
nouveller entr’eux. Le roi de Syrie reçut les pré-
fents, accepta l’alliance d’Afa ; & abandonnant
celle de Ton ennemi, envoya aufli-tôtune armée
s’emparer de fes plus fortes villes. Alors B afa,
trop inférieur aux forces qui l’attaquoient, ceffa
de fortifier Rama , 8c y laifla une grande quantité
de matériaux, qui furent employés par A fa , dans
le même lieu, à conftruire deux fortereffes, Gaba
8c Mafpha.
Les divifions d’Ifraël s’augmentoient avec les
crimes. Zambri, général d’une moitié de la cavalerie,
mit à mort Ela, fucceffeur de Bafa, fon
père. Il en extermina la famille 8c les amis, &
s’empara du gouvernement. Mais il ne l’eut que
fept jours. L’armée Ifraélite afliégeoit Ghebbeth,
ville des Philiftins. Elle proclama roi fon général
Amri, & vint bloquer Zambri dans Thyfa. Celui-ci
voyant contre lui l’armée 8c le peuple, s’enferma
dans le palais, & s’y brûla.
Amri ne réunit pas touts les fuffrages. Cependant
il prévalut fur Thebni, fils de Gineth, demandé
par quelques tribus. Il régna douze ans,
8c fut remplacé par fon fils Achab.
Bénadad, roi de Syrie, fils de celui qui fecou-
rut Afa, vint avec une grande armée 8c trente-
deux rois afliéger Achab dans Samarie. Il le fit
fommer en ces mots : ton or, ton argent, tes femmes,
les plus vaillants de tes fils font à moi. 'Le roi d’Ifraël
ayant fait la réponfe la plus foumife, les envoyés ,
revinrent, difant de la part de leur maître : tu ,
me donneras ton or, ton argent, tes femmes 6» tes
fils ; f enverrai demain mes efclaves : ils vifiteront
ta maifon, 6» la maifon de tes efclaves. Ils prendront '■
& enlèveront tout ce qui leur conviendra. Achab ;
ayant pris l’avis des chefs du peuple, rejetta la
demande de Bénadad. Mais plus la demande eft
impérieufe, plus le refus bleffe. Que les Dieux,
dit le roi de Syrie, me rédùifent en fervitude, f i la
poujfière des ruines de Samarie fujfit à remplir la main.
de touts mes foldats. Le roi d’Ifraël répondit à cette
menace, que les propos arrogants n’avoient dans
le combat aucune valeur.'
Bénadad ordonna àufli-tôt la circonvallation ,
8c Achab l’attaque. Informé que le Syrien fe livroit
au plaifir & aux excès de la table, il réfolut de le
furprendre. Sept mille hommes formoient toute
fon armée. Il les tint fous les armes au-dedans
des murs, prit deux cents trente jeunes gens, fils
des principaux de ia c ité , & les conduiiit vers
le camp des ennemis.Ce petit nombre, 8c l’heure
de midi qu’il choifit, ne pouvoient donner d’alarme.
Il vouloit que ce petit corps parût aux
Syriens une troupe fuppliante. En effet, le fier
Bénadad. ordonna q ue , fuppliante ou ennemie,
elle fut mife aux fers & conduite en fa préfence. $ #
Cependant Achab s’approche , attaque fubite-
ment la garde, paffe au camp, tue les premiers
qui courent aux armes. Les portes de la ville s’ouvrent,
& les fept mille hommes accourent. Le roi
de Syrie 8c fes trente-deux princes, plongés dans |
Pivreffe, étoient incapables de donner des ordres.’
L’epouvante emporte cette armée fans chefs ; à
peine Bénadad a le temps de s’échapper. Achab
ayant pourfuivi quelque temps les fuyards, revint
a leur camp où il trouva d’immenfes richeffes.
v Les Syriens confus de leur défaite, en imputèrent
la faute à leurs Dieux. Ceux d’Ifraël, di-
foi ent-ils a Bénadad, font Dieux des montagnes.
Combattons dans les plaines, 8c nous vaincrons.
Ici la fuperftition s’accordoit avec la raifon, ou
peut-être fervoit de voile pour couvrir la faute
du roi & de fes généraux : la plaine ëtoit favorable
au grand nombre des Syriens. Ceux-ci con-
feillèrent encore à Bénadad de renvoyer fes trente-
deux rois, de retenir leurs troupes, & d’y pré-
pofer des chefs capables de les conduire.
Ils reparurent au printemps dans les plaines
d’Aphéca. Achab, inférieur en nombre, mais plein
de cette confiance que donne un premier iuccès,
vint affeoir fon camp près du leur. Six jours fe
pafserent fans hoftilités. Au feptième , l’armée
Syrienne fe mit en bataille, & Achab forma la
fienne. Le choc fut violent, &*la viéfoire longtemps
balancée. Enfin les Syriens cédoierit, &
leur infanterie couvrant la campagne, fut écrafée
par fes chars 8c fa propre cavalerie. Bénadad,
caché dans un antre avec quelques-uns des fiens,
envoya vers le roi vainqueur , pour lui demander
la vie. Achab, ufant de clémence 8c de géné-
rofité, répondit : quil vienne , il fera mon frire. Le
roi de Syrie parut 8c fe profterna. Celui d’Ifraël
dêfcendant de fon char, le prit par la main, l’y
fit monter , Tembrafla, 8c lui dit de ne rien crain-'
dre qui fût indigne de lui. Bénadad, rempli de
reconnoiffance, promit de remettre à fon bienfaiteur
toutes les villes que fes ancêtres avoient
conquis fur Ifraël, & de lui donner dans Damas
les mêmes droits que fes pères avoient eus dans
Samarie. Les deux princes firent alliance, & Bénadad
fut renvoyé avec des' préfents dans fon
royaume.
Jofaphat avoit hérité du royaume & des vertus
de fon père Afa. Monarque pieux, jufte, humain ,
il devint l’objet du refpeél de fon peuple, des
peuples voifins, & des princes qui les gouver-
noient : touts vivoient avec lui en paix. Les Philiftins
& les Arabes lui payoient leurs tributs fans
murmure. Cependant il ne négligea aucun moyen
de fureté. Il fortifia de grandes villes , fit exercer
fes troupes , les répandit dans fes places. & fe
mit en état d’affembler une armée nombreufe. ( An
du M. 3090. av. J. C. 914. ).
Malgré fon éloignement pour la guerre , il s’y
laifla entraîner par Achab, & ces deux.rois marchèrent
enfemble contre celui de. Syrie. Suivant
la prophétie de Michée , Achab devoit périr dans
le combat.- Il crut éviter fon deftin en prenant
un habit fimple & donnant les vêtements royaux
à Jofaphat.
Bénadad ne pourfuivoit que la mort du foi
d’Ifraël, & ne vouloit point nuire aux Ifraélités.
Il ordonna donc à fes troupes de ne charger qu’au
lieu où étoit le roi. Celles - ci trompées par les
habits que portoit Jofaphat, s’élancèrent vers lui,
8c l’environnèrent; mais reconnoiffant leur mé-
p r ife , elles cefsèrent le combat. Cependant un
Syrien ayant lancé une flèche au-hafard,le trait
alla percer Achab. Celui - ci craignant que cette
nouvelle répandue dans fon armée ne déterminât
à s’enfuir, fit conduire fon char à quelque diftance ,
8c quelque vive que fût fa douleur, il y attendit
le coucher du foleil, 8c la fin de fa vie qu’il perdît
avec tout fon fang. .
A l’approche de la nuit les deux armées rentrèrent
dans leur camp , & fe retirèrent le lendemain
, dès que la mort d’Achab fut publique.
Les Moabites & les Ammonites entrèrent en
Judée avec les Arabes leurs alliés. Jofaphat marcha
contre eux ; mais le ciel combattit pour lui.
Les ennemis divifés , peut-être pour le partage
«le quelque butin, tournèrent leurs armes les uns
contre les autres ; & , lorfque lë roi de Juda marcha
contre eux , il ne trouva que des morts dans
le camp qu’ils occupoient.
Vers cette .époque Ifraël 8c Juda furent plus
que jamais fouillés de fang 8c remplis de meurtres.
( An du M. 3115. av. J. C. 889. ). Joram , fils de
Jofaphat, tue fes frères 8c les principaux de Juda.
Les Philiftins 8c les Arabes ravagent fes états ,
pillent fon palais, emmenent fes femmes , égorgent
fes fils , & ne laiffent que le moins âgé. Après
fa mort Ochofias fon fils , épargné par les Arabes , '
s’allie à Joram contre Hazael, roi de Syrie. Jéhu
affafliné les principaux de Juda, les neveux d’O -
chofias, Ochofias lui-même. Et la mère de ce ro i,
Athalie , implacable dans fes vengeances , détruit
la famille de Joram. Un feul enfant échappe au
glaive exterminateur. Joas eft confervé par Jofa-
beth, fille de Joram, 8c femme du grand-prêtre
Joad ; celui-ci fait fuir Athalie , 8c met Joas fur
le trône.Tandis qu’il règne ,Hazael qui, fous Jéhu,
avoit ravagé le royaume d’Ifraël, y fait de nouvelles
incurfions , paffe dans celui de Juda , prend
la ville de Geth, 8i s’avance vers Jérufalem. Joas
l ’appaife en lui envoyant touts les tréfors amaflés
par fes pères les rois de Juda. Hazaël fe retire ;
mais bientôt après un détachement de fon armée
s’empare de Jérufalem , tue les princes du peuple,
8c rapporte à fon prince de riches dépouilles. Peu
de temps après ces ravages, Joas meurt affafliné
par deux de fes gens en vengeance du fang du fils
de fon bienfaiteur Joad, que ce roi avoit répandu.
Son fils Amafiâs qui lui fuccéda fait mourir les
affaflins. Il entre en guerre avec Joas, fils de
. Joachâz, roi d’Ifraël, eft pris , mené à Jérufalem
par ce prince , qui abat une partie des murs cle
la ville 8c enlève les tréfors du .temple. Une conf-
piration formée contre Amafias- le contraint de
fuir : mais il eft joint .& tué à Lakis.
Sous le règne d’Ofras fon fils , Juda eut quelques
fuccès.jCe roi défit les Philiftins & les Arabes, fub-
jugua les Ammonites 8c leur impofa un tribut. Il
ajouta des tours aux murs de Jérufalem , répara
ce que la guerre ou la négligence en avoit ruiné,
fit conftruire des fortereffes dans les déferts pour
en défendre les paffages, eut une armée de trois
cents mille hommes, qu’il eut foin de bien armer
de cuiraffes , cafquès , boucliers , haïtes , épées 5
-frondes 8c arcs. Tl en donna la conduite à deux
mille officierstant Chiliarques que Taxiarques ou
Centurions , hommes diftingués par les qualités
morales 8c par la force du corps. Il fit exercer
fes troupes à former la phalange. 11 établit fur
les tours de Jérufalem , 8c aux angles des murs,
diverfes machines , les unes propres à lancer des
flèches, & de groffes pierres, les autres à ruiner
& démolir les remparts. Mais ces occupations
guerrières ne lui firent point oublier les foins économiques,
Il fit conftruire plufieurs aqueducs ,
aima l’agriculture , 8c fit cultiver plufieurs efpèces
de plantes. ( An du M. 3247. av. J. C 757. ).
Ifraël étoit moins tranquille. Zacharie , fils de
Jéroboam, fut affafliné par Sellum , celui-ci par
Manahem, chef de l’armée, qui s’empara du gouvernement.
Il prit la ville de Thapfe, parce qu’elle
ne voulut pas le reconnoître , 8c en fit tuer touts
les habitants , même les enfants & les femmes.
Ce tyran attaqué par Phael, roi d’A ffy r ie , n’ofa
pas le combatîre. Il préféra de l’éloigner en lui
donnant mille talents d’argent qu’une capitation
fit rentrer aufli-tôt dans fes tréfors. Après un règne
de dix ans , trop long pour fon peuple, il mourut
& laifla le trône à Phacéia fon fils , qui fut tué
peu après par Phacée , général de ces troupes.
Celui-ci ayant pris le gouvernement, fit alliance
avec Razon , roi de S y r ie , 8c attaqua celui de
Juda. Il fut bientôt rappellé à la défenfe de fes états
par une invafion du roi d’Affyrie Tiglathphalafar ,
qui prit au-delà du Jourdain un grand nombre
de villes , avec toutes les terres de la tribu de
Nephtali , & en emmena les habitants captifs.
Nous allons voir les rois d’Affyrie employer fou-
vent ce moyen d’affoiblir leur ennemi, de l’intimider
par la crainte d’un pareil fort, & d’affurer
fes frontières, en les environnant de terres défertes.
Joatham , fils du fage Ofias , fuivit les vues de
fon père. Il conftruifit des villes dans les monts
de J uda, fit élever dans les déferts des forts 8c
des tours , vainquit les Ammonites & leur impofa
un tribut.
Achaz fon fils & fon fucceffeur , adonné au
culte des dieux étrangers , fut en guerre avec
Phacée, roi'd ’Ifraël, 8c fon allié Razin , roi de
Syrie. Ils l’attaquèrent inutilement dans Jérufalem.
Alors Razin marchant à d’autres conquêtes, prit
Aila fur la mer rouge, en fit tuer ou chaffer les
habitants , repeupla cette ville de Syriens , en
prit plufieurs autres , 8c revint à Damas chargé
, de butin.
Achaz n’avoit plus que Phacée pour adverfaire.
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