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ce qui. concerne leur, compofttibn, Habillement:
équipement , fol'de , police , difcipline , privilèges,
& c . & dans celle du 2,3 avril 17B0, tour
ce qui a rapport à leur fervice, aux corps de garde.
é oblervation, & aux.fignaux établis-fur les cotes-
C Ô T É EXTERIEUR. C ’eft le-côté d’un polÿ-
gone que Ion fortifie en-dedans, ou la ligne tirée, i
de-ce point ou angle flanqué d’un baftion à l’angle
flanque du baftion voifin. Voyez F o r t if ic a t
io n .. ( C o n s t r u c t io n . ).
^ té r ieu r . C ’eft le coté d’un polygone
que Ion fortifie en-dehors, ou la ligne tirée du.
baftion au centre du baftion voifin..
v M Û Av e n t u r ie r s . )..
CO T ER E L . Efpece de fabre court.
C O T T E D ARMES. C e n’étoit ni un manteau,,
ni la chlamys , ni le paludamentum, ni le fagum,
comme on La dit dans la première édition de
1 encyclopédie, mais une dalmatique fans manches
qui rècouvroit la cotte de mailles, revêtoit tout
te corps., & defcendoit au moins jufqu’aux genoux.
Un mettoit par-deflus la- cotte d'armes le ceinturon
qui portent l’épée : il fervoit en même temps à
la contenir.. Cette efpece de vêtement étoit orné
des ecuffons ou des pièces d’armoiries du cheva-
h e r ,& fouvent même de drap d’or ou d’argent,
W “ res, ou de pannes précieufes de
mtterentes couleurs. Nicod la nomme tunique.
Elle n etoit , ainft que les bannières, permife
qu aux chevaliers. ___
C O T T E D E MAILLES. Efpece de cuiraffe,
laite de mailles de fer, fimples ou doubles, qui
couvroit le corps depuis le cou jufqu’aux cuifTes. On
La mettoit fur le gobiffon ou gambefon : elle étoit
aufii nommée chemife de mailles, auber ou hauber.
Elle etoit d’abord fans manches ; mais- on y en
ajouta en fuite, ainft que des chauffes de mailles.
COU P D ’CEIL. C ’efb le fentiment général que
le coup d oeil ne dépend pas de nous, que c’ eft
un prefent de la nature, que les campagnes ne le
donnent point du tout ; & qu’en un mot, il faut
rapporter en naiffant, fans quoi les yeux du monde
les plus perçants nous font inutiles, que nous marchons
dans les ténèbres les plus épaiffes. On fe:
trompe, nous avons touts le coup d'oeil, félon la
portion d’efprit & de bon fens, qu’il a plu à la
providence de nous départir. Il naît de l’un & de
lautre , mais l’ufage le pèrfeélionne & l’expérience
1 affure. On voit par les aérions & la conduite
d A.milcar , qu’il l’avoit très bon & très fin ,
parce qu il poffedoit toutes les qualités qu’on "demande
pour le coup d'oeil, & dans le plus haut
point de perfeâion, où peut-être jamais général
les ait pouffees, comme on le peut remarquer dans
la guerre d’E ryce , & plus encore dans celle des
loldats rebelles d’Afrique.
Avant que d’entrer dans l’explication de la méthode
dont on peut fe fervir pour acquérir ce
talent, qu’on croit fauffement être un don de la
C O U
nature, il e-ft néceffaire d’en, donner la définition*
L e coup oeil militaire n’eft autre, chdfe. que Fart
de connoître la nature & les différentes fituations.
du pays. ou. Fon fait-, & où l!on veut porter la
guerre ;. les- avantages & les défavantages des.
camps & des-poftes que l’on veut occuper, comme
ceux qui, peuvent être favorables ou. défavan-
tageux a l’ennemi par la pofition des nôtres „ &
par les confequences que nous en tirons,. nous,
jugeons furement alors- des deffeins préfents , ôt
de ceux que nous pouvons avoir par la fuite. C ’eft
uniquement, par cette connoiffanee de tout un pays-
où 1 on porte la guerre , qu’un grand capitaine
peut prévoir les événements de toute une cam-
pagne , & s’en rendre pour ainft: dire le maître ;.
car , jugeant par ce qu’il fait de ce que l’ennemi
doit neceffairement faire, &. obligé par là nature
des lieux a fe regler fur fes mouvements, pour
soppofer à fes deffeins , il le conduit, ainft de
camp* en camp , & de pofte en pofte , au but
qu’il s’eft propofé pour vaincre. Voilà en peu de
termes ce que. c’eft que le coup d’oeilmilitaire , fans
lequel il eft impofftble qu’un général puiffe éviter
de tomber dans une infinité de fautes d’une extrême
conféquence ; en un mot, il n’y a rien à
efperer pour la viftoire , fi l’on eft dépourvu de
ce qu on appelle coup d’oeil à la guerre ; & comme
la fcience militaire eft de. la-nature de toutes les
autres, qui demandent l’ufagëpour les bien pof-
federdans les différentes parties qui la compofent,
celle dont je traite ici eft une de celles qui demandent
la plus-grande pratique.
Philopæmen, un des plus grands capitaines de
la Grèce , qu’un illuftre Romain appelîa le dernier
des Grecs, avoit un coup -d'oeil admirable : on ne
doit pas confidérer en lui comme un préfent de
la nature , mais comme le fruit de l’étude, de
l’application, & de fon extrême pafiion pour la
guerre. Plutarque nous apprend la méthode dont
il fe lervit pour voir de tout autres, yeux que de
ceux dés autres pour la conduite des armées ; le
paffage mérite" d’être rapporté. « 11 écoutoit volontiers
les difcours, & lifoit les traités des phi—
lofophes, difc l’auteur Grec : non touts, mais feu-
lement ceux qui pou voient l’aider à. faire des
progrès dans la vertu. De toutes les grandes idées
d Homere , il ne cher choit, & ne retenoit que
celles qui peuvent éguifer le courage & porter aux
grandes a&ions. Et pour toutes les autres leélures »
j l aimoit fur - tout à lire les traités d’Evangefu« ,
qu’on appelle les tactiques c’eft - à - dire l’art de
ranger les troupes en bataille, & les hiftôires de
la vie d’Alexandre : c a r , il penfoit qu’il, falloit
toujours rapporter les paroles aux aftions, & ne
lire que pour apprendre à agir, à moins qu’on ne
veuille lire feulement pour palier le temps, & pour
fe former à un babil infruâueux & inutile. Quand
il avoit lu les préceptes & les règles des ta&iques*
il ne faifoit nul cas d’en voir les démonftratioHs
par des plans fur des planches , mais il en faifoit
Fajppliçauea
c o u
l ’application fur les lieux mêmes & en pleine
Campagne. C a r , dans les marches il obfervoit
exactement la pofition des lieux hauts & des lieux
bas , toutes les coupures & les irrégularités du
terrein , & toutes les différentes formes & figures
que les bataillons & efeadrons font obliges de
fubir à caufe des ruiffeaux , des ravins'& des
défilés qui les forcent de fe refferrer ou de s’étendre
, &. après avoir médité fur cela en lui—
meme , il en communiquoit avec ceux qui l’accom-
pagnoient. En général il paroît que Philopæmen
avoit une inclination trop forte pour les armes ;
quil embraffoit la guerre comme une profeflïon
qui donnoit plus d’étendue à la vertu ; &. en un
mot , qu’il méprifoit ceux qui ne s’âppliquoient
pas à ce métier , comme gens oifeux & inutiles.
»
C ’eft en abrégé le précepte le plus excellent
qu on puiffe donner à un prince, à un général
d armée , & à tout officier qui veut parvenir &
monter aux grades les plus éminents de l’état
militaire. Cette méthode eft unique , & rend ,
comme dit fort judicieüfement le tradufteur ,
la pratique des préceptes bien plus ailée dans
Foccafion, que de voir les plans fur des planches.
Plutarque aecufe & blâme même Philopæmen
d’avoir porté la paffion de la guerre au - delà
des bornes raifonnables. M. Dacier ne manque
pas de lui applaudir. L’un & l’autre jugent très
peu équitablement de ce grand capitaine , fans
fçavoir trop bien ce qu’ils difent : comme fi la
fcience de la guerre n’étoit pas immenfe , qu’elle
ne renfermât pas pfefque toutes les autres , &. que
pour en acquérir la connoiffanee , il ne fallût pas
une application longue & pénible. Plutarque
n’étoit pas guerrier, Ion traduéîeur encore moins :
ni l’un ni l’autre n’ont réfléchi que Philopæmen
étoit fçavanc comme la plupart des grands capitaines
qu’il s’attachoit à l ’étude de la philo-
fophie & de l’hiftoire , fi néceffaire aux gens de
guerre. Pourquoi trouver mauvais qu’un homme
s’applique & fe livre entièrement à l’étude des
fciences qui ont ^apport à fa profeffion ? Celle des
armes n’eft pas feulement la plus noble, elle eft
encore la plus étendue & la plus profonde , &
par conséquent elle exige une plus grande application
; ce que failoit ce grand capitaine pour fe
former le coup d’oeil, eft une chofe très importante
pour le commandement des armées -, delà dépend
le ialut & la gloire d’un état.
On ne peut douter que la ta&ique ou l’art de
mettre les armées en bataille, de les camper &
de les faire combattre , ne foit tout-à-fait digne
d’un roi. Quelle raifon avoit Annibal de mettre
Pyrrhus , roi des Epirotes devant Scipion , &. immédiatement
après Alexandre, quoique celui-ci
ne fût pas fi habile ? Il n’en eut fans doute point
d’autre , finon que le premier avoit excellé par-
deffus touts dans cette grande partie de la guerre ,
quoique Scipion ne lui cédât pas fur ce point,
Art militaire. Tome 11,
C O U 14 f
comme il le fit voir à Zama. Annibal y fut-il moins
exercé que les deux autres ? Philopæmen voyoit
que l’étude dé la ta&ique & les principes d’Evan-
gelus ne lui ferviroient de rien, s’il n’y joignoit
le coup d’oeil-di néceffaire au général d’armée : fa
méthode nous a toujours plu , & nous l’avons toujours
pratiquée dans nos voyages comme dans
Tardiée.
I I I.
Qu’il ne faut pas attendre l'occafon de la guerre
pour fe former le coup d’oeil, qu’on peut l ’apprendre
& l ’acquérir par l ’exercice de la chajfe.
(Eloge de Machiavel).
Il y a plufieurs chofes néceffaires pour parvenir
à cette connoiffanee , une très grande application
à fon métier ; c’en eft la bafe ; on prend enfuite
une méthode : quoique celle du capitaine Grec
foit bonne , nous croyons avoir beaucoup enchéri
, ou du moins trouvé ce que l’auteur Grec
a négligé de nous apprendre plus particulièrement.
L’on ne fait pas toujours la guerre. Il ne faut pas
s’imaginer non plus qu’on puiffe s’y rendre habile
par la feule expérience , fur laquelle la capacité de
la plus grande partie des gens de guerre eft fondée
aujourd’hui ; elle ne fait que perfe&ionner, & ne
fert prefque de rien, fi l’on ne joint l’étude des
principes : car , la guerre étant une fcience , elle
s’apprend comme toutes les autres, où l’on ne
fçauroit fe rendre habile, fi l’on n’y commence
par létude des principes. Deux ftècles de guerre
perpétuelle fuffiroient à peine pour nous conduire
par l’expérience des faits ; il faut la laiffer en
f propre aux âmes ordinaires , & fournir aux grands
capitaines des moyens plus courts pour monter
à la gloire fans la devoir à la capacité des autres ,
qu’on ne rencontre pas toujours. Il eft donc né- J
ceffaire d’étudier la guerre avant que de penfer à
la faire, & de s’appliquer toujours ôc fans ceffe
lorfqu’on la fait.
J’ai dit plus haut qu’on ne fait pas toujours la
guerre , j’ajoute encore que les'armées ne font pas
toujours affemblées & en mouvement : l’on eft au
moins fix mois dans le repos d’un quartier d’hiver,
&. fix mois ne fuffifent pas pour nous former le
coup d'oeil pour la guerre. 11 eft vrai qu’on l’apprend
beaucoup plus dans les marches, dans les
fourrages, & dans les différents camps & les
divers poftes où les armées campent ; les idées
font plus nettes alors pour jugçr & réfléchir fur le
pays que l’on voit & les pratiques que l’on ob-
fçrve ; mais cela n’empêche pas que , par le fecours
de l’efprit & de l’imagination, on ne puiffe en faire
ufage ailleurs que dans les armées , & qu’on ne fe
perfeâionne le jugement & la vue à la chafle ou
en voyageant. J’en puis parler par l’expérience que
j’en ai faite.«*
Rien ne contribue davantage à nous former le
coup d’oeil que l’exercice de la chafle ; car , outre
T