
fait defirer la réunion de ces deux côrps , mais
on s’apperçur bientôt que les détails d’une troupe
à conduire, à exercer dans les manoeuvres multipliées
d’une arme dont l’effet ne peut-être prépondérant
& décifxf. que par des écoles fuivies
&. habituelles , exigeoient touts les foins des officiers
qui faifoient ce fervice ; que les ingénieurs, obligés
de le remplir , ne pouvoient que négliger le leur ,
8c perdre dans les diffractions d’une aétivité journalière
cet efprit de réflexion & de méditation qui
né peut donner des rélultats utiles 8c multipliés
que dans -le filence du cabinet.
Une ordonnance du io Mars 17599 en fixant !
de nouveau le corps du génie à trois cents officiers ,
régla plus particulièrement leur fervice dans les
places & dans les armées. Il fut compofé de 20
direéleurs, 90 ingénieurs en chef, 190 ingénieurs
ordinaires, qui furent touts répartis dans les places
du royaume, à proportion des befoins du fervice.
De plus , cette ordonnance réuniffoit à ce corps
les compagnies de mineurs 8c de fapeurs; il parut
convenable de ne point féparer des parties aufîi
effentiellement liées par leur nature. Si l’art des
mines n’a pour objet , que la deftruêlion des ouvrages
de fortification , ou les emplois particuliers
qu’on en fait dans les fiéges , foit pour l’attaque
ou pour la défenfe , enfin , fi cette partie de la
guerre n’eft qu’un moyen fecondaire 8c une confé-
quence néceüaire des premières connoiffances de
l ’ingénieur , elle fembloit devoir lui appartenir ;
de même à l’égard des fapeurs , puifque lorfqu’ils
font à la guerre dans une aCtivité réelle , ils font
néceffairement aux ordres du corps du génie , dont
ils ne fpnt proprement que les bras. Cependant
ces compagnies en furent bientôt féparées pour
rentrer dans le corps de l’artillerie auquel elles
étoient ci-devant attachées.
Une autre ordonnance du 4 Décimbre 176 2 ,
porta le nombre des ingénieurs à celui de 400 ;
fçavoir, 20 direéieurs, 90 ingénieurs en chef, 8c
290 ingénieurs ordinaires. . a
Une dernière ordonnancé du 31 Décembre 1776^
a donné une nouvelle forme au corps, des ingénieurs
; fa dénomination particulière efl celle de
corps royal du génie , 8c, -touts les officiers font
défignés par leurs grades refpeélifs audit corps
royal.
Il efl compofé de 329 officiers, dont treize
font direéieurs des fortifications , avec rang de
brigadiers, 8c les autres, en paix comme en guerre,
font répartis en 21 brigades.
Chaque brigade efl compofée d’un chef de brigade
, ayant commiffion de colonel ; d’un fous-
brigadier, ayant commiffion de lieutenant colonel;
d’un major, de 4 capitaines en premier , de 5.
capitaines en fécond, 8c de 3 lieutenants en premier
; le nombre des élèves de l’école de Mézières-
«fl proportionné au befoin du fervice ; ils refient
deux ans à cette école ,..8c avant de^ faire partie
des brigades, pour perfectionner leur inflrùûion,,
iis paffent deux années dans le corps de l'artillerie^
attachés aux compagnies de mineurs 8c de fapeurs ;
de-là deux années à la fuite des brigades du corps
du génie 3 8c deux autres enfin , en des régiments
a’infanterie, pour fe mettre au fait dés manoeuvres
des troupes. A cette époque, ils fubifTent un nouvel
examen q u i, juflifiant leurs connoiffances générales
fur toutes les parties de la guerre, prouve
qu’ils font en état de faire les fonélions d’ingénieurs
avec une lupériorité qui les rende propres à toutes
les circonflances ; alors ils font admis dans les brigades
avec rang de lieutenant en premier. ( M. F la-
c h O n d e l a J o m a r i e r e , capitaine au corps*
royal du génie. ).
GENTILHOMME A DRAPEAU. C ’étoit autrefois
dans le régiment des gardes un jeune homme
de condition qui portoit l’habit d’officier dans chaque
compagnie. Il n’avoit point de paye ; c’étoit une
efpèce d’officier furnuméraire, defliné à remplir
les places d’enfeigne dans le régiment, lorfqu’elles
devenoient vacantes. Il n’y a plus aujourd’hui de
gentilshommes à drapeau dans ce régiment. (Q.)
GÈSE. Efpèce de javelot dont les Celtes faifoient
ufage. On retrouve ce mot en Iflandois
dans celui de kefia. Athénée rapporte que les
Romains empruntèrent cette arme des EfpagnolsJ
Cependant Virgile a dit Goefa alpina. Le'même
mot fignifioit brave en langue Gauloife. ( Servi
Æneid. 8. ). De r là vint peut-être le nom de
Géfates donné aux braves qui s’engageoient en des
fervices étrangers. ( Orof. L. IV. C. 13 .} ainfi qu’eiv
étoient dérivés les noms d’Ariogèfe , brave combattant
,* de Laniogèfe , brave au combat de Vépée y de
Radagaife, brave terrible , 8cc. Héfychius dit q u e
le gèfe'ètoit tout de fer, xsp.f6oKtQV 'oAomJ'Hfoy. (K.).
GÉSATES. B raves Gaulois qui s’engageoient en-
des fervices étrangers. On les nommoit ainfi, foit
de leur courage, foit du gèfe dont ils étoient armés.
Cette étymologie efl plus vraifemblable que celle
de Polybe, ( L. II. C. 22. ) , qui paroît la dériver
de la folde qu’ils recevoient. (K .) .
G IB ERN E* Boîte de bois 8c de cuir contenant
des. cartouches.
La giberne efl une. partie du grand équipement
du foldat ; elle efl deftinée à conferver les munitions
dé guerre. La giberne ne fut d’abord qu’u»
petit fac femblable à celui que les ch.affeurs appellent
gibecière; avec le temps elle prit une forme
différente 8c affez - rapprochée de celle que nous
décrirons dans un moment ;*mais on fa portoit alors
attachée à un ceinturon placé fur la vefle , au-
deffiis des hanches ; 8c comme la giberne pouvoit
rouler fur le ceinturbn , le foldat avoit la liberté
: de la placer en avant 8c en arrière ; aujourd’hui
la giberne efl composée d’un petit coffret de bois ,
long de 8 pouces 20 lignes, large de 2 pouces
9 lignes , 8c profond de 4 pouces 6 lignes ; ce
coffret efl divifé, dans fa longueur , en trois parties
a peu-près égales ; .celle du milieu efl percée
de fix trous \ chacun de ces trous efl affez large
8c affez profond pour recevoir une cartouche ; les
parties latérales font évidées d’environ trois pouces,
8c deflinées à contenir des cartouches en paquet.
Ce petit coffret efl enfermé dans une boîte de cuir
de vache affez fort ; la boîte a la même forme
que le coffret ; les deux grands côtés de la boîte
dépaffent le coffret d’environ un pouce, 8c les
deux petits côtés de quatre pouces ; l’extrémité
de ces deux petits côtés étant amincie , rentre
fous la patelette dont nous parlerons bientôt, 8c
fert à recouvrir une partie du petit coffret ; la
boîte 8c le coffret font furmontés par une patelette
auffi de cuir de vache ; cette patelette efl ;
coufue à un des grands côtés du coffret ; elle a I
dix pouces dix lignes 8c demie de longueur, 8c \
dix pouces huit lignes de largeur ; ainfi elle re- ‘
couvre la boîte 8c le coffret. A la partie exté- i
rieure de la boîte de cuir efl coufue une petite j
poche de bafane dans laquelle le foldat doit placer
fon tourne-vis, fon tire-bourre, 8c des pierres à
feu, de rechange ; cette petite poche fe trouve
auffi recouverte par la patelette. Au coin de droite
de la boîte efl attachée une petite chaîne de fil-
de-fer, terminée par une épinglette de même métal.
La giberne efl portée par une bandèrolle de
buffle large de deux pouces dix lignes, 8c longue
de quatre pieds huit pouces environ ; les deux
bouts de cette banderolle font attachés à la boîte de
cuir avec deux petites boucles ; la banderolle efl
fixée contre la giberne par deux petits paffants
placés à la partie fupérieure de la même boîte.
Le foldat porte là giberne derrière le dos, 8c affez
généralement à la hauteur du bouton qui fe trouve
au bas de la taille ; la banderolle qui foutient la
giberne paffe fur l’épaule gauche. Quand le foldat
veut fe coucher, ou prendre quelque chofe dans
fa giberne , il la rapproche de fon côté droit ,
en faifant gliffer la banderolle fur fon épaule gauche.
Le fourreau de la baïonnette , porté par un petit
morceau de buffle, doit être fixé contre la banderolle,
à quatre pouces de la giberne environ.
La patelette de la giberne efl recouverte d’une cire
fort noire 8c luifante ; une des grandes occupations
du foldat François efl de donner à ce morceau
de cuir un poli miroité. A quelque heure de la
journée que vous entriez dans une chambrée ,
vous verrez quelques foldats occupés à cirer ou
à polir leur giberne. Comme ils étendent la cire
avec des cailloux rougis au feu, ils hrulent le cuir ,
8c. dans chaque compagnie ils confomment pour
huit ou neuf francs de cire par mois. Ne feroit-
il pas poffible d’employer moins de temps 8c. d’argent
à un objet auffi peu important ?
La banderolle de la giberne efl recouverte de
terre dé pipe. Cette terre brûlant le buffle, rend
le renouvellement des banderolles plus fouvent
néceffaire.
Le milieu de la giberne étoit autrefois orné d’un
ecuffon en cuivre jaune., timbré, des armes du roi
ou de celles du régiment. Une ordonnance-a réforme
cet ornement inutile ;mais touts les régiments
nont pas cru devoir l’abandonner ; tant l’eiprit des
militaires François eft tourné vers les objets de
parade.
La giberne doit durer vingt ans ; mais il eft rare
qu’on ne foit pas obligé de la renouvcller plus
fouvent. Il eft de la prudence des corps de les
faire reparer chaque année , & de faire payer
aux foldats les dégradations forcées qu’elles ont
éprouvées. L’officier chargé de juger de cet ob je t,
doit n’être ni trop févère ni trop retâché. Voyez H a b
i l l e m e n t . Le bonnet de police eft attaché fous
la giberne par trois petites courroies de buffle.
La giberne, telle que nous venons de la décrire
reunit*elle touts les avantages qu’on pourroit de-
firer ? Eft-elle affez grande pour contenir le nombre
de cartouches néceffaires ? Met-elle les munitions
de guerre à l’abri de l’humidité & de la pluie ?
Le foldat peut-il prendre avec facilité les cartouches
placées dans la giberne ?.Ne peut-il pas les perdre
facilement ? La banderolle n’ufe-t—elle pas confi—
dérablement les parties de l’habit fur lefquelles
elle porte ? Ne peut-elle pas être nuiffble à la fanté.
du foldat, dont elle comprime trop fortement 1a
poitrine î Ne peut-il pas .arriver que le feu du
fécond & du troifième rang embrâfent les cartouches
placées dans les gibernes mal fermées du
premier & du fécond ? Si 1 on difcutoit avec atten_
tion les différentes queftions que nous venons de
propofer, ne trouveroit-on pas que notre giberne ,
& lamanière dont nous la portons , font peu avan-
tageufes ? Si l’on vouloit remédier aux inconvé*
nients qu’elle offre , comment devroit - on s’y-'
prendre i
Nous aurions eu beaucoup de fatisfaélion fi nous
avions réfolu ce dernier problème ; mais nous
fommes forcés de convenir que nous en avons
en vain cherché la folution. Parmi les objets d’un
intérêt fecondaire, celui-ci nous a paruun dés plus
intéreffants ; auffi le préfentons - nous aux militaires
comme un de ceux dont il leur importe
de s’occuper avec le plus d’attention. ( C . ).
GLACIS. Terrein qui, du fommei du parapet
du chemin-couvert, va par une pente de vingt
à vingt-cinq toifes, fe perdre dans la campagne.
Voye^.fig. 157 & l’article C h e m i n - c o u v e r t .
Le glacis fert à empêcher que l’ennemi ne trouve
de couvert près de la place. Son alignement prolongé
vers les ouvrages doit en rencontrer le revêtement
au cordon ou un peu au-deffus. Alors
1 ennemi ne peut ni battre le revêtement, ni faire
brèche à l’ouvrage quelorfqu’il s’eff rendu maître
du chemin - couvert. Les places dont les glacis
couvrent ainfi touts les ouvrages, de forte qu’on ne
peut les découvrir de la campagne , font nommés
places rafantes. Quelquefois on pratique fous le
glacis des galeries tfoh partent çà ,& là des rameaux
qui s’étendent vers la campagne.
GOBISSON ou GOMBISON. V o y e z G am-
BESON. ■