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ne vdyoît pas, la génuflexion des rangs, le feu
réglé , & , par conséquent, point ajufté ; tels
étoient les vices des feux de divifion, de peloton
ôc de feélion.
§• X .
Du feu de fettion , de peloton & de divifion.
avec mouvement.
L’utilité ôc le befoin de fe procurer des flu x
obliques fur quelque partie du Iront de l’ennemi,
a fait imaginer auffi des feux de divifion, de peloton
& de feéfion avec mouvement. Pour exécuter
ces feux , la feéfion, le peloton,ou la divifion qui
devoit tirer, marchoit huit ou dix pas en avant
du front du bataillon, faifoit halte , prenoit fur
l’ennemi la.direâion quelle croyoit la plus propre,
tiroit ôc alloit reprendre fa place ; les autres fub-
divifions venoient à leur tour & exécutaient la
même manoeuvre.
Obfervations fur le feu de divifion 3 de feElion,
:'ou de peloton avec mouvement.
Le feu de divifion, de peloton ou de feéfion
avec mouvement avoit bien quelques avantages
fur le feu des mêmes fubdivifions exécuté fans
mouvement, mais il étoit fujet à quelques inconvénients
de plus ; s’il permettoit de prendre des
dire&ions obliques, il devoit faire perdre un temps
précieux, il-faifoit, dans le bataillon, une ouverture
qui pouvoit quelquefois être dang'ereufe ; la
rentrée de la iubdivifion qui venoit de tirer pouvoit
enfin , pour peu qu’elle prît l’air d’une fuite ,
produire des mauvais effets. Comme il étoit d’ailleurs
exécuté au commandement, ôc qu’il nécefli-
toit la génuflexion , il méritoit d’être détruit.
§■ X I .
Du feu de bataillon de Vordonnance.
Le feu de bataillon s’exécute au commandement
du chef de cette divifion du régiment ; les
foldats qui la composent apprêtent leurs armes ,
mettent en joue ôc tirent en même-temps : ils
chargent enfuitg à volonté & portent leurs armes.
Le premier bataillon eft ordinairement celui qui
tire le premier : les ordonnances exigent que le
fécond ne faffe feu que lorfque le premier a chargé
Les armes.
Obfervations fur U feu de bataillon de l\ordonnance.
Si un feu réglé, & fait à commandement, peut
être réputé bon. C ’ëft fans doute celui de bataillon
: il faut convenir cependant qu’un front de cent
yingt-cinq files, dégarni en même-temps de tout
(on feu f offre à l’eunemi un efpâçe-très corffidéfable
& vers lequel il peut marcher longtemps fans
crainte. Nous devons obferver encore que' le feu
de bataillon ne peut être dirigé obliquement au
front de la groupe qui le fait ; qu’il doit être mal
ajufté, parce qu’il eft exécuté enfemble ; qu’il
neceftite la génuflexion, ou qu’il devient quelquefois
dangereux pour le premier rang : auffi croyons-
nous que le feu à volonté doit lui etre préféré, oà
que fi l’on perfifte à vouloir des feux réglés,
celui de demi-rang mérite la préférence fur celui
de bataillon.
§ . X I I .
Du feu de demi-rang preferit par V ordonnance'.
Le/è# de demi-bataillon ou de demi-rang s’exécute
enfemble & au commandement ; le demi-
rang de; droite'du premier bataillon tire toujours le
premier ; le demi-rang de droite du fécond fait
feu le fécond; le demi-^rang de gauche du premier
bataillon tire enfuite ; ôc enfin le demi-rang de
gauche du fécond.
Obfervations fur le feu de demi-rang preferit
par Vordonnance.
Le feu de demi-bataillon preferit par l’ordonnance
, a prefque tous'les vices du feu de bataillon ;
étant comme lui réglé Ôc fait à commandementil
ne peut être ni ajufté, ni oblique ; il expofe le
premier rang, ou il oblige à la génuflexion ; il faut
convenir néanmoins qu’il ne dégarnit pas en même-
temps un front auffi confidérable. Pour rendre ce
feu encore meilleur il faudroit, ce me femble, ne
pas s’àfïùjettir à garder la progreflion que nous
avons indiquée ci-deffus, ôc le faire commencer
auffi fouvent par le demi-rang de gauche du
fécond bataillon que par le demi-rang de droite du
premier, & faire même quelquefois, fuivant les
circonftances, tirer les deux demi-rangs d’un bataillon
avant de faire tirer les deux demi-rangs de
l’autre..
§. X I I I .
jD’un feu de demi - rang qui ne f i pas preferit
par Vordonnance.
J’ai vu des régiments de l’armée françoife faire
le feu de demi-rang de la manière fuivante; tous
les premiers pelotons de chaque compagnie du
premier bataillon étoient ceflfés compofer le demi-
rang de droite, tiroient au commandement du
chef de ce bataillon, puis tous les premiers pelotons
de chaque compagnie du fécond, enfuite;les
Seconds pelotons du premier bataillon, ôc enfin les
féconds ‘pelotons,du fécond bataillon.
Obfervations • fur un feu de demi-rang qui n e f pas
preferit par l ’ordonnance.
Le feu de demi-rang, tel que nous venons de le
Bire , ne dégarnit totalement aucune partie du
front du bataillon, il n’a aucun des inconvéniénts
particuliers aux feux de feéfion, de peloton ôc de
divifion. Il doit donc être admis dans nos exercices,
fi ce n’eft pas exdufivement, au moins
concurremment avec celui dont nous avons parlé
dans le paragraphe XII. Cette dernière manière
nous fervira quand nous voudrons répandre notre
feu fur le front d’une ligne entière, Ôc l’autre quand
nous aurons befoin d’éerafer une tête de colonne,
ôcc.
§. X I V .
Du feu de file preferit par l ’ordonnance.
L ’ordonnance du I er juin 1776 preferit le feu de
nie. Ce feu commence par la file de droite de
chaque peloton ; les files fubféquentes mettent en :
joue & tirent auflitôt que la file qui eft à leur droite
afaityë#. Auflitôt que chaque file a tiré fon premier
coup,les foldats qui la compofent tirent fans s’attendre
ôc fans fe régler les' uns fur les autres.
Obfervations fur le feu de file preferit par
V ordonnance.
De touts les feux que nous avons préfentés juf-
qu’ic i, voici fans doute le moins mauvais : il approche
beaucoup du feu à volonté ; il eft v if ôc
peut être ajufté : mais il ne peut être généralement
ni oblique ni fichant du haut en bas, & il eft
dangereux pour le premier rang. Pour remédier
a ce dernier v ic e , le plus grand de touts, nous
pourrions, après la première décharge, empêcher
nôtre troifième rang de tirer. Pour le rendre meurtrier,
nous recommanderions à nos foldats de bien
vifer, pour le rendre continu, nous mettrions un
grand intervalle entre chaque coup de la première
déchargé, apres que ce feu3 que nous devrions
appeller le feu françois , auroit éprouvé ces changements
, il pourroit devenir le plus ordinaire de
nos feux. Voyez les raifons de cette préférence dans
h paragraphe FUI de cet article.
§ . X V .
Du feu défilé imaginé par le maréchal de Saxe.
Maurice, comte de Saxe, cet homme immortel,
dont les aâions ôc les écrits ont également
honoré ôc inftruit la France, propofemn feu de file
particulier dont voici le méchanifme.
Quand on ne peut aborder l’ennemi ôc qu’on ne
peut être abordé par lui, M. le maréchal de Saxe
veut qu’on place un officier ou bas-officier de deux
en deux files; que chacun de ces officiers ou bas-
jomciers faffe à fon tour avancer fes deux files;
qu il montre au chef de chacune où il doit tirer ;
ïe enfuite ajufter Ôc tirer à fa volonté :
auflitôt que le chef-de-file a tiré fon premier coup ,
i homme du fécond rang lui pqffe fon fùfil* ainfi
des autres. Pendant ce feu3 l’officier qui eft auprès
des chefs-de-file voit ce qu’ils font, reéfifie la
manière dont ils ont tiré, les exhorte à ne fe point
.preffer, Ôcc,
Obfervations fur le feu du maréchal de Saxe.
On ne peut difeonvenir que le feu de file du
maréchal de Saxe ne fût très bon derrière une
riviere, un ruiffeau ôc même un parapet, que le
chef de chaque file n’ait le temps de tirer Ôc de
vifer, ôc que leurs coups ne puiffent être très
meurtriers. Mais ce feu ne feroit-il pas très rare ÔC
feroit-il capable d’arrêter un afïaillant déterminé ?
Ainfi, malgré tout le refpeéf que l’on doit aux
opinions d’un, homme auffi juftement célèbre que
Maurice, nous dirons que fon feu de file feroit
peu dangereux, à moins que toutes les files entières
ne tiraffent en même-temps ; ôc alors ce feu
auroit la plupart des inconvénients, de l’ancien feu
de deux rangs. Voy.e^ le paragraphe FUI,
%. X V I.
Du feu de parapet.
Le rédaâeur de l’ordonnance de 1764, qui
connoifîbit fans doute le feu dont nous venons de
parler , en avoit adopté les principales difpofi-
tions : il l’avoit cependant un peu dénaturé ôc
l ’avoit nommé de parapet. Il vouloit que pour
exécuter ce feu , deux files de chaque feâion y
conduites par un officier , fe portaffent fur la banquette,
qu’elles fe formaffent là fur deux rangs,
qu’elles fiffent feu ôc rentraffent tout de fuite à leur
place. Au moment où elles avoient rejoint l&
bataillon, les deux files voifines faifoient la mêm&
manoeuvre, ainfi de fuite, jufqu’à ce que chaque'
file eut tire le nombre de coups commandé.
Obfervations fur le feu de parapet.
Il nous femble que pour bien défendre uîT
parapet il faut que chaque coup de fufil puiffe eiï
fuivre la plongée : ainfi il eft prefqu’inutile, dans-
cette circonftance, de faire tirer deux files à la
fois. Pour faire un bon feu de parapet, ne pour»
roit-onpas, après avoir-placé un rang contre le
talus intérieur , un fur le bord intérieur de la banquette,
ôc un au bas ou fur le talus de la même banquette,
après avoir recommandé aux officiers dç
fe tenir entre le premier ôc le fécond rang, ordonner
aux hommes du premier rang de tirer ÔC
d aller auflitôt, en effaçant le corps , prendre
chacun la place du troifième homme de leur file fur
le talus de la banquette ôc y charger leur arme j,
dès que le premier auroit tiré, le fécond vien-
droit fe placer contre le talus intérieur du parapet
, ôc le troifième fur la banquette, les hommes»
du. fécond rang, dirigés par un officier oui bas^-