
2J4 E N G
Hféfence de deux témoins, faire une croix au bas
du contrat d’engagement.
On met au bas de Vengagement le Jîgnalement
de l’enrôlé. (¥oye{ Sig n a lem en t . ) .
Pour qu’un contrat Rengagement loit valable ,
il faut qu’il fôit vile en préfence de celui qui Ta
contra&é , & dans les premières vingt-quatre
heures qui fuivent fa paflation, par un commif-
faire des guerres ; au défaut de commiffaire, par
un fubdélégué de l’intendant ; au défaut du fub-
qélégué, par un des officiers municipaux du lieu.
Obfervations fur les engagements.
C ’eft avec raifon que les miniftres & les écrivains
militaires fe font élevés contre l’abus introduit
dans les troupes Françoifes ,. de donner aux
hommes qui s’enrôlent un engagement beaucoup
plus fort que celui qui eft prelcrit par les or- j
donnances. S’il étoit défendu à touts les recruteurs
, fous les peines les plus févères, d’outre-
paifer le prix réglé par les ordonnances ; fi
l ’on faifoit fubir aux contrevenants lès peines fixées
par la loi ; l’homme qui vou droit s’enrôler, per-
fuadé qu’il ne fera pas mieux traité par un recruteur
que par un autre, ne demanderoit pour
prix de fa liberté que la fomme déterminée par
la loi : & le foldat qui auroit déjà fervi huit ans
dans un régiment, affuré qu’on ne lui donnera
pas dans un autre corps un engagement plus fort
que fon rengagement, continueroit fes fervices
dans celui où il les auroit commencés ; ce qui eft
très effentiel pour le bien de l’état militaire. C ’eft
ainfï que la plus petite infraâion aux Joix eft toujours
tuivie de beaucoup d’inconvénients.
Je fçais bien que l’augmentation du numéraire
a rendu prefque néceffaire une augmentation dans
le prix des engagements, & que 92 livres ne payent
point le facrifice que le citoyen fait de fa liberté.
Mais à quoi bon ce pour boire énorme ? fi la crainte
de voir les recrues déjà fi rares , le devenir encore
davantage , nous force à payer chèrement l’homme
qui s’enrôle, continuons à donner 92 livres, mais
diftribuons cette fomme d’une manière différente ;
fixons le prix du plus fort engagement à 72 livres ;
celui du pour boire, à 6 livres ; les faux frais,
à 12 livres; & ordonnons que l’homme de recrue
ne touchera que 30 livres lors de la paffation du
contrat ; de cette manière, il lui reftera 44 livres
lorfqu’il rejoindra fon régiment ; avec cette fomme,
nous lui fournirons aifément & fans l’excéder de
travaux & de gardes, les effets néceffaires à fon
équipement. ( Voye^ Équipement. ). S’il meurt
ou s’il déferte avant d’avoir rejoint les drapeaux,
le recruteur aura fait une perte beaucoup moins
confidérable que celle qu’il fait aujourd’hui, & ,
ce qui eft encore plus important, on préviendra
beaucoup de déferlions, de morts, & de maladies.
Liiez l’état des fervices de vos déferteùrs, &
vous verrez que la plupart n etoient enrôlés que
E N G
1 depuis un ou deux ans; que leur maffe n*étoit
pas complette, que leur fac étoit vuide, & leur
compte particulier chargé en debet : examinez les
extraits mortuaires, & vous verrez à peu-près la
même chofe ; parcourez les feuilles d’hôpital, ÔC
vous pourrez faire la même obfervation : fi vous
voulez enluite remonter à la caufe, vous verrez
qu’elle exifte prefque toujours dans la modicité
du reftant Rengagement qu’avoit le mort, le dé-,
ferteur, ou le malade.
'A peine l’homme de recrue, qui n’a qu’un foible
reftant Rengagement, a-t-il été admis au bataillon ,
qu on lui donne un ou deux fervices, qu’on lui
fait faire beaucoup de corvées à prix d’argent,
qu on le furcharge enfin de travaux dans touts les
„genres, tant pour completter fa maffe & remplir
Ion fac , que pour rembourfer les avances qu’on
lui a faites. Comment un jeune homme, comment
un enfant d’une fanté foible, ne fuccom-
beroit-il pas fous tant de fatigues, fur-tout quand
il eft réduit à une nourriture bien différente de
celle qu’il trouvoit chez fes parents ? Si la force
de fon tempérament le fauve de la mort, de l’é-
puifement ou d’une maladie grave, elle ne le
garantit pas de l’ennui & du dégoût ; aufîi emp
lo ie - t- il, pour déferter , tout ce qu’il a de
génie & de moyens. Je fçais bien que cette caufe
n’eft pas la feule qui multiplie les maladies, les
morts , & les défertions ; mais ne produisît-elle
que le tiers, ou moins encore de celles qui arrivent,
on devroit ce me femble chercher à la
détruire.
La durée des engagements a beaucoup varié en
France ; elle a été iùcceffivement de trois, de
quatre, de fix , & enfin de huit ans ; quelques
écrivains militaires voudroient que pour la cavalerie
fur-tout, elle fût portée à dix ans;, le cavalier
qui n’a que huit ans à fervir, difent-ils , eft
a peine formé quand il obtient fon congé ; les
trois dernières années, pendant lefquelles il rend
de bons fervices, ne fuffifent pas pour dédommager
les corps des peines qu’ils ont prifes pour
l’inftruire; trois congés, ajoutent-ils, conduiroient
le foldat à l’époque où fa retraite devient nécef-
faire ; l’état économiferoit un cinquième des dé-
penfes qu’il eft obligé de faire pour les recrues,
& fur-itout un dixième des hommes qu’il enrôle,
ce qui eft très important à leurs yeux ; car ils
regardent, avec raifon, comme prefque perdu pour
1 état, tout homme qui ceffe de fervir après avoir
fait pendant huit ans le métier de foldat; ils prétendent
enfin que cette prolongation ne diminue-
roit pas le nombre des engagements ; ces raifons,
il faut en convenir, font faites pour décider à prolonger
la durée des engagements ; mais fi des avantages
que produiroit une prolongation de deux
ans, on concluoit qu’une prolongation double ou
triple, ou qu’une capitulation pour la vie feroient
encore plus avantageufes, on auroit grand_tort.
Les capitulations pour la vie peuvent êtr®
È N G
bonnes chez un peuple phlegmatique & confiant,
mais chez un peuple qui fè pique d’inconftance,
les engagements très longs feroient fouvent violés ;
& les capitulations pour la vie fouvent abrégées.
{y o y e^ R engagement. ) .
Si en inférant dans Rengagement les mots conformément
à l ’ordonnance du r o i, on n’a pas voulu
obliger les perfonnes chargées’ de faire des recrues
, à donner à touts les hommes qui s’engagent
, la fomme entière portée par la. loi ; cette
claufe eft inutile.
Les ordonnances ont bien prononcé des peines
contre les.hommes qui* lorfqu’ils contraéient un
engagement, donnent un faux nom, ou trompent
les recruteurs fur le lieu & le jour de leur naif-
lance ; mais n’auroit-il pas mieux valu qu’elles
imaginaffent quelque moyen affuré de prévenir
ces tromperies; elles y auroient réuffi en défendant
à tout citoyen de s’éloigner de plus de fix
lieues de l’endroit de fa naiffance ou de fon habitation
a&ueile, fans être pourvu d’un paffe-port,
fur lequel feroient marqués fon âge, fon métier,
fon habitation ordinaire , le lieu de fa naiffance,
& fon fignalement : la tranquillité publique ga-
gneroit autant que l’état militaire à la promulgation
Se cette loi.
A ces précautions ne devroit-on pas joindre
celle d’obliger chaque recruteur à avoir des engagements
imprimés ; touts ces engagements de-
vroient être femblables , & porter à leur verfo
un extrait bien fait des devoirs auxquels les fol-
dats font fournis ; cet extrait devroit être lu au
recrue par le commiffaire des guerres, ou par le
fubdélégué ; chaque commiffaire ou fubdélégué de-
vroit tenir un étatexaft & public des hommes dont
il a vifé Jes engagements, & en envoyer une copie
a la cour; un commis des bureaux de la guerre
verifieroit dans peu de temps, fi touts les hommes ,
dont Rengagement a été v ifé , ont été fignalés dans
les régiments ; & les recruteurs fçauroient avec
facilité, fi l’homme qu’ils viennent d’enrôler, n’a
pas contra&é quelque engagement antérieur. ( Voyeç
E nrôlement.) .
Nous-n’avons point parlé de la néceflité d’obliger
les recruteurs à payer aux hommes qu’ils
engagent tout l’argent qu’ils leur promettent ; rarement
ils donnent lieu à des plaintes de cette
nature ; mais il eft quelques autres tromperies
qu’ils fe permettent & qu’on devroit punir. Un
homme eft-il de taille à devenir grenadier, ils
lui promettent qu’il aura le bonnet dès fon arrivée
au corps ; eft il de tournure & de naiffance à
devenir bas-officier, ils lui affurent qu’il fera fer-
gent ou caporal dès qu’il aura joint; cependant
1 homme nouvellement enrôlé arrive à fon régiment
, & il n’eft f f bas-officier ni grenadier ; il
demande qu’on lui tienne la promeffe qu’on lui
a faite, il a raifon ; le chef du corps lui refufe
l ’objet de fa demande, il a aufti raifon; l’homme
tromgé fe dégoûte, déferle, il eft pris, mis à la
E N R
| chaîne. L ’a-t-il mérité ? non noflrum , & c . Ce dont
je fuis certain, c’eft que le recruteur mériteroit
d’être févèrement puni, pour avoir excédé lei
pouvoirs qu’il avoit reçus. (C.).
E N R O L E M E N T . Aéfion d’écrire fur un rôle
le nom d’un homme qui s’engage au fervice militaire.
§• i " .
Des hommes quil ejl permis d’enrôler.
En fe conformant aux ordonnances militaires,’
011 ne peut enrôler , pendant la paix, des hommes
qui ayent moins de feize ans accomplis, & plus
de quarante. Pendant la guerre , les hommes qu’on
peut enrôler doivent avoir dix-huit ans au moins ,
& quarante-cinq au plus. Ces derniers ne peuvent
même être enrôlés qu’autant qu’ils ont précédemment
fervi.
L ’enrôlement de tout homme qui a moins de
feize ans, peut être annullé. Voyeç C o n g e . Les
ordonnances n’ont point prononcé fur ceux des
hommes qui ont plus de quarante ans ; elles per-
1 mettent de donner la paye aux enfans de foldats
dès qu’ils ont atteint l’âge de dix ans : ce qui eft
une efpèce R enrôlement, Voye{ E n f a n t s d e S o l d
a t s .
L’homme qu’on enrôle , doit avoir au moins
cinq pieds un pouce pieds nuds.
On peut enrôler tout François qui n’eft ni' flétri
ni pourfuivi par la juftice, ni engagé dans les
ordres facrés, ni foldat provincial, ni garde côte ,
ni matelot claffé, ni habitant des îles de Rhé &
d’Oleron. Parmi les étrangers, on ne peut enrôler
que les habitants du comtat Venaiffin , encore
faut-il en avoir obtenu la permiffion par écrit du
vice-légat.*
On ne peut enrôler les déferteùrs de l’ennemi ,*
fans une permiffion du général de l ’armée ; les
foldats qui ont obtenu les invalides, fans celle
du fecrétaire d’état au département de la guerre ;
& les domeftiques des officiers dans la même gar-
nifon, ou durant la campagne, s’ils ne font porteurs
d’un congé en forme. Quant aux foldats qui
font encore au fervice, on ne peut les enrôler
qu’après qu’ils ont obtenu un congé abfolu.
Avant R enrôler un homme, il faut s’affurer qu’il
n’eft dans aucun des cas que nous venons de
rapporter, & qu’il n’a aucune incommodité ou
maladie qui puiffe l’empêcher de fervir ; pour ce
dernier objet, on doit le faire vifiter par un
chirurgien.
Voilà fans doute un grand nombre de précau-;
fions fages ; mais font-elles fuffifantes ?
§ . h .
Des hommes qu’on devroit enrôler.
Pour fçàvoir quels font les hommes qu’on de