
nalfent autant de (blutions qu’il y a de provinces
en France, & qu’il peut y avoir de degrés dans
l’inftruétion d’une armée. C ep en d an t, comme il eft
néceffaire de donner des bornes au zèle exceffif
d e quelques chefs amb itieux, inquiets ou minut
ie u x , qui ne croy ent jamais avoir affez exercé
leurs régiments ; comme il faut arrêter cette épidémie
d’exercices,_ qui envoie fou vent beaucoup
d’hommes à l’hôpital,. qui en dégoûte un nombre
encore plus grand , & qui les détache prefque touts
d’un état qu’on ne fait bien que lorlqu’on le fait
a v e c plajfir : les écrivains militaires font occupes
d e ces ob jets, & ils ont dit ; l’hiver eft le moment
où l’on doit s’adonner principalement à
Vexercice des hommes; le commencement du printemps
peut être emp loyé aux exercices de détail;
le commencement & la fin de l’é t é , & le commencement
de l’automne, font p ropres aux grands
exercices ; & le milieu & la fin de l’automne aux
exercices généraux. Mais le milieu de l’été ( ju ille t
& a o û t , comme le difent les ordonnances ) doit
être un temps de repos abfolu ; pendant le mois
de juillet &. d’août les exercices violents font fu-
neftes à des hommes qui dorment peu & mangent
moins. Ils ont dit encore : on peut fans crainte
faire Y exercice chaque jour pendant l’hiver ; il eft
aufii falutaire a lo r s , que contraire pendant l’été.
I l faut devenir plus fobre à mefure que les jours
croiflent & que les chaleurs arrivent : trois exercices
par femaine fuffifent alors ; & deux jours
font fuffifants pendant le refte de l’année. Ils ont
touts reconnu qu’un exercice d’homme , de détail,
ou en grand, qui dure plus d’une heure & demie,
excède le fo ld a t, & ne lui eft d’aucune utilité ,
parce que l’attention fe laffe & que les forces
s’épuifent. Q u ant aux exercices généraux , ils
peuvent être beaucoup plus prolongés parce qu’ils
font plus variés , parce qu’ils font un amufement,
&. parce qu’ils n’exigent pas cette immobilité fatiguante
, cette pofition gênée que demandent les
trois autres. Ils difent enfin que le foir vaut mieux
que le matin , & ils donnent de cette préférence
les raifons fuivantes. Le foldat entaffé dans des
chambres peu aë rées, placé dans un lit étroit avec
deux de fes camarades, ne dort guères que vers
le point du jour ; fi vous le forcez à fe lev er à
quatre heures pour aller à Y exercice , v o ilà fon
lommeil interrompu & fa nuit manquée ; il fort
d’un lit bien chaud, d’une chambre qui reffemble
à ce que les Allemands appellent un poêle , &
il eft conduit en v e f te , fouvent râp é e , dans une
prairie encore couverte de rb fé e, & où le vent
frais du matin fe fait fentir fouvent avec force :
comment des fuppreffions de tranfpirations ne fe-
roient-elles pas la fuite de ce changement lubit ;
de ces fuppreflions naiffent des fièvres , des
rhumes, des cathares, & c , , le moment qui fuit
le point du jour eft affez généralement beau pendant
l’é t é , mais c’eft au lever du foleil que le temps
fe décide, Si Xexercice a été commandé la v e ille ,
I le foldat fe lè v e dès l’aurore ; une fois l e v é , fi
J le temps empêche de faire l'exercice, il v a courir
çà & là j & il rentre dans fon quartier aufli fatigué
que s’il avoit été conduit dans la plaine. L e
loldat furveillé jufqu’à la foupe du foir, ne fonge
g u è re s , jufqu’à ce moment, à aller au cabaret,
ou au moins ne fè livre-t-il pas à toute fa dé -
rail'on. Q u ’il ne fçache donc point le jour où il
doit être exercé ; occupons-le fouvent depuis cinq
heures jufqu’à fep t ; & nous parviendrons à l’empêcher
de s’enterrer pendant la journée .dans une
ta v e rn e , ou un mauvais lieu ; &. le foir il ne fon-
gerâ qu’à fe repoler de fes fatigues. Les partifants
de la matinée s’appuyent fur le befoin qu’à le
foldat de manger en rentrant au quartier quand il
v a à Y exercice après la foupe du fo i r , il trouve
qu’il-y a trop loin de cette foupe du foir à celle
du matin, fur-tout quand un exercice de deux
heures vient précipiter la digeftion; cela peut ê tre ,
mais eft-il- impoffible de remédier à cet inconvénient
? O n y parviendroit, en plaçant la foupe
du foir au retour de Y exercice ; & en retardant
de même de deux heures la foupe du matin. Mais
cette raifon , fur laquelle s’appuyent les partifants
du matin, quoique la meilleure.qu’ils ayent à alléguer
, n’eft pas la plus forte à mes y eu x ; nous ne
pourrons plus , diront tout bas les officiers, nous
ne pourrons plus voir la bonne compagnie aller
au lpeélad e , & c . ; v o ilà la caufe du refus ; je
laiffe à nos légiflateurs à décider fi ces raifons peuv
en t balancer celles que nous avons expofées
précédemment.
L a dernière obfervation que nous ayons à offrir
roule fur les fréquents changements que nos,exercices
ont éprouvés. Auroit-on oublié en F ran c e,
que les fréquents changements d'exercices dégoûtent
le foldat, & qu’ils fortifiéht fon naturel inconftant;
qu’un r o i , que Jes exercices de fes armées ont
rendu cé lèb re, aime mieux y laiffer fubfifter des
chofes qu’il reconnoît Viçieufes, que de faire des
changements; ne fie fouviendroit - on plus que
M. de Saint-Germain a dit expreffément dans fês
Mémoires : les changements continuels des exercices,
outre qu’ils marquent peu d’habileté de la part de
leurs .auteurs, rendent encore les efprits incertains
, confus ; & il arrive qu’à force de trop en-
feign e r, & de trop apprendre , les troupes ne
fçavent rien. T o u t changement doit être bien pe-
f é ,b ie n mûri avant d’être introduit, afin de ne
pas fe mettre dans le cas de revenir fur fes pas ;
tout doit être fimple autant qu’il eft poffible, &
l’on ne doit rien admettre dans les exercices , que
ce qui peut fe pratiquer en temps de guerre.
Concluons enfin, il en eft temps. Il femble que
nous foyons affurés d’une paix perpétuelle, quç
nous croyons nos troupes uniquement deftinées à
donner des fpeélacles agréables à des femmes que
l ’ennui chaffe de Paris ; & à des grands que le
defir de s’avancer éloigne de Verfailles. C e qui
eft de parade a jufqu’i'ci uniquement frappé no$
regards; tournons-les av ec empreffementvers ce
qui eft efifentiellement militaire; imitons le pilote
fage qui m’attend pas que le moment de la tourmente
foit arrivé pour appiendre aux matelots a manoeuv
re r les voilés J profitons comme lui du temps
où nous fournies encore dans le p o r t , ou le fignal
du départ n’eft point encore donné , fans cela nous
verrons notre vaiffeaü fe brifer avec éclat contre
le premier écueil que nous trou verons, ou fuc-
Comber dès le premier orage. Nous avons d’excellents
guides dans une foule d’ouvrages de
touts lés genres ; lifons les hiftoriens de la G rè ce
& de Rome , lifons V é g è c e , l’empereur L é o n ,
Polibe &. fon commentateur, les Mémoires de
l ’Académie des inferiptions , San ta-Cruz, le v é r i- •
F A C
F a c e . Partie d’une pièce de fortification qui
forme a vec une autre partie femblable ou a vec
une aile , un angle faillant vers la campagne.
Ainfi les faces du baftion font les deux côtés
qui forment un angle faillant vers le dehors de
la place ; elles font par leur pofition les plus e x pofées
de toutes les parties de l’en c e in te , au feu
de l’ennemi ; & comme elles ne font d’ailleurs
défendues que par le flanc du baftion oppofé ,
elles fon t'le s parties lës plus foibles du b a ftion ,
ou de l’enceinte des places fortifiées : c’eft par
cette raifon que l’attaque du baftion fe fait par les
faces ; on y fait brèche ordinairement vers le milieu
ou le tiers , à compter de l’angle flanqué
on fe trouve par-là en é t a t , lorfqu’on s’eft établi
fur la brèche , d ’occuper plus promptement tout
l ’intérieur du baftion.
Les faces du baftion doivent avoir au moins 3 5
ou 40 toifes', afin que le .baftion ne foit pas trop
petit. O n les trouve b ie ir proportionnées à 50 ,
parce qu’elles donnent alors au baftion une grandeur
raifonnable. Lorfqu’elles doivent défendre
quelque' ouvrage au-delà du foffé , il faut qu’elles
ay ent la longueur néceffaire pour les bien flanquer ;
elles ne doivent point être trop inclinées vers la
cou rtine, afin de défendre plus avantageufement
ou moins obliquement l’approche du baftion.
Les faces des demi-lunes, des contre-gardes, des
tenaillons ou grandes lunettes, des red ans, des
places d’arme s, du chemin co u v e r t, & c . , font de
même les deux côtés de ces ouvrages qui forment
un angle faillant vers la campagne.
F A C T E U R . O n don n e, dans les troupes fran-
çoifes , le nom de fadeur à un bas-officier chargé
d’aller retirer de la pofte les lettres adreffées aux
offic iers, aux bas-officiers, & aux foldats de chaque
régiment.
I l eft néceffaire d’avoir un fadeur dans chaque
régiment, afin de prévenir les fripponneries & les
table Efprit Militaire , le Militaire en Franconie ,
les-ouvrages de M. Turpin de C r i f le , le Soldat
C i to y e n , l’Efprit Militaire & l’Examen Critique
du Militaire François. Extradons de touts les ouvrages
les leçons qu’ ils nous donnent fur ces exercices
; mettons ces leçons en pratique, & nous aurons
, fans augmenter nos dépenfes & fans multiplier
le nombre de nos gens de gu e r re , une armée
dix fois plus forte que celle que nous entretenons
aujourd’hui. Voye% dans ce Dictionnaire les
articles I n s t r u c t i o n d u s o l d a t , d e s o f f i c
i e r s 'g é n é r a u x e t p a r t i c u l i e r s ;• voye^
M a n i m e n t d e s a r m e s , F e u , P a s , M a r c h e ,
M a n e u v r e s , É v o l u t i o n s , & c . ( C . )
F A I
erreurs que pourroient commettre des fadeurs, publics
qui ne connoîtroient pas touts les membres
d’un corps, aüifi nombreux qu’un régiment.
La place du fadeur eft ordinairement confiée
au plus ancien iërgent-major ou maréchal-des-lo-
gis en ch ef de chaque régiment. I l y a un fol pour
chaque lettre qu’ il remet aux o ffic ie ls , aux bas-
officiers & aux foldats ; il a de plus 4 deniers
pour livre de toutes les fommes qu’il touche à la
pofte pour les foldats. Ce s différents objets réunis
valent au mois 400 livres par an. L ’emploi de
fadeur étoit autrefois plus lucratif ; ce bas-officier
avoit un fol par livre de l’argent qu’il retiroit de
la pofte. O n a , avec raifon , reftreint ce bénéfice ;
peut-être eft-il encore trop confidérable ; peut-être
le foldat ne devroit-il pa y er , pour les lettres qu’il
re ç o it , que la m oitié de ce que payent les officiers :
touts ces objets de police intérieure d e vro ien t,
peu t-être, être fixés par une loi générale. ( C . ) .
F A C T IO N . Fondions de fentinelle. Voye£
S e n t i n e l l e .
F A C T I O N N A I R E . Soldat en fadion. O n
donne aufli ce n om , dans l’infanterie, au plus ancien
capitaine., qui doit paffer à la compagnie de
grenadiers lorfqu’elle vient à v a q u e r , ou à celui
qui doit remplacer le capitaine de grenadiers,
quand celui-ci eft malade ; dans ce ca s, on nomme
celui qui doit le remplacer premier fadionnaire \
& celui qui fu it, fécond fadionnaire.
F A I S C E A U X D ’A RM E S . Amas de fufils rangés
la croffe en bas & le bout en h a u t , autour
d’un montant de bois , d’environ fept pieds de
hauteur, enfoncé en terre d’un p ie d , & traverfé
à fa partie fupérieure par deux chevilles faillantes
qui fe croifent & foutiennent les fufils. Voyeç
M a n t e a u d ’a r m e s .
Lorfque l’infanterie & lesfdragons font campés,
chaque compagnie a fon faifeeau d’armes. Ce s
faifçeaux doivent être fur le même alignement,