
revetement au fommet, afin qu’il ne refte d’autre
efpace que celui qui fera néceffaire pour le paffage
ou jardinier qui la cu ltiv era .
O n plante ordinairement des arbres fur le remp
a r t de la p la c e , trois ou quatre ans après qu’on
l a é l e v e , afin que les terres aient eu le temps de
s affaiffer. O n en met trois rangées ; la première fe
fa it au pied de la banquette ; la fécon d é, à 3 ou 4
pieds du bord intérieur du terre-plein, &. la troisième
au pied du talus du rempart. O n choifit des
ormes d’une b elle t ig e , bien garnis de leurs racines ,
qui ne doivent être ni altérées ni offenfées. I l fuffit
q u ils aient 6 a 7 pouces de pourtour, parce qu’ils
en prennent mieux que s’ils étoient plus forts». On
l e s plante à 15 pieds de diftance les uns des autres ,
laifan t des. trous de 3 pieds en quarré fur autant
de -profondeur t il eft à propos de faire ces trous
tro s ou quatre mois avant que de planter les arbres ,
afin que le fond puiffe s’engraiffer. O n a encore
beaucoup d’autres petites attentions qui font effen-
lielles pour les faire profite r, mais qui font allez
connues des jardiniers y pour me dil'penfçr d’en
faire le détail.
J e n’ai, pas encore parlé du ch em in - co u v e r t,
pa rce que fa conftruélion n’a rien qui ne foit renfermé
dans ce qu’on a v u au iù je t de la manière
d e conftruire les ouvrages de terraffes; je dirai
pourtant qu’on lui donne ordinairement 6 toifes
d e la rg eu r , formé par-un parapet de 4 pieds 8c
demi de haut, elevé fur deux oir trois banquettes ,
fé lon qu on eft obligé de fe couvrir contre la campagne.:
Quelquefois on foutient ce parapet d’uii
p e t it revêtement de m açonnerie, qu’on ne conftruit
q u ’après que les terres fe font bien:.affermies ; on
l'établit fur une fondation de trois ou quatre tas
briques de hauteur fur deux briques & demie
d ’épaifleur, & on lui donne deux briques fur la
bafe 8c une brique & demie au fom met, fur 3
pieds de hauteur ; le refte du p a rap e t, qui eft
d u n pied 8c demi., fe revêtit de gazon ou de
placage.
Les angles faillants d è s . places d’armes , en rafe
campagne, doivent être élevés d’un pied plus que
f extrémité de leur face , peiir fe couvrir contre
les enfilades. Dans le milieu de chaque face on
pratique une fortie coupée à niveau du terre-
plein ; on lui donne 9 à jo pieds de largeur fur
15 de longueur , pris du fommet du parapet- ,. &
p ou r défiler le pa ffage, on le détourne en aïron-
diffant vers l’angle rentrant. A u x deux c ô té s 'd e
chaque fortie , on; plante un poteau aiguifé &
contre-fiché fur un feuil-, pour porter deux manteaux
de barrière que l’on fait de barreaux à claire-
v o ie , dont le fommet fini à pointe façonnée
comme celle des paliffades élevées à la même hauteur
& far le même alignement.
Les places d’armes rentrantes & fitilfantes fe I
ferment ordinairement par des traverfes de te r re , .]
auxquelles on donne 18 pieds d’épaiffeur aü J
fommet y:leur parapet eft élevé à la même hauteur 1
qu e 'c e lu i du chemin - co u ve r t 9 avec Te mêm e
nombre de banquettes. Quand la contrefcarpe eft
revêtue de maçonnerie, les profils des traverfes
le font auffi , ce qui les rend capables d’un plus-
grand feu , à caufe que l’on n’eft pas obligé de
leur donner un auffi grand talus de ce côté là.
A un demi pied du parapet, tant du chemin-
couvert que des tra verfe s, on- plante fur la ban--
quette un rang de paliffades de bois de ch ên e ,
de brins ou de quartier, de 8 pieds & demi de
longueur fur 18 à ao- pouces de tour , mefuré au
milieu. Elles font appointées de 12 à 13 pouces
de longueur , la pointe droite fur le milieu, un
peu tronquée pour éviter la pourriture ; on lès
efpace également à deux pouces de diftance l’une
de l’autre , mefurée fur le linteau auquel elles
font'attachées a v ec des chevilles d e chêne bien
f e c , chaffées de force par le gros bout 8c fendues
par le p e t it , pour être contre-chevillées ; le linteau
fe fait auffi de bois de chêne d’une pièce de
4 pouces fur 5. d’équarriffage , laquelle eft refendue
diagonalement à un pouce près des angles-,
op p o fés , ce qui donne deux cours de linteaux.
:M . le maréchal de Yauban faifoit furmontér la
pointe des. paliffades de 9 pouces-au-deffus de la
crête-du parapet, mais l’ufâge a fait connoîire que
.6 pouces fumfoient 8c mettoient les paliffades-
moins en prife au canon. O n doit les incliner de
6 pouces du côté du parapet , pour mieux ré*--
fifter à la pouffée des- ter res , pour que le foldatc
fait. plus, commodément placé-pour faire feu.
Il entre ordinairement 8 ou- 9; paliffades dans
la toife courante , dont chacune pèfe environ 70
liv . : un charriot en voiture 100 , & un ouvrier-'
a v e c fon manoeuvre peut en planter & cheviller
trois toifes courantes par jour-
Quand un rempart n’eft revêtu-que de gazon ^
on le fraife à la hauteur dû terre-plein ; c’èft-à*«
dire qu’on l’hériffe de- paliffades pôfées- horifon--
.ta lement, ayant trois-pieds- de faillies-fur trois-
pouces de bandes elles font: couchées 8c chevillées
fur un chevet ou linteau. Il y a des perfonnes-
qui ajoutent un fécond linteau fur l’ extrémité qui-
eft enterrée , afin qu’ôn trouve plus- de difficulté
pour les arracher ; mais cela paroît affez inutile.-
Ce s paliffades font efpacées les unes des autres de.
quatre à cinq pouces -,. il en faut.environ fix à fept:
par toifes courantes.- '-
| Comme lés, ouvrages revêtus de gazon o n t ordinairement
une herme., on y plante auffi au bord,
du foffé un rang dfe paliffades qui préfentent la-
pointe du côté de la campagne ; on leur fait faire-
un angle de- 45 degrés avec l’horifon , & leur
faillie eft à-peu-près de quatre pieds dix pouces.
Je crois ne pouvoir mieux finir ce troifième:
livre , qu’en rapportant quelques réglements de
M . le-maréchal-tie Vàuban , au> fujet des-travâuxx
qui cdnviendront parfaitement ic i , pour donner
aux. jèùnes ingénieurs''une idée générale de la.
façon dont fe doivent faire les toifes des ouvrages.,»
& c e qu’il faut fuivre pour avoir de l’ordre &. de
^arrangement quand on eft chargé du detail.
Règlements de M. le maréchal de Vauban, pour
la conduite des travaux.
« L ’ingénieur qui fera chargé en chef des trav
a u x d’une p la c e , fera tout? les ans un regiftre oir
chaque article de l’état des ouvrages ordonnés
pour la m ême année , aura fa feuille en particulier,
dans laquelle touts les payements de la dépenfe
feront rapportés en gros 8c en dé ta il, depuis le
commencement de Ion exécution jufqu’à la fin ,
conformément aux marchés qui-en auront été faits ,
& aux comptes des toifes qui feront arrêtés de
temps en temps a v e c les entrepreneurs , moyennant
quoi il lui fera aifé,en quelque temps que ce foit ;
de faire voir l’état des ouvrages dont on pourra tirer
des connoiffances néceffaires pour le temps de leur
d u r é e , 8c les moyens de les pouvoir achever.
Les entrepreneurs n’en commenceront aucun en
gros ni en déta il, qu’on ne leur ait donné la figure
8c l’étendue au ju fte, marqué toutes les hauteurs
& profondeurs, 8c fait un toifé géné ral, du contenu
duquel on leur donnera copie , qu’ils figneront.
Après qu’ils les auront achevés , ils feront me-
furés pour lar fécondé fois , 8c fi la quantité qu’on
aura trouvée à la fin diffère du commencement,
on prendra toujours le moindre nombre pour le
compte du roi ; ce qui fe doit entendre pour le
remuement des terres feulement, car pour la maçonnerie
, il pourroit y avoir des changements
dans la fondation , qui feroient fi éloignés du
toifé eftimatif, qu’on ne pourroit s’y tenir fans tomber
volontairement dans une erreur confidérable.
Touts les ouvrages de terre feront mefurés par
l’excavation du foffé d’où pn les aura tirés , à
moins qu’il ne fût expreffément fpécifié par le
marché de le faire autrement.
Touts les témoins de terre feront faits en p ro fil,
& non en pyramide , à caufe des abus & tromperie?
qui s’y commettent ; 8c ils fe feront toùjours
de concert avec l ’ingénieur 8c l’entrepreneur.
L ’ingénieur ne fëra payer perfonne à bon
compte fur les ouvrages , qu’il ne foit certain par
un bon mefurage de la poffibilrté de le faire ou
non , fans rien hafarder pour le roi.
A l’égard des ouvrages de maçonnerie , on
tiendra dès attachements ou des mémoires exaéls ,
fignés réciproquement de l’ingénièur 8c de l’entrepren
eur, 8c même des principaux condu&eurs des
ouvrag e s , où toutes les épaiffeurs, longueurs 8c
hauteurs de chaque partie feront nettement expliquées
, fpécifiant bien- l’endroit de chacune ,
afin d’éviter toutes fortes d’embrouillement 8c de
fupereherie dans les tôifés généraux.
Pour la charpente , on tiendra des attachements
de même de touts les bois qui feront attaches
, 8c de ceux qui ne le feront p a s, fpécifiant
bien le nom de chaque efpèce , 8c même figurant
a la marge, le mieux qu’il fera poffible la partie
dont il eft queftion , afin d’éviter toute obfcurité..
La même chofe fera auffi obfervée pour la maçonnerie
, tout autant de fois qu’on croira en
avoir b e fb in , pour plus grand éclairciffement.
T ou ts les ouvrages de fer feront pefés à la liv re
de féize onces , en préfence de l’ingénieur, après
qu’ils' auront été forgés , avant que d’être employés.
Ceux de maçonnerie fe mefureront à la toife
cube , fi c’eft de gros mu rs, ou à la toife quar-
rée , fi c’eft de fimples murs ; comme des cafernes,
magafins, corps-de-garde 6c autres.
L e mefurage des terres fe fera à la toife cube
de France, celui de gazon à q u e u e , gazon plat
8c planage à la toife quarrée , celui de la charpenterie
, au cent de folive.
Sur la fin de chaque an n é e , au temps que les
ouvrages finiffent, l’ingénieur arrêtera toutes les
dépenîes qui auront été faites fur fon reg iftre, 8c
rapportera fur fon projet de l ’année c&urante l’état
où feront les ouvrages de la place , & ce que
chacun aura c o û té , en marge , vis-à-vis de fon:
a r t ic le , comptant après les revenants-bons ou les
dettes qui s’y trouveront , pour faire état des
premiers comme fonds déjà re çu s , 8c des fécon d s,
comme premiers fonds à demander fur le projet
de l’an prochain ; enfuite de quoi il y travaillera ,
y rapportant touts les ouvrages qui auront été
réglés a v e c l’eftimation de chacun en particulier *
le plus jufte qu’il fera po ffib le , afin que l’on puiffe
choifir ceux que lfon jugera les plus né-ceffaires.
Il faudra auffi rapporter , après cela , le prix des
matériaux en provifion qui tiendront lieu de forfds ,
8c à la fin le nom de touts les gens employés à
la fortification , 8c les appointements d’un chacun j
8c pourvu que cet ordre foit exactement obfervé ,
l’on ne tombera dans aucune e r reu r , 8c l’on v erra
toujours clair dans toutes les dépenfesfaites8c à faire.
Qu and on fera des toifes , foit généraux, foit
particuliers i l faudra , premièrement , bien fpéci-
| fier le lieu 8c l’end roit, la qualité des ouvrages I le nom de la pièce 8c de l ’entrepreneur, 8c même
les marquer fur le plan par un renvoi chiffré >
j afin que l’on n’ait point dè peine à les trouver quand
il s’agira de quelque vérification^
Secondement , en donner la longueur , largeur
8c profondeur , par toife , pieds 8c p ou ce s, dans
l’ordre marqué ci-après, a v ec le produit.
Troifièmement , en diftinguer les p o r t io n s ,
quand il s’en trouvera plufieurs dans la même
; pièce , par première , fécondé 8c troifième, 8tc.
j Quatrièmement, en faire toujours la fupputa-
tion par to ife s , pieds 8c p ou ces, parce que ce tte
façon s’explique plus clairement, eft plus en ufage ,,
8c moins fujette aux embrouillements desfra&ions
que les autres.
S ’il étoit queftion , par exemple , de mefirrer la
yuidange du fo f fé , vis-à-vis la fa c e d’un baftion y
& que ce mefurage fût divifé en plufieurs parties y
y o iç i çommçm 911 ?n dreffera l e toifé,