
même effet que le miroir magique du poëme de
la Parifeïde , miroir qui avoit la faculté de réduire
en cendres tout ce q u i, dans les ouvrages qu’on
expofoit à fon foyet* , n’étoit ni nouveau, ni utile,
ni préfenté d’une manière plus agréable que dans
les livres anciennement écrits.
Mais revenons à notre o b je t , que nous avons
abandonné pour exprimer un voeu bien fincère ,
ôc qui , s’il étoit jamais exaucé , produiroit fans
doute de grands avantages ; touts ceux qui feroient
avides d’inftruétion l’obtiendroient prefque fans
peine, mais fur-tout fans ennui.
Les commentaires de Montluc , ce livre qu’un
homme de guerre recommandable par les lumières
qu’il a acquifes Ôc les aéfions qu’il a faites , appelloit
le bréviaire des gens de guerre, eft un des premiers
ouvrages qub les gouverneurs des places
doivent lire.
Le difeours que Montluc adreffe aux gouverneurs,
tome II , page 190, eft ce qu’ils doivent lire
d’abord, fauteur met là fous les yeux des gouverneurs
touts les motifs faits pour les déterminer à
s’inftruire de leurs devoirs , ôc à agir avec vigueur
dans la défenfe des places où ils commandent ; il
leur dit que la trop grande confiance en foi-même
caufe beaucoup de chûtes, & en conféquerice il
leur confeille de confulter fou vent les vieux militaires
; il leur repréfente combien eft grand l’honneur
que le prince leur fait en leur confiant un
objet auffi important que la garde d’une place
forte , ôc combien la gloire qui rejaillira fur leur
famille fera éclatante ; il leur fait voir que leur nom
ne peut plus refter inconnu, qu’il paffera dans les
pays les plus éloignés ôc dans les fiècles les plus
reculés , mais accompagné de la louange ou du
blâme qu’ils auront mérité ; il leur montre la colère
.de leur ro i, les malédiéiions des peuples, la haine
de leurs propres époufes , le mépris du refte des
femmes, ôc le déshonneur de leurs enfants & de
leurs familles, comme les peines attachées à une
défenfe foible ; fongez , fongez, dit-il, que votre
maître ne vous a pas donné cette place pour la
rendre mais pour la fauver, pour y vivre feulement
mais pour y mourir en combattant. A fin ,
que la crainte de la mort ne faffe point fur l’efprit
des gouverneurs une impreffion dangereufe , il lçur
confeille de lire les livres qui parlent de l’honneur
des grands capitaines, & de fe dire; fi je fais
comme ce grand hommé, quel luftre ne répap-
drai-je pas Ipr ma maifon ; & au contraire, fi je
me rends, qu’elle infamie pour moi ôc pour les
miens. Il veut que le gouverneur fe mette fans celle
à la place du chef des affaillants, ôc qu’il fe demande,
que ferois-je fi j’attaquois cette ville. Il l’exhorte
à être. acceffible , affable , à montrer le
chemin quand il faut endurer la faim , fouffrir la
fo if , ôfè, Il finit enfin par lui dire que les rois
qui veulent toujours gagner, ne pardonnent guères
a ceux qui leur font perdre .quelque chofe. Ce
difeours commence par ces mots , je fçais bien
me(Jleurs les gouverneurs que plufieurs d’entre vous
prendreç plaifir à ce que j ’ai à vous cnré fur le gouvernement;
ôc il finit, page 207 , par les expref-
fions fuivantes. Mais defireç cent mille fois plutôt
la mort f i touts moyens ne vous défaillent, que de,
dire ce méchant mot , je la rends.
Après que le gouverneur aura lu & relu le difeours
que nous venons d’analyfer ôc qu’il l’aura
profondément médité, il paffera à la page 222 du
même tome , il y trouvera un apologue ingénieux
qui lui fera connoître les vices dont il doit fe défaire
avec le plus de foin ; ce morceau commence
ainfi : & fur la fin il me demanda deux chofes ; ÔC il
finit par ces mots : car ils fauffent touts le ferment
qu ils ont fait ayant juré de le fervir loyalement,
ce que Von ne peut faire étant garni de touts ces vices,
& fautes.
Le troifième morceau intéreffant pour les gouverneurs
des places eft contenu dans les pages 24*7,
ôc 248 ; les réflexions que fait Montluc lui font
infpirées par la mort ignominieufe que fubit un gouverneur
qui avoit mal défendu la ville qu’on lui
avoit confiée.
Ils liront enfuite les pages 84 & 85 du même
volume , ils apprendront la quelles font les occa-*
fions où ils doivent joindre à la prudence dû ca-,
pitaine la valeur du foldat. Ils liront encore fur
te même fujet dans le tome I V , les pages 234
& 233.
Les pages 10 5 ,10 6 ,10 7 ôc 108 , du tome II »
apprendront aux gouverneurs que la durée de la
défenfe d’une place dépend des chefs ; elles leur
indiqueront les moyens de foutenir ou de relever,
le courage des foldats, & de donner de la confiance
aux habitants.
Les pages 161 ôc 162 leur prouveront combien
il leur importe d’entretenir l’union des citoyens
entre eux , ôc de faire régner la bonne intelligence-
entre les citoyens & les guerriers.
Ils verront dans les pages 171 & 172 comment
la fermeté des gouverneurs recule l’inftant des capitulations,
ôc oblige l’affaillant à leur accorder
toutes les conditions qu’ils demandent.
Ils apprendront, page460 & 461 du tome Ier,'
que le gouverneur doit uniquement s’occuper des
devoirs de fa charge. Cet article commence par
ces mots : capitaines, que de grandes chofes fait un
homme ; & finit par ceux-ci, mirevous en moi qui
liai jamais fongé autre chofe qu’ à faire ma charge»
* Lès pages 344 & 345 du même tome leur of-,
friront les effets de l’exemple du chef; ôc celles
133 ôc 134 du tome I V , leur montreront que le
courage d iigouverneur foutient celui des habitants
6c de la garnifon.
La dernière & la plus importante des leçons
que Mpntluc donne aux gouverneurs des places ,
eft confignée page 226 du tom. IV ; il leur recommande
de fe faire aimer , ôc il leur en fournit les
moyens.
Les citations de Montluc ont été faites d’après
une.
trne édition en 4 volumes in - i 2 , à Paris , chez
Savoie, M. D C C . LX.
C ’eft dans le troifième livre des fortifications du
thevâlièr de Ville , que les gouverneurs des places
trouveront des leçons qu’il leur importe de recevoir.
L’auteur leur enfeigne, page 4 1 7 , la manière
de découvrir les trahifons qu’on peut tramer dans
la place qu’ils commandent.
Il leur indique la conduite qu’ils doivent tenir
quand ils fe méfient des citoyens. Il leur preferit,
pages 421 6c 423 , les défenfes qu’ils doivent faire
pour que l’ordre règne dans leur place.
Ce que les gouverneurs doivent faire lors des
iallarmes eft configné dans la page 428.
La conduite qu’ils doivent tenir pour prévenir
& calmer' les féditions 6c les révoltes eft preferit
pag’e 431.
La manière de s’oppofer aux efcalades fe trouve
Pag? 436- ,
11 leur donne , page 454 ? un detail des ap-
provifionnements' qu’ils doivent avoir dans léur
place.
Il leur apprënd, pag. 466 , à faire ôc à conduire
les forties.
Il leur d i t , pag. 4 9 1 , comment ils peuvent exciter
le courage des foldats ôc foutenir leur constance.
Il les conduit enfin comme par la main ,
depuis Tiriftant où leur place eft inveftie jufqu’au
monient où ils'font délivrés-de. leurs ennemis , ou
forcis à fe rendre.
L’édition dont nous nous Sommes Servis'pour
ces citations eft in-8°, de 1666, à Paris , par la
compagnie des libraires du palais.
Les réflexions militaires 6c politiques du marquis
de Santa-Cruz , offrent aulli au xgouverneurs des
places des confeils utiles. Us liront dans cet ouvrage
les pages 50 -ôc 51 du tom.: VIII. L’auteur
y .trace, le .portrait d’un.' bon, gouverneur *
Us verront dans le tom, ï l , 'particulièrement
confacré aux furprifes, quel eft le meilleur moyen
dé s’en garantir.! Us doivent confulter principalement
la- page 123.
Us trouveront dans le tom. X , chapitre X ,
page 96 ôc fuivantes , ce qu’ils doivent faire quand
leur place eft menacée d’un fiègë. -
En lifant enfin dans le tom. V I I I , quelle eft lu
mànierê de faire un fiiège, ils apprendront comment
ils peuvent le faire lever.
Parmflefc livres ütilés aux gouverneurs des placés,
nous avons' mis lés1 mémoires de; Féüquiêres cet
ouvrage compofé par un des militaires des plus
inftruits du fiècle de Louis X IV , renferme une
infinité; de grandes léçohs für'la garde &-là*défenfe
des places , les qualités ,•'&•'4e$ cbnnoiffànces né-'
Ceffaires ■ à'flëùrs; gouverneurs.' Mi - •dei FeuqUïè-res
n’à conlùcré‘-,àiJée$!différents-objets* 'que -deux -chao
pitres , le chapitre CI ÔC CH , mais ces chapitres;
renferment tout ce-qu’on peut dêfiïér ; parmi les
différents confeils que l’auteur donne aux. gouver*~
Art'militaire. Tome H,
» neûrs l celui de tenir un journal public du fiège
eft un des plus importants, 6c celui fur lequel il
infifte , avec raifon , le plus fortement.
Les gouverneurs liront encore avec foin tout
ce qu’il dit fur l’attaque des places , ôc qui eft
renfermé dans les 21 chapitres qui précèdent ceux
que nous avons indiqués.
Toutes les fois qu’on lit la vie de Louis X IV ,
on eft; étonné ôc même fâché de voir ce. prince ,
dont le plus grand mérite étoit de connoitre les
hommes ôc le plus grand art, celui de les employer à
propos, fe priver fans de grandes raifons des lumières
ôc des fe cours qu’il auroit pu tirer d’un
militaire auffi inftruit ôc auffi brave que le marquis
de Eeuquières ; mais quand on a Iu les mémoires
que cet homme fçavant nous a laiffés, 8c
quand on fçait qu’il les compofa dans la retraite
où le roi ravoit relégué , on regarde la faute
; cofnmife par Louis XIV comme un événement
heureux; fi en effet Feuquières eut vécu à la
cour, s’il eut joui de la faveur de fon maître ,
ôc commandé fes armées , fans doute il auroit
; gagpé* desibatailles:; mais fes connoiffances, ÔC
fes principes!enfévielis avec lui auroient peut-être
j été perdus pour nous.
Le chevaiieri Eolard fentoit trop bien combien
il importe à l ’état que les gouverneurs dés places
. foient inftruits de leurs devoirs pour ne point les
leur: tracer.
Dans le tome V de fesi •commentaires , page
18&, il s’occupe des qualités ôc des connoiffances
du^ gouverneur d’une place , il .donne 1 là des.con'-i
- feils infiniment fages aux princes Ôc à leurs mi-
niftres ; ces confeils peuvent auffi être j Utiles aux
gouverneurs eux-mêmes.
Les gouverneurs liront encore le chapitre XIII
du livre IV, . il renferme plufieurs inftruéfio.ns
I utiles, c $f
ï.Us trouveront dans le tome 1IL, pages.63 ôç
1 89 , des réflexiôbs: qui léur prouveront qu’ijs .ne;
• doivent rien, négliger pour; porter la défenfe, ap’fit
; loi » ‘'qu’il eft poffible. •
Dans les pages 93;, 98:, iô q . ÔCî 1O9 > .ils apprendront
la manière de prévenir les trahifons,
Ôc d’en empêcher les funeftes effets.
L’auteur difeute , page,,1:07. du m#me tome , la
queftion,; fui vante" Si un. commandant- de place
qui a des; ordres précis de la cour . de fe ■ défendre
jufquà l ’extrémité rp.erd droit de .commander qpand
; il'.n’dgït pas conformément à\ ces ordres, ;
. On imagine bien que cè militaire prend le parti
de l’affirmative , ôc fon opinion;eft faite .pour être,
adoptée ; mais ne faudroît-il' pas; que les oÈdon-
i nances militaires euffent préyu. une extrémjté( aqifi
| fâcfyeufe , ôc . qu’elles, euffent fait copnoître bien,
| clairement l’inftant où la garnifon peut ce$er 4’obéjirj
1 à fon chef.: - . .
f L’édition, de F6lai$l-,.cjôtïtT nous nous femmes.
• fervis eft .en 16 volumes in- 40. imprimés à Âmfter-
' dam ,i chez; Zacharie,.en 1759* ■
G z 2 e