7 8 S G U E
les fignaux 1 9 ,8 , a , 7 , 1 7 , 6, 4 , parce que, félon
la clef du chiffre ,
19 . . . . vaut • ••* T
8 .................................R
a ................. O
7 ....................................................u
6 ......... 1............... .. E
4 ........ : ...........S
Quelques écrivains propofent la chofe autrement
, & veulent qu’on faffe des lettres de bois
fort grandes , & qu’après les avoir garnies de
chandelles ou de lampions éclairés > qui forment
suffi la lettre, on les montre la nuit l’une après
l’autre, félon l ’ordre qu’elles doivent avoir pour
exprimer ce que l’on fouhaite faire connoître.
Si les efpions ou les partis deftinés pour les obfer-
v e r , fe trouvent à une trop grande diftance , ils fe
ferviront de lunettes d’approche, qui, dirigées
vers un corps lumineux ou illuminé , ne laillent
p a s , de nuit même , de mieux faire diffinguer
l ’objet.
On conçoit aifément qu’afin que les ennemis
ne comprennent pas le lignai, il eft néceffaire
de changer la fignification des lettres, de la
même manière que je l’ai dit par rapport aux
nombres. Par conféquent le général de votre armée
&. le gouverneur de la place, conviendront avant
le fiège de ce changement en choiiiffant un mot
pour la clef de leur chiffre. Par exemple , prenez
pour cette clef le mot triomphe , & après avoir
retranché les lettres K , J , V confonnes , par la
meme raifon que nous avons déjà touchée, ajoutez
à ce mot triomphe les autres lettres , félon leur
ordre alphabétique en cette forte :
T R I O M P H E A B C D
a b e r - d e f g 'h i 1 m n
f g l n q s u x y z
a p q r f t u x y z.
Si avec ce chiffre je veux écrire fortie, j’écrirai
T-, D , B , A , C , H , parce que , félon la clef du
même chiffre,
T • • • • vaut * • *• S
D ..............O
B .............................. R
A ........................... T
C ............... I
H ............................ E
Pour moi, j’avoue que tout cela me paroît bien
long, & que je voudrois réduire les fignaux à un
petit nombre de demandes & de réponfes, qui
fuffifent ordinairement pour entretenir la corref-
'pondance d’un général avec le gouverneur de la
place affiégée.
Un général fouhaite pour l’ordinaire de fçavoir
combien de jours la place fe défendra , afin de
voir s’il peut attendre un renfort de troupes qui
font en marche , ou s’il doit rifquer le fecours
avant qu’elles foient arrivées, parce, que s’il n’a
pas de nouvelles fures de l’état de la place, il eft
expofé à faire bien des.fautes, ou par trop de précipitation
, ou par trop de retardement. Si les
ennemis viennent d’éprouver quelque nouveau
malheur, comme feroit, par exemple, la défaite
de leurs troupes , fur la même ou fur une autre
frontière; le foülèvement d’une de leurs provinces;
un prince qui auroit abandonné leur alliance ; la
maladie contagieufe qui fe feroit introduite dans
leur armée , & c. vous devez d’abord en donner
avis à la place , afin de ranimer le courage de ceux
qui la défendent.
Dès que le comte de T e k e li, général des Hongrois,
qui avoit été fait prifonnier par les Turcs ,
fe vit en liberté & à la tête de fon armée , il le fit
fçavoir à la garnifon de Moncatlch, place affipgee
par les Impériaux , afin que l’efpérance du fecours
animât les affiégés à une plus vigoureufe défenfe.
D ’abord que vous vous préparez à fecourir la
place, donnez-en avis aux affiégés, afin qu en
attendant ils continuent à fe défendre avec courage.
Le prince Robert, général des troupes de
Charles Ier, roi d’Angleterre, fon oncle, fe mit en
marche pour aller fecourir la place d’Y orck , affie-
gée par les rebelles , & prefque réduite à l’extrémité.,
Dès qu’il fut arrivé à la vue de cette ville,
il fit de grandes fumées , afin que les affiégés con-
nuffent que le fecours approchoit.
Quand le temps pour jetterdu fecours dans la
place eft proche, vous donnerez avis au gouverneur
de l’heure du jour ou de la nuit que vous
avez réfolu de faire entrer le fecours, afin qu’en
même temps que votre feu commencera, il faffe
fortir une partie de la garnifon pour favorifer le
paffage , ou pour enclouer l’artillerie & ruiner la
tranchée.
Lorfque Bacchide faifoit le fiège de Bethlaga
avec les troupes du roi Dém trius, Jonathas Aphus
donna avis à Simon Macchabée, fon frère, gouverneur
de la place, de faire une fortie contre
les affiégeants , au même moment que Jonathas
commencereit à les charger. Les deux frères l’exécutèrent
de cette forte, & Bacchide ayant été
attaqué par derrière & par le front, fut défait.
Si la garnifon de la place eft affez nombreufe
pour attaquer la garde ordinaire de la tranchée,
elle doit fortir auffi - tôt que votre armée a fonné
l’alarme, quand même le fecours marcheroit par
un autre côté , parce qu’alors on enverra a la
tranchée un puiffant & prompt renfort ; & fuppofé
même que le fecours fût battu, la garnifon aura
toujours l’avantage d’avoir ruiné quelques travaux
de l’affiégeant, & de lui avoir encloué quelques
pièces.
Afin que le gouverneur fçache laquelle des attaques
fera la véritable ôu la fauffe , &. qu’il puiffe
par conféquent prendre de juftes mefures pour la
fortie, & à s’engager plus ou moins contre la tran-.
chée ; vous lui marquerez veijs quel côté ce fecours
tient fa marche.
Si vous jugeè qu’il n’eft: pas poffible d’introduire
le fecours , faites-en donner avis au gouverneur ,
qui, fuppolé qu’il foit homme d’honneur , ne doit
pas pour cela rendre plutôt la place. Le cardinal
archiduc Albert, après avoir examiné la difpofi-
tion de l’armée d’Henri I V , roi de France, qui
affiégeoit Amiens , vit qu’il étoit impoffible de
fecourir cette place. Il en donna »avis au marquis
de Monténégro, qui en étoit gouverneur, & lui
ordonna de capituler affez tôt, pour que la garnifon
ne fût pas prifonnière de guerre.
J’ai prouvé, en traitant des fièges , que dans
diverfes occurrences il vaut mieux fauvér les
troupes d’une place que de continuer plufieurs
j ours de plus fa défenle , & que , dans quelques
autres cas, ce n’eft pas un fi grand malheur pour
le prince que la garnifon foit faite prifonnière de
guerre, & qu’il eft avantageux pour lui de tenir
quelque temps l’armée affiégeante. Par conféquent
il faut faire avertir le gouverneur s’il doit pouffer
la réfiftance jufqu’à la dernière opiniâtreté, ou
capituler affez tôt pour que la garnifon ne foit
pas prifonnière.
On doit pourtant le détromper fur le fecours
qu’il ne doit pas attendre, de peur que , flatté de
l’efpérance de le voir arriver d’une heure à l’autre,
il n’expofe la place à être faccagée , & la garnifon
& les habitants à être paffés au fil de l’épée, lorfque
n’ayant plus de bonne coupure, ni citadelle,
ni château, ni autre retraite , il n’eft plus temps
de capituler pour fauver la vie des troupes & des
citoyens.
Le gouverneur vous donnera auffi avis de
l ’heure du jour ou de la nuit qu’il doit tenter une
fortie , afin qu’en faifant de votre côté diverfion
par une véritable ou fauffe attaque, les ennemis
n’accourent pas fi promptement pour renforcer
leur tranchée par les piquets de leur armée , ou
par des bataillons ou des efeadrons détachés de
leur camp.
Le gouverneur vous avertira auffi en quelle nuit
& par quel chemin les bouches inutiles doivent
fe retirer de la place, afin de vous trouver prêt
pour favorifer leur marche & leur retraite. Il vous
donnera encore avis s’il va bientôt manquer de
vivres, de médicaments, de poudre , de grenades,
de pierres à fufil, d’argent, de mèches,
de troupes , de canonniers , de mineurs ou d’ingénieurs
; fi la brèche eft déjà en état pour que
l’affiégeant faffe jouer fa mine , ou s’il y a à
craindre un foülèvement de la part de la garnifon
ou des habitants.
Lorfque par quelqu’un de ces motifs, ou par
quelque autre, la place eft réduite à fe rendre in-
ceffamment, le gouverneur vous le fera fçavoir
par un fignal convenu.
En 1656, les maréchaux de Turenne & de la
Ferté firent le fiège de Valenciennes j comme
cette place avoit befoin d’un prompt fecours pour
continuer à fe défendre , le gouverneur, par un
bruit extraordinaire de fon artillerie , en donna
avis à don Juan d’Autriche & au marquis de Caza*
rena. Ils comprirent,par ce fignal, l’état preffant où
fe trôuvoient les affiégés,& ayant forcé les lignes des
affiégeants, ils jettèrent du fecours dans la place.
Le comte de Staremberg , affiégé dans Vienne
par les troupes de Mahomet I V , ne voyant plus
aucun moyen de foutenir le liège , le fit entendre à
l’armée chrétienne , par des torches qu’il alluma
au haut de la tour de Saint-Etienne, ce qui, dans
cette occurrence, étoit le fignal convenu avec lé
duc de Lorraine.
Demandes & réponfes par des fignaux.
Avertiffement qu’on va faire des fignaux.
Réponfe qu’on eft prêt à obferver les fignaux.
Combien de jours fe défendra la place ?
Un jour.»''*.i»V’i». . ' . - • ••• ' • " •
Deux jours................ .............................
Trois jours» • .................. *....................
Quatre jours* • • • • • • • • ................ • • •
Huit jours*. . . • ..............................
Signaux de nuit'.
Un flambeau d’illumination , qu’on tient élevé
pendant affez longtemps.
Un flambeau comme le premier, & enfuite un
fécond, que l’on ne tient élevé que peu de temps.
Un flambeau , & enfuite une fufée volante à
étoiles.
Deux flambeaux & une fufée , les trois l’un après
l’autre.
Deux flambeaux, l’un après l’autre, & une ffifée
tirée pendant que le fécond flambeau brûle , &
qu’on baiffe en même temps que la fufée crève.
Un flambeau élevé pendant un peu de temps, &
qu’on baiffé au moment que crève une fufée, tirée
pendant qu’il brûloit.
Trois flambeaux, & enfuite une fufée..
Trois flambeaux, l’un après l’autre, dont on
baiffe le premier & le dernier à l’inftant que crève
fine fufée tirée pendant que ce premier & dernier
flambeaux brûloient.
Demandes 6* réponfes par des fignaux.
Douze jours.............................. * ...........
Seize jours» ».»•....................... ..
Vingt jours'*......... *...............................
Vingt^-cmq jours•• ........................... ..
Trente jours................ ...........................
La place feia focourue............................
Par le front du devant......... .................
Par le front du couchant................
Signaux de nuit.
Le même fignal que le précédent, avec cette