
le min elle s & par conséquent à groflir les sardes ,*
je conçois encore moins comment il y a des lieutenants
de roi qui prefcrivent à leurs fubordonnés
d’employer l’eipiqnnage pour obliger les gardes à
bien fervîr ; je ne conçois pas enfin pourquoi ils
font monter la garde à un huitième ou un dixième
des officiers de leur garniion. Depuis que je fuis
placé ici les foldats ont prefque toujours dix nuits ,
les bas-officiers quinze, les lieutenants trente , &
les capitaines fouvent foixante ; dès l'inftant où il
m’arrive un nouvel aide ou fous-aide-major , je
lui défends de chercher à iurprendre les lentinelles
en arrivant fur elles à la dérobée , & les poftes
en le gliffant le long des murs, & c. touts ces
moyens ne font ni dans mon caraélère, ni dans
l’efprit de la nation, ni dans celui du l'ervice ;
quoique je n’emploie aucun de ces moyens vils
ou forcés, je lie crots cependant pas que les
, gardes fervent ailleurs avec plus d’exaéfitude qu’ic i,
• quil y ait une ville dans le royaume où le bon
ordre foit moins troublé , & il aVoit raifon. Les i
gardes multipliées, a jouta-t-il, empêchent les forces
•- du foldat enfant de fe développer, détruifent le
tempérament de l’homme fait , précipitent la
: vieilleffe de l’homme qui approche du déclin de
l’âge ; détériorent l'habillement, ruinent le petit
équipement, y rendent la ration de pain infoffi-
iante ; font à l’ordinaire une brèche ienfible, &
confiraient enfin une grande partie des petites
. femmes que le foldat reçoit de les parents ; gagne
à la fueur de fon front ou économife for fes
décomptes. VoyepC haussure mil ita ir e &
c o n g é s ; files ^gardes apprenoient quelque chofe
aux foldats je palferois fur leurs inconvénients.;
mais un régiment qui auroit fait avec la plus
grande régularité, pendant dix ans de fuite , le
lérviee des places, feroit prefqu’auffi neuf dans
une ville affiégée que celui qui auroit fervi avec
nonchalance , ou qui n’auroit fait le fervice que
pendant un temps très court. Ce n’eft point en
veillant qu’on apprend à veiller, c’eft en dormant ;
ce n’eft point en fe promenant devant une porte >
dans une rue ou fur un parapet , qu’on apprend à
garder un ouvrage extérieur , à défendre une tra-
v e r fe , à repouffer une efcalade, à prévenir une
furprife ; ces différents objets n’ont entre eux aucune
reffemblance. Au lieu de fatiguer pendant
toute l’année les troupes d’une garnifon ;. pourquoi
ne pas fe borner à ne faire monter que les hommes
indifpenfablement néeeffaires à la garde des poftes ,
des magafins &. à la fureté des citoyens ; fept ou
huit foldats à chaque porte, cinq à chaque ma-
gafin , vingt-cinq ou trente for la place d’armes.
V o ilà , fi j étois abfolument le maître, à quoi fe
xéduiroit pendant dix mois & demi le fervice de
ma place, pendant les fix femaines reliantes je
changerois de fyftême je commencerois d’abord
par luppofer que j’ai proche de mes remparts une
jfrmée ennemie; pour prévenir les forprifes, je '
ferais fortir chaque foir un gros bivouac ; j’aurois
fans telle des patrouilles & des rondes fur meS
remparts ; mes découvertes fe feroient avec foin ;
mes portes feroient gardées avec exaélitude ; je
ferois prendre enfin toutes les précautions que ma
fuppofition rendroit néceffaire ; un fixième de ma
garnifon feroit employé à ces différents objets, &•
cela pendant quinze jours ; les quinze jours luisants
je foppoferois’que je fois invefti, je garde-
rois alors mes ouvrages avancés ; j’aurois des gardes
dans mon chemin-couvert, dans mes foffés ; j’-ou-
vrirois mes poternes ; le quart de ma garnifon
ferviroit & avec exactitude , car je ferois toujours
fur pied ; quelquefois je ferois battre la générale
a l’improvifte & border mes remparts , &c. continuant
toujours mes fuppofitions ; j’agirois enfuite
perdant huit jouis comme fi le'fiège commençoit;
: je chercherois à empêcher l’ouverture de la tranchée;
je ferois des forties de jour & de nuit; le
tiers de ma garnifon feroit de fervice ; je fuppoferois
enfin que mes ouvrages avancés ont été en?poftés &
que le corps de la place eft entamé , alors la moitié
de ma garnifon monteroit la garde ; nous ferions
des coupures dans les baftions vuides, de groffes
forties & nous nous préparerions à repoufler l’afi-
faut ; lorfque le dernier jour de fix femaines feroit
enfin arrivé , je me mettrois à la tête de toutes
mes troupes, nous ferions une fortié générale ,
nous comblerions les tranchées, nous chafïerions
l’ennemi. , & nous rentrerions pour faire un repas
militaire , & nous livrer de nouveau à un doux
repos.» Ce fut à-peu-près ainfi que M. de S.
parla ; touts les militaires qui l’entouroient applaudirent
à fon difeours, & je me promis de.
donner au public une idée des vues fages de ç&
militaire relpeflable..
§• i i .
Des gardes de police..
Âufïi-tôt qu’un régiment eft établi dans fes ear~
fer nés, il doit^ placer une garde de police proportionnée
à la pofition & à l’étendue de fes ca-^
fernes ; cette garde eft deftinée à fournir des fen-
tinelles autour du quartier., & à veiller à ce que
les foldats ne fortent point après la retraite ; en
un mot , à faire obferver les loix de. la police
intérieure. Cette garde fournit auffi ordinairement,
une fentinelle pour les drapeaux , & une pour la
eaiffe du régiment. ( C . )»
GARNISON. Troupes qu’on met dans une:
place forte pour la garder & la défendre.
Dans les premiers temps de la monarchie fran—
çoife , on ne mettoit point de gai ni fon dans les»
v illes , excepté,en temps de guerre,.où lorfqu’on.
craignoit les entreprifes de quelque prince voifin.
Dans la paix, lés bourgeois des villes , ou ceux
qui en étoient feigneurs, prétendoient que c’étoit
violer leurs privilèges que de les charger d’une
garnifon. Louis. X î , par les fréquentes guerres
qu’il eut fur les bras, accoutuma les villes à avoir
de plus groffes garnifons fes fucceffeurs, par la
même raifon, en usèrent de même.
Les habitans d’Amiens, fous Henri IV , ayant
refufé, fous prétexte de leurs privilèges, une
garnifon, & leur ville ayant été enfuite furprife
par Portocarrero , gouverneur efpagnol de Dour-
lens, cela fit que , pour le bien de l’état, quand
la ville fut reprife, on n’eut plus tant d’égards
pour ces fortes de privilèges , & qu’on mit de
fortes garnifons dans toutes les villes où. elles
paroiffoient néeeffaires.
Ce qui rendoit les villes difficiles à recevoir
des garnifons, étoit la licence des gens de guerre ;
mais, depuis que les rois fe font mis en poffeffion
de multiplier les troupes dans les villes frontières,
ils y ont, pour la plupart, maintenu la difeipline ;
& l’on peut dire que la France s’eft diftinguée
par-là de toutes les autres nations. Rien for-tout
n’eft plus beau que les règlements & les ordonnances
qui ont été faites par Louis XIV fur ce fujet,
& qui ont eu leur exécution. Les cafernes qu’il
a fait bâtir dans les villes de guerre pour les foldats,
délivrent les bourgeois de l’incommodité de les
loger, fi ce n’eft .dans les paffages des troupes ;
ce qui fe fait par billets & avec un très grand
ordre. Voyeç Logement . Voye^ auffi dans les j
ordonnances militaires le fervice des troupes dans I
les garnifons. J
Il n’eft pas aifé de fixer le nombre des troupes
d’infanterie & de cavalerie dont il faut compofer
la garnifon dès places; il dépend de la grandeur
des places, de leur fituation, & de ce qu’elles
ont à craindre, tant de la part de l’ennemi, que
de celle des habitans. M. le maréchal de Vauban
prétend , dans fes mémoires , que, dans une place
fortifiée , foivant les règles de l’a r t a v e c de, bons
baftions, demi-lunes & chemins-couverts, il faut,
en infanterie, cinq ou fix cents hommes par
baftion.
Ainfi, fi l’on a une place de huit baftions, elle
d o it, foivant cet illuftre ingénieur , avoir 4000
ou 4800 hommes d’infanterie ; à l'égard de la
cavalerie , il la règle à la dixième partie de l’infanterie.
Cette fixation , qui a pour objet la garnifon
d’une place pour fontenir uit fiège, ne peut pas
convenir également à toutes les villes; d’ailleurs,
en temps de paix, les garnifons peuvent être moins
fortes que pendant la guerre. Si elles ne le font
pas, c’eft que la plupart des princes de l’Europe
entretenant prefque autant de troupes en paix
qu’en guerre, ils fe trouvent obligés de les dif-
tribuer dans les différentes villes de leurs états,
fans égard au nombre qui conviendroit pour la
fureté & la confervation de ces villes.
Comme l’on n’a pas dans la guerre un grand
nombre de places expofées à être afiiégées dans
le même temps, ce font celles pour lefqueiles on
craint, qu’on doit particulièrement .fortifier de
bonnes garnifons. Les places frontières ou en première
ligne , doivent avoir auffi fes garnifons plus
hombreufes que les autres , & d’autant plus fortes ,
| qu’elles fe trouvent plus à portée des entreprifes
j de l’ennemi, & plus éloignées des autres places,
j Ce n’eft pas une chofe indifférente pendant la
j guerre de fçavoir réduire les garnifons des places
au leul nombre d’hommes néceflàire pour leur
J fureté. On a déjà obfervé que les garnifons des
] places affoibliffent les armées : c’eft un inconvé-
i nient que produit le trop grand nombre de places
fortifiées qu’il faut garder ; mais auffi , dans les
I événements malheureux , ces places & leurs gar~
J iiifons vous donnent le loifir de raccommoder vos
| affaires pendant le temps que l’ennemi employé
à en faire la conquête.
« Le royaume d’Angleterre, remarque Mon-
' técuculi , étant fans fortereffes, a été trois fois
conquis en fix mois ; & Frédéric palatin qui
avoit été proclamé roi de Bohême, perdit tout ce
1 royaume par la perte de la feule bataille de Prague.
Si quelque prince barbare , dit cet auteur, fe fiant
à fes armées nombreufes, s’imagine qu’il n’en a
pas befoin', il fe trompe ; il faut qu’il ait continuellement
une armée fur pied , ce qui eft in-
fupportàble , ou qu’il foit expofé aux courfes de
fes voifins ».
Dès que les places de guerre font jugées nécef-
faires pour la fureté & la confervation des états ,
les garnifons le font également, & elles doivent
être proportionnées à la grandeur des places &
au nombre des ouvrages de leur fortification; car
ce ne font point les murailles qui défendent les
viiles , mais les hommes qui font dedans. Voye£
F orteresse. (Q . ) ,
G ar n iso n . On donne le nom de garnifon aux
troupes qui gardent une place , & à la ville dans
laquelle elles font logées.
Que les troupes logéës dans une place forte eu
dans une ville ouverte, dans une citadelle ou dans
un bourg, un château ou un village, un fort ou
un hameau, fervent à pied ou à cheval, foient
compofées de corps entiers eu de détachements,
de foldats d’élite ou de milices , d'hommes forts 8c
vigoureux , ou de guerriers- affoiblis par l’age &
les bleffures ; qu’ils doivent y refter long-temps ou-
peu de jours; qu’ils foient deftinés à défendre contre
l’ennemi l'endroit où ils fe trouvent, ou à en contenir
les habitants dans les borne« de l’obéiffance &
du devoir , on les défigne toujours par le mot collectif
gvjr/ziyà/z : ainfi, toutes les fois qu’on prononce
le mot garnifon, on a principalement i’intentiorr
de réveiller l'idée des troupes renfermées dans uu
pofte quelconque,.-
Dans un diCKonnaire complet de l’art militaire’
on devreit trouver fous le mot garnifon des differ-
tations for les objets fuivants : i° . Gomment les
villes de France , qui primitivement ne recevoient
point de garnifon dans leur fera., & qui taifoienr
' tout pour n’en point a v o iren ont-elles aujourd'hui,