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des différentes divifions, doivent fe fouvenir fans
celle que leur deftination n’eft pas de combattre,
mais d’efcorter un convoi ; ils éviteront donc les
engagements autant qu’ils le.pourront ; mais quand
ils le verront forcés à combattre , ils agiront avec
tonte la vigueur imaginable. Ce moyen eft le feul
qui puiffe ôter à l’ennemi l’envie de revenir à la
charge : quelques avantages que l’on ait fur l’af-
faillant, on fe gardera bien de le pourfuivre : on
pourra tout au plus envoyer à fa fuite quelques
cavaliers auxquels on donnera ordre, de lçavoir
feulement vers quel endroit il fe retire.
§ . V I I I .
De la conduite de la divifion du centre.
La divifion du centre partagée en deux portions
égales, mais qui ne feront point féparées , marchera
à hauteur du centre du convoi. Ce centre
fera marqué par un intervalle de quinze à vingt
pieds. C ’eft par intervalle que paffera la divifion
du centre, quand elle devra changer de pofition
6c fe porter fur le côté du convoi qui fera alfailli.
Si l’ennemi-veut percer le convoi vers le commencement
de la fécondé partie ou vers la fin de
la troifième, la moitié de la divifion du centre fe
portera vis-à-vis l’endroit qui fera mènacé, fur-
tout fi la réferve en eft éloignée ; mais avant de
le décider à faire cette manoeuvre, elle aura bien
obfervé le mouvement des ennemis , & fe fera
affuré qu’ils vont faire une attaque véritable ; car
les affaillants menacent fouvent une partie du convoi
qu’ils ne veulent pas attaquer réellement ; ils
agiffent ainfi pour attirer les troupes des autres divifions
vers la partie qui a l’air d’être menacée ,
& pour tomber avec rapidité fur celle que le mouvement
a dégarnie.
§. I X
De la conduite des divifions de la tête 6* de la queue
du convoi.
Les divifions de la tête & de la queue de l’ef-
corte fe tiendront toujours à la place qui leur aura
été marquée J elles ne fe hafarderont jamais à
abandonner leur pofte pour combattre l’ennemi ;
elles fe contenteront de l’éloigner avec leur feu
qu’elles ménageront affez bien pour n’en être jamais
dépourvues.
L’avant-garde, l’arrière-garde 8c les découvreurs
qui précéderont 8c qui fuivront un convoi, fe conduiront
comme nous le dirons dans l’article
( M a r c h e . ).
§• X.
De la police qu’on doit établir dans un convoi.
Après que le commandant en chef aura fait
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| part à fes fubordonnés des ordres généraux aux-
| quels ils doivent fe foumettre dans la conduite de
j leurs divifions , & qu’il leur aura donné une règle
particulière pour touts les cas que nous tâcherons
de prévoir dans le cours de cet article, il s’occupera
de la police générale du convoi.
Toutes les fois qu’on le pourra , fans trop diminuer
la force de l’efcorte , on donnera pour
guide , à chaque charriot, un foldat intelligent :
ce foldat fera" chargé de lui faire ferrer la file , de
manière qu’il n’y ait jamais le plus petit intervalle
d’un charriot à l’autre : il fera encore chargé d’empêcher
les conducteurs de dételler leurs chevaux,
ou de couper les traits pour s’enfuir ; ce qui arrive
quelques fois dans le moment de confufion qu’oc«*
cafionne ordinairement l’apparition de l’ennemi :
s’il n’eft pas poffible de donner à chaque charriot
un foldat pour fur veillant, on en donnera un pour
deux , ou même pour trois charriots : fi la foibleffe
de l’etcorte ne permet pas d’employer cette fécondé
manière, on prend le parti de confier la
police de chacune des quatre parties du convoi à
une efcouade de quatre ou cinq cavaliers. Ces
hommes vont de la queue à la tête de la partie
qui leur eft confiée , puis ils fe laiffent dépaffer
par elle , enfuite ils en regagnent la tête ; ainfi ils
peuvent exécuter tout ce que doivent faire les
foldats furveillants : lés efcouades & les furveillants
obligeront les charretiers à exécuter avec promptitude
les ordres qu’on leur donnera ; 8c fi ces
condu&eurs effayent de s’évader avec leurs chevaux
, ou même feuls , leurs gardes feront auto-
rifées à faire feu fur eux.
La tête du convoi marchera toujours au pas
réglé. Quand on commence par excéder les attelages
, il ne leur eft guère poffible de finir leur
courfe , 8c d’arriver au lieu de leur deftination.
Quand les chemins feront affez difficiles pour retarder
la marche de la' queue du convoi, la tête
s’arrêtera , & attendra que toutes les charrettes
ayent ferré la file : pour,exécuter ce mouvement
on employera un fignal dont on fera convenu. Si
l’on craignoit que le bruit des inftruments militaires
pût , en donnant l’éveil aux ennemis, de--
venir funefte au convoi, on feroit porter l’ordre à
la tête de la colonne , par un homme à cheval. Le
commandant en 'chef défendra aux charretiers de
s’arrêter pour faire boire leurs chevaux, quand on
paffera un gué ou une flaque d’eau ; il leur défendra
encore de chanter & défaire claquer leurs fouets ; •
il leur itnpofera même de temps en temps , 8c fans
néceffité un filence abfolu ; il parviendra ainfi plus
aifément à l’obtenir, quand la circonftance le rendra
indifpenfable. On défendra encore aux foldats &
aux charretiers de fumer , fur-tout s’il ÿ a de la
poudre dans le convoi.
Quand un charriot fe brifèra, les furveillants des
voitures fui vantes fe hâteront de le tirer du milieu
du chemin, afin que la marche du convoi ne foit ■
pas retardée j s’il eft impoffible de réparer dans peu
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de temps les dégradations que le charriot aura fouf- j
fertes on enverra quelques hommes a cheval
chercher dans un village voifin , une voiture de.
remplacement; fi les villages font trop éloignés S
ou li l’on ne peut remplacer le charriot hnfe , on
répartira les objets qu’il portoit, fur ceux qui feront
les moins chargés, & on en donnera les chevaux
aux attelages les plus foibles ; s il n eft pas poffible
de répartir la charge de ce charriot fur les autres,
& fi les objets qu’il portoit ne font pas d une grande
conféquence , on enverra chercher le bourgue-
meftre du village le plus voifin, on lui remettra la
charge de ce charriot, en exigeant de lui un reçu
des objets qu’on lui confiera, en le prévenant qu il
en eft refponfable. .
Si par quelque accident on perd des chevaux ;
ou des charretiers, on en agira comme dans le
cas précédent; on pourra, quand on n aura perdu
.que peu de chevaux , . en tirer quelques-uns ,
2u des meilleurs attelages , ou des charriots les
moins chargés. ' . " .
Si' quelque légère dégradation oblige un charretier
à s’arrêter un inftant, il ne rentrera dans la
colonne qu’ à la fin de la partie du convoi a laquelle
il fera attaché.
§■ X I .
Des-différsntes manières dont un convoi, peut parquer.
Un convoi qui ne peut arriver dans une feule
journée à l’endroit de fa deftination , qui ne trouve
pas fur fa route un village dans lequel il puille le
retirer , ou qui eft attaqué affez vivement pour ne
pouvoir continuer fa marche, fe détourne de la
route qu’il doit iiiivre , fe, jette dans un champ
capable de,le contenir, & s’y difpofe dune des
manières fuivantes. '
La forme circulaire eft généralement la meilleure
que' l’on puiffe faire prendre aux charriots^ d un
convoi, on s’en rapprochera donc autant qupn le
pourra; mais comme il feroit difficile de décrire
d’abord un cercle même imparfait, on commencera
par former un parc quarré. Comme le convoi eft di-
vifé en quatre parties, chacune de fes parties formera
un des côtés du quarré : quand le parc aura ete
formé ainfi , il fera aifé de faire difparoître les
angles faillants, & de donner de la convexité au
milieu de chaque côté. "
Quelque figure qu’on donne à un parc , on peut
le former fimple ou double.
Un parc eft fimple quand on ne met les voitures
que fur un rang : il eft double quand les voitures
font fur deux rangs.
On donne la préférence au parc double , toutes
les fois que le convoi eft affez confiderable pour
renfermer , malgré le double rang de voitures ,
tout ce qu’il faut placer dans le milieu de fon
enceinte. Çhacune de ces deux manières a fes
avantages Ôc fes inconvénients ; ce feront donc
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les circonftances qui décideront fur le choix de
l'une ou de l’autre. .
Quand on a placé les voitures l’une à côté de
l’autre , le parc a moins d’étendue , mais il eft plus
fort que lorfqu’on les met au bout l’une de l’autre.
Quand on voudra donc refferrer fon parc , on employera
ce fécond moyen. On fera ufage du premier
quand on voudra lui donner une plus grande
étendue.
Quand on place des voitures a quatre roues
les unes à côté des autres, on tourne- les timons
en dehors.
Quand les voitures font à deux roues , 8c placées.
les unes à côté des autres , on tourne les
timons en dedans.
Quand les voitures font à côté les unes des
autres , on laiffe de fix en fix voitures une ouverture
de trois pieds ; on ferme chacune de ces ouvertures
avec un charriot qu’on place dans 1 intérieur
de l’enceinte à fix pas des charriots intérieurs,
8c de la même manière qu’une traverfe.
Les voitures qui forment un parc doivent fe
joindre exaâement , de manière que l’effieu de
l’une foit un peu en avant ou un peu en arrière de
l’effieu de l’autre, fuivant qu’elles fe trouvent dans
une partie faillante ou dans une partie rentrante.
Quand les voitures à quatre roues font les
unes au bout des autres , leurs timons font tournes
vers l’ extérieur du parc, & les corps des charriots
fë joignent. p
Quand le parc eft formé avec des voitures a
deux roues placées les unes au bout des autres ,
le timon de chacune eft engagé fous la yoiture qui
la précède. ’
Dans le parc formé par des voitures placées les
unes au bout des autres , on laiffe une iffue de
quatre en quatre charriots. On mafque ces iffues
comme nous l’avons dit précédemment.
On enferme dans l’intérieur du parc les charriots
qui font chargés des objets les plus précieux ,
comme l’argent, les papiers , 8cc. ; on met aufli la
poudre dans un endroit ifolé. '
On fait entrer touts les chevaux dans l’intérieur
du parc ; on les fait attacher à des piquets qu’on
a plantés pour cet objet ; les différents attelages
font placés vis-à-vis leurs charriots.
Quand on parque pour paffer la nuit, dn place
en dehors du parc les fentinelles 8c les gardes
qu’on juge néceflaires pour fe mettre a 1 abri des
furprifes. Ces gardes 5t ces fentinelles font fournies
par l’avant - garde , par l’arrière - garde 8c par les
découvreurs : on place la réferve au centre du parc ;
la divifion de la tête au centre de la première
partie du convoi. La première des divifions du
centre au milieu de la fécondé partie , la fécondé
divifion du céntre au milieu de la troifième , &
la divifion de la queue au milieu de la quatrième ;
la moitié de chacun de ces détachements a la
permiffion de fe livrer au fommeil.
Quand on parque pour repouffer une attaque ,
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