps que ce mémoire a été fait, ne fuffiroit pas
préfentement que le rehauffement des monnoies
6c les mauvaifes années ont tout renchéri ; d’ailleurs
, cela dépend auffi du pays où l’on fait travailler
par rappôrt aux aifances ou aux difficultés
nieurs \ comme la meilleure inftruéfion qui ait
été écrite fur ce fujet.
Dans de certains pays on diftingue ordinairement
que les troupes trouvent à vivre à ; jufte prix ;
c’eft à l’ingénieur en chef ou au dire&eur à avoir
toutes ces confidérations , pour que le roi n’y foit
p.as lè fé, 6c que les foldats,, auffi-bien que les
entrepreneurs , fe tirent judicieufement d’affaire.
A in fi, fans s’arrêter conftamment à cet article,
on tirera toujours, beaucoup de connoiffance de ce
mémoire qui eft regardé de touts les anciens ingé- j
, pour le marché des ouvrages , trois fortes
de terres pour en régler le prix, la terre douce ou
épierréé pour les parapets , la rocaille , 6c le roc.
, Toute terre où l’on n’a befoin que du louchet
pour l’enlever, eft regardée comme terre ordinaire
; la pierre morte qui fe trouve mêlée d’un
peu de terre , 6c où il ne faut ni maffe, ni pince,
ôc où il fuffit de la pioche 6c du pic , eft réputée
rocaille ; toute pierre vive où il faut fe fervir de
pic, de coin , de maffe 6c d’aiguille, eft appellée
roc.
Dans le pays bas , où l’on ne rencontre guère de
ro c , ni de rocaille , on diftingue dans les marchés
deux fortes de terre , l’une eft appellée terre hors
d’eau , qui eft celle qu’on peut travailler à fec , 6c
l’autre terre dans l’eau , qui ne peut s’enlever fans
beaucoup d’incommodité ; toutes ces terres différentes
pourront s’eftimer en fuivant l’inftruéfion de
M. de Vauban , c’eft-à-dire en s’attachant à la
quantité d’hommes qu’il faut pour en tranfporter
une toife cube , 6c aux journées qu’ils doivent
gagner.
Dans une terre ordinaire , un attelier de quatre
foldats,. compofé d’un piocheur, d’un chargeur
6c de deux autres qui brouettent, peut tranfporter
à 10 toifes de l’attelier, deux toifes ôc un
tiers cubes dans un jour d’été, 6c un peu plus de
moitié dans un jour d’hiver.
La rocaille étant, comme je l’ai déjà d it, une
pierre morte mêlée de terre , la difficulté de fa
fouille eft beaucoup plus grande que celle des
terres ordinaires ; c’eft pourquoi le prix en eft
auffi plus confidérable ; c’eft à la prudence de
l’ingénieur de l’augmenter, en forte que les Joldats-
y trouvent leur compte ; 6c quoiqu’il foit difficile
de déterminer à quoi peut aller cette augmentation
, je dirai pourtant que la toife cube de rocaille
vaut à peu près le double des terres ordinaires.
Quant au roc , il faut auffi avoir égard à fa
qualité, ôc à fa dureté ; on le tire par mine , dont
l’appareil eft de 4 hommes qui s’approfondiffent
de cinq pieds dans un roc ordinaire ; mais comme
le marbre eft d’une nature plus dure , ils ne
peuvent guères s’y approfondir que de quatre
pieds , qui produifent tout au plus une demî-toife
cube , qui confirme environ deux livres de poudre
pour charger les pétards ; outre ces quatre hommes *
on ajoute encore deux manoeuvres pour arracher
les pierres ébranlées par la mine, 6c ôter les décombres
: ainfi, fçaehant ce que les uns 6c les*
autres doivent gagner par jour, 6c ce qu’il et*
coûtera j pour les outils 6c la poudre, on pourra;
fçavoir à combien reviendra la toife cube.
Pour approfondir dans le roc , on fe fert d’une
aiguille ou barre de fer de bonne trempe, bien;
acérée , pointue par un de fes bouts , ayant
I fix ou. fept pieds de longueur ; deux hommes la