
& les Danois n’en font point exclus.'
La compagnie générale a pour capitaine un
prince ou ièigneurFrançois ; mais touts les autres
officiers font Suiffes. Elle n’eft réputée d’aucun
canton en particulier ; & cependant elle eft reconnue
en Suiffe indifféremment de touts les cantons.
Les capitaines du régiment des Gardes-Suiffes
ont fouvent d’autres compagnies , à la tête desquelles
ils ne fervent point. Le capitaine titulaire
met à fa place un capitaine-commandant, auquel
il donne deux cents francs par mois.
Par l’ordonnance du I er juin 1763 , le régiment
des Gardes-Suiffes a été compofé d’une compagnie
générale, qui a le droit de marcher à la tête dudit
régiment, & de touts ceux de la même nation,
de onze compagnies dè fufiliers , & de quatre
compagnies de grenadiers , formant quatre bataillons
, de quatre compagnies chacune.
Chaque compagnie de grenadiers eft compofée
d’un capitaine , d’un premier 6l fécond lieutenant,
de deux fergents , d’un fourrier , de quatre caporaux,
quatre appointés, quarante grenadiers &.
un tambour.
La compagnie générale & les- autres compagnies
de fufiliers font compofées d’un capitaine ,
deux lieutenants, deux fous - lieutenants , fix fergents
, deux fourriers, donze caporaux , douze appointés
, cent trente deux fufiliers & fix tambours.
La compagnie générale a de plus une enfeigne
avec rang de fous-Ueutenant, du jour de fon brevet
d’enfeigne.
L’état-major eft compofé d’un colonel, un lieutenant
colonel, un major, quatre aides-majors,
quatre fous-aides-majors, deux portes-drapeaux
par bataillon , un tréforier, un maréchal-des-logis ,
un aide-maréchal-des-logis, un grand-juge, trois
aumôniers, un médecin, un chirurgien; & deux
garçons pour les compagnies qui font à Paris,
trois autres chirurgiens & fix garçons pour les compagnies
qui font dans les cafernes, un premier
ferger.t, un tambour-major, un auditeur général
des bandes Suiffes, un fecrétaire - interprète , un
commiffaire des vivres, & deux prévôts par
bataillon. .
La compagnie générale a un état-major particulier
, compofé d’un grand-juge , un aumônier ,
un fecrétaire-interprète, un médecin, un chirurgien
- major , un fergent général, un tambour-
major, un maréchal-des-logis, un fourrier, feize
muficiens , & un prévôt.
G a r d a s É c o s s o 1 s e s.
Il eft naturel de traiter du régiment des Gardes-
EcoJJoifes, après avoir fait l’hiftoire du régiment
des Gardes-Françoifes, & du régiment des Gardes-
Suiffes. J’avoue qu’en lifant les hiftoires, je n’a-
vois fait aucune attention à ce troifième régiment
des Gardes, quoiqu’il ait été fur ce pied en France
pendant plufieurs années , & même fous le règne
deLouis-le-Grand. Tout ce qui s’étoit préfeate à
moi fous ce titre de Gardes - Ecojfoifes, je Pavois
attribué à la compagnie Ecoffoife des Gardes - du-
corps ; mais j’ai été détrompé par l’extrait d’un rôle
de Denis Gedoin, tréforier de l’épargne, de l’an
1643 > m>a été communiqué par M. l'Abbé de
Dangeau. On y voit ces articles.
Régiment des Gardes-Ecoffoifes de -treize compagnies
, faifant enfemble 1500 hommes.
Régiment des Gardes-Ecoffoifes de 1700 hommes
en dix-fept compagnies arrivées d’Ecoffe.
Cela m’obligea à faire quelques recherches ; ôt
je trouvai encore dans l’état des troupes qui aflié-
gèrent & prirent Thionville cette année-là même
1643 » f°us ie$ ordres de M. le Prince , ce même
régiment, avec le titre de-régiment des Gardes, &
dans un autre rôle de 1648 , il eft dit, régiment de
mes Gardes-Ecoffoifes, de vingt compagnies de 4 9
hommes chacune. 11 étoit à la bataille de Lens en
1048, & il combatit à la première ligne , à côté
du régiment des G^r^j-Françoifes, comme on le
voit dans la relation & dans le plan de cette
fameufe bataille. J’ai lu encore quelque part imprimé
, que le régiment des Gardes-EcoJJoifes fut
demandé par Louis X I I I , & qu’il y a une lettre
du comte lrouïn , confeiller d’état d’Ecoffe, écrite
à ce prince , où il le remercie de l’honneur qu’il
fait à la nation de lui demander ce régiment. Cette
lettre, dit-on , eft datée de 1643. Cel® veut
dire que Louis XIII avoit demandé ce régiment
dès l’an 1642, & qu’il ne paffa en France qu’en
1643 9 F°rt Peu de temps avant la mort de ce.
prince. Enfin je trouve dans l’hiftoire des grands
officiers de la couronne , que M. de la Ferté-
Imbaut, qui fut maréchal de France, avoit; en
1643 9 porté le titre de colonel général des Ecofc
fois ;c e qui femble marquer qu’on penfoit à faire
venir en France encore d’autres régiments EcoG-
fois.
Ainfi, on ne peut douter que ce régiment n’ait
eu ce titre fous le règne de Louis-le-Grand; & je
crois même qu’il ne l’a eu que fous ce règne , qui?
commença en 1643. Car ce *ut cette année, comme
le marque l’état des troupes que j’ai cité , que ce
régiment paffa d’Ecoffe en France.
Le titre de régiment des Gardes qu’on donna à
ce régiment, fut, je crois, purement un titre
d’honneur, car je ne trouve nulle part qu’il en
ait exercé les fondions ordinaires , ni qu’il fe
fût jamais fait aucun réglement à cet égard. Il
eut cependant une diftinction , puifque , comme
je l’ai dît, il combattit à la bataille de Lens , à
côté du régiment des gardes - Françoifes. Voici
ce que j’ai pufçavoir de ce régiment de quelques
anciens officiers Ecoffois.
Le colonel qui le commandoît s'appelloit Rut-
terfoord, homme de mérite, & quiïervit fort bien
dans les troupes de France jufqu’à la paix des
Pyrennées. Quand le roi Charles fut rétabli, en
1660, fur le trône d’Angleterre, il nomma Rut-
terfoord, gouverneur de Dunkerque, le colonel
accepta cet emploi ; mais fans ufer de certains 1
ménagements que la bienféance l’obligeoit de I
garder à l’égard du roi de France dont il avoit
été aimé & confidéré. Je trouve néanmoins dans
la négociation du comte d’Eftrade pour la vente
de Dunkerque au roi de France en 1662 , que
ce prince avoit encore de la confidération &
de la confiance pour Rutterfoord , & que ce gou verneur
y répondoit dans l’exécution du traité,
d’une manière qui convenoit à un homme d’honneur.
Le ro i, après que Rutterfoord fe fut retiré,
caffa le régiment, & incorpora les fubalternes &
les foldats qui voulurent liervir en France dans
le régiment de Douglas. Quand Dunkerque eut
été cédé à la France, Rutterfoord fut envoyé
gouverneur à Tanger, fur les côtes d’Afrique,,
jpù il fut tué par les Maures.
Compagnie des Cent-Suiffes.
On a cru que cette compagnie étoit une garde
domeftique & non militaire ; mais plufieurs faits
prouvent le -contraire.
Le premier) fait eft contenu dans les provifions
du premier capitaine de la compagnie des Cent-
Suiffes, qui fut Louis de Menton , écuyer, fieur
de Lornay, en date du 27 de février 1496 , à
L y o n , où Charles VIII parle en ces termes :
Charles , &c. falut. Comme, pour conduire, gouverner
& faire fervir les cent hommes de guerre
Suiffes , lefquels puis n’aguères avons ordonné
avoir & entretenir à l’entour de nous pour la garde
de notre perfonne.... foit befoin ordonner & établir
quelque bon & notable perfonnage & expérimenté ;
lçavoirfaifons que Louis de Menton, écuyer, fieur
de Lornay, pour capitaine furintendant, &c.
On voit clairement par l’énoncé de ces provifions
que ces Cent-Suiffes furent inftitués comme gens de
guerre, & comme une garde militaire. De plus,
les provifions du fieur de Lornay font adreffées
aux maréchaux de France pour recevoir fon ferment.
Celles de Henri-Robert de la Marck , capitaine
des Cent-Suiffes par commiffion, à la place
du duc de Bouillon , fon p ère, prifonnier de
guerre chez les ennemis, furent adreffées au connétable
pour recevoir fon ferment ; mais , depuis
la fuppreffion de la dignité de connétable, touts les
grands officiers prêtent le ferment entre les mains du
roi même ; ce ferment fait entre les mains du connétable
& des maréchaux de France , eft une nouvelle
preuve que cette charge eft militaire ; à quoi il faut
encore ajouter que le capitaine des Cent-Suiffes prête
ferment entre les mains du ro i, l’épée au côté, de
même que les capitaines des gardes-du-corps.
Le fécond fait que nous ayons vu de notre
temps, eft que, lorfque Louis-le-Grand alloit à
la tranchée, comme il a fait en divers fièges,
il faifoit l’honneur à cette compagnie de lui Faire
garnir la tête de la tranchée ; & c’eft pour cela
?lu® * ^01S (îu ^ marchoît en campagne ,
il faifoit prendre des fufils à la compagnie, qui
ne font point fes armes ordinaires dans le fervice
de la cour, mais feulement à la guerre ; & , depuis
l ’inftitution des habits uniformes dans les troupes,
il leur en donnoit auffi un particulier dans ces
occafions.
Ce n’el^ pas-là l’unique fontricn que les Cene-
Suiffes ont eue dans les armées. En vue ou pays
ennemi, dit 1 auteur du difcours fommaire fur la
création de cette compagnie , les Cent-Suiffes fe
mettent & marchent devant le régiment des Gardes
& compagnie générale dudit régiment de leur
nation , ainfi qu’ils firent en ordre de bataille ,
a la tête defdites troupes, toute une journée,
depuis la hauteur de Guife jufqu’à l’abbaye de
Haumont, au commencement de la réception de
M. de yardes à la charge de capitaine-colonel des
Cent-Suiffes de la campagne de l’année 1655.
M. D a ty , lieutenant François , & moi Beffon
1 aine étions à pied à la tête , & les fleurs Meftre
& Beauregard , exempts , fur les ailes, & les
deux fourriers à la ferre-file.
Et^ durant la même campagne de 16 55, la
cour étant a la F ère, on eut avis qu’un camp-
volant de cavalerie de M. le prince, étoit à
Ribemont ; que de fes partis & coureurs avoient
paru à-la portée du canon dudit lieu de la Fère-
ce qui fit réfoudre la cour d’aller à Soiffons. Le
roi fit l’-honneur audit enfeigne Beflon de lui commander
de laiffer trente de fes gardes-Suiffes avec
un exempt dans la Fère , la garnifon étant foible.
Quand un officier ou un Suiffe de cette compagnie
meurt, il eft enterré en cérémonie de guerre-
c’eft-à-dire, que les Suiffes portent alors leur hallebarde
la pointe en bas, les tambours font couverts
de crêpe ou d’étoffe noire, les fifres jouent
d’un ton lugubre; & , fi c’eft un officier, l’épée
& le bâton de commandement font pofés fur le
cercueil ; enfin ils ont un drapeau & des officiers-
enfeignes. Tout cela montre que la compagnie
des Cent-Suiffes s’eft toujours maintenue dans les
fonftions militaires qu’elle eut dans fa création en
qualité de gens de guerre.
De ce qu’ils portent la livrée du roi , cela
prouve qu ils font domeftiques & commenlaux,
mais ce n’eft point une preuve qu’ils ne foient
point une garde militaire ; car, comme le remarque
du Haillan dans fon livre de l’état des affaires de
France, les gardes-du-corps François portoient,
de fon temps, c’eft-à-dire , du temps de Henri I I I ,
le juftaucorps bleu Pomme aujourd’hui , qui
eft la livrée , o u , comme il parle, la couleur
du roi. Les trabans de l’empereur & ceux de
Hollande & d’Angleterre portent auffi la livrée
de leurs maîtres, & ce n’en font pas moins des
corps militaires.
De la charge de capitaine des Cent-Suiffes.
Cette charge a été de tout temps & eft encore