
nies; coupez racine à la défertion; favorifez la
population ; tirez un parti avantageux des enfants
es ioldats, des bâtards 6c des orphelins ; prenez
en n chez vos voifins le plus d’hommes que vous
le pourrez, ians faire cependant defirer à vos
lujets detre nés fous un ciel étranger; fi vous
employez ces moyens divers, vous verrez que
les enrollenents volontaires peuvent, non-feulement
pendant la paix, mais même pendant la
guerre, produire touts les foldats dont vous avez
befoin. Si une guerre malheureufe, & dont la
duree ferait extrêmement prolongée, nous obli-
geoit un jour de recourir aux cnrollcments forcés,
devrions-nous employer la prefTe, le fort ou le
choix ? Je n hefite pas à le dire : aucun de ces
trots moyens n'eft équitable. Le fort & la preffe
ne tombent que fur une partie de la nation ; Sc
touts les citoyens doivent concourir à la défenfe
de la patrie ; le choix,du prince eft auffi injufte •
quoique je n’aye pas cinq pieds , je n’en dois pas
moins détendre mes foyers, que fi j’étois parvenu
a une taille plus haute ; dans un moment de crile,
tel que celui que nous venons de prévoir, nous
pourrions, en remettant en vigueur les loix de
nos ancêtres, obliger touts les citoyens fans distinction
d état, ( les princes, comme les bourgeois ;
les ecclefiafliques, comme les militaires ) , à fervir
par eux-memes ou par un avoué, pendant un
nombre déterminé d’années. ( Voyer l’article Min
c i s . ).
Mais_ pourquoi prévoir ces moments malheureux,
& que notre valeur éloignera fans doute >
Croyons, croyons bien que les enrôlements volontaires
nous lufhront toujours, fur-tout fi nous
fanons dans notre conflitution militaire les changements
dont tout nous démontre la néceiîité ; fi
nous donnons .au contrat d’enrollement la force
qu’il eft poflible de lui faire acquérir ; ( rayer
C onge , E n gagement & Serment mi l i t
a ir e ) ; fi nous confions les levées volontaires
aux hommes qui devraient naturellement en être
chargés; (J i,ye{ R e c r u t eu r s ) ; & fi nous dif-
tnbuons enfin les- produits des enrollcments de la
manière la plus avantageufe pour l’état. ( Vovez
R ecrues. ) . (C . ) . • } ' J 1
I Objet porté dans une troupe, pour
la dilhnguer & la faire reconnoître.
Des enfeignes en général, & de celles des Juifs,
des Perfes, des Grecs , tse.
Dans la première antiquité, les enfeignes militaires
furent auffi Amples que l’etoient les premières
armes; & les diverfes nations ou partis, pour fe
reconnoître dans les combats, employèrent pour
lignai des chofes très communes, comme des branches
de verdure, desoifeaux en plume , des têtes
d’animaux, des poignées de foin-mifes au haut d’une
perche ; mais , à mefure qu’on fe perfectionna dans
là manière de s’armer & de combattre, on imagina
des enfeignes ou plus folides ou plus riches. Chaque
peuple voulut avoir les fiennes caraélérifées par des
ly mboles qui lui fuffent propres ; les G re c s , par' les
termes génériques de « y c fW & de onhlciut. ; &
les Latins , par ceux de fignum 6l de vexillutn , dé-
îignoient toutes fortes d.’enfeignes , foit qu’elles
fulfent en figure de r e lie f , foit qu’elles fuffent
d etciffe unie , peinte ou brodée : néanmoins chaque'
en feigne d’une forme particulière, avoit fon nom
propre j tant pour la donner à connoître fous fa
forme , que pour m ontrer à quelle è lpèce de milice
elle convenoit.
Le nom d en feigne eft donc générique ; & , parmi
n ou s , ce genre le iubdivife en deux efpèces , drapeau
pour 1 infanterie , 6c étendard pour la cavalerie.
Les Juifs eurent des enfeignes. Chacune des douze-
tribus d lf r a ë l, ayant une couleur à elle affeCtée *
avoir un drapeau de cette cou leur, fur lequel on.
v o y o i t , à ce qu’on prétend, la figure ou le fym -
bole qui défigiioit chaque tribu , félon la prophétie
de Jacob. L ’écriture parle fouvent du lion de la
tribu de Juda, du navire de Zabulon, des étoiles 6c
du firmament d Ifïachar r mais , quoique chaque
tribu eût fon enfeigne, on prétend q u e , fur les douze ,
il y e n avoit quatre prédominantes; fça vo ir , celle
de Juda , ou l’on v o y o it un lion ; celles de'Ruben 9
’ de J-^an & fi Ephraïm , fur lefquelles on v o y o it des
figures d’hommes, d’aigles, d’animaux. L ’exiftence
des enfeignes, chez les Hébreu x, eft atteftée par
1 écriture : finguli per turmas 3 figna atque vexiliez
-cajlra metabunturfilii lfra'èl, d i tM o ïfe , chapitre 11,
des nombres. Mais la repréfentation d’hommes. &
d animaux fur ces enjeignes, n’eft pas également
p ro u vé e ; elle paroît même directement contraire
a la défenfe que D ie u , dans les écritures , réitère
n fouvent aux Uraéiites de faire des figures. O n
croit qu’après la captivité de B a b y lo n e , leurs drapeaux
ne furent plus chargés que de quelques lettres
qui formoient des fentences à la gloire de Dieu.
Il n en etoit pas de même des nations idolâtres- ?
leurs enfeignes ou drapeaux portoient l’image d e
leurs dieux ou des fymboles de leurs princes ; ainfi
|e s Egyptiens eurent le taureau, le crocodile, & c .
Les Alïyriens aveient pour enfeignes des colombes
ou pigeons, parce que le nom de leur fameufé
reine Sémiramis, originairement Chemirmor, fignifie
colombe. Jérémie, chapitre X L Y I , pour détourner
les Juifs d’entrer en guerre avec les A f fy r ien s , leur
conseille de fuir devant l’épée de la colombe A à
facie gladii columboe fugiamus; ce que les commentateurs
ont entendu des drapeaux des Chaldéens.
Chez les G re c s , dans les temps h éroïques, c’étoit
un bouc lier, un cafque ou une cuirafie au haut d’une
lance, qui fervoient d’enjeigne militaire. Cependant
Homère nous apprend qu’au fiège de T r o y e , Aga.-
memnon prit un voile de pourpre, & l’éleva en
haut avec la main , pour le faire remarquer aux
folda ts, & les rallier a ce fignal. C e ne fut que
peu a peu que s introduifit l’ufage des enfèignes avec
les deyifes. Celles des Athéniens étoient M inerve ^
l’olivier & la chouette : les autres peuples fie la I
Grè ce avoient auffi pour enfeignes ou les figures
de leurs dieux tutélaires, ou des fymboles particuliers
, élevés au bout d’une pique/ Les Corinthiens
portoient un Pégafe ou cheval aile ; les MefTeniens,
la lettre grecque M , & les Lacédémoniens , 1A ,
qui éîoit la lettre initiale de leur nom.
Les Perfes avoient pour enfeigne principale une
aigle d’or au bout d’une pique , placée fur un char-
r io t , ôc la garde en étoit confiée à deux Officiers
de la première diftinCtion , comme on le voit a la
bataille de T ym b ré e , fous Cyrus ; & Xenophon , '
d-aos la C y ro p éd ie , dit que cette enfeigne fut en
ufage fous touts les rois de Perfe. Les anciens Gaulois
avoient auffi leurs enfeignes, & juroient par
elles dans les ligues- & les expéditions militaires :
on croit quelles repréfentoient des figures d animaux
, 6c principalement le taureau, le lion 6c
l ’ours.
Des enfeignes de quelques autres nations d?Europe.
Il y a à chaque drapeau & chaque étendard un
morceau de taffetas noué entre l’étoffe de 1 étendard
ou drapeau , & le bout de la lance. O n appelle
ce morceau de taffetas la cravatte ; fa couleur eft
ordinairement celle de la nation à laquelle appartient
tenfeigne 6c la troupe ; comme la F ran c e ,
blanc; l’Efpagne , rouge ; l’empereur, verd ; Bav
ière b leu ; Holland e, jaune, & c .
Chaque nation a auffi tes enfeignes particulières.
Les enfeignes des T u r ç s , comme celles de toutes
les nations , (ont attachées à une lance dont 1 extrémité
paffe au deffus de l’étendard même.
Leurs étendards, en général - font d une étoffé
de foie de diverfes couleurs, chargée d’une épée
flamboyante, environnée de caraCteres arabes en
broderie ; une grofle pomme dorée , attachée au
bout de la lance , & furmontée d’un croiflant d arg
en t, termine l’étendard ; ce q u i, félon e u x , repre-
fente le foleil 6c la lune. S i , au deflous de la
pomme d o ré e , 6c autour de la- lan c e , il n y a
que de gros flocons de queue de cheval a longs
c r in s , teints de diverfes couleurs, on appelle ces
étendards tongs. L’étendue du commandement réglé
le nombre de ces queues ; plus on a droit d en
faire porter devant lo i , plus on a d’autorite. On
dit un bacha à deux qu eu e s, un bacha a trois
q ueue s , pour lignifier que celui ci a plus de pouv
o ir que le premier.
L e principal étendard des Tu rc s eft celui qu ils
appellent l’étendard du prophète, loit que ce foit
celui de Mahomet même , ou quelque autre fait
à fon imitation. Il eft verd. Les Turc s fuppofent
que le falavat ou confeffion de foi mahométane y
étoit autrefois écrit en lettres noires ; mais il y a
longtemps que toute cette écriture eft effacee : pour
toute infoription , on y, v o it le mot alem au bout
de la lance. Il paroît déchiré en beaucoup d end
roits; au ffi, pour te mén ag e r , ne )e déploie-t-oa
jamais. O n l e .p o r t e , roulé autour d’une lan c e ,
devant le grand feigneur, 6c il demeure ainfi &x-
pofé jufqu’à ce que les troupes fe mettent en.
marche. Auffi-tôt que l’armée eft arrivée, à fon
premier campement, on met 1 étendard dans une
caifle d o ré e , o u ï e confervent auffi l’ alcoran &
la robe de Mahomet ; & toutes ces chofes chargées
fur un chameau, précèdent le fultan eu le grand
vifir. Autrefois cet étendard etoit en fi grande
vénération , que", lorfqu’il arrivoit quelque fedition
à Conftantinople ou dans l’ armee , il fuffifoit de
l’expofer à la vue des rebelles, pour les faire rentier
dans le devoir. -, _ .
L e chevalier d’A rv ieu x , tome I V , en décrivant
la marche du grand feigneur pou r fe rendre à l’armée
, dit qu’entre deux tongs qui le precedoient ,
étoit un autre cavalier qui portoit un grand drapeau
de toile ou d’étoffe de laine v e r te , fimpje & fans
ornement ; que le haut de la pique ou d étoit attaché
, étoit garni d’une boîte d’argent doré en forme
d’un as de p iq u e , qui renfermoit un al Coran, 6c
que ce drapeau uni 6c fans o rnement, qui repre—
fentoit la pauvreté Si. la fimplicite dont Mahomet
faifoit profeffion, étoit fuivi de deux autres fort
grands, de damas rouge , ornés de^ paffages de
l’alcoran, dont les lettres é toient formées de ieuilles
d’or appliquées à l’h u ile , apres lequel fuivoit un
troificme de toile ou d’étoffe de laine légère , tout
rouge 6c fans ornement, qui eft l’étendard de la
maifon impériale. , \
Sept grands étendards ou tongs , precedent le
grand feigneur, lorfqu’il v a en campagne,. T ou ts les
gouverneurs de provinces ont auffi leurs étendards
particuliers, comme des fymboles de leur p ou vo ir ,
qui les accompagnent dans toutes leurs cérémonies,
qu’ils placent dans un lieu remarquable de leur
logis , 6c, en gue rre, à la porte de leur tente. {
: %’il eft queftion de lever une armée , touts les
particuliers fe rangentfous l’étendard du tangiac, chaque
fangiaefous celui du beglierbey. On arbore auffi
a Conftantinople les queues de cheval en différents
endroits, pour marque de déclaration de guerre.
Les bachas qui ne font point d’un rang inférieur aux
v ifir s, quoiqu’ils ne foient pas honorés de ce titre ,
ont deux queues de ch e v a l, un alem verd & deux
autres étendards, auffi bien que les princes de M o ldavie
& de V alachie ; un bey ou fanjac a les m êmes
marques d’honneur, excepté qu’il n’a qu’un ton g.
L ’ale m , ou grand étendard du grand v ifi r , quand
il eft à la tête des trou pes, eft beaucoup- plus
dîftingué que ceux des autres officiers generaux.
C e lu i qu’on_trouva devant la tente du grand v i f i i ,
à la levée du fiège de Vienne-en 1683 , étoit de
crin de cheval marin, travaillé à l’aiguilie, brodé
de fleurs 6c de caractères arabefques. La pomme
étoit de cuivre d o r é , & le ba£on couvert de feuilles
d’or. Ce lu i que le roi de Pologne en vo y a à Rome
pour marque de cette v id o i r e , étoit encore plus
riche ; le milieu de cet étendard étoit de brocard
d’or à fond rouge ; le tout de brocard argent 6c
K k i ;
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