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ci-devant. Pour les îles des maifons, on fait la 1
place d’armes au milieu de la fortification. On lui
donne 60 toifes en quarré , & on ménage trois rues
en touts fens de 5 toifes de largeur , comptant
celles qui regardent les cafernes, ce qui forme plufieurs
reâangles, que chacun diftribue à fa fantaifie.
Après qu’on a pris ce qui eft néceffaire pour
l ’églife, le logement des prêtres , l’arfenal, & les
logements de l’état major & de touts ceux qui font
au fervice du roi, les portes & les poternes, de
même que les ponts & corps de gardes avances ,
fe font comme nous l ’avons dit ci-devant, :&
comme vous le pouvez voir fur la IXe planche
ci-jointe.
J’ai mis les magafins à poudre le long des courtines
, parce qu’ils embarraffent les baftions, lorf-
qu’ils font attaqués, & qu’on s’y peut bien retrancher.
C’eft pourquoi je fais auffi touts mes baftions
pleins. J’ai pris foin d’éloigner les maifons des magafins
à poudre , ne mettant aux environs que des
églifes, des cimetières , l’arfenal, & des jardins
qui font touts des endroits où on ne porte guères
de feu.
R E M A R Q U E S
Sur cette méthode de fortifier.
D u Q U A R R É .
Je fais le polygone-extérieur de mon quarré de
iz o toifes. Je donne la cinquième partie de ce
polygone pour les demi-gorges, le tiers de ce
même polygone pour les capitales des baftions ,
ce qui me donne 180 toifes pour mon polygone
extérieur, qui eft la mefure que lui donne M. de
Vauban. Ainfi cette conftru&ion eft prefque la
même.
D U P E N T A G O N E .
Je donne 130 toifes au polygone intérieur du
pentagone , & le refte comme au précédent. Cela
me donne un polygone extérieur de 182 ou 183
toifes, & les flancs & les gorges pareilles à celles
de M. de Vauban.
D e l’ e x a g o n e .
Je donne 140 toifes au plus au polygone intérieur
de l’exagone , la quatrième partie de ce polygone
pour chacune des demi-gorges, ce qui les rend
d’environ trois toifes plus grandes que celles de
M. de Vauban.
» Je donne les deux cinquièmes du même polygone,
qui font 56 toifes , pour la capitale du baftion, ce
qui me donne les flancs de quelques toifes plus grands
que ceux de M. de Vauban, & des faces de 60
toifes, la courtine de quelques toifes moins longue
que la fienne, mais elle eft meilleure, parce
qu’elle en eft mieux couverte de la demi-lune
& mon polygone extérieur a 195 toifes; ce qui
n’eft pas trop, parce qu’on lui peut donner juf-
qu’à 200 toifes en cas de' befoin.
Des figures au-dejfus de V exagone.
Toutes les figures au-deflùs de 1 exagone fe
conftruifent de la même manière, & avec les
mêmes proportions , avec cette différence cependant
qu’sn peut donner 150 toifes a leur polygone
intérieur ; par cette méthode les angles des baftions
du décagone ou du dodécagone, &. ainfi des autres,
ne font pas fi obtus que ceux qui font faits félon
la méthode de M. de Vauban ; outre cela mes
flancs en font beaucoup plus grands. Je donne 60
toiles aux faces des baftions.
Je pr.opofe cette méthode de fortifier par le
polygone intérieur , parce que l’occafion fe rencontre
plus fouvent de renfermer des efpaces qui
font déjà remplis de maifons; ainfi, comme le
dedans de la place eft embarraffé, on peut plus
facilement fituer les courtines, qui font partie du
polygone intérieur , fi près ou fi loin des maifons
qu’on le juge à propos ; au lieu quil feroit plus
difficile , dans le même cas, de fituer le polygone
extérieur. Cependant fi on veut fortifier félon ce
fyftême , on n a qu’à fe fervir de celui de M. de
Vauban au chapitre qui fuit.
Il arrive fouvent qu’on veut fortifier un terrein
avec 4 , 5 ou 6 baftions, lequel n’eft pas affez
grand pour contenir les polygones que nous venons
de décrire. En ce cas on ne donne au polygone
intérieur du quarré que 100 toifes, a celui
du pentagone 1 10 , & à celui de 1 exagone izo .
C ’eft ce qu’on appelle petite fortification.
Mais on doit fe reffouvenir qu’un pentagone
qui a 130 toifes de polygone intérieur, eft préférable
à un exagone qui n’en a que 120, parce
que toutes les parties en font plus grandes , & par
conféquent plus capables de réfiftance , puifquelles
peuvent contenir plus d’artillerie & de mou que-
terie. Outre cela il s’y trouve plus de place pour
s’y pouvoir retrancher.
Des réduits dans les demi-lunes.
On fait plufieurs fortes de réduits dans les
demi-lunes, dont les moins bons & les plus petits
/font ceux qu’on conftruit en tems de fiège avec
de gros madriers de chêne , percés de créneaux,
& plantés à plomb dans la terre , fuivant la figure
d’une petite demi-lune de 10 à 12 iodes de face.
On en défend l’accès par deux rangs de paliffades
inclinées du côté de rennemi. Mais fans avoir
ï égard à ceux-ci, nous donnerons la maniéré d en
conftruire de différentes façons.
La première forte ( fig. 192 ) dont conftruc-
tion eft plus folide que la précédente , & moins
fujette à l’effet des bombes & du ricochet, le tait
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approchant de même grandeur ; mais au beu d ^
madriers, c’eft un mur crénelé de deux piedsjd e-
paîffeur , & de 8 au-deffus du rez-de-chauflee,
avec un petit foffé revetu de *5 a P.16,.5 ,e
largeur. Ôeft ainfi qu’ils font a la citadelle de
Strasbourg 8c de Fribourg en Brifcaud. Lun &
l’autre de ces deux efpèces de réduits ne fervent
qu’à affurer la retraite de la demi-lune , n ayant
aucun commandement 'fur le logement quon y
f t La'feconde forte (fig. 19 3 ) f e
leurs, ce font ceux q u i, comme a Neuf - BrilacK,
ont 25 à 30 toifes de faces, & aii refte fembla-
bles à la demi-lune , avec un foffe revetu de j a
6 toifes de largeur , trouve cet ouvrage encore
dans fon entier- , & dont le feu eft fi voifin , qu il
ne le peut faire fans une perte très confiderable.
C ’eft pourquoi ils font préférables a touts les autres.
A la vérité , la dépenfe en eft plus grande ; mais
c’eft de quoi on ne doit point/embarraffer. Je
donnerai au chapitre fuivant une nouvelle maniéré
de les difpofer , qui les rend d’un grand effet.
ConfiruSlion d!une fortification régulière & des^ ouvrages
quil conviendrait d’y fa ire pour fa déjenfe.
( Fig. 194. )
C o r p s d e l a p l a c e .
Soit , par exemple, un hexagone régulier fortifié
comme celui du chapitre precedent^; j en
conftruirois les demi-lunes comme nous l’allons
dire. , .
Des demi-lunes & des réduits.
Je donne pour la hauteur des demi-lunes 110
toifes, que je porte du milieu de la courtine au
point B , & de ce point je tire les faces à 15 toifes
de l’angle de l’épaule des baftions , pour qu elles
couvrent mieux les flancs du réduit, que je conf*
truits de la manière .fuivante.
D u r é d u i t .
Soit la demi-lune A B C , laquélle a 7 3 | toifes
de face dans laquelle vous voulez conftruire un
réduit. Vous\irez la ligne D E d’un angle flanqué
d’un baftion à l’autre , pour ne faire paffer en dedans
de cette ligne aucune partie de fortification,
parce qu’elle feroit vue de revers par les batteries
de l’ennemi, comme nous l’avons déjà dit. Vous
donnerez 15 toifes au foffé de la place.
Vous donnerez 30 toifes de gorge au réduit,
& 6 à 7 toifes de flanc. Vous ferez fes faces parallèlement
à celles de la demi lune , & elles auront
2,4 à 25 toifes de longueur, vous lui ferez un foffé
de 6 toifes de largeur.
O n fait leurs flancs de 6 à 7 toifes de longueur
au m oins, pour qu’ils puiffent contenir deux pièces
de c an o n , lefquelles font dirigées vers les faces des
baftions qui leur font op p o fés, & découvrent une
partie de leur fo f fé , dont elles défendent le pat*
fage , l’ennemi ne pouvant les détruire des batteries
qu’il voudroit faire pour cet effet fur le chemin
co u v e r t , puifqu’elles font couvertes par les
profils des faces de la demi-lune A & C , qu’on
échançre comme G H , pour que la place I puiffe
découvrir à 12 ou 15 toifes près de l ’angle flanqué,
ce qui fera que l’ennemi ne pourra pas joindre le
baftion, fans avoir détruit auparavant les flancs
du réduit ; ce qu’il ne peut faire fans fe rendre auparavant
maître de la demi-lune. O n remarquera
que lèurs logements en deviendront entièrement
difficiles & périlleux fous un feu fi voifin. D ’ailleurs
ils fe peuvent retrancher par plufieurs coupures
qui en prolongeront la défenle. C ’eft pourquoi
je les remplis entièrement à la hauteur du
rempart, de même que les baftions du corps de
la place , pour n’en former qu’un terre plain ,
afin qu’il foit aifé d’y pratiquer en temps & lieu
des retranchements qui ne puiffent pas être dominés
des remparts , ce qui les rend plus propres
à la manoeuvre qu’ il convient d’y faire dans un
fiège. A toutes ces difficultés, il faut joindre le
temps que l’ennemi fera obligé d’y employer ,
puifqu’on lui détaille laprife de toutes ces piè ce s,
lefquelles, à l’exception de cés réduits , il pren-
droit en peu de temps, ce qui peut faire affez
juger du mérite de ces ouvrages.
Ce s réduits fe peuvent conftruire devant toutes
fortes de polygones tant réguliers qu’irréguliers.
Leur grandeur n’eft pas abfoïument fi déterminée
qu’on ne les puiffe faire plus grands ; cela dépend
de la capacité des demi-lunes , dans lefquelles on
les conftruit.
O n leur fait un parapet de trois to ife s , & un
rempart qui doit avoir 24 pieds , y compris la
banquette.
Fig. 195. Plan fupérieur & intérieur du réduit
proppfé,
196. Profil pris fur la face,
197. Profil pris fur le flanc.
198. Elévation du réduit vu par le côté.
199. Elévation du réduit vu par la gorge.
200. Elévation & profil du réduit pris fur la
capitale.
Des chemins-couverts,
Lorfqu’on s’eft voulu mettre en état de (outenîr
les chemins couverts contre les attaques de v iv e
fo r c e , pour le pouvoir faire a vec /ureté , on a
placé une fécondé paliffade intérieurement fur
le talus de la banquette , à 3 ou 4 pieds d e
diftance de la première , conftruite de la même
fa ço n , & feulement de 6 à 9 pouces plus baffe à
fon fom m e t, avec des barrières de 15 pieds en 1 ç
pieds les unes des autres , pour faciliter le paffage
des foldats entre les deux paliffades, & leur fortie