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les huflards font a la d e co u v e r te , il faut avoir attention
de faire doubler les charriots par quatre ,
par h u it , par dix de fro n t , f i le terreinle permet,,
afin de réunir les troupes de l’eficorte. Les troupes
^du centre joindront l’avant-garde & couvriront les
charriots ; celles de l’arrière-garde fe mettront en
bataille , & feront face au pays parcouru. Les
pelotons & fe r io n s qui marchoient le long du
convoi , fe placeront fur les deux flancs pour les
cou vrir. Qu and le pays en avant aura été bien
reconnu^ l’avant-garde, ainfi que les* troupes du
cen tre, parteront le pont ou le d éfilé, couvertes par
les huflards, & s’avanceront allez, de terrein pour
être doubles ou pour le parquer de l’autre côté ;
le s troupes qui marchoient de diftance en diftance,
fe placeront fur les flancs pour les garder. Lorfque
les charriots Si 1 e feorte feront pafles , on fera marcher
le convoi dans le même ordre où il étoit avant
k p a fla g e , fi la fituation du terrein n’en exige pas
un autre. O n fêta toujours bien de faire partir un
petit corps une heure- avant que le convoi fe mette
en marche, pour fouiller exa&ement le pays à
droite & à gauche. i
S i la marche eft longue & ne peut fe faire fans J
que les chevaux repailfent, il attend qu’on trouve
une plaine aflez fpacieufe, pour contenir toutes les
voitures fur plufieurs rangs & dans un tel ordre ,
qu il n y ait aucun embarras lorfqu’on fe remet en
marche.
En pareil cas toutes les troupes doivent fe raf-
fembler & mettre en bataille ;fle~plus gros corps
du côté de l’ennemi & le refte fur les ailes , afin
que le convoi foit couvert de toutes parts. Il ne
faut pas fouffrir qu’aucun charretier détele fes chevau
x, O n leur permet feulement d’aller couper du
fou r ra g e , pourvu que ce ne foit pas loin , & qu’ils
ne courent pas le rifque d’être enlevés.
Qu and on prévoit qu’on s’arrêtera en chemin,
il vaut mieüx donner ordre aux charretiers d’être
pourvus du fourrage néceflaire pou r leurs chevau
x.
Lorlqu’un convoi efl:' obligé de marcher plus
d un jou r pour arriver au lieu où il doit être conduit,
il faut choifir des endroits où l’on puiffe pafler
la nuit en fureté , comme une petite ville ou un
bourg , ou quelque lieu qui foit à couvert d’une
r iv iè re . Si le convoi n’efl: pas fort confidérable,
o n 1 y fait entrer , en obfervant de faire garder
les portes ; mais le meilleur e f t , particulièrement
lorfque le convoi eft nombreux , de le faire parquer
auprès de cet endroit, & on pofte les troupes
de manière qu’elles le protègent de touts côtés. Le
commandant ordonne des gardes qui doivent être
-alertes pendant la n u i t , & qu’il a foin de vifiter
fou vent. I l fait faire auflï des patrouilles en dehors
du pofte ,& difpofer enfin lès charriots & charrettes
d e façon qu’elles lui fafîent une efpècë de retranchem
en t , & que néanmoins il n’y ait pas d’embarras
p ou r les remettre en ordre de marche.
Si on u e f t pas près de l’en n emi, on fe contente
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de mettre les charriots fur plufieurs rangs pour
éviter l’embarras où on fe trouve le lendemain pour
le mettre en ordre de marche.
Si le convoi eft d’une f i grande importance , que
fon enlèvement pourroit influer fur le refte de la
campagne, il faut non-feulement lui donner une
efeorte plus forte & plus nombreufe , & obferver
le même ordre çi-deflùs ; mais encore faire partir
des détachements, q u i, fans avoir ordre d’attaquer ,
marchent entre l’ennemi & le chemin que tient le
convoi, afin de traverfer le projet qu’il auroit pa
former.
L e convoi qu’on veut faire entrer dans une
place ne demande pas d’autres précautions que
celles qu’on a déjà marquées ; excepté que le
commandant de la v ille , pour qui il eft deftiné ,
1 envoie d’ordinaire à fon avance julqu’à une ou
J deux lieues de la place lé tiers de fa garnifon ; il
en met un autre tiers fur le glacis , du côté d’o à
| viendra le convoi, a v e c quelques pièces de canon
fur la crete du chemin couvert , pour protéger
les troupes du convoi au pas qu’elles fuflent pouf-
fées.
Quand on conduit des convois par e a u , les troupes
qui les efeortent côtoient la rivière du côté du pays-
dont elles . font les maîtrefles, & on fe contente
| d’avoir quelques partis fur le bord oppofé. Souvent
auflï on charge les bateaux d’infanterie., qui étant
attaquée d ’un côté parte à l’autre bord ; ou b ien elle
continue fon chemin à l ’abri des bateaux. Si l’ennemi
a du canen , il vaudra mieux que les troupes
côtoient le convoi par terre'; parce qu’il s attachera
préférablement à couler à fond les bateaux qui
font chargés de troupes.
C ’eft la largeur de la rivière , la facilité de la
pafler à gué , & la nature du terrein qui eft fur les
bords , qui doivent régler la difpofition de celui
qui commande ces fortes de convois, &. les précautions
qu’il doit prendre , afin qu’ils ne foient
pas infultés , ni les partis enlevés,, qu’il avoit défi»
tinés à couvrir fa navigation.
Défenfe des convois.-
S’il arrive dans la marche que l’ennemi fie préfente
pour attaquer le convoi , & qu’on foit à portée
d’un village , on fait doubler auflïtôt les v o itures
à droite &- à gauche , fous la proteâion des
maifons , en dehors du village. L ’infanterie fe je tte
dans le village & la cavalerie fe met en bataille
dans les avenues & fur les flancs découverts.
Si on eft forcé de combattre en plaine , on fait
doubler les voitures à mefure qu’elles arrivent à
côté: les unes des autres , &o-n en forme un quarré
auflï étendu qu’il faut pour y placer foute l'infant»
terie. L a cavalerie fe met en dehors à la droite &
à la gauche fous le feu de fon infanterie.
T an t que l’ennemi n’attaque pas avec des forces
fupérietires, il ne faut rien changer à l’ordre de
marche , mais fuivre toujours fon chemin ; il n’y a
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tjue les troupes les plus proches qui fecourent celles
qui font attaquées. Dans ces fortes d’occafions on
doit ufer de grande prudence , ne pas prendre le
ch an g e , connoitçe fi c’eft une faufle ou véritable
attaque bien prendre garde aux troupes afin
de ne pas les employer hors du véritable endroit où
elles font utiles.
Si en pareil cas le terrein permettoit de faire
marcher le convoi à double f i le , l’infanterie entre
les voitures , & la cavalerie fous fon feu en dehors
du côté de l’en n emi, ce ne feroit que mieux, &
o n pourroit alors en toute fureté continuer fa
marche & braver, même un ennemi fupérieur.
Si on o b lig e 'l’ennemi à fe re t ire r , il ne faut
pas le fuivre , mais fe contenter de fauver le convoi,
de crainte, qu’il ne profite de la proximité de fes
quartiers, & que le fecours qu’il en peut recevoir
ne foit funefte à l’efcorte du convoi. O n ne doit
jamais fe propofer d’autre avantage en efeortant
un convoi, que de le conduire avec fureté , quand
même on feroit affuré de battre & de prendre le
détachement ennemi.
O n peut quelquefois , dans les attaques des
convois de vivres , faire monter les charretiers fur
leurs chevaux & les armer de leurs faulx ; mais ce
n’eft que dans un extrême befoin qu’on doit en
faire ufag.e, ces gens n’étant guères propres qu’ à
intimider le foldat. Si on le fa it , il faut y mêler
quelques cavaliers pour les animer.
Lorfque parmi les chofes que le'convoi conduit,
il y a du canon en état de t ire r , il faut le difpofer
autour du c e r c le , fi on en a formé u n , ou fur les
angles'du quarré fur la même ligne que les charriots,
&. mettre à côté de chaque batterie une troupe de
cavalerie pour la co u v r ir , & une autre d’infanterie
pour la foutenir.
Lorfque dans ces convois il y a des charriots de
poudre,i 1 ne faut abfolument point les mettre en lign e
a vec les autres pour former le pa rc, vu qu’itn e feroit
paspoflïble de tirer fur l’ennemi de derrière les charriots,
fans courir rifque d’y mettre le feu. Il eft donc
néceflaire, pour qu’ils ne foientpas à portée dufeu ,
d ’en faire un amas, & de les mettre bien ferrés
dans le milieu du vuide du parc. Si le convoi étoit
totalement compofé de caillons de poudre , il faut
faire parquer les voitures quarrément , ou en
quarré fans vuide , & les placer bien ferrées les
unes contre les autres. Mais au lieu que dans
l’autre cas les charriots doivent couvrir les troupes,
dans celui-ci les troupes doivent couvrir les charriots.
Elles doivent à cet effet s’en éloigner à une
diftance aflez confidérable pour que le fe u , qu’on
fait fur l ’en n emi, ne puiffe pas produire un dangereux
effet s’il prenoit aux poudres.
Quand on pafle dans une gorge étroite , ou
dans quelqu’autre défilé dont les côtés font bordés
de montagnes , il faut abfolument qu’une partie
de l’infanterie marche fur les hauteurs , à moins
qu’elles ne foient inacceflibles. Comme dans ce
cas elles le font de même à l’ennemi, & .que par
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coniéquent on n’ a rien à craindre fur les a ile s , on
doit tenir l ’avant-garde & l’arrière-garde très fortes,
étant les feules parties qui peuvent être entamées.
Si le pa ys par où l’on doit pafler eft plat en
quelques endroits & ferré dans d’autres , il faut
proportionner la difpofition des troupes à l’une
à l’autre de ces fituations, à mefure qu’elles fe
rencontrent. Ce s changements ne font pas difficiles
pour celui qui pofsède fç>n métier.
Lorfque dans un convoi il fe rompt une charrette
ou caiflon chargé de munitions, on charge les facs
ou barils qu’il portoit fur les autres voitures ; on
met de côté celle qui eft brifée , pour ne pas interrompre
la file ; & fi1 elle ne peut pas être radoubée
aflfc^à temps pour fie joindre au convoi, on l ’abandonne
, & on en emmène les chevaux haut le
pied.
Qu and la tête des troupes de l’efcorte eft à
portée du cam p , elle n’y entrera point que la dernière
voiture n ’y foit arrivée. A u contraire,elle fera
halte & attendra l’arrière-garde a vec les troupes
qui ont cô to y é le convoi. Le commandant fis contente
de détacher un officier av ec une petite troupe
pour conduire la tête du convoi dans le camp , au
lieu qui lui a été indiqué ; pour lui-même il n’y
entre point a vec fon détachement, que la dernière
voiture ne foit arrivée.
En fuivant une pareille difpofition ,- on peut
efpérer de n’être point furpris , & on conduira un
convoi fans qu’il puiffe être expofé à un danger
évident.
A u refte , c’eft à celui qui doit commander f e f eorte
à faire fes projets de défenfive , & à les
communiquer, aux officiers principaux qui font fous
fes o rdres avant que de fe mettre en chemin ; quelque
part où il fe tienne pendant la marche , il peut
f ç a v o ir , dans un inftant, quelle eft la partie du
convoi qui eft attaquée , par le moyen d’un lignai
qu’il doit a vo ir donné à fes officiers , tel qu’un
certain nombre de roulements de tambour q u i ,
partant de l’un à l’autre des détachements qui font
fur les aile s, parviennent bientôt à lui.
Il en faut excepter le cas où l’efcorte feroit
attaquée à la tête ; c’eft alors que le convoi doit
toujours cheminer a v e c les petites efeortes des
ailes , en attendant que le gros du détachernenr
farte tête à l’ennemi & chamaille a v e c lui. Dans
ces fortes d’occafions. on doit contenir les charretiers
pour qu’ils n’abandonnent pas la file.
Si , ce qui eft bien rare , le commandant d’un
convoi étoit fi fort accablé du nombre, qu’il p rév it
toute impofîïbilité de le fa u v e r , il doit pour lors
faire couper Les traits des chevaux de caillons &L
autres voitures pour j e l emmener a v e c lui , &
même , dans certains cas , faire couper les jarrets
de c e s .ch e v a u x , fur-tout s’il eft afltïré qu’il ne
recevra aucun fecours : car dès qu’il eft attaqué à
portée de quelque place ou de l’armée , il doit çn
en vo y e r demander.
Touts ces détails font fentir combien iï importe