
Leur charge eft de^ polir les armes qui font |
dans l’arfenal, d’en tenir un règiftre ex aft, & I
de les diftribuer aux janifftfires, ainfi qu’il eft
ordonné par les fupérieurs. (V .) .
GENDARME* C ’étoit autrefois un cavalier
armé de toutes pièces , c’eft-à-dire , qui avoit
pour armes défenfives le cafque, la cuiraffe, &
tontes les autres armures néceffaires pour couvrir
toutes les parties du corps. Le cheval du gendarme
avoit la tête & les flancs auffi couverts d’armes
défenftves. Les cavaliers armés de. cette manière,
furent d’abord appelles hommes d armes, & enl'uite
gendarmes. Voye£ HOMME d 'a rm e s .
Le poids cônfidérable des armes du gendarme,
qui le rendoit propre à foutenir un choc, & à
combattre de pied ferme , ne lu.i permettoit pas
de pourfuivre l’ennemi, lorfqu’il étoit rompu : il
y a v o it, pour y fuppléer , une autre efpèce de
cavalerie plus légèrement armée, qu’on appelloit,
par cette raifon , cavalerie légère.
Quoique cqtte différente manière d’armer la
cavalerie ait été totalement abolie ldus le règne
de Louis X IV , on a confervé néanmoins le nom
de gendarmerie à plufteurs corps qui avoient autrefois
l’armure du gendarme ; & l’on a appelié cavalerie
légère touts les autres corps de la cavalerie.
Le corps de la gendarmerie de France eft divifé
en troupes particulières, appellées compagnies.
Les compagnies font de deux fortes : le.s unes
font deftinées à la garde du ro i, & elles forment
le corps qu’on appelle la maifon du roi ; les autres,
qui n’ont pas le même objet, retiennent l’ancien
nom de gendarmerie ou de compagnies d'ordonnance,
Les compagnies du corps de la gendarmerie qui
compofent la maifon du r c i , lont les quatre compagnies
des gardes-du-corps, celle des gendarmes
de la garde & celle des chevaux-légers.
G endarmes de la g a r d e . De tout temps,
les hommes d’armes ou gendarmes ont été regardés
comme la plus noble partie de la milice françoife.
Depuis l’infHtution des compagnies d’ordonnance,
par Charles VII , les grands feigneurs , les maréchaux
de France , les connétables, les princes du
fan g fe font fait honneur de commander ces fortes
de compagnies, & , dans la fuite, les rois même
ont voulu en avoir une, dont ils fe faifoient les
capitaines.
Ces compagnies, quoiqu’elles euffent les rois
pour capitaines , ifétoient pas pour cela comprifes
dans l’état de leurs maifons, ni deftinées pour la
aarde de leur perfonne c’eft une marque particulière
de confiance que Louis X I I I , à fon avènement
à la couronne , voulut bien donner à la compagnie
, qui porte aujourd’hui le nom de gendarmes
de la garde. M. de Souvré, qui fut honoré depuis
du bâton de maréchal de France, en étoit alors
commandant. M, de la Guiche, feigneur de Saint- 1
Geran ; M. de l’Hôpital, feigneur du Hallier}
M. d’Albert, touts trois auffi maréchaux de France,
ont été fucceflivement à* la tête de cette compagnie.
Ce corps a toujours été compofé de gens
d’élite, & mérité de grands éloges, pour avoir fou-
tenu une réputation de valeur toujours égale dans
le grand nombre de batailles & de combats qui fe
font donnés durant le règne de Louis ,X1H & pendant
le règne de Louis-le-Grand.
C ’eft le roi lui-même qui en eft le capitaine.
Celui qui commande la compagnie, a le titre de
capitaine-lieutenant ; les deux officiers fupérieurs
qui le fuivent, prennent la qualité de capitaines-
fous-lieutenants. Il y a auffi trois enfeignes & trois
guidons ; il y a de plus dix maréchaux-des-logis ,
parmi lefquels on en choifit deux pour remplir
les fonctions de major , fous le titre d’aides-majors.
Les gendarmes font au nombre de deux cents
maîtres , y compris huit brigadiers, huit fous-
brigadiers , quatre porte-étendards & quatre fous-
aides-majors ou aides-majors de brigade. Tel eft
l’état préfent de la compagnie des gendarmes de
la garde du roi. Avant que de parler de l’infti-
tution de cette compagnie , & d’entrer dans le
détail des changements qui s’y font faits fous le
règne du feu ro i, je dirai quelque chofe du titre
de capitaine-lieutenant que porte le commandant
des gendarmes ; car je crois que c’eft dans ce
corps, & dans la compagnie des chevaux-légers
de la garde, oii ce titre a été mis premièrement
en ufage.
Du titre de capitaine-lieutenant.
Le titre de capitaine-lieutenant n’eft pas par^*
ticulier au commandant des gendarmes du roi ; il
eft commun au commandant des deux compagnies
des nfoufquetaires , à touts les commandants des
compagnies qui compofent la gendarmerie, &
même au commandant des grenadiers du roi.
II me paroît que ce titre n’eft pas plus ancien
que le règne de Henri IV ; je ne l’ai point vu
dans nos hiftoires avant ce temps-là.
Il y a deux raifons de ce titre de capitaine-
lieutenant : la première eft l’autorité que le roi
donne aux commandants des compagnies qui le
portent, & q.ui eft la même que celle du capitaine
dans les autres compagnies qui en ont. La fécondé
eft que le capitaine-lieutenant a les gages de capitaine
& ceux de lieutenant.
Depuis que ce titre de capitaine-lieutenant a
été mis en ulage, les commandants des compagnies,
auxquels il a été donné , ne l’ont pas toujours
porté par rapport au roi feul ; c’eft-à-dire, que
le capitaine-lieutenant n’a pas toujours été , &
n’eft pas encore toujours aujourd’hui lieutenant
du roi même. Le capitaine même des gendarmes
de la garde ne fut pas d’abord lieutenant du r o i ,
mais de monfeigneur le dauphin , comme je le
dirai en parlant de rinftitution de cette charge \
& encore aujourd'hui les capitaines-lieutenants des
gendarmes &. des chevaux-légers du dauphin , de
la reine , de Berri, d’Orléans, font capitaines-
lieutenants , non pas du r o i, mais des princes ,
dont ces compagnies portent le nom , quoique
même plufteurs de ces princes ne foient plus eii vie.
Je trouve une chofe particulière pour la compagnie
des gendarmes de la garde ; c’eft que le titre
de capitaine eft non-feulement donné au lieutenant,
mais encore aux deux fous-lieutenants, parce
qu’ils ont des lettres patentes attachées à leurs
emplois, oc fcellées du grand fceau , pour jouir
des appointements de capitaine en chef de la compagnie.
• Il y a à la chambre des comptes de Paris un
a&e qui marque expreffément que rinftitution de
la compagnie des gendarmes , qui furent fous,
Louis XIII gendarmes de la garde , fut faite par
Henri IV. Cet aéfe- eft la proyifipn de la charge
de capitaine-lieutenant des deux cents hommes
d’armes pour Jean François de la Guiche , comte
de Saint-Géran, Le voici :
Provijîon de la charge de capitaine-lieutenant des
deux cents gendarmes pour Jean-François de la
Guiche, jieur de Saint-Géran. ■
Louis, par la grâce de Dieu.. .. (c’eft Louis XIII
qui parle) Comme notre très cher couftn le fteur
de Souvré, maréchal de France, ait volontairement
remis en nos mains, la compagnie des deux cents
hommes d’armes de nos ordonnances , dont le feu
ro i, notre très honoré fteur &. père, de glorieufç
mémoire , le pourvut en la créant, &. nous conf-
tituant chef & capitaine d’icelle ; étant, à cette
pccafion, befoin de pourvoir en fon lieu de quelque
antre bon &. expérimenté capitaine, en qui nous
ayons entière confiance, pour nous fervir en ladite
conduite de notredite compagnie , près de nous
& ailleurs , où nous la voudrons employer ,, St-fa-r
chant, pour cet effet, ne pouvoir faire une meilleure
eleélion que de-la perfonne de notre amé & féal
en notre confeil d’état , & notre lieutenant-général
en Bourbonnois, &ç. & fous-lieutenant de notre
fufdite compagnie, Jean-François de la Guiche,
fteur de Saint-Géran, auffi çhoift &. appelle à
ladite fous-lieutenance par feu notre li.êur & père,
dès-lors de l’inftitution de ladite compagnie.. . .
A ces caufes.. .. donnons & otftroyons par ces
préfentes ledit état & charge de capitaine-lieutenant
de ladite compagnie de deux cents hommes d’armes
de nos ordonnances., étant fous notre nom & titre
de capitaine en chef : en témoin de quoi nous avons
fait mettre & appofer notre fcel auxdites préfentes.
Do nné à Paris le treizième jour de mars, l’an
de grâce mil ftx cent quinze ? ôc de notre règne
le cinquième.
On vçit d.iftinjftemçnt par cet a£le. que ce fut
ÆÏ£nri IV fo'ftijua ç.ornpagjùç cfos gendarmes
de la garde , puifqu’il y eft dit que ce prince
pourvut M. de Souvré de cette charge, en la
créant, & qu’il y eft dit encore que M. de la Guiche
en avoit été fait fous-lieutenant dès-lors de l ’inftitution
de la Compagnie.
On v o it , en fécond lieu, que M. de Souvré
en fut le premier capitaine-lieutenant ; qu’il en
donna fa démiffïon en 1615 , &c que, dès cette
même année , la charge fut mife entre les mains
de Mi de la Guiche.
On voit, en trôiftème.lieu, ce que j’ai dit auparavant
, que le capitaine-lieutenant ne fut point
d’abord lieutenant du ro i, mais de monfeigneur
le dauphin , qui fut conftitué par le r o i, fon père ,
chef & capitaine d’icelle , & qu’elle fut alors fous
fon -nom & titre de capitaine en chef, & que ce
n’eft que depuis fon règne , après la mort de
Henri I V , que nos rois font capitaines- de cette
compagnie de leur garde.
Et le même prince dit expreffément qu’il le
voulut être : c’eft dans un aéte contenu dans le
même mémorial, au fujet de M. du Hailier qui,
d’enfeigne , fut fait fous-lieutenant à La, place de
M. de la Guiche. A y an t, dit ce prince, à notre
avènement à cette couronne , voulu confervec fous
notre nom & titre de capitaine de la compagnie
des deux cents gendarmes de nos ordonnances, & c .
Les proviftons de M. de Saint-Géran marquent
ft diftinélement rinftitution de la compagnie des
gendarmes par Henri IV , qu’on ne peut douter
de cette époque , non plus que de ce qui eft dit
dans ce même aâe authentique, que Louis X I I I ,
étant encore dauphin , fut le premier capitaine de
cette compagnie , puifqu’il l’affure lui-même.
La création de cette compagnie des gendarmes fut
faite en 1609. Cela fe prouve par l’extrait de«
proviftons de M. de Souvré , que j’ai tiré d’un
volume manufcrit qui eft dans' les .archives de la
maifon du roi. Voici cet extrait : à Paris, du 4
février 160.9 » icelai fteur de Souvré fa it, conftitué
& établit, faifons, conftituons & établiffons par
ces préfentes ftgirées de notre main, gouverneur
de notre fils le dauphin de Viennois, lieutenant
de fa compagnie d’hommes d’armes, <5k premier
gentilhomme de fa chambre.... A fait & prêté le
forment entre les mains du r o i, de ladite charge
de gouverneur de monfeigneur le dauphin, lieutenant
de fa compagnie & premier gentilhomme
de fa chambre.
Cette compagnie donc, dans fon fnftitmion ,
ne fut point encore de la garde du roi ; ce fut
une compagnie d’ordonnance pour monfeigneur
le dauphin, .dont le jeune prince fut capitaine,
comme le roi Henri IV lui-même en avoit une
fpus fon nom , dont il étoit capitaine , mais qui
n étoit point de fa garde. Cette compagnie du roi
Henri IV étoit çn 15,98 fous les ordres de Henri
d’Albert, baron de Mioffens. J’ai vu le rôle de
cette compagnie, fait pour une montre,de cette
}*même année 1598,