permit enfuite à ces mêmes ibldatg de juger leurs
centurions, ; celui qui étoit cité par le général ,
difoit quel étoit fon nom , fon rang , fa patrie",
fes années de f e r v ic e , fes allions d’é c la t , & les
récompenfes qu’il en avoit reçues. Si les tribuns,
la légion , l’ approuvoient comme chef intègre &
h a b ile , il confervôit fon emploi ; s’ils lui reprochoient
unanimement fon avarice , fa cruauté, il
é to k dégradé,
jPeines & délits
Suivant la lo i des douze tables , celui qui avoit
lufcite des ennemis à l’état ou livré des citoyens à
l ’ennemi étoit puni de mort ; celui qui combattoit
fans ordre , qui abandonnoit fa troupe , fon ran g ,
fon p olie , fon en fe ign e , qui jettoit ou vendoit
fes armes, qui excitoit une fédition , étoit puni de
mort. La légion de C ampanie , qui s’étoit emparée
d e Rhégium fans ordre , ayant été prife par L.
G en u c iu s , fut conduite à Rome & condamnée
toute entière à mort par le peuple. Quatre mille
hommes furent exécutés : on en fit mourir cinquante
par jo u r , & le fénat défendit de les enfe-
velir & de les pleurer. ( Mo défi. L. IÏL Frontin ,
Liv. IV, Z . XXVIII C. 2.8, & épitom. 15. Valer.
Max. L.ll, C. 7 , § . 1 5 , de R. 482 , av. J. 2 7 1 . )
Lorfque l’armée d’Appius , irritée contre l u i ,
le fut laiflee v a in c r e , il affembla un confeil de
g u e r re , & malgré les prières des légats & des
chefs, f i t , fui vaut la l o i , battre de verges & frapper
d e la hache , ou périr par le fulluaire les foldats
qui étoientfans armes , les centurions & les doubles
p a y e s .q u i avoient quitté, leurs r a n g s le s porte-
enfeignes qui avoient perdu leurs enieignes , &
décimer le relie de l’armée. ( Livi Z . Il, C. 59.
Dionys. Z. IX, p. 606. De R. 282 av. J. 4 7 1 . )
L e tribun confulaire , Pollhumius , excita lui-
même une fédition dans fes troupes par fon injuf-
tiçe ; il avoit promis à fon armée le pillage d’une
v ille des E q u e s , & il le refufa quand la ville fut
prifé. Les foldats indignés fe foulevèrent : le tribun
tenta d’ étouffer la fédition par les plus cruels fup-
plices. Il renouvella celui de noye r le p a tien t , en
jettant une claie fur lu i , & le couvrant de pierres.
Son injullice & fa cruauté furent punies : fes foldats
le lapidèrent. ( Liv. L. IV. C. 50. I. 51 . De R.
3 3 9 - a\ / . 2 14 .) .
Ce lu i qui détournoit à fon profit une portion du
bu tin , fut d’abord condamné à l’interdiâion du
feu & de l’eau. A cette peine fuecéda celle de la
déportation, & la loi Julia prononça enfuite la
reflitution du quadruple contre cette efpèce de
péculat. Dans la fuite , ce délit fut quelquefois puni
de mort. ( Digefi. Le g 111. & Leg unie. De peeulatu. )
La peine de la décimation, allez rare dans les
premiers temps de la république , devint fréquente
pendant les guerres civiles. Craflus fit décimer les
légions qui avoient mal combattu contre Spartacus.
A n to in e , dans la guerre contre les Parthes, fit
décimer deux cohortes qui avoient mal défendit
fon camp. Il les divifa en décuries, & celui fur qui
le fort tomba fut mis,à mort, le refie reçut de
l’orge au lieu de froment, le même général fit fubir
la même peine à une partie de fon armée difpofée
'a l’abandonner pour embraffer le parti de Cæfar
Oélave. ( Appi an. Bell. civ. Z. 1. p. 425. De R•
682. av. J. 7 1 . ). ld. Bell. Parth. Z . 11. p. 160.
B. Frontin. L.I V. C. 1. Plutarch. Anton. p. 934«
B. Dio. 466. E. De R. 7 1 5 . av. J. 38. ) . ( Appian.
Bell. Parth. L. 111. p. 555. A.).
Un détachement de l’armée de CrafTus ayant été
battu par les troupes de Spartacus, le général fit
décimer les cinq cents premiers foldats qui avoient
fui. ( Plutarch. C/aJfi. p. ƒ4#. F. ).
Les légions de Cæfar qui étoient auprès de
Plaît arce s’étant révoltées , il menaça de décimer
fuivant la loi de la patrie la neuvième légion par
laquelle la fédition avoit commencé : cependant
il ne fit fubir cette peine qu’aux principaux auteurs
de la fédition au nombre de cent vingt*
( Appian. B<ell. civil. L. II. pag. 4.57. C. ),
Dans la guerre d’Illii ie , Augufle fit décimer
une légion qui avoit abandonné fon polie ; deux
centurions fur dix furent auflî condamnés à mort,.
| le refie eut de l’orge au lieu de froment.: cette
J punition modérée «étoit celle des Tirons, qui fe
n é g l i g e o i e n t dans leurs exercices. ( Appian. lllyT»
4°. pag. 14. de R. 7 1 1 . av. J. C. 42. Veget. Z . ƒ»
t . i
Les transfuges Romains & Latins ayant été
rendus à Scipion, conformément au traité de
paix qu’il fit avec Carthage, les Romains furent
mis en croix, & les Latins frappés de la hache»
( Liv. L. XXX. C. 43. de R. 532. av. J. C. 201. ).
Les citoyens qui fe mutiloient en fe coupant
les pouces ou les doigts pour fe fouflraire au devoir
de fervir la patrie, étoient vendus comme
efclaves. Celui qui prifoit allez peu fa liberté pour
refufer de la défendre, étoit regardé comme indigne
de ce bien. Un certain V . Vettienus s’étant
coupé le doigt pour ne pas fervir dans la guerre
de Sicile, il fut vendu corps & bien. {Cicer. Pro Coe-
cina. C. 34. de R. 662. av. J. 91. ).
Celui qui n ’ o b é i f ï b i t pas à f o r d r e ou au fignaî
donné étoit mis à mort ; l’armée de Scipion attaquant
d ’ a f f a u t une. ville d’Afrique, & n’ayant
pas obéi au lignai de la retraite, efcalada les remparts,
& tua prefque touts les habitants; le général
priva les foldats du butin, fit tirer au fort
les Centurions, & trois d'entre eux furent mis a
mort. ( Appian. Punie, pag. 9. A. )■ -
Tout f o l d a t trouvé en taoeon ou abfent de font
polie , étoit condamné au full.iaire. Tout cavalier
de ronde qui aeenfoit à tort une fentineile., tout
chef de turme qui, n é g l i g e o i t d’avertk le chef det
la troupe fuivante que fon tour de ronde étoit
venu , tout ferrefile qui ne eomraandoit point les;
cavaliers de ronde fubiffoient la même peine. Peu.»
«tant les guerres c ivile s, Domitius Calvinus condamna
au fulluaire un primipile, nommé Y ib illiu s ,
qui avoit fui .pendant le combat. ( Polyb. Z . VI.
C. 33. Suid. in ex 383. Vell. Paterc. L. II. C. 78, ).
. Celui qui voloit quelque chofe dans le camp,
qui rendoit un faux témoignage, qui étoit furpris
abufant de ceux qui étoient à la fleur de leur â g e ,
qui avoit été puni trois fois pour la même fau te ,
étoit condamné au fulluaire. O n traitoit comme
voleur celui qui s’attribuoit fauffement devant les
tribuns une aélion courageufe.
Corbulon fit punir de mort un foldat qui tra-
vailloit au retranchement du camp fans être a rm é ,
& un autre foldat qui, dans la même circonllance ,*
n’étoit armé que d’un poignard. ( Tacit. Annal.
L. XI. pag. 13 1. Juft. Lipjf. 40. ) .
L e général pouvoit tempérer la rigueur dés
peines. L ’armée de Marcellus ayant mal combattu
contre celle d’A n n ib a l, les cohortes qui avoient
perdu leurs enfeignes ne furent condamnées qu’à
recevoir l’orge : les Centurions des manipules qui
les avoient aulfi perdues furent dellitués : ce qui
fe faifoit en leur ôtant d’abord l’épée & enfuite
le ceinturon. ( Liv. L. XXXVII. C. 13. de R. 344. av. C. 209. ).
O n fubllituoit pour le v o l , à la peine de m o r t ,
ce lle d’avoir la main droite co u p é e , ou même
d ’être faigné à la tête du camp. ( Cato. in Front.
L. IV. C. 1. Aulug. L. X. C. 8 :).
Lorfque Pyrrhus en vo y a aux Romains deux
cents prifonniers fans ran çon , le fénat ordonna
que ceux qui étoient cavaliers feroient mis dans
l ’infanterie , les fantalîins parmi les frondeurs,
qu’aucun d’eux ne s’emparoit en-dedans des retranchements,
qu’ils n’entoureroient ni d’un parap
e t,'n i d’un fo l le , le lieu qui leur feroit aifigné ,
& que leurs tentes ne feroient pas de peaux.(Valere
Max. L. II. C. 7 . de R. 407. av. J. C. 346. ).
T o u t foldat qui s’éloignoit allez du camp pour
ne plus entendre le fon de la trompette , étoit
réputé transfuge. Q . Fabius Maximus punit les
transfuges en leur faifant couper la main droite.
Sous P. Cornélius N afica a, & Decimus Junius,
ils furent battus de verges & vendus (de R. 613.
av. J. C. 138. ). Scipion Æmilien les fit combattre
contre les bêtes féroces dans les jeux publics ,
Paul (Emile les fit fouler aux pieds par des éléphants.
( Appian. pag. 70. C. Frontin. L. IV. C. 1.
Valer, Max. L. II. C. 7 . § .* T i . de R. 607 av.
J. C. 146. Val. Max. ibidi C. 13 6* 14. de R. 3 86.
av. J. C. 167. ).
Corbulon faifant la guerre en A rm én ie , fit
camper hors du retranchement deux ailes des
alliés & trois cohortes qui avoient mal défendu
un f o r t , jufqu’à ce qu’elles euffent effacé leur
honte par un travail affidu & d’heureux fuccès
en quelques expéditions. Il punit (Emilius Rufus
préfet de ca va le rie, qui s’étoit retiré devant l’ennemi,
& dont la troupe étoit mal armée, en lui
faifant couper la robe par lé li& eu r , relier dans
cet état à la tête du camp, jufqu’à ce que l’armée
en fortit. ( Frontin L. IV. C. 1.
Il réprimanda le centurion Pa&ius qui avoit
combattu fans ordre , & ordonna que les troupes
qui, au lieu de le foutenir , avoient pris la fuite,
campaflent hors des retranchements. (Tacit. annal•
Z . Xlll.pag. 170. de J. C. 6 2 .) .
Le fénat ordonna au conful Publius Valeriu*
Doevinus de conduire- à Serinum l’armée vaincue
fur le Siris par Pyrrhus, & de l’y faire camper
& palier l’hiver fous les tentes ( Frontin, 16. de R.
463. av. J. C. 290. ).
Caïus Titius, préfet de cavalerie , ayant été
enveloppé par l’ennemi en Sicile, pendant la
guerre des efclaves, &-lui ayant livré fa troupe
& fes armes , fut condamné par L. Calpurnius
Pifon à la peine d’avoir le bas de la toge coupée ,
& d’être depuis le matin jufqu’au foir debout,
pieds nuds, & la tunique flottante, de manger
ieul, & de s’abllenir du bain. Il ôta les chevaux
aux Turmes que Titius commandoit, & fit inf-
crire les cavaliers parmi les frondeurs ( Val. Maxl
L. II. C. 8. § . 9.//C R. 620. av. J. C. 133. ).
Sylla ordonna qu’une cohorte que l’ennemi
avoit forcée dans fon polie , relleroit debout à la
tête du camp, ayant le cafque en tê te , & la robe
flottante, tant officiers que foldats. (de R. 663.
*v. J. C. 88.).
Une des cinq légions commandées en Dardanie
par C. Curia, ayant refufé de le fuivre, le p ro
conful condamna la légion féditieufe à couper du
chaume, ayant la robe flottante, oc à faire un
folié en préfencé du relie de l’armée qui étoit
fous les armes. Enfuite il la caffa fans aucun égard
à fes prières, & la dillribua comme fupplément
dans les quatre autres légions ( Front, ib. de R. 682,
av. J. C. 7 1 . ).
Dans la guerre des efclaves, le conful P. Rupi-
lius bannit de toute la Sicile fon gendre Q . Fabius ,
qui , par fa négligence , avoit lailïé prendre la
forterelle deTaurominium. ( Val. Max. L. IL C. 8-*
§ . 3.de R. 357. av. J. C. 132. ).
Publius Àurélius, parent de G. Cotta, ayant
été lailïé par le conful pour continuer le fiège de
Lipari, l’ennemi l’attaqua, franchit.fes retranchements
, & peu s’en fallut que le camp ne fût
pris. Le général fit battre de verges Àurélius,
& le condamna au fervice de fimple foldat. (Ib. de
R. 678. av. J. C. 70. ).
Le conful Q . Fulvius Flaccus fit bannir au-delà
de Carthage la neuve, fon frère M. Fulvius, pour
avoir congédié fans ordre la légion dans laquelle
il étoit tribun. Les foldats ayant été rappelles, ne
reçurent pour l’année que la moitié de la folde*
& le fénat ordonna au conful de faire vendre corps
& biens ceux qui ne rejoindroient pas. Les foldats
air.fi privés de la folde étoient nommés eere
diruti. (Ib. § . 3. de R. 574. av. J. C. 179 . Liv.
L, XL. C. 4 1 . Varr. de vita P. R. L. II. Fejius. ).
Le dillateur L. Q . Cincinnatus, ayant délivré
C .c i j