
paix, des terres pour pouvoir vivre commodément.
Une cohorte de Lyguriens, deux troupes de
Thraces , & quelques-autres fimples Ibldats quit-
tèrent le fervice des Romains pour palier à celui
oe Jugurtha leur ennemi, attirés par les offres
qu’il leur avoit faites, & par l’argent qu’il leur
avoit promis.
Cæfar augmenta fon parti en promettant, par
des billets qu’il fit répandre, des richeffes & des
honneurs aux foldats de Scipion fon ennemi, &.
de conferver les biens des citoyens qui abandon-
neroient le parti contraire.
En traitant des occajions où il faut éviter le combat,
je dirai de quelle manière on peut réduire les
ennemis à manquer de vivres, de fourrages &
'd’argent ; afin d’affoiblir leur armée & dégoûter les
foldats lorfque vous y aurez réufli , offrez-leur de
'leur payer plus qu’il ne leur eft dû , à Condition {
qu’ils déferteront vers votre armée, ou qu’ils vous
remettront le pofte qu’ils défendent, duquel vous
vous approcherez pour mieujç foutenir les intelligences
par le voifinage de votre armée.
Ç ’eft dç cette manière qu’Alexandre Farnèfe
«■ éufiît à fe faire remettre la place de Saint-Getru*-
dimberg par les Anglois qui y étoient. en garnifon
pour les Etats-Généraux de Hollande , & qui
s’étoient à moitié foulevés faute de paye.
Le comte Maurice de Naffau en ufa de la même
manière à l’égard des Vallons & des Allemands,
qui fe trouvoient de garnifon dans le fort Saint-
André ; car ayant offert à ces troupes la paye
<0ue l’archiduc Albert leur devoit, elles rendirent
le fort, & pafsèrent au fervice" de Maufice, qflî
foutint toute cette négociation avec fon armée,
qui faifoit le fiège de ce fort.
La précaution de s’approcher pour foutenir des
troupes mécontentes eu encore' plus- néceffaire
lorfque le refte de l’armée qui eft foumife peut
les réduire par la force : ainfi offrez alors aux
mécontents touts les fecours néceffaires.
Par ce moyen , le comte Maurice de Naffau fit
palier au fervice de la Hollande les troupes de
l’archiduc Albert, qui s’étoient mutinées faute de
paye , s’étoient emparés d’Hoftrat, & étoient
réduits à la dernière extrémité par un détachement
de l’archiduc , que le comte Frédérik de
Berghs commandoit.
Je m’étois d’abord propofé d’ajouter à ce traité
plufieurs autres principes, oh je donnois des règles
■ ^rticulières proportionnées à différents cas, afin
de réuflir à faire foulever le pays ennemi. Ce qui
m’avait engagé d’abord à fuivre ce deffein , étoit
l’exemple de don Bernardin de Mendoza, du
marquis Virgile en A lv e f i, du comte Galeaz
Greulder du général Montécuculi , de. Comifî
Ventura, & d’un très, grand nombre d’éçrivains*
qui avoient traité de cette même matière ; mais
ayant fait enfuite réflexion que quelques fujets
d’un génie tumultueux pourroient fe fervir contre
le prince des avis que je ne donnois qu’en fa
faveur, je me fuis borné à traiter des moyens
que le fujet ne fçauroit mettre en ufage , & que le
général, à qui le fouverain confie fes forces, ne
doit pas ignorer, afin de s’en fervir contre l’ennemi^