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dans les contre-gardes, qu’on peut d’ailleurs défendre
a vec beaucoup d’opiniâtreté, puifqu’on a
une retraite affurée dans le corps de la place.
11 a perfe&ionné ce fyftème dans la conftruc-
tion de Neu f - Brifac , ville qu’il a fait bâtir dans
la même province.
C ’eft: ce que nous allons faire voir.
Manière de fortifier fuivant le nouveau fyftème de
M. de hauban, exécuté àux fortifications de
Neuf-Brifack.
T r a c é de Neuf -Br i s ack {F ig. 204.).
V ou s tirerez la ligne A B , à laquelle vous donnerez
180 to ife s , ce qui fera votre polygone extérieur.
1
D u centre de la place vous tirerez des rayons
paffants par ces points, & vous élèverez & abaif-
ferez fur le milieu de la ligne A B une perpendiculaire
fur laquelle C au point D vous mettrez
30 toife s , qui eft une fixième du côté A B.
Vous tirerez la ligne de défenfe A E & B F fe
coupant en D , vous mettrez 60 toifes du point A
au point G , & du point A au point H , pour avoir
les angles des épaules des contre-gardes, & pour
en avoir les flancs, vous mettrez 32 toifes du
point D aux points E & F fur les lignes de defenfe,
& vous tirerez les flancs G F & H E ; vous tirerez
enfuite une ligne parallèle à A B , telle que I K ,
paffant par les points E & F pour avoir les angles
faillants des tours baftionnées. Vous mettrez à
cette ligne une parallèle de 9 toifes L M , ce qui
vo u s donnera le centre des tou rs, & le polygone
intérieur.
Pour conftruire les tours, mettez 7 toifes du
point L au point T , & du point M au point V , fur
le polygone intérieur L M ; & élevez fur ce polygone
les perpendiculaires T X & V Y auxquelles
vous donnerez 6 toifes,' & tirerez les lignes IX &
K Y ; continuez enfuite de 4 toifes les lignes X I
& Y V au point Z & au point &c. Mettez de L en
a & de M en b , 7 toifes, pour tirer enfuite les demi-
gorges des tours de Z en a , & de &c. en b.
L e fofTé des tours a 6 toifes de la rg e , & fe
tire à l’angle de l’épaule des petits flancs, ce qui
forme les gorges des contre-gardes.
Enfuite vous donnerez 5 toifes à la perpendiculaire
N O , & vous tirerez les lignes de défenfe
T P & V Q fe coupant en O . Les petits flancs
P S & Q R fe font fur la prolongation de ceux des
contre-gardes, à qui on donne aufli la courtine P Q .
L e foffé de la place a 16 toife s , & eft parallèle
aux faces des contre-gardes.
Réduit,
Le réduit fe conftruit en lui donnant 21 toifes j
capitales du point d jufqu’ à fon angle flanqué, &
faifant ces faces parallèle* à celles de la demi-lune.
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O n lui fait des flancs de 5 toifes & un recoupement
à fa gorge.
Son foffé doit avoir 6 toifes de largeur.
Demi - lunes.
•
Les demi-lunes fe font en ouvrant le compas E
à 15 toifes au-deffus de l'angle de l’épaule G , St
portant cette ouverture du point e au point s, &
tirant les faces à 16 toifes au-deflus des angles des
épaules des contre-gardes.
O n leur fait des flancs de 7 toifes.
Leurs foflès doivent avoir 10 toifes de largeur.-
Le chemin couvert eft à l’ordinaire.
C e qui n’eft point détaillé i c i , eft exa&ement
coté fur la planche c i-jointe, à laquelle je renvoyé
le leéfeur. Cependant, comme cette planche ne
donneroit pas une affez grande intelligence des
tours baftionnées & des fortifications , j’ai jugé à
propos d’y joindre quelques profils.
L e premier (fig. 2 0 5 .) , eft coupé fur la courtine
, qui eft entièrement re v ê tu e , de même que
tout le contour du corps de la place , à la hauteur
de 34 pieds. L e fécond ( fig. 206. ) , eft coupé fur
le milieu des tenailles , & n’eft qu’à demi -revêtement
à la hauteur de 12 pieds. Le parapet faifant
un talus du côté de la campagne, eft revêtu de
g a zon , & a pour retraite toute l’épaiffeur du mur
qui eft de 2 pieds 9 pouces. M. de Vauban les a
fait conftruire ainfi pour épargner la dépenfe. La
lettre R marque la ligne de niveau du r e z -d e -
chauffée.
Les figures fuivantes repréfentent trois profils.-
L e premier j A {fig. 20 7 .) ., eft celui du réduit
coupé fur une des fa ce s , lequel jeft revêtu en entier
fur la hauteur de 27 pieds 6 pouces.
Le fécond B , eft celui de la demi - lune , coupé
aufli fur une des fa c e s , qui n’eft qu’à demi-revêtement
de 13 pieds de haut, réduit au fommet
à 2 pieds 6 pouces. O n a laiffé entre l’épaiffeur
de ce revêtement une berme de 6 pieds de largeur.
O n a élevé enfuite le rempart & le parapet ,
St fur cette berme on a planté une haie v iv e de
3 pieds d’épaiffeur , qu’on a laiffé croître à la
hauteur de 7 pieds.
Le troifième profil C , eft celui des contre-gardes,
aufli à demi - revêtement de 18 pieds de haut, fe
terminant au fommet à 2 pieds St demi. D errière
le revêtement or a laiffé une berme de 8 pieds
de la rg e, fur laquelle on a planté une haie v iv e ,
femblable à la précédente, de j pieds d’épaiffeur
fur 7 de hauteur, St derrière cette ha ie, à 2 pied*
de diftance, on a planté une rangée de paliffades ,
St 3 pieds en arrière de cette paliffade on a commencé
le talus du rempart & du pa rapet, comme
on le peut vo ir à ce même profil,
Il eft certain que le fyftème à demi-revêtement
a pour principal objet d’abréger le .temps, & de
diminuer la dépenfe , qui font par ce moyen
confidérablement amoindris, principalement aux
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endroits oii les matériaux font rares , comme à
Neu f-B rifack ; mais aufli il n’eft pas fl avantageux
que celui à revêtement entier (du moins jufquau
co rd on ) ; c a r , quand l’afiiégeant peut tant faire
que- de fe reidre maître du haut des brèches , on
a une grande difficulté de pouvoir bien .affurer
les grands retranchements, c feft-a-dire, ce ui qui
fouüent les autres, parce que l affiégeant pouvant
dans une affaire s’étendre a droite & a gauche
le long des talus, pour-lors déchires & en mauvais
état après qu’il a gagné le deffus de la haie v i v e ,
qui p o u r - lo r s eft toute emportée de coups de
canon , il feroit plus difficile de l’arreter qu au x .
places entièrement revêtues ou 1 ennemi ne peut
avoir d’accès précifément que par les ouvertures,
des brèches, qui ne permettent pas de s étendre
ad ro ite ni à gauche, comme il peut faire quand
il eft logé à la hauteur de la haie v iv e ; car juf-
ques-là il n’y a pas plus d’avantage à l’un qu’a
Pautre. C ’eft pourquoi les grands retranchements.,
font plus difficiles, & moins sûrs à foutenir, aux
places à demi-revêtement qu’aux autres. _
U n défaut encore du demi - rev etemen t, c eft
qu’on fe prive du bénéfice des orillons. 11 eft
vrai que le grand ufage des bombes &-du ricoch
e t , joint à l’effet des batteries oppofees ^rendront
déformais les orillons inutiles, quand, les
afîiégeants fçayront bien s’en fervir.
La 19e planche repréfente le plan St les profils
des fouterreins St des flancs b a s , qui font joints ;
aux courtines fur la prolongation des flancs des •
contre-gardes. Les flancs bas n’ont que 4 to ife s ,
& par conféquent ne peuvent contenir qu’une
pièce de canon en bas Mans le fouterrein, & un
autre fur le rempart. Fig. 209. Profil coupe,fur la ligne A B du plan.
210. Plan du fouterrein.
2 1 1 . Profil coupé fur la ligne C D du plan.
L a i o e planche fait vo ir les plan s, profils &
élévations des tours baftionnées avec leurs batteries
baffes. • 1 a j 1 Fig. 2 12. Profil coupe fur la capitale A B du plan
des fondations.
3 13 . Profil coupé fur la ligne C D E F du
même plan.
2 14 . Elévation d e là tour.
2,15. Plan des fondations.
G . Sorties à droite St à gauche.
H . Souterrein à l’entrée.
I . Petit magafin à poudre.
K . Cafemates de la tour.
L . Entrée de la tour.
a i 6. Plateforme de la tour.
Propriétés du fyftème à tours baftionnées.
L e fyftème à tours baftionnées mérite un examen,
car c’e f t , à proprement parler, une fortification
dou b le, dont les effets font doubles, bien
que la dépendance ne le foit pas.
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1.
La place bâtie félon ce fyftème , porte naturellement
fon retranchement, le meilleur de touts
fans con tred it, puifqu’il eft/tout-à-fait détaché des
baftions, du fecours defquels il n’a que faire pour
fa défenfe.
% %
Les contre-gardes occupent la p lace des baftions,
& en ayant toujours les p ro p r ié té s e lle s font capab
les des mêmes défenfes, avec cette différence ,
que quand les baftions attachés font ouverts , St
l’ennemi logé en b rè ch e , la défenfe mollit beaucoup
, & ne v a plus guères lo in , à caufe des grands
périls auquel le foutien des affauts expofe la place.
A u lieu que la défenfe des contre-gardes ou bâfrions
détachés fe peut opiniâtrer dans toute l’étendue
de ces pièces , & fe difputer de pied-à-pied ,
de traverfe en traverfe, tant que le terrein peut
fournir de l’ efpace à fe retrancher , fans expofer
la place , à qui il refte toujours de quoi faire fa
défenfe particulière, parce qu’elle en eft féparée
par un foffé.
I I I.
_ Q u e ces tours ne fçauroient être battues de la
campagne ni d’aucun autre en d ro it, que du fommet
des baftions mêmes qui les environnent, ni
leurs flancs que des autres baftions o p p o fé s , où
l’ennemi ne fçauroit monter du canon qu’avec de
très grandes difficultés , St après en être totalement
le maître.. Encore n’en fçauroit-il mettre
fur les flancs de ces ouvrages fans préfenter le
rouage à la p la c e , & fe mettre dans les revers des
tou rs, & par conféquent s’expofer des flancs de
front St de re v e r s , & à l’effet des mines préparées ,
des bombes & des pierres , fans parler du fufil
qui ne manque perfonne de fi près.
I V .
O n y peut donc attendre l’effet des p remières,
fécondés St troifièmes mines , encore celles des
tours mêmes fans rifquer la p la c e , puifque les
premières brèches ne font pas capables d’y faire
une véritable ouverture, à caufe que ces dernières
demeurent toujours fur leur à-plomb.
V .
La garde ordinaire des places , fuivant ce fy f-
tême , fera beaucoup plus commode , parce que
les rondes n’aurom pas tant de chemin à faire, &
qu’il faudra moitié moins de fentinelles.
V L
Ces tours portent leurs contre-mines avec elles