
ans , l’appelloit en riant M. Xécuyer, faifant allu-
fion a l’ancienne coutume, félon laquelle les jeunes
gens , qui n’étoient pas encore chevaliers, por-
toient le titre d'écuyer & de varlèt. ( Daniel mil.
fr. tome Lpage 117. ).
E M B L É Ë. Attaque fubite.
EMBOITEMENT. .Demi-infertion d’un rang
dans le rang précédent, pour difpofer les trois
rangs d’une troupe à faire feu. Jfoye^ M a n ie m e n t
DES ARMES. .
EM B U SC A D E . T roupe cachée à deffein de
furprendre l’ennemi.
Des embufeades en général.
Les principales précautions font d’en bien re-
connoître le lieu, d’y arriver par l’endroit qui peut
être le moins découvert, d’avoir plufieurs l'orties,
loit pour attaquer, foit pour fe retirer.
Si l’on eft découvert, il faut changer le lieu des
embufeades , avoir beaucoup de fentinelles , qu’il
faut vifiter fouvent & faire vifiter, partager les
troupes fur chaque avenue ou fortie, laiffer engager
l’ennemi dans Y embufeade avant que de l’attaquer,
le charger vigoureufement ; l’exécution
faite , fe retirer promptement, en s’éloignant le
plus qu’il eft poflible du chemin par où l’ennemi
peut venir au fecours ; mettre les prifonniers & le
butin à la tê te , les faire diligemment marcher,
& avoir le gros des troupes a la queue , afin de
foutenir le premier effort de l’ennemi , qui,
prefque toujours, arrive en défordre, &. ne fonge
d’abord qu’à arrêter la retraite, pour donner le
temps d’arriver aux troupes qui marchent enfemble.
Je n’ai point vu à?embufeade qui eût d’autre vu e ,
que celle de procurer de petits avantages, qui ne
méritent mes réflexions, que pour dire qu'il eft
capital à un officier qui fait cettè efpèce de guerre,
de ne négliger aucune-des attentions que j’ai dites,
pour n’être point découvert dans le lieu de ion
embufeade, &. pour fa sûreté dans fa retraite , lorsqu'il
quite fon embufeade, foit qu’il ait exécuté fon
deffein, loit qu’il l’ait manqué. ( F eu q uiÈRE. ).
Toute aélion qui eft la fuite d’une embufeade
peut fe nommer furprife. Mais on ne réuffit pas
toujours auffi bien par une autre forte de furprife,
que par une embufeade : car il n’eft guère pof-
fible de Surprendre les ennemis, fur-tout quand
ils marchent de jour dans leur propre pays , fi
à la faveur de l’obfcurité de la nuit vous ne vous
mettez en embufeade fur leur paffage.
Les embufeades fervent pour enlever les bestiaux
, qui én certaines faifons de l’année paffent
d’une province à l’autre. En ce. cas , il en faut
former plufieurs en un même temps & fur divers
chemins ; parce qu’après les enlèvements qui auront
été faits le premier jour, les ennemis pren-1
droient des mefures pour empêcher que les troupeaux
qui paffçroient. dans là fui té , ne fuffent
rnfultés,
Lorfqu’il n’eft pas aifé de faire plufieurs cm»
bufeades à la fois , dont chacune foit auffi forte
que la troupe des ennemis qui peut furvenir, il
fuffit de les compofer de petits partis de cavalerie
, & de donner ordre à touts les commandants
de faire retraite jùfqu’à un certain endroit
défigné, où le gros de vos troupes eft demeuré
caché : ce qui vaut une fécondé embufeade, comme
vous le verrez dans la fuite.
Le détachement qu’on fait de plufieurs partis,
qui après s’être avancés la' nuit dans l’intérieur du
pays ennemi, enlèvent en revenant touts les bef-
tiaux qui paiffent chaque jour dans ces contrées,
regarde moins le fujet des embufeades, que celui
des courfes dont je parle-en traitant de la guerre
offenfive,
Les diverfes embufeades que j’ai propofé de faire
en un même temps, fervent pour enlever les mar-
chandifes & les paffants , la veille ou le lendemain
d’une foire, & de certaines fêtes, où il fur-
vient un grand concours de peuple des lieux
voifins.
Qu’il y ait dans chaque embufeade cinq ou fix
foldats vêtus en payfants ou en bourgeois du
pays, afin qu’on ne voye pas de loin l’habit d’ordonnance
lorl'que les foldatsiortent de Yembufcade
psur enlever les paffants ; car jufqu’à ce que quelques
uns des paffants s’échappent, les troupes de
l’embufeade peuvent continuer d’agir , comme je
le ferai voir un peu plus bas.
Formez une embufeade, lorfque par de bons
efpions vous aurez avis du jour que doit être en
marche, & du chemin que doit tenir un convoi
de chevaux de remonte, de foldats de recrue,
de vivres, de munitions , d’armes, &c. efeorté
de moins de troupes que celles que vous pouvez
mettre en embufeade.
Les avis que-vous recevrez par avance de vos
efpions ou des personnes avec qui vous êtes en
intelligence, vous donnent la facilité de pouvoir
enlever dans une embufeade un général ou un
prince ennemi, qui fe détache de,Ion armée pour
reconnoître qu-elque terrein ou quelque place;
pour aller fe faire traiter d’une incommodité ou
de Tes bleffures ; pour venir recevoir un perfon-
nage de grande diftinction ; pour chaffer , &c. -
Si vous avez dans l’armée ennemie quelque
efpion qui ait affez d’intrigue pour, être inftruit
& vous donner avis quel jour, par quel chemin ,
& avec quelle efçorte les ennemis doivent envoyer
au fourrage, vous pouvez.former Yembufcade
près de ce chemin. Si la diftance & le chemin
le permettent, il vaut beaucoup mieux vous mettre
en embufeade près de l’endroit où le fourrage fe
doit faire, pour fortir & attaquer les fourrageurs,
. Jorfqu’ils feront déjà difperfés ; tandis que vous
ferez avancer le gros détachement contre l’efcorte,
que vous trouverez fans doute, en ordre de bataille.
Mettez-vous toujours en embufeade dans les
endroits plus éloignés que çeiÿc qui feront battus
paç
£ar les ennemis, qui ont coutume de former la 1
chaîne dans l’enceinte de laquelle fe fait le fourrage.
Quelquefois on met en embufeade dans différents
endroits de petits partis de cavalerie ; &
lorfque les fourrageurs font difperfés, chacun de
ces partis fonne l’alarme l’un après l’autre, afin
que les ennemis, qui ne fçavent de quel côté eft
la véritable attaque, raffemblent leurs gens ; &
comme ils perdent ainfi le temps, la nuit arrive
avant que le fourrage foit fait : ce qui les obligera
d’envoyer une fécondé fois au fourrage ; car plus
©n fatiguera leur cavalerie, plus elle s’affoiblira
& fe détruira.
Lorfque l’armée va prendre fes quartiers, ou
lorfque les troupes en fortent pour aller au printemps
former l’armée, on peut dreffer des embufeades
contre ces troupes.
Ordinairement les embufeades pour prendre langue
font compofées d’un petit nombre de la plus
légère cavalerie, de payfans armés, ou de fan-
taftins fort agiles fur les montagnes ou dans un
pays coupé par des hayes, des ravins, ou des
bois épais. On ne doit pas permettre aux prifonniers
defquels on veut prendre langue , de
s’entretenir enfemble , de peur qu’ils ne vous trompent
par quelque faux avis qu’ils concerteront
entre eux.
On détache auffi quelquefois, à l’avanture, de
petits partis pour faire des prifonniers, ou pour
enlever de petits convois des ennemis, entre l’ar-
mee & les villes de leur plus gros commerce.
Il faut pour l’une & l’autre de ces expéditions,
qu’il y ait avec ces partis de très bons guides
qui fçaehent touts les petits ponts, touts les ruif-
feaux, les paffages des marais, & les fentiers des
bois, afin de pouvoir fe retirer par des chemins
inconnus aux ennemis.
Quelques auteurs établiffent pour règle générale,
que les embufeades doivent être compofées
d’un nombre de troupes plus grand qûe n’eft celui
des ennemis qu’on attend dans la même embufeade.
Cette règle peut être fauffe de deux manières
: i° . lorfque les ennemis marchent par des
défilés, à la fortie defquels il eft certain-qu’un
plus petit nombre de foldats les battra aifément;
a°. lorfque les ennemis ont à une certaine diftance
un corps fupérieur de troupes pour vous
couper la retraite.
Si vous ne fondez pas la fureté de votre retraite
fur la force He vos combattants, mais uniquement
fur leur adreffe & fur leur vîteffe, com-
pofez Yembufcade de votre cavalerie la plus légère,
& du nombre feulement que Vous croirez né-
ceffaire pour défaire la troupe ennemie contre
laquelle Yembufcade eft formée ; mais fi vous êtes
fupérieur aux ennemis en nombre de cavalerie,
& s’il ne fe rencontre point de défilés fur votre
retraite, alors, quoique le gros de leur armée foit
plus confidérable que le vôtre, vous devez former
Art militaire. Tome. /A
Yembufcade de toute votre cavalerie, pour battre
celle des ennemis qui peut venir au fecours :
car leur infanterie ne pourra faire obftacle à la
retraite de votre cavalerie, ou de vos dragons.
( Cette maxime ie trouve dans les règles militaires
du chevalier Melzo.).
Quand la retraite peut être courte, & par un
chemin rude, Yembufcade fe compole de plus d’infanterie
que de cavalerie : mais fi la retraite doit
être longue & par un chemin plein & découv
e r t, je ne voudrois d’autre infanterie que celle
que la moitié de ma cavalerie peut porter en
croupe ; tandis que l’autre moitié, débarraffée de
ce poids, couvriroit mon arrière-garde.
Si votre deffein eft d’incommoder les ennemis
par de petites embufeades, mais fréquentes, Melzo,
que je viens de citer, confeille d’en former de
temps en temps une groffe, afin que le général
ennemi craigne de faire des détachements contre
vos partis.
La marche pour les embufeades fe fait fecréte-
ment & ordinairement de nuit, de la même manière
que pour les furprifes : ainfi je renvoyé fur
ce point à mon traité des marches.
En traitant des furprifes, j’ai parlé des ordres
qu’il faut donner, & des précautions qu’on doit
prendre, avant qu’on découvre le deffein que vous
avez de faire marcher quelques troupes, jufqu’à
ce qu’elles foient arrivées à l’endroit que vous
avez prémédité. Vous tirerez de-là tout ce qui,
félon les circonftances où vous vous trouvez, vous
paroîtra utile pouf bien diriger une marche pour
une embufeade que vous allez former. J’ajoute
qu’il faut faire défenfe de mener des chiens qui
aboient la nuit au moindre bruit qu’ils entendent
: ce qui peut faire découvrir votre marche
ou votre embufeade par les partis ennemis, qui ,
à l’aboiement des chiens, s’approcheront pour
reconnoître le pofte où ils l’entendent.
Ce fut par cet inconvénient que Yembufcade que
M. de Gevaudan avoit dreffée en 1703, contre
les fanatiques, dans le territoire d’U zès , fut découverte
, & n’eut aucun fuccès.
Vous ne permettrez pas que, dans la marche
pour une embufeade , il y ait des chevaux qui
henniffent, ni des juments, des mules, des chevaux
hongres, parce qu’ils feront hennir prefque
touts les chevaux entiers.
On lit dans les commentaires de Céèfar, que
le henniffement d’un cheval fit manquer une embufeade.
Ne vous embarraffez que le moins que vous
pourrez de volontaires & de valets : car ils era-
barraffent plus qu’ils ne fervent; parce qu’ils ne
trouvent point de pofte qui leur convienne ; ils
ne peuvent s’empêcher d’aller toute la nuit &
tout le jour d’un côté & d’autre ne comprennent
pas de quelle importance il eft de demeurer
cachés, & d’obéir aux ordres : fur-tout
les volontaires, qui ordinairement font de jeunes
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