
géra vers la troupe qui fera feu fera moins nombreux^
& moins bien ordonné que l’autre, & il
aura a combattre une troupe fortifiée par la certitude
d’avoir fait éprouver de grandes pertes à
fes adverfaires. La frayeur devra donc naturellement
s’emparer de l’une, tandis que l’autre fen-
tira fon courage fe fortifier.
Puifqu’il eft avantageux à une troupe qui eft en
rafe campagne de faire feu fur l’ennemi qui vient
à elle , à plus forte raifon une troupe qui eft derrière
un retranchement ou un foffé doit-elle faire
ufage de fon arme de jet ., aufli-tôt que celà lui
eft poffible. Quand bien même Montécuculli ne
vous auroit pas enfeigné que la fin des armes of-
fenfives eft d’attaquer l’ennemi & de le battre in-
ceflamment depuis qu’on le découvre jufqu’à ce
qu’on l’ait entièrement défait, nous l’aurions appris
devant Turin. Dans le commencement.de
cette journée fi fatale à la France, nous tirâmes
fur les Impériaux dès le moment où ils furent à
portée, & toujours ils rebroufsèrent chemin avant
d’avoir gagné le pied des ouvrages ; mais nos
généraux ayant changé d’opinion & ordonné à
nos foldats de réferver leur feu & de ne tirer qu’à
brûle-pourpoint , les Allemands, après avoir
effiuyé cette décharge unique, abordèrent avec
toutes leurs forces Si fans avoir le temps de réfléchir
fur le danger, franchirent nos lignes fans
peine.
De tout ce que nous venons de dire , il réfülte
qu’une troupe qui ne veut point, ou ne peut
pas aborder l’ennemi, doit fe garder de lui laif-
fer l’avantage de faire fur elle le premier feu.
Il nous refteroit encore pour completter cet
article à parler de la conduite des officiers pendant
que leurs troupes font fe u , des perfonnes
que les foldats doivent vifer de préférence , du
feu de la cavalerie , & de la manière dont l’infanterie
doit tirer contre cette arme. Mais comme
les queftions font difcutées fousries mots fufll,
bayonnette, défenfe des ouvrages en terre, nous
renvoyons nos le&eurs à ces articles ( C. ).
F e u f i c h a n t . Feu qui partant du flanc d’un
baftion, frappe la face du baftion oppofé.
F e u - r a s a n t . Feu qui partant du flanc d’un baftion
, a fes tirs parallèles à la face du baftion
oppofé.
FEUILLÉE, Baraques de feuilles & branchages
que les troupes fe font dans un camp, où elles
doivent refter long-temps dans l’arrière faifon.
FICHE. Piqués qu’on emploie pour marquer ?
le camp. C ’eft ce qu’on nomme )alon dans Par- !
pentage.
FILE. On nomme ainfi plufieurs hommes placés
les uns derrière les autres fur un alignement perpendiculaire
au front.
F LAN C . Extrémité des files d’une troupe. Le
flanc d’une troupe' étant fans défenfe , elle eft
battue quand elle eft prife en flanc. Il faut donc
afTurer fes ûancs foit en les appuyant à des endroits
inacceflibles tels qu’une grande rivière ~9 uit
marais , des rochers impraticables, foit en la protégeant
par des retranchements , des charriots , des
troupes , de l’artillerie : c’eft ce que le moins habile
officier n’ignore pas Si ne néglige jamais j
mais il y a du choix, du talent Si de l’art à le bien
faire.
Flanc . 'Partie du rempart qui joint l’extrémité
dé la face d’un ouvrage à la gorge.
x Le fla n c du baftion eft la partie qui joint la face
a courtine. Voyeç B a s t i o n . 11 doit avoir au
moins vingt toifes , & au plus trente ; mais fa grandeur
en général doit fe régler par l’étendue des
parties qu’il doit défendre, & où l’ennemi peut
s’établir pour le battre.
F l a n c b a s ou P l a c e b a s s e . Efpèce de fla n c
que les anciens ingénieurs conftruifoient parallèlement
au flanc couvert ou à orillons , & au pied de
fon revêtement. Vàye^ C a z e m a t e .
Les flancs bas fervent à augmenter la défenfe du
flanc \ & comme ils font peu élevés, l’ennemi a
peu de prife fur eux , Si leur feu raflant lui caufe
beaucoup d’obftacles dans le paflage du foffé. Les
tenailles de M. de Yauban peuvent tenir lieu de
cette forte de flanc. Voye^ T e n a i l l e .
F l a n c c o n c a v e . C ’eft un fla'nc couvert ou a
carillons, qui forme une ligne courbe, dont la
convexité eft tournée vers le dedans du baftion.
[ Quelques auteurs donnent zm flanc concave le nom
| de tour creufe-, parce qu’il a la même figure en
dedans du baftion, qu’une partie des tours dont
on fe fervoit anciennement dans la fortification.
F l a n c c o u v e r t . Eft celui dont une partie
rentre en dedans du baftion , laquelle eft couverte
par l’autre partie vers l’épaule , qui eft arrondie
-ou en épaulement. Voye^ O r i l l g n & B a s t i o n .
Le-flanc eft aufli couvert, dans plufieurs conf-
truéfions , par le prolongement de la face du baf«-
tion , arrondie ou en épaulement.
F l a n c - r a s a n t , Celui d’où Ton voit directement
la face du baftion voifin , c’efî-à-dire celui
qui eft perpendiculaire à la ligne de défenfe.
F l a n c o b l i q u e . Celui qui eft oblique à la
ligne de défenfe.
F L A N Ç O I S . Pièce de l’armure du cheval i
cette pièce couvroit les flancs.
FLÈCHE. arme de jet qu’on lance avec l’arc.
C ’eft une verge ou petit bâton armé d’une pointe
d’os ou de fer à l’une de fes extrémités , & quelquefois
empenné à l’autre. Il y en a de différentes
grandeurs , depuis efl^tjlon deux pieds jufqu’à fix.
La plupart des nations fauvàges , Si quelques-unes
de celles d’Afrique & d’A fie , ont encore l’ufage barbare
d’empoifonner leurs flèches. Us font la guerre-
en détruifant tout : nous la fa-ifons avec le moins de
mal que ce fléau peut en comporter & Montaigne
ofe vanter la barbarie fâüvsge , & improuver
notre droit de la guerre ! Où la déraifon ne
va-t-elle pas fe loger ?" ( JS. A r m e s . ) (K .)
Les fléchés empoifonnées font malheureufement
de la plus haute antiquité ; ce fatal fecret a par-tout
précédé l’ufage du fer ; c’étoit pour repouiler les
de ] '
précédé l’ufage u----- ., - . _
bêtes féroces, à quoi les pierres, le s .dents, les cornes
Si les arrêtes ne fuffifoient pas. Bientôt apres les
fauvages les*employèrent dans leurs guerres nationales
: les Gaulois n’en ont jamais fait d’ufage que
pour la chalTe. Le fuc le plus dangereux dont les
Américains fe fervent, eft celui du mancanilier ou
mancenillier, qui croît dans File de Saint-Jean ou
de Porto-Rico , à la hauteur d’un'grand noyer ;
quand la fève les fait tranfpirer, on incife le tronc ,
on reçoit cette lève dans des coquilles au pied de
l’arbre , on y trempe la pointe des fléchés , qui acquièrent
par-là la propriété de donner la mort la
plus prompte. On a vu qu’au bout d’un fiecle &
demi, l’aâivité du poifon s’etoit confervee : les
Efpagnols, dans leurs guerres contre les Caraïbes ,
ont cherché longtemps en vain des contre-poifons
pour fe garantir de ces traits : un enfant fauvage
.l’indiqua enfin : c’eft d’avaler quelques pincees de
fiel, OU/, à fon défaut, de boire trois ou quatre
.gobelets d’eau de mer, ou du fucre de cannes.^
La piane, ou le curare , eft un autre végétal
qui fournit aux Américains méridionaux le venin
de leurs armes ; l’arbre nommé ahouai-guacuflÇc
aufli venimeux. On trouve dans la plupart des îles
de l’Océan indien, & le long'des côtes de l’Arabie
jufqu’à la Chine , l’ufage des armes empoifonnées.
Dans la prefquîle du Gange , a Malaga , au Pegu ,
à Java , à Sumatra, on fe fert des cris & des can-
jaxes , poignards dangereux , empoifonnes jufqu a
la moitié de là lame.
Ceux de Java plongent leurs traits dans le venin
du léfard geuho , dont le contré-poifon eft la
racine du faffran d’Itierra.
Les infulaires de Macaffar ont le plus horrible
fecret pour empoifonner leurs petites fléchés a far-
bacanes, d’un miel brûlant qui coule d’un arbre ;
les fauvages de Surinam, colonie Hollandoife, au
fixième degré de latitude, empoifonnent aufli leurs
fléchés dans le fuc du même arbre. Voyez la Def-
cription hifl. de cette colonie , 1769 5 2. vol. in-8°.
Les Scythes Si les Brachmanes lancèrent des traits
funeftes à plufieurs Macédoniens. Rech. fur l Amérique
y Journ. Encyclop. fept. 1769. ( C . ).
Mais il n’y a point de poifcn plus fubtil & plus
dangereux que celui de l’arbre nommé bohon-upas,
.qui croit dans l’île de Java. 11 détruit tout ce qui
a vie à trois ou quatre lieues à la ronde. Le poifon
de cet arbre eft une gomme qui filtre entre
. l’écorce & le bois. Le Mataram , ou empereur de
l’île le fait recueillir par les, criminels, condamnes a
mort. La plupart ypérifient, mais quelques-uns
en reviennent, & obtiennent alors leur grâce.
Le prince pourvoit même à leurs befoins pendant
le refte de leurs jours. Ainfi , dans l’efpoir de con-
fierver la v ie , ils ne balancent point à fe charger
de cette commiffion périlleufe. Us ont foin de prendre
le v en t, Si recueillent la gomme dans une
.boite d’argent ou d’écaille de tortue. On allure
qu’il en revient à peine un fur dix. On trempe
dans ce poifon la pointe de toutes les armes. Si le
bohon-upas exiftoit dans un royaume d’Europe ,
il feroit bientôt détruit ; mais le Mataram de Java
le conferve avec foin comme un don précieux de
la providence. ( K. ).
F l é c h é . Petite pièce de fortification compofée
de deux faces. On la place au pied du glacis, devant
les places d’armes du chemin couvert, pour
en retarder l’approche.
F L O T T E M E N T . Courbure que prennent
quelques parties d’une troupe en bataille , qui
marche en avant.
Plus le front d’une troupe eft étendu, plus il
eft difficile d’éviter le flottement. On n’y parvient
qu’en enfeignant au foldat les principes qu’il doit
fuivre pour prendre l’alignement & le conferver ,
& en l’exerçant fréquemment à l’application de
ces principes. ( V. A l i g n e m e n t & T a c t iq u e . )
Mais quelque loin que l’on prenne , Si quelque
attention que le foldat & l’officier y apporte , on
ne peut pas efpérer qu’il n’y ait aucun flottement,
Si que la troupe marche, comme fi elle formoit
un corps folide ; tout ce qu’on peut raifonnable-
ment en attendre, c’eft que l’ondulation foit peu
fenfible , Si que l’attention du foldat & la vigilance
de l’officier la répare promptement. Une
troupe peut être allez bien exercée , pour que le
flottement foit prefque infenfible - pour ceux qui la
voient d’une certaine diftance. On atteindra cette
perfeélion , après une longue paix , à l’entrée d’une
guerre ; mais on aura fait à peine quelques campagnes
, que l’on aura de nouveaux foldats peu
exercés, d’anciens foldats fatigués, moins forts,
moins capables de l’attention nécefi'airejl’alignement
fera moins parfait, le flottement plus confidérable.
Alors il n’y a que la fûreté du principe d’alignement
, Si la vigilance des officiers qui purifient
rendre ce défaut le moindre qu’il eft poffible 9
fuivant les circonftances.
Quelques auteurs , Si entr’autres Folard , ont
confeillé de diminuer l’étendue du front des troupes.
Mais , outre qu’il eft encore plus difficile de marcher
ferré que de marcher aligné ., il y aura encore
un front très-étendu , & la difficulté fera la même.
— On donneroit peut-être quelque facilité, pour
diminuer le flottement, fi , de deux en deux compagnies,
c’eft-à-dire entre les pelotons, on laifloit urt
très petit intervalle. Lorfque les divifions font indépendantes,
c’eft-à-dire lorfqu’elîes ne fe touchent
pas , elles s’alignent plus facilement, Si le défordre
de l’une influe moins fur l’ordre des autres : d’ailleurs
, ces intervalles étant très petits, ne pour-
! roient pas nuire.
FONG. Coutelas des Nègres foulis. ( V, A rme s,
A fr iq u e .)
FORM A T IO N . Difpofition d’une troupe par
rangs , files Si divifions. (F i T a c t iq u e . )
F orm er (une troupe ), c’eft la difpofer par
rangs, files Si diyifions,