
anfli des hommes p ropres à v iv re dans une fociétè
polie. C e feroit donc une faute que de les prendre
ans une clafte où l ’on peut trouver quelques talents
, mais qui a manqué néceffairement de l’éducation
con venable. Je v eu x dire ceux qui font parvenus
de 1 état de foldat au grade d’officier. Ceux-'
d , n ayant v é cu pendant leur jeuneffe , & fouvent
Hieme leur en fan ce, qu’avec des hommes groffiers,
font ordinairement peu inftruits; ennemis de l’étude
CL du fçavoir , détraéleurs des talents fupérieurs,
pnefque toujours parvenus par le talent des petits
details , & quelquefois en flattant les vices de leurs
c h e f s , ou leur rendant des offices ferviles. Si on
t ro u v e , dans quelques-uns, cette élévation d’ame
- c5t[e noblefle de fentiments , qui doivent fervir
au x élèves de règle & d’exemple , c’ eft une ‘exception
fi rare qu’on peut la regarder comme nulle.
Ai embarras du choix feroit la feule excufe du chef
<jui voudrait recourir à cette d a lle : mais il n’a
J>as h eu dans un militaire aufli nombreux que celui
de France. Il eft facile d’y trouver des fujets
capables de former de bons officiers & d’excellents
c ito y en s * tant par la vo ie des préceptes , que par
ce lle de 1 exemple. O n en trouvera qui lont éclaires
,. inftruits., appliqués , pénétrés du re fp ed que
1 on doit aux moeurs. C e que je dis ici fera p rou vé
par 1 article Moeurs , qui eft de M. le chevalier i
« e C e f la c , & par les autres articles du même au- i
l e u r , répandus dans ce Di&ionnaire. J’ajouterai
«{ull a plus encore ; qu’il ne fe croit pas unique
en ce g enre dans les troupes françoifes,. qu’il e ft ,
bien perfuadé qu’il a des é g a u x & qu’il verçoit &
connoitroit a v e c jo ie ceux qui peuvent lui être
lupérieurs.
T els -fon t les militaires auxquels oit. doit confier
un emploi aufli important que celui de former nos
jeunes officiers. Si on le remettoità deshommesbo:E-
*?es , ignorants , incapables de connoître le prix du
f ç a v o ir ,. des talents & des vertus-, blâmant, approuvant
, réprimandant fuivant le p ré ju g é , l’intérêt
ou le caprice du. jp u r , on ne verroit fortir de leurs,
mains, que des fujets pleins de vanité , ignorant
to u t , décidant fur- tou t, fans principes & fans
règle.* enn emis-de l’ordre , impatients de tout
fre in , également incapables, d’enfeigner & d’apprendre
, -d’obéir & de commander. E t fi , parmi-
ces guides infidèles, le. hafard plaçoit un militaire-
qui eû t des lumières , des connoifla-nces & des-
talents., inutile, aux autres & à lui-même , que-
pourroit-il faire de mieux, que. de fe retirer en.
difant *
Barbants hts ego' fûmquia-non inteiligor iTRs ,v
XJn reglement du 2.8 mars 177b donna une nouvelle'
forme à L’école royale militaire, en répar.tiffant le s
é lè v e s , jeunes, gentilshommes., en diverses provinces,
du royaume., dans, dix collèges-ou. penfion-
nats ,. tenus, par des ordres religieux., & par de s
congrégations, eecléfiaftiques. Ces. collèges font
Sxire^ Briennzy Tison j. Rebais ^Beaumont.» Pont**
! te-Voi , Vendôme, Effiat, Pont- à-Mouflon , &
Tournon.
Une ordonnance, du 17 juillet 1 7 7 7 , établit
I a l’hô-tel de Y école royale militaire, fo u ie près de
Paris , plaine de G ren e lle , un cours d’inftruélion ,
j pour un corps de cadets choifis dans les écoles
I militaires des province s, furie compte rendu au
j fecrétaire d’état, ayant le département de là guerre,
I p ar l’infpefteur général defdites écoles , d ’après fes
tournées , ou celles du fou s - i n i'p e£l eu r.
L a même ordonnance y admet de jeunes gentilshommes
élevés aux frais des familles , & âgés de
treize à quinze ans. Elle preferit aux familles de
remettre, pour chacun d’e u x , au trélorier de ladite
'école, jufqu’à ce qu’il en foit fo r t i, une penfion
de deux mille livres , à raifon de cinq cents livres
par quartier* &. toujours le quartier d’avance ; &
de plus , une fois feulement à leur en trée, quatre
cents livres pour le s premiers frais de leur équipement.
Elle enjoint d’ailleurs qu’il n’y ait aucune
diftinâion entre les jeunes gentilshommes é lev és
aux frais de Y école royale militaire-, & ceux élev
é s aux frais des familles. Elle fouinet ceux-ci au x
mêmes preuves de noblefle que les autres , & règ le
eii général l’ordre intérieur de cette école*
É C O L E dans les régiments..
N ou s ons dit dans l’article brigadier, qu’ils
importoit au bien du fervice que touts les bas-offi-
ciers fçuflent lire , écrire & faire les quatre premières
opérations de l’arithmétique ; nous avons,
eu ©ccafion.de remarquer* dans beaucoup d’autres
endroits de cette Encyclopédie , que le foldatr
à qui quelques connoiffances acquifes on t donné
de l’intelligence, eft plus facile à conduire., &
par confisquent plus utile que le foldat dénué d e
toute inftruâion : il ne nous relie donc plus qu’às.
patler des m oyens de lu i procurer le s leçons qur
lui font néceffaires.
C e s leçons font civiles ou militaires. Les le çon s
militaires nous occuperont dans l’article E x er c
ic e s , &. les leçons civiles dans celui-ci..
Gomme il n’eft pas indifpenfablement néceffaire
au foldat de fçavoir lire , écrire & calculer; comme
nous n’apprenons facilement que ce que nous* apprenons
de notre plein gré ; comme la modicité d e
la pa ye du foldat-ne lui permet d’en rien fou&aire^
les leçons doivent être gratuites & libres..
Pour rendre les leçons gratuites’,.on- pourrôit
choifir dans chaque compagnie-un foldat qui connût
allez bien les loix du calcul arithmétique , &
les vrais principes de l’écriture,, pour en donner
des le çon s à fes camarades.: le fe rv ic e militaire dre
régent feroit fait par la compagnie en corps ;; il re—
c e vro it de plus de k pe tite malle de chaque compa
gn ie, dix fols par mois; pour chacun d e fes é coliers.
C e s dix fols feroient fournis par un nombre
de fervice proportionné à celui des écoliers, & faite
par la compagnie en corps-; comme H n’y aurait:
j jamais dans, chaque compagnie, glus, d e v in g t ©m
Vingt-quatre écoliers , le prix de trois fervices
payeroit & fafisièroit le maître.
Un fergent aflifteroit a toutes les leçons ; elles
feroient données dans la chambre deftinée aux
bas-officiers; celui qui feroit commandé pour le
lervice, maintiendroit les écoliers dans le plus
grand ordre ; les officiers fe montreroient quelquefois
dans la falle de travail, en donnant des
louanges à ceux de leurs foldats qui feroient des
progrès, & en réprimandant ceux qui n’en feroient
point; ils entretiendroient dans Yécole une vive
émulation ; ils veilleroient à ce que le maître choi-
fît toujours pour exemple quelque penfée faite
pour infpirer aux écoliers des fentiments analogues
aux devoirs de leur état; les livres abécédaires-fe-
roient compofés dans le même efprit ; ( Voye^
C o r p s -de-CxARDe . ) &• leurs calculs rouleroient
toujours fur des canons, des boulets, des bai les
ou quelqu’autre objet militaire.
Parmi les avantages que l’état retireroit de l’éta-
bliffement des écoles dans les régiments, on doit
placer la poflibilité d’arracher pendant quatre
heures par jour 240 foldats de chaque régiment,
à l’oifiveté & au libertinage dans lequel ils croupirent
au fein de leurs garnifons. (C . ).
E col e d ’enfants de so l d a t .
Il y a quelques années que le hjgfard me procura
l’occafion de parcourir Yécole royale militaire
avec un officier au fervice d’une puiüance étrangère
; après avoir admiré tout c^ que l’état avoit
fait poür les enfants de la noblefle pauvre , & pour
ceux des officiers maltraités par la fortune, il me
pria de le conduire dans la maifon des enfants de
foldat ; comme il s’exprimoit mal en françois ,
je crus qu’il vouloit revoiries invalides; ce n’eft
pas les invalides , me dit-il, ce font les enfants de
foldat. A mon fllence & à mon étonnement ,
l’étranger devina que nous avions négligé cet
objet important, & il reprit auflitôt : vous avez
tout fait pour les enfants des nobles & des officiers, j
& rien pour ceux des bas-officiers & des foldats;
les premiers méritoient, fans doute , de fixer l’attention
de votre gouvernement; mais les féconds
ne dévoient pas être oubliés. Quelque pauvre que
foit un gentilhomme , iL peut au moins donner à
fes enfants les objets de première néceflité , & une
inftruftiqn commune ; mais il n’en eft pas de même
des foldats : ils ne peuvent rien fouftraire de leur
paye : leur travail peut à peine fuffire à nourrir leurs-
femmes ; & ils n’ont ni le temps ni les connoif-
fanees néceffaires pour donner à leurs enfants les.
ïhfiru&ions les plus efîentielles. — Cela eft vrai;,
aufli la loi permet-elle de donner la fol de aux enfants
auflitôt qu’ils ont atteint Page de dix ans..
— Q u o i, foldats à dix ans L Et peuvent-ils-à cet
âge tendre remplir lès devoirs que cet état impofeè
— Non. — Je vois , je vois : pourvu que vos contrôles
contiennent la quantité de noms portés par
les ordonnances , cela, vous fuffit. — Nous n’en
faifons pas- des foldats mais- des muficiens ,,des
fiffres. — V o u s -en avez donc une quantité prodigieuse
? Et ne craignez-vous pas d’aftoiblir la poitrine
de ces petits malheureux ? car les inftruments
à v en t lont très fatiguants. Q u e font-ils d’ailleu rs,
jufqu’ à l’âge de dix ans ? Q u e l métier apprennent-
ils ? Qu elles leçons leur donne-t-on ? Et des f ille s,
qu’en faites - vous pendant qu’elles font encore
dans l’enfance ? Q u ’en faites-vous, quand elles ont
atteint l’âge de puberté ? Les laifleriez-voùs alors
dans v o s cazernes , au milieu de cette foule de célibataires
fans moeurs i Qu and vous changez de
garnifon , comment v o y a g e cette peuplade l Dans
v o s quartiers, comment ell-elle logée ? Et lorfque
vous allez à la gue rre, que devient-elle ? Etonné
par toutes ces quefiions, je reftai muet une fécondé
fois. Je ne me fuis pas bien e xpliqué , fans doute ,
reprit l’étranger : à merveille, lui dis-je ; mais nous
’ ne nous occupons point de touts ces détails, &
malgré notre infouciance fur cet o b je t , la machine
va. — O u i, elle v a ; mais difficilement, lentement;
mais m a l, fans doute. Eft-ce que vous ne fçaurie^
pas en F ran c e , que s’il importe d’augmenter la
population, il importe encore davantage d’en bien
employer les produits? V ou s vous êtes occupés
des bâtards, de ces êtresinfortunés que v o s préjugés
condamnent à l’opprobre , & vous avez tout-à-fait
oublié ces enfants p réc ieu x, que la nature femble
avoir deftinés à deveriir les défenfeurs de v o s
loyers. J’ai vu dans mes v o y ag e s , chez un de v o s
alliés , un établifiement en ce g en re , bien fa it, par
la fagêfle , pour vous fervir de modèle. Il entra
alors dans touts les détails relatifs à l’hôpital des
orphelins de Poftdam: il me prou va , par une infinité
de bonnes raifons, que nous avions eu tort
de ne pas imiter le prince Frédéric Guillaume , &
qu’il étoit fort malheureux pour nous que M. d e
Saint-Germain , qui avoit eu l’idée de créer im<
hôpital à l’inftar de celu i-là , n’eût pas mis fon proje
t à exécution. Eclairé par les difeours de c e t
étranger, je réfléchis avec lui fur l-’établiflement
dont nous venions dë nous occu-per ; nous convînmes
que Paris n’étoit pas l’endroit où l’on de-
v o it le former ; que la cherté des v ivres , le transport
des enfants , ôc la conftru âion de l’édifice „
rendroient cet établiflement très difpendieux ;q u ’i£
valoir beaucoup mieux choifir en Flandre , ère
Alfa ce,, dans les É v ê ch é s , dans la F ranche-Com-
*é , ôi. dans quelques autres p rovinces militaires dre
ro y aume, des maifons religieufes défertes ou père
habitées qu’on pourroit y faire tranfporter les*
enfants dès qu’ils auroient atteint l’âg e d’un an ; q u e
les f ille s , placées dans une maifon féparée de celle
des g arçons, y app rendroient, fous la direéiion d e ,
quelques, femmes âgées &. d e bonnes- moeurs „
ou même de quelques foeurs hofpitalières, à lire ,,
à écrire , & un métier, analogue à- leur éta—
bliflement futur ; qu’on leur enfeigneroit à. blanchir
&. repafler le lin g e , à cou dre , à tricoter ,,
à f i le r , & c . q u ’on lès inftruiroit de tou ts lès-
détails. relatifs, a. l’économie domeftiqpe qu’elle*