
Quoiqu’il foit fort ordinaire qu’une armée battue
perde une grande partie de fes bagages , quand
elle n’a pas eu le temps de s’en débarralfer dans fa
marche , ou qu’elle n’a pas pu les renvoyer fous
quelque place en arrière , ou même derrière une •
rivière ; cependant, dans l’occafion prélente, il a
été tout nouveau qu’un général * qui marche en
avant fur fon ennemi, qu’il croit pouvoir troiîver
dans fa marche, ne prenne aucune précaution pour
fe débaraffer de fes bagages , J k les fafle marcher
entre fes-' deux-lignes.
C ’eft cependant ce qui eft arrivé dans cette
occafton, où M. le maréchal de Villeroi eft non-
feulement tombé dans ce premier inconvénient,
pour la manière défaire marcher fes bagages, derrière
l’armée , lorfqu’elle marche en avant ; mais
même dans un fécond beaucoup plus confidérable,
puifqu’ii a fort influé fur le déïordre qui fe mit
dans les troupes ; & qui a é té , qu’ayant plus de
cinq heures de temps pour faire au moins fortir
fes bagages d’entre les lignes & les renvoyer derrière
l’armée, il négligea cette attention néceflaire
pour combattre. De manière que quand la première
ligne de la droite fut attaquée, il ne fut
paspoffible à la fecbnde ligne de marcher de front,
pour foutenir la première , lorfqu’elle eut été mife
en défordre par l’ennemi, & en fut empêché par
la quantité de bagages qui fe trouvèrent entre les
deux lignes. '
Toutes les autres pertes de bagages que j’ai
vues , ou qui font arrivées depuis que je fers , n’ont
point été générales ; ainfr je n’entrerai point dans
„ce détail.
Je dirai feulement, que cette efpèce d’inconvénient
à la guerre n’arrive-prefque jamais que
par le manque d'attention du général dans la di£—
pofition de fa marche. Lotfqu’il convient de faire
marcher les bagages en dehors des colonnes des
troupes, fi leur efcorte n’eft pas fuffifante, ou
qu’elle foit mal difpofée, il arrive fouvent que
l ’ennemi aura des partis embufqués aux ailes
ou à la queue de l’armée, qui enlèveront des bagages
en détail.
S i, lorfque le général fait marcher fes bagages
entre les colonnes des troupes , les .officiers chargés
de leur efcorte leur laiffent devancer la tête
des colonnes des troupes , ou les laiffent trop en
arrière des colonnes, il peut encore arriver que
des p’artis embufqués à la tête de la marche , ou
qui la fuivent, enlèvent des bagages trop préfles
d’arriver au camp avant les autres, ou traînants
derrière l’armée.
Il fe perd auffi allez fouvent des bagages par
' l’indocilité des valets , qui ne veulent point fuivre
la colonne, & qui s’en écartent, fans que- les
•officiers commandés pour les efcortes •puiffent les
voir ; ce qui eft un inconvénient ordinaire dans
les marches de nuit: mais ce malheur particulier
ne peut être imputé ni au général,: dont la dif-
pofttion pour la sûreté des bagages de fon armée
eft bonn’e , ni au manque d’attention & de vigilance
de l’officier qui commande l’efcorte. (Tew-
qu'ièresJ.
ÉQ U IP AG E DE SIÈGE. V o y e ‘{ P L A C E .
EQUIPEMENT. On comprend fous le nom
à’équipement touts les objets q u i, fans appartenir
à l’armement, font cependant nécefiaires aux gens
de guerre.
On diftingue pour le foldat deux efpèces d'équipement
; nous en diftinguerons auffi deux pour les
officiers ; ainfi cet article fera divifé en quatre pa-i
ragraphes.'
§• i " -
Du grand équipement des foldats.
Les gibernes , les courroies porte-gibernes, les'
ceinturons deftinés à porter le fabre, les bretelles
de fuftls, les colliers du porte-caifle des tambours,
les havrefacs &. les lacs de toile, font les objets
qui, pour le foldat t a n t a f f in , font compris fous le
nom de' grand équipement. A ces objets il faut
ajouter poür la cavalerie & les dragons, les ban-
dpuillères, les porté-monfqùetons ou grenadières ,
les porte-manteaux & les bottés.
Nous n’entrerons point dans les détails relatifs aux
formes & aux proportions de ces différents objets.
L’ordonnance militaire du 21 février 1779 , ne
laiffe rien à defirer à cet égard ; nous nous bornerons
donc à dire qu’il eft effentiel de veiller avec
foin, pour empêcher les corps de faire les changements
les plus légers aux modèles arrêtés paç
la cour. Voye^ Un ifo rm ité .
§• 1 1 .
Du petit équipement- des foldats'.
Les objets du petit équipement conftftent, pour le
foldat fantalîin, en trois bonnes chemifes ; deux
paires de culottes ; deux paires de fouliers, dont
une neuve ; une paire de guêtres de toile blanche;
une paire de toile noircie ; une paire de guêtres
d’étoffe de laine noire ; deux paires de manchettes
de guêtres, de toije blanche, avec des boutons^
noirs ; deux mouchoirs ; deux paires de bas ; deux
cols de bazin ; une boucle de col ; une paire de
boucles de fouliers; une paire de boucles de jar>
retières ; un fac à poudre, & fa houppe ; un peigne
à retaper ; un peigne à décrafter ; une broflè pour
l’habit & pour le chapeau ; deux broffes pour les
fouliers ; une petite broffe pour nettoyer le cuivre ;
un pinceau pour blanchir la buffetière & le bord
du chapeau ;-un dé à coudre ; du fil ; des aiguilles ;
un tire-bouton; un tire-bourre; une épinglette ;
un tqurne-vis ; des morceaux de vieux drap pour
frotter fon habit, & de vieux linge pour nettoyer,
loft arme.
Les chemifes , les guêtres &r les manchettes de
guêtres, doivent, être marquées de la lettre affecté
«
tée à chaque compagnie ; à cette précaution,
diétée par les ordonnances , quelques régiments
ajoutent, avec raifon , celle de faire marquer de
la même lettre les a raies & les effets de grand
équipement, & celle défaire joindre à la lettre qui
défigne la compagnie ,1e numéro des hommes à
qui les objets appartiennent.
Le petit équipement du cavalier, du dragon &
du huffard, conlifte en trois chemifes au moins ;
une culotte de peau de rechange ; deux paires de
bas ; une paire de fouliers; une paire de guêtres
noires; une paire de gants; une paire de manchettes
de bottés ; quatre mouchoirs ; un fac à
poudre & fa houppe; des peignes ; des cifeaux ;
des épingles ; des aiguilles ; une vèr^ette pour les
habits ; une boîte-à graiffe & des decrotoires.
Une infinité de raifons doivent engager les inf-
pe&eurs, &Jes chefs de corps , à empêcher les foldats
& les cavaliers d’augmenter leur petit équir
pement ; fi le foldat fantalîin y ajoute le plus petit
objet, il ne peut plus lors d’un changement de
garnifon, porter ion fac ; on eft obligé alors ou
de faire des ballots , ce qui ruine les petites maffes^'
ou de vendre à un vil prix les effets furperfius,
ce qui ruine le foldat. Si le cavalier a uiy petit
équipement, plus confidérable que celui qui eft fixé
par les ordonnances, il furcharge fon cheval, ou
bien il tombe dans un des inconvénients que nous
avons remarqués en parlant de l’infanterie.
Ce que nous venons de dire du petit équipement
des foldats , eft applicable à celui des bas-officiers.
Il vaut mieux,, ce me femble, former les uns &
les autres à conferver 1’argent‘néceflaire au renouvellement
de leur petit équipement, que leur permettre
de multiplier les effets qui le compofent.
Nous avons donné dans l’article C h a u s s u r e
m i l i t a i r e un moyen de diminuer le volume & fe
poids du petit équipement. Voye\ C h a u s s u r e m i l
i t a i r e .
§ . I I I . ' -,
Du grand équipement des officiers.
Le grand équipement de l’officier d’infanterie
confifte en un ceinturon de buffle pour porter
1 epee , en une giberne, en une courroie porte-
giberne , en une bretelle de fufil & un hauffe-col.
Le grand équipement des officiers de cavalerie
eft compofe d un ceinturon cîe buffle pour porter le
fabre, de bottes & de gants femblables , quant à
la forme &. au coup-d’ceil, à ceux de leurs cavaliers.
§ . I V .
Du petit équipement des officiers.
Aucune ordonnance n’ayant encore fixé quel
devoit être le petit équipement des officiers tant
avant'que pendant la guerre : nous ne nous en occuperons
que pour fixer les idées des parents à qui
Art militaire, Tome IJ%
l’expérience n’a point appris quels font les objets
néceffaires à un jeune officier. On nous paffera ces
détails en faveur de leur utilité.
Le jfetit équipement d’un jeune officier eft fuffi-
fant quand il eft compofé des objèts fuivants ;
dix - huit chemifes d’une toile commune ; elles
doivent être garnies avec de la mouffeline peu
chère ; les manchettes & le jabot doivent être à
ourlet plat ; ces objets doivent avoir quinze lignes
‘de hauteur ; douze cols de bazin ; dix-huit mouchoirs
; fix veftes & fix culottes de toile de coton ,
oii mieux encore de drap de coton ; ftx paires de
bas de foie blancs ; douze paires de bons bas de
fil blancs ; fix paires de bas de gros fil pour les
exercices, les gardes & les routes ; trois bonnets
de coton; trois ferre-têtes ; fix ferviettes; deux
paires de guêtres de toile blanche ; une de laine
noire ; deux paires de manchettes de bottes; ces
trois derniers articles ne font faits qu’au régiment;
deux ou trois paires de fouliers ; des boucles uniformes,
une paire de bottes molles ; deux habits
complets, qu’on ne doit faire faire qu’au régiment;
’ïme redirigotte uniforme , ou un manteau qui ne
doit auffi être fait qu’au régiment. Si on veut
donner enfin quelquechofe au luxe, on peut joindre
à tout cela une robe de chambre d’une ratine
groflière ou de quelque autre étoffe commune.
Tout ce qu’on ajoute à ce trouffeau eft inutile ÔC
devient très fouvent à charge.
Avant de terminer cet article , qu’on nous permette
de faire quelques queftions relatives au petit
équipement des officiers. Les ordonnances militaires
doivent-elles fixer tant avant la paix que pendant
la guerre, les objets du petit équipement des officiers?
À quoi doit fe borner cet équipementi
Dojt-on fixer la quantité de chaque, efpèce d’effets
qui compofent le' petit équipement des officiers ;
ou ne vaut-il pas mieux s’en tenir à déterminer le
poids de tout leur petit équipement ? Quel feroit
le moyen de\ contenir le petit équipement dans les
bornes qu’on .lui auroit fixées ? &c.
ESCADRON. Troupe de gens à cheval , com-
pofée d’un certain nombre de divifions nommées
compagnies. Dans la première origine , on difoit
agmen quadratum, d’où il eft aifé de conclure que du
mot italien quadro , les François ont fait celui du fea-
dron; on difoit il n’y a pas encore cent ans :
Aux /cadrons ennemis on a vu fa valeur
Pleupler les monuments.
R à CAN , de Vacàd. franç.
Ducange le fait venir de feara , mot de la baffe la-'
tinité.
Bellatorum actes quas vulgari fermone fearas vocamus.
H in c m a r . , aux évéq. de Rhcins. C. 3.
Scaratn quam nos turmatnvel cuneutn appeiLàre confuevimus.
A im o i n . Liv. IV . c. xxvj.
Lçs Efpagnols difent efeadro ,per aver forma qua-
- dwda; les Allemands appellent Tefcadron,
O o