-m ie u x arriver deux Heures avant le jour qu’un
.quart-d’heure, après.
J e fu p p o fe q u e c 'c jl p a r ' l é f r o n t l e p lu s fo ib le que
v o u s a tta q u e { la lig n e en n em ie ; le fo ib le d e la lig n e
p e u t confljler: en ce q u e le f o j f é , d a n s ce f r o n t , ejl
m o in s la rg e & la lig n e m o in s f la n q u é e d ’a n g le s f a i l la
n t s 3 <S> m o in s d é fe n d u e p a r d e b o n s f o r t s .
E n ce q u e l e te r te in q u i e jl d e rriè re l a lig n e èfl
in com m o d e p o u r fo rm e r le s jro u p e s ^ e n b a ta ille , comme
cela^ a r r iv e . l o r f f l i . i l s ’y tr o u v e d e s r a v in s 3 d e s m a r
a i s 3 d e s b o is q u i n ’o n t p a s -é té co u p é s 3 o u des, y ig n é s
q u ’o n n a p a s a r ra ch é e s .
È n ce que la lig n e e jl com m a n d é e p a r q u e lq u e ,
h a u t e u r o u v o u s p o u v e z v o u s lo g e r .
E n ce q u e 'd é s ch em in s p ro fo n d s 'j, q u i n e f o n t p a s
e n f i l e s - , o u d e s c o llin e s , v o u s d o n n e n t l à f a c i l i t é de
v o u s a p p ro ch e r à c o u v e r t 3 p a r t ic u l ie r 'm e n t i? r fq u e
v o u s d e v e l a tta q u e r d e jo u r .
Q u a n d la : lig n e e jl com m a n d é e p a r u n e h a u te u r
q u e v o u s o c c u p e ^ 3 n e p r é c ip ite f p o in t l 'a t ta q u e 3
p a r c e que f l le s en n em is f e p r é je n te n t en g r a n d
n ombre p o u r d é fe n d r e l a lig n e 3 v o u s le s d e jo le r e £
p a r v o tr e f e u | & s ’i l s f e p r é je n te n t en p e t i t nombre 3
v o u s lè s fo r c e r e z
Je m’écarte un peu fur ce dernier point de ce
que dit la Valliëre , parce que je trouve ou qu’il
s’eft trompé , ou qu’il y a faute d impréhioù. J appuie
mon fentiment lur l’exemple de la bataille
de Ravennes , puifqu’une batterie qu’Alphonie
d’E ft, duc de Femme avoit logé dans un endroit
d’où elle enfiloit les troupes du pape & du roi
d ’-Efpagne-, )es>ob!igea: d’abandonner la défenfe de
leur retranchement, d en-fortir pour combattre
en rafe campagne , afin d’éviter le ravage que cette
batterie faifoit en dedans de la -ligné ; elles frirent
battues. . ' ,
L’exemple de .Pavié, que j’ai rapporte en traitant
des. fiièges 9 fait voir qu’il eft important que la
place faffe une fortie pour, charger en queue les
ennemis qui. vous- difputent le paffage de leur s
lignes ; par conféquent vous devez attaquer par
un front oh. des ravins , des ruifteaux & des haies
n’empêchent pas les troupes de la place de vous
donner ce fecours ; mais au contraire , attaquez
p; r ce front , fi ces mêmes raviné, qui.s’étendent
du camp à la place, coupent, d’un côté à 1 autre,
la communication des ennemis, qui .ne içauroient
fe lecourir que lentement, quand même i's au-
roient de petits ponts fur ces ravins. Cette dernière
réflexion 'eft de De ville, qui dit aulîi que Vil
y a un fort détaché pour couvrir quelque hauteur
qui commande le retranchement ou pour affûter
la communication des troup * ennemies , il faut
battre en forme ce fort -, & fi fa garnifon neft
pas confidérable, il faut la déloger, ou la-mettre
en défordre avec des mortiers chargés à pierres &
à grenades royales.
P o u r a t ta q u e r ta lig n e 3 o n f e r a m a r c h e r à la tê te
p lu f ic u r s p e lo to n s de m o u fq u e ta ir e s o u d e f u f l l i e r s 3
tem m a n d é s p a r d e s fe rg en ts . »
Pour.moi, je voudrois qu’ils fuiient armés cie
cuiraffes & de cafques a l’épreuve du fufil.
Deux ou trois cents hommes füivr ont ces fergents ;
outre leùrs armés , ils porteront chacun leur jajcine ,
& en ayant rempli le fojfé 3 ils le franchiront.
Ces fafeines doivent être de la longueur & de
la groffeur de celles que j’appelle préfervatives,
afin qu’elles couvrent les foldats dans la marche.
Après ces trois cents hommes avec des fafeines.9
marcheront cent' attires avec des pioches 3 pour ap-
plariir le parapet 3 afin que la cavalerie puifle entrer s
ce qui ne doit point être négligé 3 parce que f l vos
premières „troupes èioient repoujjées 3 vous pourrez^
faire de nouvelles attaques.
Si le parapet, au lieu de pure terre , eft de
fafeinage, il faut que quelques - uns de ces cent
travailleurs portent des haches ou de grandes-
ferpes , pour couper les fafeines & les piquets,
tk. l’on pourra enfuite fe mieux fervir des pioches
& autres femblables outils. ’
Ces cent hommes feront foutenus par deux bat ail-
dons 3 qui feront feu continuellement pendant que ces
cent hommes travaillent. Ces deux bataillons ne fe
tiendront pas directement derrière ces travailleurs *
mais à droite <S* à gauche 3 daiis cette difpofltion ,
ils voyent ce qu exécutent tes t loup es les plus avancées
3 & ne font pas en dàfiger d'êlré renverfis par
'ces premières troupes 3 f i elles fe retirent avec pre^
cipiiation. ~
Je m’éloigne un peu ici de ce que dit la Vallière,
parce qu’aütrement je ne comprends pas fa penfee,
eu bien ii'faudroit faire une trop grande lepara-
ti'on dès troupes. La principale raifony pour la-
cue lié les bataillons , qui foutiennent le travail ,
fe forment à droite & a gauche , eft , parce que
de cette manière ils flanquent les travailleurs, fans
que ceux-ci empêchent le feu, que les:deux bataillons
font contre les ennemis, qui viennent charger
les partis des fergents & les trois cents hommes
qui les fuivent, & que jé fuppofe être rangés eh
bataille devant lès, travailleurs. Il n’y aurôit pas
même d’inconvénient de .détacher un petit nombre
d’autres foldats avec les chevaux de friie nécëffaires
pour couvrir leur front & leurs flancs contre la
cavalerie.
Deville, & quelques auteurs, veulent que les
bataillons deftinés à foiitenir le travail foient couverts
par des mantelets, qu’ils portent des'pLmches
àfféz longuës, pour atteindre dü bord Extérieur du
fdflé à la hernie dû parapet, ou des fatcînes pour
combler le foifé, & des outils' de pionnier ; “ tout
cel-i dans la vue dé franchir le foifé & de ruiner
le parapet dans l’endroit où quelque troupe des
ennemis intimidée aura abandonné' fon pofte à
droite ou à gauche du front attaqué.
Il y aura hors de la portée du fu(il un corps de
troupes pour s’oppofer a. là fortie, que les qnnemis
pourraient faire fur 'les bataillons qui foutiennent
lé' travail.
Les autres troupes fe tiendront hors de ta portée
du canon3 à moins que quelque colline ne leur facilite J
le moyen de s’approcher à couvert, & de s’avancer à ;
mefureque les affaillants fe rendent maîtres du retranchement
, 6* qu’ils l ’applaniffent.
11 me feinble qu’il luffiroit de tenir le gros de
1 armée hors de la portée de la carabine ray ée,
parce qu’à cette diftance il ne fera pas incommode
des canons chargés à cartouches.
On peut employer à chaque attaque deux ou trois
mille hommes 3- qui chargeront les uns près des autres,
en je par ant la cavalerie pour les foutenir.
Pour moi, je formerois mon infanterie fur autant
de colonnes qu’il doit y avoir de véritables
attaques. Je donnerai à chaque colonne cinquante
hommes de front , & je garnirai le front & les
flancs de pxquiers ou de chevaux de friie. D ’une
brigade à l’autre de chaque colonne , je ne bifferai,
pas l’intervalle néceffaire, pour què la première,
brigade, fi elle étoit battue , nè renversât pas la,
fécondé.' On peut laiffer d’une colonne à l’autre
autant d’efpace qu’il en faut pour les efeadrons,
qu il doit y en avoir entre elles, après que votre*
armée a franchi la ligne ennemie.
De cette manière, quand même une colonne
tarderoit de pénétrer dans la ligne , une autre qui
y fera entrée fe trouve en état de réfifter, puifque
par fa grande hauteur & par fes piquiers ou des
chevaux de frife, elle eft aufîi forte en fes flancs
qu’en fon front.
Je fuppofe que vos colonnes font précédées des
mêmes détachements que la Valière a propofès
pour attaquer la ligne.
En parlant des àffauts aux coupures des plaças ,
j’ai donné divers avis, qui peuvent fervir dans lè
cas dont noiis parlons.
Mes réflexions à ce fujet regardent :
La couleur des habits des officiers qui vont à
l’affaut.
Les canonniers, pour tourner contre les ennemis
les pièces qu’on leur prend , ou pour enclouer
celles qu’ils abandonnent.
Les'ingénieurs & le s pionniers, pour applanir la
ligne , lôrfqu’il eft néceffaire de s’y loger , attendu
qu’il y a un retranchement intérieur.
Les mineurs, pour rendre inutiles les fourneaux
& les fougaces que les ennemis avoient faits au
retranchement.
Les précautions à prendre, afin de retirer fans
confüfion les.bleffés, &. les panfer promptement.
Lès inftruftions claires qu’il faut donner au '
commandant de chaque troupe, non-feulement
par rapport à ce qu’il doit faire, mais encore
par rapport à ce que les autres doivent exécuter ,
afin que les uns ne fe troublent pas faute de
comprendre les mouvements des autres.
Les ordres qu’il faut faire précéder, pour prévenir
les difputes entre les commandants des attaques,
& ceux des corps de réferve.
La fonction de l’officier général chargé expreffé-
ment de rallier , en chaque attaque, les- troupes
[ repouffées , & de remplacer les pionniers , les
I : fafeines, les outils à remuer la terre , & les munitions,
&c.
Le convoi de vivres, de munitions, de fufils, Sc
de toutes les autres chofes dont la place a befoin,
fera chargé fur des mulets ou des chevaux, ôc
efeorté par les troupes qui doivent aller renforcer
la garnifon ; elles feront fous les ordres d’un
'officier habile & valeureux, qui ne perdra point
de temps pour fe. jétter dans,la place , aufîi-tôt
; qu’il pourra furement paffer, parce qu’il arrive
. affez fouvent que ceux qui au commencement
avoient perdu la bataille fe rallient enfuite, &.
remportent la viéloire fur ceux qui d’abord
avoient été"vainqueurs. J’en ai rapporté ailleurs
plufieürs exemples. Si la place n’a pas befoin de
troupes , dès que l’efcorte aura laiffé le , convoi
fur le chemin couvert, elle retournera pour fe
; joindre à l’armée dans ;ie combat.
Deville avertit que, quand une fois la ligne a
été forcée, le’ convoi doit marcher parle chemin
le plus court 51 le plus commode pour les chevaux
ou les mulets, & les charrois du même convoi.
Si l’armée ennemie fort de fon retranchement
pour vous préfenter, le combat., ce n’eft plus ta le
cas de forcer, la ligne , mais .celui des batailles en
campagne , dont nous avons parlé fort au long.
J’aipute feulement, que s’il vous paroît plus avantageux
de rifquer le lecours que la bataille, il faut
examiner fi, en éloignant les ennemis de.la place,
il vous fera poffiblé d’y jetterdu fecours1, de la
manière que fit le maréchal de. Turenne 3 qui fit*
divers, mouvements pour obliger le?- Efpagnols ,
qui affiégeoient le Quefnoi , d’abandonner certains
poftes , &. .de fe mettre en marche pour
l’obferver. Dès que Turenue vit ces poftes abandonnés,
il jetta un grand convoi dans la place par
un chemin tout différent de celui que tenoient les
Efpagnols qui l’obfervoient.
Dès précautions à prendre par rapport à la place qui
. a été fecourue ; en quel temps & en quelle manière,
au Lieu de rifquer un- combat pour y jetter dut
. fecours , vous deve^difputer la retraite alarmée
affligeante.
Dès que vous avez fecouru la place, changez-en
la-gar.nifon trop fatiguée, & pour remédier à-la
maladie épidémique, qui règne parmi les:habitants ,
prenez toutes les précautions dont j’ai parlé en
traitant des fièges. Je ferai voir dans la fuite de
quelle nécefljté il eft de diftribuer avec beaucoup
d’épargne les vivres & le vin à ceux qui viennent
d’enfouffrir pendant longtemps une grande difétte.
Si les ennemis confervent, au voifinage de la
place , quelques forts de campagne, des châteaux
ou des villages retranchés,, tâchez de vous en
rendré le maître , ayant que l’armée des ennemis
fe foit renforcée qu’elle lés ait mis dans un
meilleur état de défenfe , parce qu’il vous eft im-
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