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Je laiffe apprécier aux calculateurs l'économie qui
en réfulteroit ».
Quelque porté que je fois à adhérer aux opinions
de M. le B. D . B ., je ne puis cependant
penfer avec lui qu’il foit poffible au foldat d’avoir
avec deux fols d’augmentation une nourriture auffi
ample que celle qui lui eft diftribuée en nature
par l’étapier. En France, le prix commun de la
livre de pain eft de trois fols ; une livre & demie
couteroit donc quatre fols fix deniers; le prix ordinaire
de la viande eft de fix fols ; celui de la
bouteille de vin eft de trois fols ; voilà donc au
moins treize fols fix deniers'de dépenfe indifpen-
fable.
M. le B. D. B. propofe encore de' ne point
faire, pendant les marches, de retenue pour le
linge & chauflure : auroit-il oublié que nos décomptes
ne peuvent fuffire à l’entretien de nos
foldats, & que la. plus petite fouftraâion eft fen-
fible quand la maiTe eft déjà très petite?
J’ai confulté des officiers inftruits, des bas-officiers
éclairés par l’expérience, des foldats qui
avoient vu & réfléchi, ils fe font réunis à dire
qu’il faudroit au foldat quatorze fols quatre deniers
de paye pendant la marche; c’eft-à-d ire , une
augmentation de huit fols ; qu’on percevroit fur
cette paye les huit deniers de linge & chauflure ;
qu’avec les treize fols & huit deniers qui leur refte-
roient, ils auroient deux livres de pain, trois quarts
de bonne' viande & une bouteille de vin.
La paye de route des appointés, des caporaux &
des brigadiers n’auroit pas befoin d’être portée
plus haut que celle du foldat, la confervation de
leur haute paye feroit fuffifante.
Les fergents & les maréchaux-des-logis pour-
roient avoir douze fols d’augmentation.
Les fous-lieutenants devroient avoir un écu
d’augmentation au moins; cette paye couvriroit
les dépenfes extraordinaires qu’ils font obligés de
faire pendant leurs marches, & fuffiroit au payement
des chevaux dont ils feroient obligés de fe
pourvoir ; les autres grades auroient une augmentation
proportionnée à celle-ci.
En comparant ces différentes augmentations
avec ce que le roi paye pour les rations de vivres
& de fourrages, & pour les chevaux d’ordonnance,
on verra aifément que l’état gagneroit à
ces changements ; en comparant ces mêmes augmentations
avec les denrées que les étapiers four-
nifient aux foldats, & avec le bas prix qu’ils donnent'
des rations qu’on fait acquitter, on verra
aifément que les troupes y gagneroient auflî. Sur
qui tombera donc la perte ? Sur des hommes qui,
forcés par une loi fage, de tourner leur industrie
vers quelque objet utile à l’état, lui procureront
encore un nouveau gain.
Si des raifons que nous ne pouvons découvrir,
parce qu’il faut peut-être pour les voir , être plus
élevés que nous ne le fommes , empêchent de
faire aux é ta p e s les changements que touts les gens
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de guerre & touts les écrivains militaires regardent
comme néceflaires, au moins devroit-on
régler le nombre de rations, de manière à-ce
que les chefs de corps, les capitaines-commandants
& les lieutenants en premier ne viflent pas leurs
appointements décroître dans le moment oh leurs
dépenfes augmentent.
Dans un temps où-la France ne voyoit pas dans
fon fein un grand nombre d’hôtelleries fournies
de tout ce que les voyageurs peuvent defirer ,
il pouvoit être utile de donner l'étape aux officiers ;
mais aujourd’hui elle leur eft abfolument inutile ;
toute perfonne qui a vu un régiment en route ,
fçait bien que les officiers de fortune font prefque
les feuls qui prennent Y étape en nature ; touts les
autres revendent leurs rations aux étapiers , qui
les leur payent aux prix qu’ils jugent à propos ;
fi l’on perfiftoit à croire que les étapes font nécef-
faires pour les foldats & pour les bas - officiers ,
qu’on la leur conferve , mais qu’ils foient les feu!s.
De tous les changements , le plus intéreflant eft
cependant celui des routes dé étape. Pour faire voyager
aujourd’hui les troupes Françoifes, on confulté
une carte faite fous le miniftère de M. de Louvois ;
auffi les régiments font un tiers de chemin de plus
qu’ils ne devroient en faire , fuivent des chemins
de traverfe , tandis qu’il exifte des grandes routes ,
plus belles & plus courtes, logent enfin dans des
hameaux ruinés, tandis qu’ils pourroient être logés
dans des bourgs riches , ou même dans ’ des
villes. ( C ).
É T APIER. Homme qui fournit aux troupes qui
logent en paflant dans une ville ou dans un village,
les vivres & fourrages néceflaires pour leur fub-
fiftance. (Q . ) .
E T A T de la guerre. Difpcfitions relatives au
genre de guerre que l ’on a projetté. V. G uerre
& Plan de campagne.
É T A T - MAJOR. Corps d’officiers - majors.
Quant à la compofition de l’état- major des régiments.
V. Infanterie , C a v a l e r ie , D ragons
, &c.
François I er créa en 152,5 un état-major général
de l’infanterie ; Charles IX en 1565 un état-major
de la cavalerie légère; Louis X IV en 1669 un
état-major des dragons.
Il y a un état-major dans chaque place de guerre,
comme dans chaque corps de troupes.
Il y en a un dans chaque armée, proportionné
au nombre de régiments dont elle eft formée. Il
eft ordinairement compofé d’un maréchal-général-
dés-logis , d’un maréchal-général-des-logis de la
cavalerie, d’un major-général, de plufieurs aide-
majors - généraux, d’un intendant , de plufieurs
commiflaires , d’un capitaine des guides , d’un
prévôt, &c.
On diftingue en France fix efpèces différentes
d'états-majors; cinq font toujours fubfiftants , &.
le fixième n’a d’exiftence que lorfqu’on lève une
armée ; les états - majors toujours fur pied 9 fionf
pi v vin ces ,
des armées. L ’état - major qu’on lève quand on
aflemble une armée, eft nommé état-major-général.
Confacrons un court paragraphe à chacun de ces
états-majors.
§• i er.
De /’état-major des régiments.
L’etat-major de chaque régiment de l’infanterie
Françoife, eft compofé d’un meftre-de-camp commandant
; d’un meftre-de-camp en fécond, d’un
lieutenant-colonel , d’un major, d’un quartier-
maître tréforier , de deux porte-drapeaux, de deux
adjudants, d’un aumônier , d’un chirurgien-major d un tambour-major & d’un armurier.
Quelques régiments ont de'plus un meftre-de-
camp commandant propriétaire ; tels font dans
1 infanterie le régiment du Colonel-Général, celui
de Monfeigneur le Dauphin , de la Reine & de
touts les princes du.fang ; dans ces régiments l’of-
fici,er nommé dans les autres, meftre-de-camp
commandant eft appellé meftre-de-camp lieutenant
commandant, & le meftre-de-camp en fécond eft
nomme meftre-de-camp lieutenant en fécond.
. Ée régiment du Roi ayant une compofition particulière,
nous en renvoyons les détails au mot
R ° ï , régiment du Roi.
L état-major de chaque régiment de l’infanterie
Allemande au fervice de France , eft compofé
d un meftre-de-camp propriétaire , d’un meftre-
de - camp commandant', d’un meftre - de - camp
commandant en fécond , d’un lieutenant - co lonel
, &c.
L état - major de chaque régiment Irlandois au
lervice de France, des régiments Royal - Italien
ex Royal-Corfe , eft femblable à celui des régiments
Allemands.
. k état-major de chaque régiment Suifle au fer-
-vice de France, eft compofé d’un colonel, d’un
lieutenant - colonel, d’un major, de deux aides-
majors , de deux fous-aides-majors, d’un quartier-
maître , & de quatre porte-drapeaux , &c.
L état-major des régiments de grenadiers-royaux
e t compofé d’un meftre-de-camp , d’un lieutenant-
colonel & d’un major.
' v* etat~maj or des régiments provinciaux attachés
a 1 artillerie & à Xétat-major de l ’armée , eft com-
pofe comme celui des grenadiers-royaux.
L état-major des bataillons de garnifôn eft com- j
pofe d’un lieutenant-colonel.
L’état-major des régiments de cavalerie eft com- |
pofe d un meftre- de-camp lieutenant commandant, 1
d un meftre-de-camp lieutenant en fecoftd, d’un :
lieutenant-colonel, d’un major , d’un quartier-
maîtie tréforier, de-quatre porte - étendards, de j
deux adjudants, d’un chirurgien-major, d’un au- '
mopier, d’un maître maréchal, d’un maître fellier j
d un armurier.
Dans les fix derniers régiments, le meftre-de-
camp commandant n’a pas le furnom de lieutenant.
Dans les trois régiments des officiers de l’état-
major général de la cavalerie , on compte un
officier de plus; c’eft dans le premier le colonel
général, dans le féconde le meftre-de-camp général,
dans le troifième le coinmiflaire général. Le régiment
de Royal-Allemand & celui deNaflau - Saar-
brucl c , ont auffi un meftre-de-camp propriétaire.
Nous ne parlerons point ici du corps des Carabiniers
, leur compofitionparticulière nous a obligés
à leur confacrer un article à part. Voyez C a rabiniers.
L’état-major de chaque régiment de huffards eft
compofé d’un meftre-de-camp propriétaire, d’un
meftre - de - camp commandant, d’un lieutenant-
colonel, d’un major, d’un quartier - maître tréforier
, & de quatre porte - étendards ; le refte
comme- dans la cavalerie. Le meftre-de-camp du
regiment du Colonel-Général eft appelle meftre-
de camp lieutenant commandant, & le meftre-de-
camp en fécond eft nommé meftre - de - camp
lieutenant en fécond.
On diftingue quatre efpèces d’états-majors differents,
parmi les vingt-quatre régiments de dragons
au fervice de France. L!état-major des régiments
de l’état - major de cette arme ; lés régiments
royaux ou appartenants aux princes du fang ; les
regiments qui ont des colonels propriétaires, &
les régiments qui portent le nom de leurs meftres-'
de-camp.
L’ctat major des régiments de Y état-major de cette
arme , qui l'ont au nombre de deux , eft compofé;
le premier, du colonel général, d’un meftre-de-
camp lieutenant, d’un meftre-de-camp lieutenant
en fécond , d’un lieutenant, colonel, d’un major,
d’un quartier-maître tréforier ; & de quatre porte-
! guidons- ; le refte comme dans la cavalerie. Le
fécond eft compofé d’un meftre-de-camp général ,
d’un meftre^-de-camp commandant, d’un meftre-
de-camp commandant en fécond , d’un lieutenant
colonel, &c.
L’état-major de chacun des régiments royaux &
celui des régiments des princesHu fang eft com-
polé d’un meftre-de-camp lieutenant commandant,
d’un meftre-de-camp lieutenant en fécond, d’un
lieutenant colonel, &c.
L’état-major des régiments qui ont un meftre-
de-camp propriétaire eft compofé du meftre-de-
camp propriétaire , d’un meftre-de-camp commandant
, d’un meftre-de-camp en fécond, d’un lieutenant
colonel, &c.
Les régiments qui portent le nom de leurs
meftres - de- camp font compofés d’un meftre-de-
camp commandant , d’un meftre - de - camp en
fécond, d’un lieutenant colonel -, &c.
L état-major de chaque régiment de chaffeurs eft
compofé d’un colonel commandant, d’un colonel
en fécond, d’un lieutenant colonel, & d’un major