
autant d’eniè ign é s , douze exempts , autant cje brigadiers
, autant de ious-brigadiers, & fix porte-
étendards.
I l y a un major & deux aides-majors pour tout
le corps ; quatre autres aides-majors , un à chaque
compagnie.
Chaque compagnie eft divifée en fix brigades ;
les trois, lieutenants d e là compagnie font chefs des
trois premières brigades , félon leur ancienneté ; &
les trois enfeignes iont chefs des trois autres.
- _ Chaque brigade a deux ex empts, deux brigadiers
, deux fous-brigadiers & un porte-étendard.
J. out cela fait un corps de quatorze'cents quarante
hommes, fans y comprendre les capitaines , le s
m a jo r s, les aides-majors, les lieutenants , les enfeignes
, les exempts ; qui touts enfemble font le
nombre de quatre-vingt-trois.
T e l éto iten 1715 l’état militaire des gardes du
corps ,* il n’a pas toujours été le- même. Je marquerai
les changements que j’ai pu ob fe rve r, qui en
font arrivés depuis leur inftru&ion.
De Vinflituùon des quatre compagnies des
gardes, du corps.
Il paroît par l’hiftoire que la garde de nos rois
fut augmentée fous Louis X I ; & il doit paffer
pour certain , que c’eft fous Charles V I I que . la
plus ancienne compagnie des gardes du corps fut
inftituée., '
Les grands fervices que le comte de Boucan ,
Ecofïois, fils aîné du duc d’Albanie, rendît à Charles
V I I , & fur-tout la viéloire qu’il remporta auprès
de Baugé en A n jo u , fur l’armée d ’Angleterre en
1421 , engagèrent ce prince à lui donner des marques
de la reconnoiffance ; il le fit connétable de
France ; il inftitua plus de vingt ans après la compagnie
des gendarmes E cofïois. Dans la fuite , pour
marquer l’eftime qu’il faifoit de la-nation EcofToife, 1
& combien il avoit de confiance en elle , i l fit j
choix d’un nombre d’Ecoffois d’une valeur & d’une i
fidélité reconnue, & s’en compofaune garde. C ’eft
celle qu’on appelle la compagnie des gardes du corps.
Je vais rapporter ce que les monuments h iftoriqûës
nous fourniffent touchant cette inftitution ; & en-
fuite je parlerai de l’inftitution des trois autres
compagnies.
De Vinflitution de la première compagnie des gardes
du corps , qui efl la compagnie des gardes
Ecoffoifès.
Entre divers monuments ou il eft fait mention
de l’inftitution des gardes Ecoffoifès , j’en choi-
firai t ro is , fur lefquels je ferai mes réflexions.
L e premier e f t l’hiftoire d’Ecoffe de Jean L e f lé y ,
Ecofïois., évêque de Roffe , que fes travaux &
fes perfécutidns pour la défenfe. de la religion catholique
en A n g le te r re , rendirent célèbre dans le
feizième fièd e.
Après avoir parlé d e . la bataille de Verneuil
dans le Perche, où l’armée de Charles V I I fut
défaite par les Anglois , & où périrent prefque
touts les Ecofïois qui étoient à fon fervice , l’auteur
ajoute ce qui fuit :
« D ’autres Ecofïois, réfolus d’avoir leur revanche
de la défaite de leurs c o m p a t r i o t e s , pafsèrent la
mer , & vinrent joindre le roi Charles , étant
conduits par Robert Patilloc, natif de Dundye :
ce capitaine par fa lagefle & par fon courage ,
rendit^ Charles maître de la G a f e o g n e , que les
Anglois poflédoient.. . . . . C e prince fut fi f a t i s -
fait des fervices que les Ecoffois lui rendirent clans
cette expédition, qu’il voulut laifler dans fa propre
cour un monument éternel de 1a bienveillance
envers les Ecofïois : c’eft pourquoi il choifit un.
nombre de foldats Ecofïois , pour en former une
garde qui feroit la plus proche de la perfonne du
roi. Ils furent nommés archers du r o i, parce qu’ils
étoient armés d’arcs & de flèches ", tant en paix
qu’en guerre. Cette garde avoit. déjà été inftituée
par Charles V , roi de France; mais elle fut confirmée
& augmentée par Charles VII. Patilloc fut
le capitaine de ceite garde , & les Ecoffois's’âcquit-
tèrent toujours fi bien de leur devoir', & avec
tant de fidélité ôt d’èxaéïîtüde , que la chofe a
fubfifté jufqu’à notre temps. Ce prélat a imprimé
fon hiftoire en 1578.
Le fécond monument eft une remontrance intitulée
: plaintes des gardes Ecoffoifès au roi Louis
XJ11 en 1612 , ou fe plaignant de ce qu’on violoit
leurs privilèges, ils font une efp'èce d’hiftoire des
i fervices que les Ecofïois avoient de’ tout temps
rendus à la couronne , & racontent à cette oçcâfion
l’inftitution de la garde EcofToife , tirée de leurs
hiftoires. Cette plainte eft à la bibliothèque du
r o i, parmi les manufcrits de Brienne. Voici ce
qui regarde le fujet dont je traite : « E t , (lesrois
de France,), ne fe contentant pas de rémunérer
: les fervices des grands ; mais ayant égard à la
valeur & fidélité de la nation Ecofloife , & pour
davantage confirmer l’alliance , ils ont érigé quelques
compagnies de la nation, leur donnant de
grands privilèges. Saint Louis, en fon voyage du
Levant, ordonna que vingt-quatre Ecofïois euffent
la garde de fon corps jour & nuit ; lequel honneur
a demeuré à eux l’efpace de cent quarante années,
durant le règne de huit rois de France pour le
moins. Charles V accrut le nombre de foixante-
feize archers, lâiffant aux vingt - quatre premiers
les prérogatives pardeffus ie s autres qüi leur font
demeurées jufqu’à^ aujourd’hui ; à fçavoir , que
ceux de leur nombre aflifterônt à la m efle, fetmon,
vêpres &. repas ordinaire du roi de France, un à
chaque côté de fa chaife , & que les jours de
grandes fêtes la compagnie Ecofloife
a demeuré'la* feule garde du roi plus de foixante
& dix ans : car, çe fut Charles. VII qui érigea là
prèmière Compagnie Françoifedes gardes du corps,
comme Louis XI la fécondé ,4& Français Ier la
trojfième ,
fcroifième : & comme les prérogatives des vingt- |
quatre auxquels le premier gendarme de France J
étant ajouté par Charles V i l , fait le nombre de j
vingt-cinq, comme on les appelle encore, les
témoignants plus anciens que le refte de la
compagnie Ecofloife , aufti les privilèges de toute
ladite compagnie , & les plus fignalées & hono-
'rables fondions demeurant à elle feule, la témoignent
la plus ancienne que les autres trois : à
fçavoir , la garde des clefs du logis du ro i, au
foir ; la garde du choeur de Tégiife , la garde des
bateaux quand le roi paffe des rivières , l’honneur
de porter la crépine de foie blanche à leurs armés,
qui eft la couleur couronnale en France ;; lés clefs
de toutes les villes où le roi fait fon entrée données
à leur capitaine en quartier ou hors de quartier ; 1
le privilège qu’il a étant hors de quartier aux cérémonies
, comme aux facres , mariages & funérailles
des rois; baptêmes & mariages de leurs
enfants , de fe mettre en charge , la robe du facre
qui leur appartient, & que cette compagnie par
la mort ou changement de capitaine ne change
jamais de rang,comme font les autres compagnies. »
La troifième pièce font les lettres de naturâlifa-
tion pour toute la nation Ecofloife, données par le
roi Louis X I I , au mois de feptembre de l’an 1513.
Ce prince , après y avoir expofé les fervices que
les Ecofïois rendirent à Charles VII dans la réduction
du royaume à Ton obéiflance, parle ainfi :
« Depuis laquelle réduéfion, & pour le fervice
que lui firent en cette matière la grande loyauté
& vertu qu’il trouva en eux, en prit deux cents à
la garde de fa perfonne, dont il en fit cent hommes
d armes, & cent archers, où il y en a vingt-quatre
qui fe nomment archers du corps; & font lefdits
cent homhjés d’armes, les cent lances de nos anciennes
ordonnances-, & les archers font ceux de
notre garde , qui encore font près & à l’entour de
notre perfonne ; & combien, ainfi que notre âmé
& féal confeiller l’archevêque de Bourges, évêque
de Murra,-à préfent ambafladeur devers nous ;
de notre très cher & trèsràmé frète, ‘cou-fin: '•&
allié le roi d’E coffeJacques , à préfent régnant;
& notre armé & féal confeiller & chambellan Robert ;
Stuart,. chevalier , fieur d’A ubignÿ, capitaine de
notre garde Ecofloife , & des cent lances de nof-
dites anciennes ordonnances de ladite nation, nous
ayant remontré , ô te . ».
Réflexions fur ces trois monuments.
Par ces trois ex traits v i l eft coùftant, i° . que
la compagnie dès gardes Ecoffoifès a été: au plus
tard inftituée par Charles VII. ‘’2^. Ce qui eft
énoncé dans la remontrance de 1612. que S. Louis,
dans fon expédition d’Egypte,, fe fit une garde
de vingt-quatre Ecofïois , me paroît avancé fans,
fondement ; je n’en trouve nul veftige dans notre
hiftoire , & il eft contredit par l’évêque de Roffe ,
qui fixe l’époque du commencement de la garde1
Ecofloife fous Charles V . .30. Il eft vraifemblable
Art militaire. Tome II.
que ce p r in c e , à qui effeâivement les Ecofïois
rendirent de grands fe rvice s, m it quelques Ecofïois
parmi fes‘ gardes ; mais je ne crois pas qu’il en
eût fait une compagnie féparée, à laquelle il eût
donné un capitaine E c o fïo is , d’autant plus que
l’é v êq u e , dans fon hiftoire, dit expreffément que
le premier capitaine, de la garde Ecofloife fut le
général Patilloc , q u i, félon lu i, ne vint en France
que fous Charles V I I ; iisprimus Patillocus illeproefl-
cieb'atur. Enfin Louis X I I , dans feslçtrres pour la na-
turalifation des Ecoffois., dit nettement que ce fut
Charles V I I qui créa la compagnie des gardes Ecof-
foifes & la compagnie des gendarmes Ecofïois. Il
faut donc fixer l’inftitution de la compagnie des
gardes EcofToifesTous le règne de ce prince.
D e plus -, Louis X I I , dans fes lettres , ôt l’évêque
de R o f fe , dans fon hiftoire, nous font connoître
affez dîftinétement & à -p eu -p rè s le temps que
Charles- V I I créa la compagnie E c o flo ife ; car
Louis X I I dit que ce fut après que le royaume de
France eut été-réduit à ïobéiffance de Charles V I I ;
S i l’évêque de R o f fe , que ce fut après la réduction
de la Gafeogne que fe fit cette création ; or , tout
le ro y aum e , & en particulier la G a fe o gn e , ne
furent tout-à-fait fournis à Charles VIJ que l’an
14534 C e fut donc entre cette année 1461 ,
qui fut la dernière de la vie de ce prince , qu’il
inftitua la compagnie Ecofloife. Je ne voudrais
pas cependant tout-à-fait affurer qu’elle n’eût pas
été inftituée quelques années auparavant ; car
Louis X I I , dans l’extrait des lettres que je viens
de rapporter, femble marquer que la compagnie
des archers Ecoffois de la garde fut inftituée en
même-temps que la compagnie des gendarmes
Ecoffois » qui fo n t , d it- il, les cent lances de nos
anciennes ordonnances. O r , les compagnies d’ordonnances
furent inftituées dès l’an 1445 > auquel
temps Charles V I I a v o it , à la v é r ité , reconquis
une grande partie de fon royaume ; mais il n’avoit
pas encore chaffé les Anglois ni de la Normandie
ni: de la Guyenne. Q u o i qu’il en fo i t , il paroît
toujours certain que ce fut fous fon règne que
la compagnie d ’ordonnance des gendarmes Ecof-
fôis & celle des archers ougardes du corps E coffois
furent inftituées.
Il faut maintenant chercher l’origine , & marquer
le temps de l’inftitution des trois compagnies Fran-
çoiles.
De T inflîtution des trois compagnies Françoifes des
garde s- du- corps.
Les trois compagnies Françoifes n’ont pas été
Gréées en même-temps ; mais ce qui eft expofé
dans la plainte des gardes Ecoffoifès, de 16 12 ,
f ç a v o ir , que Charles V II inftitua la première compagnie
Françoife , n’eft pas véritable , comme on
le verra par ce -que je vais dire.
Louis X I , fils de Charles V I I , étant à Puifeaux
: en 1474 , le quatrième de feptembre , fe. fit
| une nouvelle garde de cent gentilshommes, &
R r r