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veiller avec foin fur ceux qui font du plus grand
p r ix , qui font très inflammablesou qui peuvent
le détériorer aifément.
Vous lçaurez quelle eft la diftance que le convoi
a a parcourir, pour hâter ou retarder votre marche,
fuivant les différentes circonftances.
Vous apprendrez quelle eft la largeur & la qualité
du chemin que le convoi doit luivre pour décider
la manière dont vous le ferez marcher ; pour
lçavoir quel eft Je temps dont vous aurez befoin;
quelles font les embufcades & les attaques de vive
force que vous aurez à craindre ; quels font les
fecours que vous pourrez efpérer, les afyies que
vous pourrez trouver, &c.
Que l’ennemi foit éloigné ou qu’il foit dans le
voifinage, on conduira un convoi avec une prudence
égale. .Ce principe eft de touts les moments ;
il faut cependant, s'il eft poflible, redoubler de
précautions & de foins, quand, à caufe de la proximité
de l’ennemi, on a lieu de craindre une
attaque prochaine. -
Connoître le nombre & la qualité des troupes
que l’on commande, eft encore une maxime générale
à la guerre, mais dont l’ufage eft plus effen-
tie i,- s’il eft poflible dans la circonftance préfente,
que dans toute autre : comment peut-on, en effet,
bien partager fon efcorte, & la faire manoeuvrer
convenablement, quand on ne connoît pas 'l’intelligence
&. la valeur des foldats, & fur-tout celle
des officiers & des bas-officiers qu’on a fous fes
ordres ?
Les qualités morales de l’officier chargé dé conduire
un convoi font, une bravoure à l’épreuve
de tout danger ; une grande préfence d’efprit ;
beaucoup de fang-froid, & une longue expérience
de la guerre. Celui qui réunit toutes ces qualités
heureufes , juge fainement par les mouvements
qu’il voit faire aux ennemis , des vrais projets qu’ils
ont conçus.
§• n i .
De la manière dont on doit compofer & divifer V efcorte
d'un convoi.
L ’efcorte d’un convoi étant aflemblée, on l’inf-
pe&era, ( Voye\ In s p e c t io n , ) , & on la divifera
en cinq petites parties, i ° . les découvreurs de
l’avant-garde; z ° . l’avant-garde; 30. le corps de
bataille ; 40. l’arrière-garde ; 50. les découvreurs
de l’arrière-garde.
Les découvreurs de l’avant & de l’arrière-garde,
l’avant & l’arrière-garde elles-mêmes, feront com-
pofées, comme nous le dirons, fous le mot M arc
h e ; elles fe conduiront comme nous l’indiquerons
dans cet article. ( Voye£ Ma r c h e . ) .
Le corps de bataille de l’efcorte d’un convoi fera
divifé en quatre parties ; première, en corps de
réferve ; leconde, en divifton du centre ; troifième,
en divifton de la tête du convoi s quatrième,
en divifton de la queue du convoL
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Le corps de réferve de l’efcorte fera compofé
de la moitié du corps de bataille. La divifton du
centre, du quart de ce même corps de bataille.
Le refte du corps de bataille fera partagé entre
la divifton de la tête &. celle de la queue : ces deux
dernières fubdivifions feront égales , quand on
craindra autant en avant qu’en arrière , &. inégales,
quand on craindra plus d’un côté que de l’autre.
La différence entre ces deux fubdiviftons fera cependant
peu conftdérable.
Mous avons formé un corps de réferve , afin
que les diviftons du centre, de la tête & de la'
queue , ne foient jamais obligées d’abandonner
leur pofte; & de laiffer fans défenfe une partie
du convoi , afin encore que l’ennemi ne puifle
jamais j malgré fes marches & fes contre-marches ,
tomber fur une partie du convoi qui ne foit pas
gardée.
Nous avons formé la réferve de la moitié du
corps de bataille, afin qu’elle puifle faire tête à
l ’ennemi, l’arrêter, & donner.au convoi le temps
de filer, de gagner un afy-le fur, de prendre une
pofition ou une formation heureufe pour fa défenfe.
La divifton du centre du convoi, eft double de
celle de la tête ou de la queue, parce que le centre
d’un convoi, eft l’endroit qu’un ennemi habile doit
attaquer de préférence.
Les diviftons de la tête & de la queue fuffiront,
malgré leur foiblefle , à mettre ces parties du
convoi en fureté, parce qu’elles pourront être fou-
tenues par l’avant-garde ou par l’arrière-garde ,
& couvertes par la réferve.
Si un officier particulier étoit le maître de compofer
à fa volonté l’efcorte d’un convoi % il en pro-
portionneroit la force au nombre des voitures ou
des bêtes de fomme qu’il devroit conduire; à l’é-
loignemerit des ennemis , à la diftance de l’endroit
où il doit fe rendre, & aux qualités du chemin
qu’il doit parcourir.
S’il ne devoit traverfer que des plaines, il de-
manderoit plus de dragons, ou de troupes légères,
que d’infanterie; s’il devoit pafler dans des pays,
coupés, il auroit deux tiers d’infanterie, & un tiers
de troupes légères ; & dans les pays de montagnes
& très-couverts, il fe contenteroit d’un quart, ÔC
même d’un ftxième de dragons.
Dans les plaines, les découvreurs, l’avant-garde
l’arrière-garde & la réferve feroient cdmpofées
de troupes à cheval; dans les pays coupés, ces
diviftons feroient entremêlées d’infanterie & de
cavalerie, & dans les pays de montagnes, les cavaliers
feroient touts à la réferve.
§. I v .
Du. commandement des différentes parties de Vefcorte
d'un convoi.
Le commandant en chef de l’efcorte d’pn convoi,' ne
tie prendra jtftttais de commandement particulier ;
il ne doit être occupé que de l’enfemble, que
du grand de l’opération ; s’il eft cependant force
par la difette d’officiers de confiance , de prendre
un commandement particulier, il fe referverà celui
de la réferve ; dans ce cas là même, il aura avec
lu i, pour le leconder, un officier intelligent &. fur,
auquel il fera part de fon plan général, & de touts
fes projets. . .
Il confiera le commandement de la divifton du
'centre au troifième officier de l’efcorte. Cet officier
aura encore le fecret de l’opération.
Le commandant de l’avant & celui de 1 arriéré--
garde, feront, après les deux dont nous venons
de parler, ceux que le chef choifira avec le plus
de circonfpe&ion ; il diftribuera enfuite les refte s.
du commandement, d’après la connoiflance qu il
aura des qualités des différents officiers, s il (
ne connoît pas les uns plus que les autres, il fe
décidera d’après leur ancienneté.
§• v .
Divifion des voitures ou des bêtes de fomme qui
compofent un convoi. , ~
Le convoi fera partagé^en quatre parties égales.
Les chofesles plus précieufes, l’argent, les papiers,
& les objets les plus inflammables, la poudre,
par exemple, feront placés dans le milieu de la
fécondé divifion ; on diftribuera le refte des effets
ou des denrées fur la troifième , la quatrième & la
première divifion, en fuivant le rang dans lequel
nous venons de les nommer. On répartira, autant
qu’on le pourra, les objets qui feront de même
nature , dans les différentes parties du convoi, afin
de conferver, à tout évènement, un peu de chacun
d’eux. h •
Si le convoi eft compofé de bêtes de fomme
& de charriots, celles-là auront la tête de la marche ;
fi les bêtes de fomme marchoient à la queue de
la colonne , elles trouveroient fouvent les chemins
dégradés par les voitures ; il eft d’ailleurs plus
aifé dans une circonftance fâçheufe , de fauver
cette partie du convoi, quand elle eft en tete , que
lorfqu’elle eft en queue.
Le chef de la divifton du centre commandera
la fécondé & la troifième partie du convoi ; celui
de la tête commandera la première; ôc celufde
la queue la quatrième.
§• V I . „
Du confcil que doit tenir, avant fon départ, le commandant
de Vefcorte d un convoi.
Toutes ces diviftons étant faites, le chef du détachement
aflemblera les deux principaux officiers
qui doivent commander fous fes ordres ; il leur
fera connoître le lieu delà deftination du convoi ^
Art militaire. Tome IL
il leur indiquera le chemin qu’il doit fuivre , ©fe
il concertera avec eux les moyens qu’ils doivent
employer pour en aflurer la tranquillité : il expliquera
en détail au premier la conduite que la réferve
doit tenir , & au fécond celle de la divifton
du centre.
Il aflemblera enfuite le commandant de la divifton
de la tête & celui de la queue ; il leur fera
connoître les principes d’après lefquels ils doivent
fe conduire , ces;quatre officiers.toujours préfents ,
il fera venir le commandant de l’avant-garde , celui
de l’arrière garde , & ceux des découvreurs ; il
leur dira comment ils doivent agir, pour ne pas
laiffer furprendre le convoi. En donnant ces différentes
inftruélions , il demandera à chaque commandant
fon avis, tant fur l’objet qui le concernera
particulièrement, que fur ce qui concernera
fes inférieurs, fe gardant bien cependant de faire
connoître à touts ces officiers ce qu’il n’eft pas in-
difpenfable qu’ils fçaehent. .
§ . V I I .
T>e la conduite de la réfervei
La réferve doit toujours fe tenir à hauteur du
centre du convoi, & fur le côté qui, naturellement,
doit être attaqué par l’ennemi.
Toutes les fois que le convoi devra traverfer un
défilé , pafler une rivière , un gué , un pont, & c .
& qu’on fera affuré de fes derrières , la réferve
paflera la première ; dans le cas contraire , elle
marchera à l’arrière-garde ; & ft l’on craint autant
pour la tête que pour la queue de la marche, la
réferve fe partagera.
Quand l’ennemi fe préfentera , la réferve ira fe
placer en avant du point qui. fera menacé : elle
arrêtera l’aflaillant autant de'témps qu’elle le pourra;
pendant qu’elle com b attra le convoi continuera
fa marche ; auflitôt qu’il aura gagné pn peu de
terreiH , la réferve fe battera en retraite, & viendra
fe mettre à la queue du convoi ; fi l’ennemi
fait mine d’attaquer encore une fois , la réferve
1 fe portera de nouveau entre le convoi & les a£-
faillants. Telle doit être fans celle la manoeuvre
de la réferve. Si l’ennemi partagé en deux diviftons
, attaque en même temps deux parties différentes
du convoi, la réferve fe divifera auflï en
deux parties, ft elle croit toutefois pouvoir ré-
fifter en même temps aux deux corps ennemis.
Dans le cas contraire, elle fondra avec impétuo-
fité fur celui qui fera le plus près d’elle , & elle
ira enfuite aflaillir avec la même vigueur celui qui
en fera le plus éloigné. .
Comme le fort de la réferve décide prefque
de celui du convoi, les diviftons du centre, de la
tête ou de la queue lu’f enverront du fecours quand
elle en demandera, & exécuteront les ordres qu’elle
leur fera parvenir.
Le commandant de la réferve , ainfi que celui
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