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aujourd’hui une des plus confidérables-de' la cour ;
les plus grands feigneurs l’ont poliedée, & le
capitaine eft cenfé comme un cinquième capitaine
dés gardes.
Dans les provifions du fieur de Lornay , on
lui donne le titre de capitaine furintendant ; aujourd’hui,
dans les provifions, on donne au chef
de cette compagnie le titre de capitaine-colonel,
6 cela n’efb pas nouveau. On le lui aonnoit dès
le temps de Henri IV ; on l’appelloit même alors
fimpiement colonel, o» le mettoit dans la lifte
des colonels-généraux , & il eft ainfi qualifié dans
un état de la France, manufcrit, de l’an 1598 ,
que le révérend père Daclin religieux de faint-
Benoît, a eu la bonté de me communiquer.
Touts les foirs , avant que le roi fe couche , le
capitaine prend l’ordre de la majefté , & le donne,
.en fortant, à l’exempt qui eft de jour pour commander
les Suijfes deftinis à coucher dans la falle
des gardes.
Quand le roi marche à pied, le capitaine des
Cent-Suijfes va immédiatement devant la perfonne
de fa majefté , comme le capitaine des gardes-
du-corps de quartier va immédiatement après elle.
Quand le capitaine des gardes montoit dans le
carrofle du r o i, le capitaine des Cent-Suiffes y
montoit auffi, fi la reine n’y étoit pas ; pareillement
3 quand, dans les cérémonies, il y a un
banc pour les capitaines des gardes-du-corps, le
capitaine des Cent-Suiffes a aufli fa place fur ce
banc.
/En certaines occafiôns, les gardes-du-corps allant
à pied vis-à-vis des portières du carrofle du ro i, la
compagnie des Cent-Suijfes marche en deux files,
tambours battants , à commencer depuis les petites
roues du carrofle, les officiers à la tê te , & le
capitaine marche à cheval entre les deux files ,
proche du carrofle.
Il a toujours un Cent-Suiffe à la porte de fon
logis , qui eft cenfé une fentinelle tirée de la
garde.
Quand il s’agit de faire des détachements de
la compagnie çn certaines occafions 3 le rpi adrefle
une lettre-de-cachet au capitaine pour qu’il faffe
exécuter les ordres du maître ou du grand-maître
des cérémonies, fans quoi les officiers ni les Suijfes
aie voudroient pas obéir.
Il prête ferment de fidélité de fa charge entre
les mains du r o i, & il le reçoit des autres officiers
%le fa compagnie , auxquels il donne des provifions
fcellées du lceau ; après quoi ils prêtent ferment
entre les mains du capitaine ; enfuite il les vient
inftailer à la tête de la compagnie , ordonnant
aux Cent-Suiffes de les reçonnoître & de leur obéir
en tout ce qu’ils feur commanderont pour le fervice
du roi,
Cette claufe a toujours été mife dans les provifions
du colonel-général,
L’état-major de cette'compagnie eft compofé
d ’un capitaine-c.olonel, quatre lieutenants, .dont
dëux François & deux Suifles, deux enfeignes J
deux lieutenants aide-majors, huit exempts, quatre
fourriers & fix caporaux.
Il n’y eut d’abord qu’un lieutenant Suifle de
nation, & cette charge fut ordinairement exercée
par des colonels Suifles, dont l’auteur du difcours
iommaire de la création de là compagnie fait une
lifte. Charles-Robert de la Marck, du temps de
Henri III , y fit mettre un lieutenant François
nommé d’Eftiveau; & l’on voit que cette charge
a été poffédée par des perfonnes qualifiées , comme
les fleurs de Pardaillan & de Maugiron.
Les Suifles ne furent pas trop contents de cette
innovation. Il furvint une difpute pour la préféance
entre les deux lieutenants. Chacun allégua fes
raifons : le lieutenant François s’appuya fans doute
fur la règle générale que les François ont par-tout
la droite fur les Suifles ; & le lieutenant Suifle »
fur ce que fa charge étoit auffi ancienne que la
compagnie même ; que la Françoife étoit nouvelle,
& qu’il avoit toujours commandé la compagnie
i en l’abfence du capitaine.
Le colonel Balthafar de Greffach, lieutenant
Suifle, céda la préféance au lieutenant François ;
mais il y eut des remontrances faites là-deffus
I à Henri I V , qui jugea en faveur du lieutenant
. Suifle ; & la requête des cantons, préfentée en
1624, articule que le jugement de Henri IV fut
mis à exécution à l’entrée de ce prince dans Lyon ;
mais Louis X IV , en 1653 , régla qu’en l’abfencè
du capitaine , le lieutenant François commanderoit
la compagnie, & donneroit les ordres qui regàrde-
roient le fervice. C ’étoit alors le fleur de la Boiflière
de Chambors qui étoit le lieutenant François , &
qui venoit de prendre poffeffion au mois d’avril
de cette année , comme fes provifions le marquent.
Le lieutenant Suifle eft en poffeffion, de temps
immémorial, d’être juge fupérieur de la compagnie
3 tant au civil qu’au criminel ‘f & de celle
de M. le duc d’Orléans, qui eft ordinairement
un détachement de la compagnie des Cent-Suiffes
du roi. Le conieil de guerre de la compagnie
ne peut cependant être affemblé fans la permimon
du capitaine ; & , s’il n’y avoit pas allez d’officiers
Suifles, on en prendroit de la compagnie générale
pour y fuppléer.
Au-deffous des lieutenants ont deux enfeignes,
l ’un François & l’autre Suifle. Ils feryçnt par
fémeftre ; l’enfeigne Suifle ayant été féparée en
deux, dont la moitié demeura à l’enfeigne_Suiffe,
. & l’autre moitié fut attribuée à l’enfeigne François.
Après les enfeignes, fuivept les exempts. Il
y en a huit, quatre Suifles & quatre François »
dont toutes les charges np font pas- de même
création, fervapt par quartier. Ce titre d’exempt
ne fut ppint en ufage dans la compagnie avant
1615,
Il y a encore des fourriers au nombre de quatre,
deux Suifles §c depx François ? qui fervent par
quartier.
Il n’y avoit autrefois qu’un porte-enfeigne ou
porte-drapeau Suifle. Le drapeau eft à tond de
quatre quarrés bleus. Le premier & le quatrième
portent une L couronnée d’o r , le fceptre &. la
main de juftice paffés en fautoir , noués d’un ruban
rouge ; -le fécond & le troifième ont une mer
d’argent, ombrée de vert, flottant contre un rocher
d’or qui eft battu de quatre vents. La croix blanche
fépare les quatre quartiers, avec cette infcription :
eu ejl fiducia gentis. On a voulu apparemment
marquer par ces paroles la fermeté de la nation,
que les plus grands dangers ne font pas capables
■ d’ebranler, comme le rocher fe tient toujours ferme
malgré la fureur des vents & des flots. Ce drapeau
eft le même qui étoit fous le règne de flenri I I ,
comme il eft marqué dans la falle des Suijfes à
Fontainebleau. Le feu roi le fit renouveller. Ce
drapeau eft dépofé chez le. capitaine-colonel.
Gentilshommes de la garde.
Ces gentilshommes ont été autrefois regardés,
fous plufieurs règnes , comme la plus confidérable
& la plus noble garde de nos rois, & on l’appelloit
la grande garde du corps. C ’eft ce qu’on verra
dans l’hiftoire que j'en vais faire.
Etat préfent des cent gentilshommes.
La compagnie des cent gentilshommes a un capitaine
qui eft aujourd’hui M. le duc de Lauzun,
un lieutenant & un enfeigne en titre d’office.
Il y avoit deux compagnies de cent gentilshommes
depuis longtemps en France. La fécondé
a fubfifte jufqu’en 1688, qu’elle fut flipprimée par
une déclaration du roi. La plus ancienne eft demeurée
fur pied jufqu’à maintenant ; & celui qui
la commande prend encore le titre de capitaine
de l’ancienne bande des cent gentilshommes. Ceux
qui la compofent font aujourd’hui fans fonâion
pour le fervice de la guerre , & même ils ‘ n’en
font plus à la cour qui foit ordinaire.
De Tinjlitution ^ gentilshommes.
Nous avons fur l’inftitution des deux compagnies
des cent gentilshommes un livre imprime il
y a plus de cent ans , fait par un homme judicieux
& habile dans fta matière > fur laquelle i l 1 avoit
fait de fort exa&es recherche?. J’en tirerai ce. que
je vais dire de l’inftitution de cette garde de nos.
rois. Il feroit à fouhaiter que nous euffions de pareils
mémoires fur tout ce qui compofe la maifon
militaire du roi.
; Ces deux compagnies , dit l’auteur, 'furent inf-
tituées en divers temps. Le roi Louis XI étant à .
Puyfeaux , le 4 e jour de feptembre 1 4 7 4 , mit fus
pour la garde de fon corps une compagnie de cent
lances fournies félon fa grande ordonnance, chacune.
d un homme d’armes ôc deux archers, ÔC
Arp militaire, Tome, 11,
en donna la conduite à He&or de Golart ; écuy er,
fon confeiller & chambellan , pour l’amener au
pays de Rouflillon & de Catalogné ou lors étoit
fon armée , & parce qu’elle fut faite la plupart des
gentilshommes de fon hôtel ou penfionnaires, elle
fut appellée la compagnie de cent lances des
gentilshommes de la maifon du r o i, ordonnés pour
la garde de fon corps.
J’ai dit ailleurs ce que c’étoit que ces penfionnaires
dont il eft fait ici mention. L’expédition
de Rouflillon & de Catalogne , de laquelle l’auteur
parle , fe fit au fujet de la révolte des habitants
de Perpignan qui fut afliégé & obligé à fe rendre ,
par Jean de Geoffroy , cardinal & évêque d’A lb i,
& par Jean de Daillon, feigneur du Lude, qui
I commandoit l’armée Françoife.
Le préfident Fauchet dit- que Louis X I: ayant
mis des impôts fur les gens de la campagne , ce
qui caufa la diminution des revenus des gentilshommes
, il fut confeillé de rendre fes penfiori-
naires , les plus mutins & criards de ces nobles ,
dont il forma cette première compagnie.
La fécondé compagnie, félon le même auteur
du livre de l’origine des deux cents gentilshommes ,
fut inftituée par le roi Charles V III, au mois de
janvier de l’an 1497, fuivant la manière de compter,
de ce temps-là, où l’année ne commençôit qu’à
pâques , & félon la manière de compter d’aujourd’hui,
ce fut l’an 1498, c’étoit peu de temps avant
fa mort : & au mois de juillet fuivant, Louis XII
fucceffeur de Charles VIIÏ , confirma cette infti-
tution, & en fit capitaine Jacques de Vendôme
vidame de Chartres.
Cette fécondé compagnie fut d’abord appellée
la compagnie des gentilshommes extraordinaires par
oppofition avec la première , qu’on appelloit
la compagnie des cent gentilshommes''ordinaires.
Cette manière-de parler dura jufqu’en 1370 , qu’on
les appella l’une & l’autre, la compagnie des'cent
gentilshommes ordinaires : & quoiqu’il y eût deux
compagnies chacune de cent hommes, néanmoins,'
depuis le règne de Charles V I I I , on les a toujours
appellés jufqu’à ; notre temps les cent gentils*
hommes,
Changements arrives fans ces deux compagnies depuis
leur~injiitutîon.
Pour connoîtré ces changements , il faut fçàvdîf
fur quel pied elles furent d’âbôrd. Premièrement 3
elles étoient toutes deux compofées de gentils-
hommes& même des plus qualifiés. Voici comme
l’auteur du livre intitulé l’origine des deux compagnies,
& c . parle fur cet article.
Je puis dire qu’il n’y à guère d’ancienne maifon
de gentilshommes qui ne trouve quelqu’un des fiens
enrôl^en l’une; de ces deux compagnies ; d’où
certes-Ëc. de femblables écrits, il feroit bien plus
certain & honorable de prouver la nobleffe , que
par contrat 6c autres titres de moindre foi. Tant
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