
le revêtement d e la contrefcarpe , ce qui eft dangereux
lorfqu’on peut faire quelque mouvement
aux eaux.
Les meilleures contrefcarpes font celles qui font
taillées dans le roc v if 8c du r, comme celle cotée
A , ( fig. 246. ) à caufe de la difficulté qu’il y a
de couper pour defcendre dans le folié , & quand
il ne s’en trouveroit que 5 à 6 pieds de hauteur,
& le refte en revêtement de maçonnerie, comme
B , (fig. 2 4 7 .) , il ne faut pas l’omettre ; c’eft toujours
autant de hauteur de revêtement épargnée ,
qui d’ailleurs ne vaudroit pas cet efcarpement.
Quelquefois le terrein fe trouve d’un roc tendre ou
tu f , qui le dégrade à l’air , alors il faut y joindre
un parement de maçonnerie de 2 à 3 pieds d’é-
p a ilfeu r, dont les pierres foîent bien appropriées
& bien lié e s , comme C , (jÇg-. 2 4 3 .) ; ces fortes
de contrefcarpes font encore très bonnes.
Lorfqu’on ne trouvera pas ces fortes de ter-
re in s, on revêtira la contrefcarpe d’un revêtement
de maçonnerie-iolide, bien conditionné, &
capable de porter la charge des terres qu’il aura
à ioutenir, comme D , ( fig. 249. ).
M a is , fi la contrefcarpe d’une p la c e , dont le
fo{Té feroit fec , ne fe trouvoit pas r e v ê tu e , on
pourroit emp êch er, tant bien que m a l, l’ennemi
de defcendre dans le fo l ié , lorfqu’il vous auroit
forc é d’abandonner le chemin-cou ve rt, en mettant
un rang de palifiades- à-plomb fur fon ta lu t ,
comme E , (fig. 2 3 0 ) ; obfervant de les.pofer à
3 pieds au-deftùs du bord de la contrefcarpe,
d e 3 pieds & demi d e fa illie , 8c enterrées de 4
à 5 pieds dans les terres ; elles feront elpaeées
les unes des autres de 2 ou 3 p ou ce s , bien appointées
par le bout , 8c 12 ou 20 pouces de
t o u r , & bien dreffées. O n . les aflocie fur un
coufiinet de bois de chêne , ainfi que les palif-
fades , autant que faire fe p e u t , de 4 à 6 pouëes
d e g ro s , pofé à un pied près du talut des terres.
Il eft inutile de donner une plus grande portée à
la palifiade hors de terre que celle de 3 pieds &
d em i, parce qu’une plus grande faillie la mettroit
en prife davantage, & n’oppoferoit pas à l’ennemi
de plus grande difficulté pour cela.
A la v é r it é , outre que cette palifiade, qu’on
appelle palifiade hérifiée, n’aflure pas abfolument
Ja retraite , puifque l’ennemi peut la cou p er , elle
eft encore fujette à bien des réparations ; car
les bombes & les ricochets les détruifent journellement.
Mais dans un pareil cas,, c’eft tout ce
qu’on peut faire de méilleur ; & lorfqu’il n’y a
pas au moins 6 pieds d’eau dans le fo l ié , comme
F , (fig. 251. ) , le plus sûr eft toujours , autant
qu’il eft poflible , de revêtir les contrefcarpes dont
les plus hautes font les meilleures, pour rendre
la dçfcente plus difficile ou pins longue à faire.
Du terre-pUiq. du chemin couvert.
On prend ordinairement le niveau de la campagne
poür le terre-plein du chemin couvert. M a if
cette règle ne doit pas être générale : car dansées
P a y s -B a s , oh on trouve l’eau à peu de profondeur
, comme à 4 , 5 ou 6 pieds, on n’auroit point
de hauteur de contrefcarpe ni de revêtement au
corps de la p la c e , à moins que de l’é'lever con -
fiderablement au-deflus du chemin-couvert, ce qui
feroit une défeéhiofité notable. Ainfi , dans ce ca s ,
on doit élever le terre - plein du chemin couvert
de 3 , 4 & 6 pieds au-dellus du niveau du terrein ;
au moyen de quoi on aura une hauteur de contrefcarpe
raifonnable , ainfi qu’au revêtement de
la place : & comme les terres de l’excavation du
fofié ne feroient pas fuffilantes pour c e la , on les
prendra au pied du g la c is , y pratiquant un avant-
fofle , qui eft tout ce qu’on peut iouhaiter de
mieux pour une défenle avantageufe.
Enfin , quand même on ne trouveroit l’eau qu’à
15 ou 20 pieds de profondeur, ou même point du
tou t, je ferois toujours d’avis d’en élever le terre-
plein de quelques pieds au - defl'us du niveau du
terrein. La railon eft , que toute la fortification
s’élevant à proportion , ces ouvrages àuroient une
plus grande lupériorité lur la campagne , & on
auroit un commandement jd lu ré fur les pièces
qu on pourroit porter en - avant. Je parlerai de
ceci plus amplement ailleurs.
De la largeur des chemins.couverts. ( F ig. 252.).'
O n donne ordinairement 5 tcifes de largeur au
chemin co u v e r t , c’eft - à - d ire , depuis le bord de
la-contrefcarpe -jufqu’à la pa lifiade; & dans les
grandes places on peut lui donner jufqu’à 6 to ile s ,
parce que leur garnilon étant ordinairement: fo r te ,
on a befoin d’un plus grand emplacement pour
être en état d’emporter ce qu’on fouhaite au-
dehors. Mais il ieroit dangereux, & même défa-
v antageu x, de palier cette règle , parce que l’ennemi
venant à atteindre le pied d’un glacis conduit
fur une pente raifonnable , découvriroit de
ces tranchées la partie du chemin couvert vers
la contrefcarpe , qui ne pourroit être couverte par
le pa rapet, comme on vo it par le profil , oh l’on
fuppofe la dernière banquette établie fur le rez-
de-chauffée , & la direction des feux partie du
point A . Mais , fi l’on confidère que l’ènnemi
peut s’élever davantage dans les tranchées au
moyen d’autres banquettes, & que par ce moyen
la'direéfipn. des feux viendroit de C , ce défaut
feroit bien plus préjudiciable* Ainfi la règle qui
prefcrit de ne pas donner plus de 5 à 6 • toiles de
largeur au.chemin-couvert, n’eft pas imaginaire.
De la hauteur du parapet du chemin-couvert au*
defiiis de fon terre-plein.
On ne peut pas donner moins que 6 pieds &
demi de hauteur depuis le terre-plein du chemin-
couvert julqu au fommet du parapet ; une moindre
élévation
F O R
élévation feroit une défeétuofité encore plus dan-
gereufe que la trop grande largeu r, puifque l’ennemi
venant à avoifiner le pied du glacis , le découvriroit
prefque entièrement de lès tranchées ,
& par conséquent n’auroit pas grande peine à en
chafier l’afiiégé ; c e c i fe connoitra facilement par
le profil ; & cela eft d’autant plus p o flib le , que
le canon dégrade toujours la tête du pa rapet, ce
qui en diminue la hauteur, 8c qu’il peut s ’éle-
v e r de 2 , 3 à 4 pieds au -d effu s du niveau de
la campagne, en déhauflant le parapet de fes
lap e s , un peu plus que d’ordinaire , & y joignant
plufieurs banquettes, comme je viens de l’expli-
q u e r , pour faire feu dans le chemin-couvert. Il
obligeront par ce moyen l’afiiégé 'de l’abandonner,
oc lui en rendroit enfuite le logement aifé. Mais
pour éviter ce défaut , il faut-lui donner 7 pieds
& demi aux angles faillants, & 6 & demi aux
rentrants qui ne font. pas fi expofés , non compris
un demi-pied de pente qu’il faut donner depuis la
banquette jufqu’au bord de la contrefcarpe, pour
i écoulement des eaux de pluie. D e cette manière ,
1 ennemi ne pourra découvrir le terre-plein du
chemin co u v e r t , que lorfqu’il fera très proche de
la palifiade à moins que le glacis n’en foit extraordinairement
plat , défaut qu’il faut éviter
autant qu’il eft poflible , ainfi que je le détaillerai
par la fuite.
De la banquette.
Pour que le foldat puifle tirér par-deflus le
parapet du chemin-couvert, on lui joindra une
banquette de 3 pieds de largeur , non compris
celle qu’occupe la palifiade , & de 4 pieds &
demi au-defîous du fommet. O n la termine en
rampe du côté de la contrefcarpe fur une pente
double de la hauteur, afin qu’elle foit aifée à monter.
O n a pratiqué quelquefois jufqu’à deux ou trois
banquettes l’une deflus l’autre pour faciliter là
montée , mais une rampe telle que je la propofe ,
eft aufli commode que ces degrés qui demandent
de l’allujettifiement, & q u i, après quelque-temps ,
fe mettent d’eux-mêmes en talut.
De la palifiade du chemin-couvert«
O n a planté différemment les palifiades dans les
chemins-couverts ; mais de toutes les manières
qui peuvent avoir été mifes en u fa g e , on s’eft
conformé à celles qui fuit , propofée par M . le
Maréchal de Vauban.
Méthode de planter les palifiades propofée par M.
le Maréchal de Vauban, & approuvée du Roi. '
Les différents fentiments touchant la manière
d e planter les palifiades dans les chemins couverts ,
ont donné occafion d’examiner l’ufage qu’on en a
fait a plufieurs lièges que les troupes du roi ont
Art militaire. Tome U.
, foutenu pendant les guerres précédentes, & en
J dernier lieu à celui de K e y fe rw e r t , pour dé te r-
! miner celle qui pourroit être la meilleure. M . d e
I. Vauban a jugé que la manière qu’on fuit depuis
plufieurs années , en plantant les palifiades au
pied du parapet du chemin-couvert, eft la plus
lure de toutes celles qui fe font pratiquées ci-
d e v a n t , même de celles qui ont été propofées-
Mais fon avis eft , qu en temps de f iè g e , on en
plante une fécondé lur la première banquette du
chemin-couvert dans les places-d’armes des angles
rentrants feulement, ne v o y an t pas qu’on puifle
foutenir de pied ferme les grands angles faillants ,
à moins que dé furprendre tout-à-fait le feu des
remparts, qui eft celui qui fait le plus d’effet.
M . de Vauban juge aufli que pour remédier
aux défauts de la palifiade plantée au pied du parapet
du chemin-couvert, il eft néceffaire de diminuer
de 9 pouces la hauteur qu’on avoit accoutumé
de lui donner au-deflus du fommet du parapet
, de l’aiguifer de plus lo in , de l’éloigner de
6 pouces du pied du p a ra p e t , de la planter plus
claire ; & pour fuppléer au défaut de la plus
grande diftance des pieux , & empêcher qu’on ne
puifle mettre le pied entre deux pour fauter par-
deflus , de mettre ,1e linteau plus b as, 8c de clouer
entre deux un clou qui fortira de 3 p o u c e s , 8c
occupera précifément le milieu du vu id e .’
Je prétends que cette haute palifiade ainfi pofée
empêchera l’entrée du chemin-couvert j i l’ennemi ;
qu’elle ne fera point expofée à être rompue par
le canon , qui ne la pourra au plus .que pincer par
l’extrémité de fa pointe ; que l’ennemi ne la
pourra fauter, 8c encore moins la couper ; qu’elle
n’empêchera pas qu’on ne pofe les facs-à-terre à
découvert avant que l’ennemi foit à- portée de
l’empêcher ; & qu’on pourra enfuite faire palier
quelques hommes de diftance en diftance entre
deux , c’eft-à-dire entre le parapet 8c la palifiade ,
pour raccommoder celles qui feront dé rangée s,
les mettre en p la c e , 8c même relever les terres
éboulées ; qu’enfin les pointes de cette palifiade
fe trouvant fort écartées, le foldat pourra biaifer
fon fufil à droite 8c à gauche autant qu’il fera né-
ceflaire. - .
- L ’intention du roi eft que les ingénieurs & les
autres perfonnès qui pourront être propofées à la
conduite des ouvrages de fortifications , s’y conformeront
à l’avenir lorfqu’il faudra paliflader à
neuf les chemins-couverts des places, ou remettre
les palifiades devant les parties où les anciennes
ne font plus en état de fervir. Fait à Paris le 13
Septembre 1700. Signé d e V a u b a n .
O n a cependant retranché les pointes de fer
plantées dans le lin teau , parce qu’elles contribuent
beaucoup à le pourrir, & qu’qn ne peut
I pas empêcher qu’on les vo le enfuite. D e forte
I qu’on les approche davantage , ne 1 aidant que
! deux pouces & demi de diftance entre elles , pour
fervir de çrénçau au foldat pour palier fon moufr-
E e e