
défcend. Dans la troifième, la plus grande attend
tion doit fe porter fur la rive que fuivent les
tommes & les chevaux.
Si l’ennemi paroit, ou agit comme nous 1 avons
dit plus haut ; fi l’efcorte eft battue, le convoi fe
laifie entraîner par le courant de la rivière, ôt en
fécondant la rapidité de l’eau par le moyen de fes
rames, il peut efpérer de le mettre bientôt en
fureté. B | f
§ . X V I I I .
Canaoijfanees que doit avoir acquifes celui qui veut
attaquer un convoi.
Celui qui vent attaquer un convoi doit avoir
acquis les mêmes connoiffances que celui qui eft
chargé de le défendre.
Il doit fçavoir quel eft le nombre de charriots dont
le convoi eft compofé, pour juger d apres' cette
connoiffance de l’étendue de terrein qu il occupera,
& de la lenteur ou de la rapidité de la marche.
Il Içaura quels font en général les objets dont le
Convoi eft compofé, & en particulier quels ^font les
charriots qui portent les matières les pius pre-
cieufes ; d’après cette connoillance, il dirigera fon
attaque vers les points les plus importants, & il fê
faifira de ce dont l’ennemi aura le plus de befoin,
ou de ce qui fera du plus grand prix.
Il ne doit point ignorer quelle eft la force, la
compofition, & la diftribution de 1 efeorte j ainli ^il
proportionnera le corps affaillant au corps qu il
doit attaquer : il le compofera de troupes qui aient
de l’avantage fur celle de l’ennemi, & il te divifera
comme il doit l’être , afin qu’il ait du fucces.
I l doit connoître 1e commandant en chef de
l’efcorte, fes talents, fes qualités , & régler fa conduite
d’après celte que fon adverfaire doit naturellement
tenir, .
Il fera inftruit du chemin que 1e convoi fuivra,
afin de choifir l’endroit 1e plus favorable a 1 attaque
: enfin, l’heure à laquelle il fe mettra en
marche > pour calculer celte de fon départ, d après
cette connoiffance j &c, f
Pour acquérir les connoiffances qu’il eft necefi
faire de fe procurer avant de fe réloudre a attaquer
un convçi, on employera tes moyens dont
nous parlerons quand nous nous occuperons de
l’attaque des ouvrages en terre,
! X I X ,
$ e la çompojitlon & de la divifion d’itne troupe defi-
tinéç à l'attaque d’un convoi.
Le commandant du détachement inftruit de la
manière dont 1e chef ennemi a diftribué fes troupes,
deftinera une divifion à attaquer l’efcorte de la
tête du convoi, une à tomber fur celle de la queue ,
une à affaillir celle du centre | & une à faire face
gu corps de rçfçnrç ennemi, Qutre çes quatre
grandes divifions, il en formera encore trois petites
qui feront deftinées à mettre 1e défordre dans le
convoi, à emmener tes charriots, &c.
Le corps affaillant aura toujours , outre tes
quatre corps aélifs dont nous venons de parler, une
réferve générale qui fe tiendra à quelque diftance
du convoi, & fe conduira , comme nous 1e dirons
plus bas.
Pour être affuré du fuccès d’une attaque , il
faut toutes chofes égales d’ailleurs , que 1e corps
affaillant foit plus nombreux que le corps attaqué.
Nous fuppoferons ici qu’on a ce genre de fupé-
riorité , &. qu’on peut par conséquent féparer en
deux parties , chacune des quatre divifions qui
font deftinées à affaillir l’efcorte du convoi ; nous
féparons ces quatre divifions chacune en deux parties
, pour donner à chacune d’elles une efpèce
de petit corps de réferve : ce corps de rélerve
marchera à peu de diftance de îon corps principal.
Il en fuivra touts tes mouvements, il lui donnera
du fecours fi la circonftance l’exige , ou il
effrayera au moins Fefcorte du convoi, en lui pré-
fentant plufieurs têtes de colonnes bien formées.
La première partie de chacune des quatre divifions
d’attaque 3 fera d’un tiers plus forte que la fe-,
conde.
On fent bien que, lorfque l’ennemi aura fait des
difpofitions différentes de celtes que nous avons
indiquées, on divifera différemment les corps
affaillants. On peut cependant dire en général que
dans touts tes cas , il faut affaillir en même temps
le centre, la tête & la queue du convoi.
Comme l’on eft 1e maître du convoi , dès que
l’on eft parvenu à prendre , à difliper ou détruire
fon corps de réferve, c’eft vers ce corps de ré?.
ferve que l’on doit diriger touts fes efforts.
Un détachement deffiné à attaquer un convoi ÿ
fera compofé d’infanterie & de cavalerie. Cette
dernière fera ordinairement plus nombreufe environ
d’un tiers que la première ; c’eft-à-dire , qu’il
y aura deux tiers de troupes à cheval, & un tiers
d’infanterie.
La première partie de chacune des quatre di-.
vifions deftinées. à affaillir tes différentes parties
du convoi, fera compofée de cavalerie , & la fécondé
1e fera d’infanterie.
Les trois petits corps deftinés à mettre 1e dé-
■ fordre dans 1e convoi , feront tires de la cavalerie,
La réferve générale fera compofée à-peu-près
d’autant d’infanterie que de cavalerie.
On ne peut pas affigner exaétement quelle doit
être la force de ces différentes divifions j on fent
qu’elle doit être proportionnée à celle de l’eL
çorte,
§ X X .
InJiruMions ^inhales pour l ’attaque d un convoi,
Le commandant de la partie du détachement
qui fera deftinée à attaquer la tête du convoi,
dirigera la marche de fa troupe fur 1e corps ennemi
prépofé à la confervation de cette partie du convoi
j il marchera avec vîteffe , mais fans confufion;
il tombera fur l’ennemi à l’arme blanche , & 1e.
pouffera auffi loin qu’il 1e pourra , toujours en
dehors &. loin du convoi ; il détachera quelques
hommes qui feront chargés de tuer lès chevaux
des premiers charriots , ou , ce qui eft mieux
encore , d’en couper tes traits , & de renvêrfer
la première voiture pour arrêter tes autres, car
on doit toujours fonger à conferver tes chevaux.
Ce détachement empêchera la divifion de la tête
de fe réunir aux autres parties de l’efcorte ; s’il
a du deffous, il fe rallie derrière fon infanterie 4
& revient un moment après à la charge.
L ’infanterie qui devra féconder 1e détachement
deftiné à attaquer'la tête d’un convoi, 1e fuivra
le plus vite qu’elle 1e pourra , mais toujours dans
le plus grand ordre : fi 1e détachement qu*elle fou-
tient, a 1e deffous , elle fe portera fur la tête du
convoi y 1e détournera du chemin , laiffera tes voitures
qui auront été dételléçs ou renverfées, en
amènera tes chevaux , & conduira 1e tout vers
le corps de réferve général. Si 1e détachement
de cavalerie el} repouffé, elle lui fournira , par
fon feu, 1e moyen de fe rallier ; elle continuera
de marcher vers la fête du convoi y mais elle ne
fongera à 1e détourner, que lorfque l’efcorte en
aura été battue ou difperfée.
Séparer un convoi en deux parties, eft un moyen
prefque affuré de s’en emparer. Le détachement
qui devra attaquer 1e centre d’un convoi , fera
donc tes plus grands efforts pour'battre la partie
de l’efcorte qui lui lera oppofée ; Sa conduite fera
la même que celte de la divifion deftinée à attaquer
la tête du convoi. S i , pendant que ce détachement
marche vers 1e centre du convoi, il rencontre
la réferve de i’efeorte., il efcarmouche , fans
trop s’engager , jufqu’à l’arrivée du détachement
qui eft proprement deftiné à la combattre , alors
il redouble d’efforts , il cherche à tomber fur les
flancs de cette réferve , ou bien il va attaquer
la partie du convoi qui lui eft affignée.
L’infanterie qui fert de réferve à cette divifion *
fe conduit comme celle de la divifion qui eft defti-
jiée contre la tête du convoi.
La divifion qui eft chargée d’attaquer la queue
du convoi , fe conduit comme tes deux premières.
Les trois petits détachements qui ont reçu la
-Commiffioe de jerter 1e défordre dans le convoi,
fe portent fur le centre de chacune de fes parties
; ils tombent fur les charretiers , fur les fol-
dats , tuent ceux qui ne veulent pas fe rendre.,
défarment tes autres , & font filer tes charriots
vers la rélerve générale : fi en allant exécuter tes
ordres qu’ils ont reçus , ils rencontrent une des
divifions de l’ennemi , ils la harcèlent en tombant,
tantôt fur fon front, tantôt fur lès flancs ; ils cher-
"çh&nt à la diyifer &. à l’engager par leurs caracotes
à s’éloigner de la partie du convoi qu’elle
couvre.
C ’eft de la défaite du corps de réferve du
convoi , que dépend principalement l’heureux
fuccès de l’entreprife. Auffi - tôt que la divifion
qui doit 1e combattre l’aura apperçu , elle fe
dirigera fur lui avec légéreté , elle l’attaquera
avec valeur , & 1e fuivra avec confiance, jufqu’à
ce qu’elle l’ait difperfé ou forcé de mettre
bas les armes : elle doit d’abord oublier qu’elle a un
convoi à prendre , & ne fonger , dans 1e principe,
qu’à vaincre la réferve : fon infanterie fuivra fes
mouvements dans le plus grand ordre. C e corps
fera aux ordres du commandant en fécond de
tout te détachement.
Le corps de réferve générale des troupes raf-
femblées pour attaquer un convoi , fera commandé
par le chef de l’entreprife ; il s’avancera affez
près du convoi pour fecourir tes détachements
qui auront du deflous, ou qui , pour faire pencher
la viéfoire de leur côté , auront befoin d’un
renfort. Quand il arrivera du fecours au convoi, il
cherchera à lui couper chemin , en allant fe placer
entre 1e convoi & l'ennemi. Quand Fefcorte aura
été battue, & que tes charriots commenceront à
filer vers fon pofte il fe conduira comme nous
1e dirons dans 1e § XXVII.
Telles font à-peu-près tes inftru&ions que lé
chef donnera aux commandants des différentes
divifions ; pour cela il tiendra avec eux une efpèce
de confeil, dans lequel il fe conduira comme nous
l’avons vu dans 1e § VI.
§ X X L
Endroits favorables pour l'aîtaque d'un convoi.
Après qu’un officier particulier aura réglé la
! manière dont tes différentes divifions deflinées à
1 attaquer un convoi , doivent le. conduire pendant
1 l’aélion , il ohoifira l’endroit où il doit l'exécuter.-
Quand vous voudrez attaquer un convoi avec
I fuccès , vous arriverez lùr lu i, fans qu’il ait- pu
J découvrir votre projet ; pour cela, vous formerez
j une embufeade , ou vous combinerez votre marche
avec affez de jufteffe pour vous trouver fiir Ion
paffage, exa&ement à l’heure & à l’endroit que
vous aurez jugé tes plus favorables. Cette fécondé
manière peut être très fautive , un accident
même le moins confidérable peut produire ain
grand retard ; il vaut donc toujours mieux <s’en
tenir à la première. Nous dirons dans i’article
Embuscade , quelle eft la conduite q.ue Fon
doit tenir dans cette cir.conftance.
L ’endroit le plus favorable pour Fattaque d’un
convoi, eft celui où un pont, un défilé, un bois ,
une chauffée à travers un marais , .des chemins
mauvais & étroits empêchent les différents détachements
qui Fel’cortent, de fe fecourir mutuellement
; toutes chofes d’ailleurs égales -, on dois