
& les temps des équinoxes , & deux fois touts les
mois régulièrement, en fuivant les quartiers de la
lune ; ce qui fait deux changements confidérables
en vingt-huit jours. Les gens de mer nomment ces
flux réglés , vive-eau & morte-eau. Tel petit port
aes cotes de l’Océan ne pourroit recevoir de
morte-eau un bâtiment de 60 tonneaux , qui peut
en recevoir un de 300 de vive -eau. Cette con-
noiffance parort avoir été négligée ; cette évaluation
eft cependant très importante à faire, foit
lorfqu ôn médité quelque embarquement , foit
lorfqu’on peut craindre quelque defcente.
JD efpace en efpace il y a des batteries & des
redoutes fur le bord de la mer ; quelques - unes
lont armees en bronze ; & les canons , leur fervice
& leur garde appartiennent à l’artillerie & aux
troupes de terre ; les autres qui font armées en fer
appartiennent à la marine , & font gardées &
fervies par des détachements de troupes de la
marine ou des gardes - côtes. En temps de guerre
les unes & les autres font également fous les
ordres de l’officier général commandant dans la
province.
C es batteries font placées, le plus qu’il eft pof-
ub le , dans les endroits où la mer fait échor, terme
dont les marins fe fervent pour indiquer un point de
la cote où le fond eft affez profond pour que la mer
refte près de la côte à baffe mer, même pendant le
temps de morte- eau.
' " feroit à defirer qu’on mît plus d’uniformité
dans le fervice des gardes-côtes ; il eft facile auffi
de perfectionner ce fervice , qui devient quelquefois
très important : il le fera toujours beaucoup
en temps de guerre, de mettre ce fervice au point
que les côtes puiffent être défendues par leurs propres
forces , & que le$ armées en campagne ne
foient point obligées de détacher des brigades ou
des régiments pour remplacer ce qui manque à
la défenfe des côtes. ( Article de M. le comte de
T ressan.).
G arde-magasin. (Commis.).
Les gardes-magafins doivent avoir chacun deux
registres & deux livres , ces régiftres doivent être
cotes & paraphés par le directeur du département.
. Le premier régiftre & le plus important, eft le
journal fur lequel le garde - magafin doit infcrire
toutes fes recettes, dépenfes , envois, confomma-
tions en deniers & effets , de quelque nature que
ce fou, par articlesféparés, enfuitel'un de l’autre,
fans intervalle , renvoi ni rature ; les fommes ou
quantités en toutes lettres , & répétées en chiffres
au bout de la dernière ligne de chaque article,
& , fous la fomme ou quantité, il fera tiré une
petite ligne, car il n’eft pas queftion d’addition ;
cet enrégiftrement doit être fait dans l’inftant qu’il
reçoit, ou qu’il dépenfe, dans la forme qui eft
prefcrite par les inftruclions des gardes-magafins,
que l’on trouvera dans la fécondé partie du traité
des fubfift^nces, de M. Dupré d’Aulnay,
Touts les dimanches matin le garde-magafin fera
une copie figurée des articles qu’il aura enrégiftrés
pendant la lemaine ; il la collationnera, la certifiera
véritable , & après l’avoir fignée , il l’adref-
fera au directeur du département , notant en
marge qu’il a fait l’envoi de l’extrait le tel jour.
Le fécond régiftre fera divile. en autant de chapitres
qu’il y aura de différentes fortes de nature de
recette & dépenfe en deniers ou effets dans le
journal; &. pour que le garde-magafin fe puiffe
rendre compte à lui-même , à chaque inftant, de
la fituation de fon maniement, il fera touts les
foirs le dépouillement de fon journal, & portera
lommairement chaque forte de recette & de dépenfe
fur fon grand régiftre, au chapitre relatif,
pour connoître par la balance de ce qu’il a reçu ,
de ce qu’il a p a y é , envoyé ou confommé , ce
qui refte réellement dans fes magafins & dans fa
caiffe.
Les deux livrets qui feront auffi cotés & paraphes
du directeur, ferviront au garde-magafin ;
fçavoir , le premier pour infcrire fur chaque folio
verfo , la remife des bleds de froment & j feiglei
en facs de 2.02 livres, la toile comprife , qu’il
fera , jour par jour , aux meûniers pour moudre.
Et fur le folio reElo , l’envoi que les meûniers feront
des farines, auffi jour par jour, en facs dô
200 livres , la toile comprife, obfervant de rie;
faire la pefée que 24 heures après que la fariné
foit refroidie. E t , à la fin de chaque mois , lé
garde-magafin mandera le meunier pour compter
avec lui ; ce compte ne confifte que dans la balance
du total de la remife en grain fuivant le folio
verfo, avec le total du rapport en farines fur le
folio reElo, y compris quatre pour cent qu’on y
ajoute pour le droit de mouture.
On trouvera dans les inftruâions des gardesm
magafins une plus ample explication fur l’attention
qu’ils doivent avoir à l’égard des meûniers.
Le deuxième livret eft pareillement pour infcrire
fur le folio verfo les remifes que le garde-
magafin fera aux boulangers, en farines , méteil
du poids de "200 livres , & fur le folio reElo, la
fourniture que le boulanger fera au garde-magafin.
en rations de pain fur le pied de 100 rations de
24 onces pour chaque fac de 200 livres de farine ,
laquelle fourniture en ration , le boulanger jufti-
fiera par les ordres que le garde-magafin délivrera
aux officiers faifant le détail des régiments , en
échange des billets de prife que lefaits officiers
remettront à çg garde-magafin qui réglera la quotité
de fes ordres fur le boulanger, pour le montant
des revues dont il aura foin de fe procurer
des copies en forme, ainfi que des états des hôpitaux
, pour ne délivrer aux troupes que le
complet fans excédent.
Le garde-magafin comptera touts les mois avec
chaque boulanger ; ce compte, comme celui dû
meûnier, ne confifte que dans la balance du tota]l
de la remife en farines , fuivant le folio verfo 9
avec le total de la fourniture juftifiée par les ordres
du garde-magafin infcrite fur le folio reElo. Le de-
compte ainfi réglé, le garde-magafin payera la
cuiffon au boulanger fur le pied convenu , a tant
par fac, & il en retirera une quittance qu’il portera
fur fon journal.
On trouvera dans l’inftruâion du garde-magafin
cet article plus étendu, avec un modèle d’enré-
giftrement & de décompte.
Attention " fur le choix des gardes - magafins.
La fource ordinaire des fraudes fe trouve dans
ces fortes d’employés , foit par l’intelligence qu’ils
ont avec leurs confrères ou avec leurs fourniffeurs ,
foit furie mélange des effets, la légèreté des poids,
les journaliers paffevolants , les dépenfes imaginaires
: ou enfin, par des augmentations fur le
prix de tout ce qu’ils achètent , & de tout ce
qu’ils font faire ; ainfi rien ne demande plus l’attention
du dire&eur , & de l’infpe&eur , que ces
commis.
La première caufe de cette infidélité , v ien t,
non de l’emploi qui féduit, mais de ce que plu-
fieurs de ces employés, qui fouvent étant tirés
de la baffe condition , fans éducation, & fans
aucun principe d’honneur, n’ont pour but que la
rapine , afin de s’affranchir de la misère d’où ceux
qui les protègent les ont tirés. De-là viennent les
plaintes des troupes, ou fur la mauvaife qualité
du pain, ou fur la négligence du fervice , auxquelles
de tels gens ne font ni fenfibles ni attentifs.
La preuve de ce que j’avance eft tirée de plu-
fieurs exemples que j’ai vtis dans la dernière
guerre de 1710, 1 7 1 1 , 1 7 1 2 & 1713 : il y avoit
dans 15 ou 20 places de Flandres & d’Allemagne
des hommes de famille honorable qui étoient
chargés des-magafins ; en 17 18 , 1719 & 172o ,
plus de la moitié des gardes - magafins étoient de
ce genre ; „auffi pendant l’un & l’autre temps ,
n’eft-il jamais revenu de plaintes des lieux où ils
étoient, & leurs comptes ont été fimples, fans
dédu&ion d’aucun article.
Au contraire, les gardes-magafins contre lesquels
je déclame, ont fait crier les troupes, ont
porté préjudice à leurs confrères , & préfenté des
comptes monftrueux qu’il a fallu réduire extraordinairement.
O r , tant que les munitionnaires ne pourront ré-
fifter aux puiffances importunes qui follicitent des
emplois, foit pour récompenfer leurs dçmeftiques,
ou pour en placer d’autres | le fervice fera toujours
accompagné de fâcheux inconvénients.
Le feul moyen pour remédier à cet abus, c’eft
de n’admettre aucun garde-magafin 3 s’il n’eft de
famille honorable, & s’il ne donne une caution
bien folvable , proportionnée à la conféquence
des poftes ; & , pour rendre la chofe plus efficace,
il faut, fous le même prétexte de fureté du fervice
& de préfervatif à la fraude, que, dans le traité
de l’entreprife , il y ait une claufe expreffe qui
défende aux munitionnaires d’employer , fous tel
égard que ce fo it, aucun comptable , s 'il ne donne
bonne & valable caution, proportionnément à la
conféquence des effets qui lui font confiés.
L’on obje&era peut-être que, le roi ayant les
munitionnaires pour garants des malverfations de
leurs commis, fa majefté n’a pas befoin d’entrer
dans ces confidérations ; mais je vais faire connoître
qu’elles l’intéreffent encore plus que les
munitionnaires ; car la fraude peut être préjudiciable
aux troupes par la mauvaife qualité des effets
& du pain qui en eft formé, par le ^défaut de
quantité effective dans un magafin, fur lequel un
miniftre ou un général compte pour une expédition!,
un paffage ou un féjour.; par les procès-
verbaux captieux auxquels l’intendant le plus
févère cède le plus fouvent par la couleur du
prétexte, par le mauvais exemple & la corruption
qui fe communiquent à touts les employés, à
ceux qui font les détails des régiments, aux per-
fonnes même chargées de la police , par rapport
à la bonne règle ; d’autant que, fi touts les commis,
faute de frein, fe jettent dans le déréglement,
leurs comptes deviendront pleins de faufletés, pareillement
ceux des fourniffeurs.
Les munitionnaires, ne pouvant faire face à
tant de dépenfes extraordinaires, feront obligés
de ceffer les payements à leur caiffe. Sur des mémoires
fpécieux & bien circonftanciés , la cour
leur accordera des furféances : les créanciers &. le
public en deviendront les vi&imes.
Par la voie des vives follicitations de quelque
puiffance , les munitionnaires feront écoutés favo-
rablèment fur des indemnités ; on leur nommera
des commiffaires pour l’examen de leur demande :
les comptes rapportés & vérifiés, le roi les recevra
à compter de clerc à maître, & , par une fuite,
inévitable , l’entreprife coûtera à fa majefté un tiers
de plus que la fixation du traité. Je crois avoir
évidemment démontré que le roi eft plus intéreffé
dans la claufe que je propofe, que les munitionnaires
même , puifque c’eft fa majefté qui paye
les fraudes, & que, malgré fa juftice , le public,
qui a fouffert par le retard des payements , fe
trouve encore lèfé.
Il conviendroit que chaque garde - magafin, dans
des places d’un grand détail, eût un commis pour
enrégiftrer fur le journal & fur le grand livre,
& pour en expédier les extraits ; que ce commis.,
fût de fon choix, mais aux appointements des
munitionnaires.
Comme j’ai fupprimé touts les commis inutiles
à la fuite des places, celui que je propofe, ne
feroit pas une augmentation de dépenfe : il feroit
très utile , & ôteroit au garde-magafin tout prétexte
d’excufe fur la tenue de fes regiftres. ( Traité
des fubfifi„par M. D upré d ’A u l n a y .).
G arde- p a r c . Commis chargé , dans le camp
ou dans un lieu sûr près du camp, des avoines