
million , eft marquée fort tard dans les états de
la France. Il y en a un dans chaque brigade.
Avant que d aller plus avant, pour aider la
mémoire de ceux qui liront cet ouvrage, je vais
mettre en abrégé les principales' choies que j’ai
expofées & éprouvées jufqu’à préfent fur ce fujet.
i ° . La compagnie Ecoffoife fut inftituée par
Charles V I I . ■ v
m a °* La fécondé compagnie , qui eft la plus ancienne
des trois Françoifes, fut inftituée par Louis
X I en 1475. '
30. La troiftème. compagnie fut inftituée par le
même prince en 1479.
4°. La quatrième fut inftituée par François Ier
en ï j , & elle fut mife en 1 516 pour le nombre
fur le même pied que les trois autres; & toutes
ces quatre furent de cent hommes.
50. La compagnie Ecoffoife a toujours confervé
le premier rang ; les trois autres n’ont de rang
entre, elles que fuivant l’ancienneté de la réception
du capitaine ; mais celui qui- commande la plus
ancienne prend le titre de capitaine de la première
&. ancienne compagnie Françoife.
6°. Sous François I e r , le capitaine„_de la compagnie
Ecoffoife n’étoit plus Ecoffois de nation ;
mais Jacques de L o rg e , qui en étoit le capitaine ,
paffoit pour être originaire d’Ecoffe.
7 ° . Aprè s lès deux feigneurs de Lorge père Ôc
fils , le capitaine de la compagnie Ecofloife ne fut
plus ni Ecoffois de nation , ni originaire d’Eçpffe,
mais François ; ôc cela commença fous le règne
de Charles IX . 6
-8°.* En 1656 il y avoit encore un lieutenant
Ecoffois ; mais fa charge fut partagée èn deux , &
on y ajouta un lieutenant François. En 1663 les
deux lieutenants étoient François : mais deuxpor-
toient le titre de lieutenant Ecoffois.
9 ° . Depuis toute la compagnie n’eut plus ni
officier, ni gardes Ecoffois , ôc e lle n’eft plus Ecoffoife
que de nom.
io ° . Jufqu’en 1663 ou 1664 * les quatre compagnies.
étoient fur le pied dé cent hommes.
i i ° . En 1665 elles étoient beaucoup augmentées
, & elles augmentèrent encore depuis. . ,, ,.
12°. En 1676 elles faifoient eni'emble leize cents
chevaux ^ & plus encore en 1690.
130. Elles furent réduites depuis à 14 4 0 , ôc
elles étoient fur ce pied en 1 7 1 5 , à la mort du
feu roi.
140. En 1666 il y eut des cadets dans les gardes-du-corps ; il y en avoit encore en 1676.
O n n’y en voit plus dans l’état de la France en
1678.
150. En 1664 le roi ôtavau capitainè la difpo-
fition des charges & des places de gardes,
16°. O n doubla les lieutenants & l e s enfeignes
dans chaque^compagnie au plus tard en 4-667,;, o n
y mit un troifième lieutenant ôc un troiftème enseigne
en l’an 1677.
1 7 ° . L e major fut inftitué au plus tard en 1.666.
i8°. Les deux aides-majors de tout le corps
furent inftitués en même-temps ou vers le même
temps.
190. Les quatre autres aides-majors, un pour
chaque compagnie , furent inftitués l’an 1674.
2o°. Je ne me fouviens point d’avoir vu la charge
d’exempt dans les gardes nommée avant Henri
III.
2 i°. Le nombre des exempts a beaucoup varié ,
même fous le règne de Louis le Grand.
220. Le roi en fixa le nombre à dix dans chaque
compagnie en 1664, ôc en ajouta deux dans chaque
compagnie quelque tems après. Le nombre a toujours
été depuis de quarante-huit en tout, douze
par chaque compagnie.
230. L’inftitution des brigadiers eft plus-récente
que celle des exempts. Il paroît par les états de
la France qu’ils n’ont point été inftitués avant
1663 ou 1664.
240. Le nombre a varié ôc beaucoup augmenté.
Il paroît que ce fut vers l’an 1677 qu’il fut fixé au
nombre de quarante-huit, douze par chaque compagnie
, & ce nombre eft toujours le même.
230. Les fous - brigadiers o'nt été inftitués çn
même - temps que les brigadiers. Leur nombre a
cru & varié pour l’ordinaire à proportion de celui
des brigadiers ; & ils furent- fixés dans le même
temps au nombre de quarante-huit.
Des noms d’archers de la garde , d’archer du corps ,
de garde-du-corps.
Le nom d’archer qui eft aujourd’hui un peu avili.
& qui n’eft plus en ulage dans les troupes ; excepté
quand il s’agit du prévôt des maréchaux de France ,
étoit autrefois un titre honorable. Ceux qui le por-
toient dans les compagnies d'ordonnance, furent
pendant longtemps gentilshommes pour la plupart,
& a plus forte railon ceux à qui on le donnoit
dans les compagnies de la mail’on du roi , s’èn
tenoient honorés. Un guidon ou enfeignë“d’une
compagnie , (de cavalerie légère,) , dit du Haillan ,
fe fentoit bien honoré d’être puis après archer de
la garde. Ce fut d’abord la qualité qu’on donna à
ceux que nous appelions aujourd’hui gardes du
roi ou gardes-du-,corps. On la donne par-tout dans
nos hiftoires & dans touts les aéfes publics où il
eft fait mention d’eux ; & le roi Louis XIV la
leur donna encore dans le réglement de 16645'
dont j’ai parlé ci-deffus.
J’ai remarqué en liftant les rôles qui font à la
cour des aides, que dans celui de 1598 , & que
dans celui de 1644 » on ne les appellaplus que dû
nom de gardes du roi. Ce titre eft le même
dans les rôles fuivants jufqu’à notre temps ; &
on a celle entièrement de leur donner le nom
d’archers.
Mais j’ai fait encore une autre remarque ; fça-
voir , que dans_les premiers temps ©ni ne leur
donnoit pas- à touts le titre d’archers du corps ,
mais feulement celui d’archers de la garde. Le
titre d’archers du corps étoit affe&é aux gardes de
la manche.
C ’eft ainfi que parle Louis X I I , dans les lettres
de naturalifation pour toute la nation Ecoffoife.
« Le roi Charles V I I , dit-il, en prit deux cents
à la'garde de fa perfonne , dont il fit cent hommes
d’armes ôc cent archers, où il y en a vingt-quatre
qui fe nomment archers du corps. » Et font lefdits
cent hommes les cent lances de nos anciennes
ordonnances'., ôc les archers font ceux de notre
garde.
Le maréchal de Fleuranges , dans fes mémoires
manuferits , s’exprime de la même manière en fai-
fant la lifte des gardes de François l ir. « Après
cette garde , dit-il, vous avez les plus prochains
de la perfonne du roi vingt-cinq archers Eeoffois
qui s’appellent les archers du corps. » Ces mémoires
en mettent vingt-cinq , ôc Louis XII n’en
compte que vingt-quatre,, parce que le maréchal
de Fleurange comprenoitle premier homme d’armes
de France dans le nombre de ces archers du
corps. On parloit encore de même du temps de
Charles IX ; car , dans un livre intitulé , des dignités,
magiftrats & offices du royaume de France,
imprimé en 4564 , il eft dit. « De ces quatre cents
archers y en a cent Ecoffois, ôc à chacune compagnie
de cent archers , fon capitaine & lieutenant.
11 y a davantage , vingt-quatre archers du corps ,
qui font toujours les plus près de la perfonne du
roi». Enfin; dans un état de la France d e .1598 ,
manuferit , on les diftingue encore par ce titre
des autres gardes du roi. Aujourd’hui le nom de j
garde-du-corps eft'. commun à touts.
Pour ce qui eft' du titre des gardes de la manche, :
que l’on donne aujourd’hui à ces vingt-quatre où
vingt-cinq gardes de la compagnie Ècoffoife , je*
ne me fouviens point de l’avoir vu en ufa-ge fous
ces règnes plus reculés. Ce nom de garde de la
manche vient, fans doute , de ce que le roi étant
à la meffe , au ferrnon , ôcc. il y a toujours deux
de ces gardes qui fopt debout avec leur pertuifane
à côté de lui , l’un à droit ôc l’autre à gauche^ 6c
tout proche de là perfonne.
De l'armure des gardes du-corps , de leur bandoulière
, & de leurs étendards»
\ Les gardes-du-corps dans leur première inftitu-
tion n’avoient pour armes défenfives que le cafque
& la cuiraffe, & étoient une efpèce de cavalerie
légère ; le,nom d’archers qu’on leur donnoit m’en
fait juger ainfi. S’ils avoient été armés de pied
en cap , on les auroit appellés gens d’armes. C ’étoit
par les armures différentes que ces deux fortes de
milices, je veux dire la gendarmerie Ôc la cavalerie
légère , étoient alors diftinguées. ; & les
archers mêmes des ordonnances , c’eft-à-dire, qui
étoient à la fuite de chaque homme d’armes. Dans
les compagnies d’ordonnance depuis 1& réforme
des troupes faite par Charles V I I , ils n’étoient pas
armés comme les hommes d’armes. Dans une ordonnance
ou réglement de Henri I V , il eft ordonné
que les archers Ecoffois qui veillent la nuit
à la porte du logis du r o i , feront toujours armés
de la chemife de mailles , qui n’étoit pas alors
l’armure de la gendarmerie.
Pour ce qui eft des armes offenftves , il eft
évident par leur nom même d’archer , qu’ils fe fer-
voient ordinairement de l’arc ôc de la flèche. Le
préftdent Faucher dit que les fucceffeurs de Charles
VII changèrent les armes des archers du corps ;
que de fon temps ceux qui fervoient à la cour
avoient des hallebardes, 6c que quand ils fervoient
à l’armée,«ils avoient des lances 6c étoient armés
comme les archers des ordonnances ; il ajoute que
dans le temps qu’il écrivoit, e’eft-à-dire en 1579,
il y avoit plus de quarante ans que quelques-uns
d?entre eux portoient des arquebufes; Cela lignifie
que dès le temps de François Ier ils fe fervoient
de cette arme.
Depuis, par une ordonnance de Henri IV de
l’an 1598 , il fut réglé que les gardes du corps ,
lorfqu’ils feroient à cheval , outre les piftolets à
l’arçon de la Telle, porteroient des javelines :
ainfi, ajoute l’ordonnance, qu’ils portoient anciennement.
La javeline étoit une efpèce de demi-
pique d’environ cinq pieds 6c demi de longueur,
dont le fer avoit trois faces qui aboutiffent à la
pointe. Elles n’avoient point de poignée, & elles
étoient tout unies depuis le fer jülqu’au bout, de
même que les anciennes lances avant l’an 1300*
Ainfi fuppofé la vérité de l ’énoncé de cette or*
donnance, 1 esgardes-du-corps avoient anciennement
porté la javeline avec l’arc 6c les flèches ; depuis ,
félon le préfident Fauchet, ils s^toient fervi de
lances; ôc enfin , Henri IV remit la javeline. Un?
ancien lieutenant général m’a affuré que fous Louis
le Grand, il avoit vu les gardes du corps porter la
maffe d’armes à une revue proche de Compïègne 9
en 1665 ou 1666.
Dans la fuite , ils ont quitté ces armes ; &
maintenant, étant à cheval à l’armée , ils ont ,
outre les piftolets, l’épée ôc le moufqueton. Le
roi étant à Saint-Germain en 1676, au mois de.
décembre, fit prendre des carabines à quatre gardes
du corps par brigade ; 6c, comme M. le maréchal
de Créqui s’en lervit utilement dans la campagne
du port de Seille 6c de Kokesberg, on augmenta
le nombre de ces carabiniers , par brigade, jufqu’à
quinze pendant le quartier, d’hiver fuivant : celas
faifoit le nombre de 360. On nomma des exempts
& des brigadiers pour les commander, quand ils
feroient détachés. Il y eut depuis dix-fept carabiniers
par chaque brigade, commandée par un lieutenant,
ôc feize dans celles qui étoient commandées par
les enfeignes. Quoique, dans un combat, les gardes-
du-corps portent le moufqueton , ils ne fe fervent
que de l’épée ÔC du piftolet ; ils n’ufenriguères dis
moufqueton que dans une déroute des ennemis, .
S f f ij