n o u rr i, un defordre confidérable dans le pafiàge
des files 8c dans leur rétablifiement ; & Io n feait
que tout mouvement qui eft fait à portée de l’en-
nem1 , qui change l’ordre Sc détruit l’union des
différentes parties d’un bataillon , l’expofe presque
toujours^ a fe rompre , & par conféquent à'
prendre la fuite. Puilque les inconvénients du feu
de r a n g , a v ec mouvement, font plus confidéra-
bles que fes avantages, ce feu doit encore être
banni fans retour.
§• v.
Du feu de quatre rangs.
Les Inconvénients que nous avons remarqués
dans le feu d’un rang , & fur-tout le defir de multiplier
la quantité de co u p s , firent bientôt chercher
le moyen de faire tirer quatre rangs à la fois
& de pied ferme ; on ordonna que le premier
rang mettroit genou à te r r e , que le fécond fe
tiendroit à demi courbé , que le troifième baiffe-
roit la t ê te , que le quatrième fe tiendroit d e b o u t ,
& que tous les quatre tireroient en même temps.
Obfervations fur le feu de quatre rangs.
_ Pour faire fentir le v ice de cette m an iè re^ e
fairefeu , il fuffit de l’avoir énoncée : pafîons-donc,
a vec empreiTement, à-des feux moins compliqués
& moins dangereux.
. §» V I.
De l'ancien feu de trois rangs.
Pour exécuter le feu de trois rangs, on a f a i t ,
jufqu’en 17 76 , mettre genou à terre aü premier
r a n g , le fécond fe baiilbit fur le premier, en
effaçant le corps à droite , 8c le troifième fur le
iecond , en portant, le pied droit en arrière fans
effacer le corps : les trois rangs tiroient enfemble.
Obfer-vations fur l'ancien feu de trois rangs.
L ’ancien feu de trois rangs a v o it , fans doute ,
des inconvéniens ; d’abord la génuflexion, puis
l’impoffibilité où étoit le foldat de vife r là où il
le v o u lc it , 8c celle ^de tirer obliquement ; mais
au moins le premier rang ne couroit-il pas le rifque
d ’être bleffé par le troifième ; obfervation importante
& à laquelle on n’a peut-être pas réfléchi
aflTez mûrement ; cependant cefeu doit être banni,
parce que la pofition du genou à terre n’eft ni
lim p le , ni naturelle, ni militaire.
F E U
premier ran g , 8c le vice de la génuflexion, ont
lait imaginer l’ancien feu de deux rangs. Ce feu
auroit été le meilleur de touts , fi on ne l’avoit pas
compliqué par un changement d’armes qui le ren-
doit dangereux. C e feu s’exécutoit de la manière
fuivante.
L e premier rang refloit debout 8c s’effaçoit un
peu à droite ; le Iecond rang reftoit aufli d eb ou t,
ôc le pçnchoit un peu fur fa droite ; -le troifième
rang reftoit haut les armés. Aufli-tôt que l’homme
du ie con d rang avoit tiré , il paffoit fon .fufil à
1 homme du troifième, qui lui dbnnoit le fien
tout chargé ; l’homme du fécond rang tiroit ce
fécond fu fil, le rechargeoit, le tiroit en co re, 8c
■ paffoit tout de luite à l’homme à qui il appar-
| tenoit ; ce dernier rendoit le fufil qu’il avoit chargé,
j pren.oit celui que fon camarade venoit de tirer ,
J le chargeoit de n o u ve au , le rendoit en co re,
i ainfi de fuite.
| Obfervations fur l'ancien feu de deux rangs.
j O n ne peut difeonvenir que l’ancien feu de
deux rangs ne fût très v i f , qu’il ne fût poflible
| d en faire un feu nourri 8c ajufté ; mais comme-il
I arrivoit louvent que le foldat du troifième rang ,
j qui ne devoit pas tirer lui-même , chargeoit le
* ' fufil fans précaution ; comme il arrivoit encore
| plus fréquemment qu’il mettoit trois ou quatre
j- cartouches dans le même fufil, parce qu’il igno-
| roit fi le fufil avoit.pris feu : on a., avec quelque
ra iio n , banni cette manière de t ire r , comme
dangereufe pour ceux qui l'exécutoient. En Amplifiant
ce feu, il feroit, comme nous aurons occasion
de le prouver b ien tô t , le feul dont on pour-
r o it , fans crainte , faire un ufage continuel.
§• V I I I .
Du feu de trois rangs, tel qu'en L'exécute aujourd’hui.
L ’exemple de plufieurs régiments q u i , pendant
la guerre dernière , ont fait feu fans mettre genou
a terre , 8c l’opinion d e . plufieurs .écrivains militaires
, ont déterminé nos légillateurs' à faire tirer
les trois rangs debout ; le premier rang effape l’épaule
droite-; le fécond fë penche un peu à droite ;
& le troifième, en gagnant quelques pouces fur
la g au ch e , fe trouve vis-à-vis une efpcce de cré-
nau dans lequel il doit entrer le plus avant qu’il le
peut , en portant le pied gauche 8c le haut du
corps en avant.
Obfervations fur le feu de trois rangs,
§* V I I .
De T ancien feu de deux rangsi
Les dangers que couroient les hommes du
Toutes les fois qu’on fait le feu de bataillon ou
de demi-bataillon, en un mot un feu réglé ; que
les rangs font très ferrés , ,que les files ne le font
point ex ce fliv em en t, que le terrein eft u n i, que
le filence &. l’ordre régn en t, que le foldat fait
*
beaucoup d'attention, qu’ il n’a pas le fac fur le d o s ,
ne feu eft praticable, il eft même excellent , çnais
en fera-t-il de même fur un champ de bataille ,
quand le foldat aura Ion fac , quand les rangs feront
un peu trop ouverts , 8c que le terrein fera
inégal ? En eft-il de même en temps de paix quand
on fai t le feu de file , & bientôt après le feu à v o lonté
? Malgré les foins que prennent les officiers
& les bas-officiers , il n eft prefque point d exercice
kfeu où quelques hommes du premier rang
n’ ayent les cheveux , les bras ou les mains brûlées
par leurs camarades du?troifième ran g ; que
feroit-ce donc à la guerre ? ’D ’ailleurs le feu que:
fait le troifième rang ne fe perd-il pas toujours
dans l’air : eft-il poflible qu’un homme de cinq
pieds un ou deux pouces place fon fufil comme il
le doit pour tirer parallèlement, quand il a devant
lui un homme de cinq pieds quatre ou cinq pouces ?
O n a fi bien fenti les inconvénients de ce fiu de
trois rangs , fur-tout dans les feux à volonté ou de
file , qu’on a propofé de placer les petits hommes
au premier & au fécond rang , Sc les- plus grands
au troifième ; cette formation pourroit être bonne
pour le fe u , mais le feroit-elle pour le combat a
l’arme blanche ; il faudroit donc bouleverfer le
le bataillon , 8c ce bouleverfement feroit des plus
funeftes. Eft- il, d ’ailleurs, poflible aux foldats du
fécond & troifième rang de fe procurer des tirs
obliques ; cette, condition eft effentielle à un bon
feu. Leur eft-il poflible de diriger leurs coups vers
la partie du corps qu’ils jugent devoir v i fe r , il n’y
a que le premier rang qui ait cette liberté ; & il
.. eft. démontré qu’elle eft néeeffaire à touts. D ’après
ces incon vénients v, dont-les militaires qui fe trouvent
, chaque jour , dans les rangs,, font vivement
frappés , il paroît certain qu’on doit bannir le feu
de trois rangs , toutes le.s fois qu’on ne fait pas un
feu réglé , s’en tenir alors à faire tirer feulement
deux rangs. En adoptant cette méthode j on fe
p r iv e ro it , j’en conviens, d’un tiers de fon fe u ,
mais. cvette privation eft-eüe àuffii grande qu’on le
croit & qu’on le dit ? 11 eft prefque impoflible au
troifième rang de v i f e r , 8c tout foldat qui tire
fans vifer tire en vain. Les 'foldats des deux pre-j-
miers rangs,; qui-en. fçauroient. derrière., eux un
troifième dont les armes lëroient chargées, au-
roient plus de confiance & de fermeté ; ce troisième
rang , qui ne feroit pas fe u , feroit làcomme
une réferve deftinée à remplacer les hommes, des
deux premiers rangs mis hors de combat. Il poùr-
roit encore remplacer les hommes, dont l’arme
feroit mauvaife o u J a le , dont la pierre feroit ufée*,
& c . Q u ’on fe fouvienne , d’ailleurs , qu’on ne doit
jamais faire feu quand on peut marcher à l’ennemi,
qu’on ne doit s’amufer à tirer que lorfqu’on eft
derrière un pa rapet, un abattis, une haie ; que
dans toutes ces circonstances il eft impoflible de
faire tirer trois rangs à la fois , & l’on conviendra ,
fans p e in e , que le feu de deux rangs eft le feul
praticable à la guerre :. Voye^ le paragraphe XX V ll.
3 4 9
Je pourrois appuyer mon opinion fur des autorités
refpeétables , mais j’aime mieux la préfenter
comme un Simple doute ; en agiffant ainfi , j’engagerai
, p eu t-ê tre , à faire revoir la manière dont
nous faifons/è« , 8c j’obtiend rai, peut-être , qu’011
laifle à l’expérien ce, cette grande maitrefle des
a r t s , le foin de tout décider.
§. I X.
Du feu de feélion, de peloton & de divifon
fans mouvement. .
Les feux de feéfion, de peloton 8c de divifion
fans mouvement furent imaginés pour mettre de
l’ordre dans la manière de tire r , 8c pour ne point
dégarnir de tout fon feu en meme-temps le Iront
d’un bataillon entier.
Les bataillons de l’armée françoife étoient com-
pofés de quatre divifions qui formoient huit compagnies
8c feize fe étions. Outre ces huit compagnies
il y avoit encore une compagnie de grenadiers
qui formoit une divifion féparée, & qui étoit d i-
vifée en deux.. feéHons. Les compagnies ou pelotons
étoient rangés dans l’ordre fuivant en partant
de la droite. Grenadiers i er peloton, ^ p e lo to n ,
3e p elo ton , 7 e peloton , 8e pelo ton , 4e peloton ,
6e peloton 8ç 2 e peloton.
Le feu de feéfion commençoit par la. fécondé
feéfion du feptième peloton : auffitôt que cette
feéfion avoit fait feu, la féconde feéfion du huitième
peloton tiroit ; la fécondé des cinquième 8c fixième
pelotons faifoit enfuite feu ; puis venoient les fécondés
feéfions des troifième ,8c quatrième ; celles ,des
premier. 8c fécond peloton tiroient à leur tour ; 8c
enfin la feqonde feéfion des grenadiers ; lés premières
feéfions faifoient feu dans le même ordre
que les fécondés. Les trois rangs tiroient en même-
temps 8c au commandement u’vtn officier.
Quand on vouloir.faire le feu de poloton , le
feptième, placé au centre du bataillon, commençoit
le feu ,.le troifième le fu iv o it , lecinqnième 8t
le fixième venoient en fuite, puis le troifième 8c
le quatrième.; enfin le, premier 8c le deuxième 8c
celui des grenadiers.
Quand on. vouloit faire le feu de divifion , ou de
quart de rang, le cinquième 8c le feptième peloton
tiroient enfemble, le fixième 8c le huitième ;fai-
foient enfuite feu.9 le premier Sc ie troifième tiroient
immédiatement après' ; 8c enfin ie d e u x ièm e le
quatrième 8c les grenadiers.
Obfervations fur le feu de divifion , de peloton
& de fe&ion fans mouvement.
Rien de plus joli que ces différents fe u x , mais
fans doute rien de moins facile pendant la p a ix , 8c
rien de plus impraticable pendant la guerre. D es
intervalles égaux qu’il falloit o b fe rv e r , une grande
attention qu’il falloit avoir au feu d’une feéfion qu’on