
faces qui ofit vue fur lé baftion H ; car le logement
lur les autres faces n’eft pas praticable à
caufe de touts les revers en queftion.
Concluons donc qu’une place ainfi difpofée en
figure quarrée, ne peut -être entreprife que par
quatre endroits ; au lieu que fi elle étoit circulaire,
elle le pourroit être également par - tout, même
avec beaucoup moins de difficulté, 6c que cette
difpofition n’en augmente, pas la dépenfe orcli«
naire pour cela. A quoi il faut encore ajouter,
que pour améliorer les places conftruites à l’ordinaire
, il faut augmenter les ouvrages tout-autour ;
au lieu qu’à celles qui viennent a être propofées,
avec une très, petite dépenfe, on peut la fortifier
cdiifidérablement ; c’eft ce qu’on fe prppofe d’expliquer
dans l’article fuivant.
Des ouvrages qu'il conviendrait encore de faire pour
améliorer cette nouvelle difpofition de place.
Il faudroit, par préférence à tout autre ouvrage,
retrancher les battions des quatre angles de la place
qui font oppofés aux attaques.
Le retranchement que je propofe , eft un peu
différent de ceux qu’on a pratiqués jufqu’à préfent
dans cette occafion , mais il eft meilleur , car il
ne diminue rien à la capacité des flancs, 6c il en
eft néanmoins féparé par un foffé d’une largeur,
taifonnable. Les brifures des courtines conftruites
en batardeau , ferment l’entrée, 6c elles ne fçau->
roient être'battues, n’ét^nt découvertes que par
écharpes, & affez imparfaitement, à caufe des
prillons.
Ce retranchement fe conftruit en prenant la
ligne V X pour un côté du polygone , 6c donnant
un feptième à la perpendiculaire, 6c un tiers du
meme côté pour les flancs du retranchement, ce
qui en dqnne les flancs 6c la courtine.
La gorge du baftion retranché fe fait en prolongeant
les brifures ou batardeau de droite & de
gauche, 6c faifant un recoupement au milieu d’un
flanc à l’autre cpmme il fe voit au deffein.
A l’égard de la conftruâion de la place, je
prends la moitié d’un des côtés du quarré , qui a
j 8o toifes , que je divife en deux parties égales ,
par une perpendiculaire que j'y abaiffe & élève.
Je donne pour cette perpendiculaire en dedans la
neuvième partie de ce côté de 180 toifes , qui
eft 2.0, & par ce point je fais paffer mes lignes
de défenfe. '
Je donne 50 toifes à chaque face des huit
battions , ce qui me donne des flancs & des
çourtineç; &c je fais des orillons 6c des flancs
concaves à touts ces battions, de la manière ’que
je l’ai enfeigné au pentagone.
Les tenailles fe font de même.
Je donne 15 toifes au foffé de la place , 6c
je les tire à l’angle de l’épauleaient des baftiqns
pppof^s.
Demi-lunes & réduits.
Je porte 85 ou 90 toifes du milieu de la courtine
fur la perpendiculaire ce qui me. donne l’angle
flanqué dès demi-lunes ; &. j’en tire les faces de
ce point à 10 toifes au-deffus de l’angle de l’épaule
des battions fur les faces.
Je donne 10 toifês à fon foffé.
Je conftruis des réduits dans'fes demi-lunes en
leur donnant 30 toifes de gorge , laquelle je pouffe
de 3 à 4 toifes en avant du polygone extérieur,
pour que les flancs que je fais de 7 toifes foient
mieux couverts des faces de la demi - lune. Les
faces de ces réduits font parallèles à celles des
demi-lunes. Je donne au foffé du réduit 6 toifes ,
& j’échancre les profils des demi-lunes , de façon
que les flancs du réduit puiffent découvrir les
facçs du baftion , comme nous l’avons déjà dit en
parlant de leur conftruéfion.
Revenons aux battions retranchés ; l’efpace qui
reftera entre leur gorge & leur retranchement, enfermera
le foffé , qu’il eft néceffaire de tenir fe c ,
c’eft-à-dire , au-deffus des eaux , s’il y en a dans le
grand fpffé de la place, afin de pouvoir communiquer
avec plus de facilité au baftion que je remplis
entièrement de terre à la hauteur de fon rempart,
pour n’en former qu’un terre-plein , 6c
qu’il foit aifé d’y pratiquer en temps 6c lieu
des retranchements qui ne puiffent pas être
dominés des remparts. D ’ailleurs il en devient plus
propre à la manoeuvre , comme nous l’avons déjà
dit, 6c outre cela il procure une bonne hauteur de
contrefcarpe ou revêtement de gorge devant le
retranchement de la place. On communiquera dans
ce foffé par une poterne paffant fous Je rempart, &
allant fe rendre à fix pieds près du front ; d’où on
montera dans le baftion par un pont fait fur chevalets.
Lorfque l’ennemi fera en état de l’attaquer,
o n l’ôtera, & on y communiquera par les efca-
liers dans la gorge, obfervant qu’il n’en faut commencer
lés marches qu’à fix pieds près du fond du
foffé, pour y defcendre fur des madriers pofés fur
de petits chevalets, afin que fi l’ennemi vouloit
dçfcendre dans le foffé, foit en vous pourfuivant
dans votre retraite ou autrement, il n’y ait qu’à
culbuter les chevalets : de forte qu’il rçftera
un efcarpement de fix pieds qui l’arrêtera, &
j quand même il le fauteroit , il n’y auroit qu’à
| obferver la même chofe à l’entrée de la poterne ;
I par ce moyen pn fera affpré de fa retraite & des
| îùrprifes. On pourra aufli défendre l’accès de ces
1 efcaliers par un petit tambour de charpente çonfr
j truit dans la gorge du baftion,
On fera aufli des galeries de contre-mine fur le
terre-plein du baftion au niveau du fond ç|u foffé
| du retranchement, Elles ferviront pour en dif*
? puter le paffage à l’ennemi j, 6c pour lui enlever fes
] logements, & leur entrée eft affurée, jufqu’à ce,
qu’il (bit à portée de fqire la defcentq du foffé,
Le parapet de ce baftion eft de deux pieds plus
bas que celui du retranchement & de tout le corps
de la place. ,
Le revêtement du corps de la place, du baftion
& des demi-lunes, a vingt-quatre pieds de haut,
mais le talus extérieur du parapet des baftions retranchés,
a deux pieds moins que celui du corps
de la place , & celui des demi-lunes à proportion.
Le réduit eft revêtu fur vingt-quatre pieds de
haut, 6c a fix pieds de talus extérieur du parapet.
Ces mefures peuvent fervir à toutes fortes de
fortifications, excepté le baftion retranché dont
nous donnons le profil à la planche XXVII.
Voilà les ouvrages qu’il cônviendroit principalement
de faire dans le premier établiffement des
places. Suivant cette difpofition, elles ne coûte-
roient pas plus que les places ordinaires.
Il ne feroit néceffaire de retrancher que les
baftions expofés à l’attaque , la dépenfe n’en
étant pas grande , car je retranche le revêtement
extérieur du parapet de la place pour les raifons.
que j’ai déjà dites. Je fuppofe le cordon à 8 pied*
au-deffous du talus extérieur du parapet du corps
de la place , & à 6 au-deffous de celui des baftions
retranchés , de même que des réduits 6c
demi-lunes.
Le revêtement a par-tout 24 pieds de haut.
Je mets les magafins à poudre dans les baftions
détachés ou retranchés , parce qu’ils font
plus éloignés des bâtiments de la place ; & fi les
baftions où ils font conftruits font attaqués , on
les fera vuider & on les démolira. C ’eft pourquoi
je ferois d’avis qu’on ne les fit pas fi maffifs, en
le .contentant feulement d’une petite voûte de
brique pour les mettre hors des accidents du
feu..
Il faut retrancher les deux places d’armes rentrantes
devant les faces de ces baftions retranchés
, par les. raifons que nous en avons données
ci-devant; à moins qu’on ne voulût faire devant
chaque baftion retranché une contre-garde, qui eft
l ’ouvrage qui y conviendroit le mieux. Si l’on y
vouloit d’autres dehors , on fuivroit les règles
prefcrites ci-deffus.
Pour faire voir combien cette difpofition eft
avantageufe & préférable aux meilleures qu’on
ait mifes en ufage jüfqu’à préfent, je vais la
mettre en parallèle avec celle de Nèuf-Brifack,
qui eft le chef-d’oeuvre des places régulières, tant
pour ce qui concerne la défenfe que la dépenfe. ■
Défenfe d'une place confruité fuivant la nouvelle
difpofition que l'on propofe de leur donner en
parallèle avec celle de Neuf-Brifack , afin d'en
connoître la différence, ainfi que de leur dépenfe.
Il faut fuppofer la place propofée attaquée en
même-temps que Neuf - B rifack, dans une jufte
Art militaire. Tome 11,
égalité de toutes chofes de part Sc d’autre , on y
trouvera mêmes chemins-couverts 6c mêmes con-
trefcarpes, avec la différence néanmoins du retranchement
des places d’armes rentrantes. L ’ennemi
arrivé au paffage des foffés, Feroit ceux de
la demi-lune & des deux contre-gardes d’un des
fronts de Neùf - Brifack, en même - temps , ainfi
que de leurs logements , lefquels une fois établis
réduiroient l’afliégé au point de capituler, ainfi
que je l’ai- fait connoître ci-devant.
Mais à la propofée l’ennemi n’auroit encore pris*
que les demi - lunes M ; car il ne pourroit pas
communiquer aux brèches du baftion K à caufe
des flancs des. réduits L , qui leur verroient
prefque de revers & à bout touchant. Ainfi le
-Neuf-Brifack feroit pris, lorfqu’à c e lle - c i, il ne
feroit encore maître que des demi-lunes. Il lui
reftera donc encore les réduits à prendre , le
paffage du foffé du baftion à rachever , pour fe
loger-feulement fur l’angle flanqué , à caufe du
tambour de charpente qui l’empêcheroit de fe
porter en avant. Il faut remarquer ici que, lorf-,
qu’il fe fera abfolument attaché à l’attaque du
baftion K , on ne manquera pas de déblayer le
parapet de fes deux flancs qui ne peut dans ce cas
fervir à rien , afin qu’il foit obligé en cheminant
dans fon terre-plein d’effuyer le Feu des batteries
biaifées des demi-lunes O , de celles qu’on peut
pratiquer dans les rentrantes R en mettant feulement
une file de gabions le long de la contrefcarpe
, de celles S dans le foffé s’il eft fec ;
enfin de celles des flancs des réduits N. & des
brifures T . des orillons & des baftions , lefquelles
jointes à l’effet des mines , ne manqueront point
de retarder confidérabiement le progrès de fes
logements, 6c de le faire infiniment foùftrir.
- Cependant l’ehnemi ayant furmonté toutes ces
difficultés , 6c étant entièrement maître du baftion,
il ne pourra pas mettre en brèche le retranchement
de la place avec le canon qu’il y
pourroit monter, à caufe de la profondeur de fou
foffé , qui empêche de découvrir affez de la hauteur
de fon revêtement pour cela. Il fera donc
obligé de fe fervir de la voie du mineur. Mais
lorsqu’il en fera l à , il n’y aura -qu’à le remplir
de bois de chauffage avec quelques autres matières
combuftibles 6c propres à entretenir le feu
qu’on y aura mis, & ce ne fera pas une petite
difficulté qu’il lui faudra encore furmonter , pourvu
qu’on ait foin de l’entretenir en y jet tant du bois
fuffifamment pour cela. Comme cette manoeuvre
paroit un. peu problématique-, quoiqu’elle ait été
mife plufieurs-fbis en pratique, je crois qu’il convient
de l’examiner à fond pour connoître fa po(-
fibilité.
Le foffé de ce retranchement peut ayoir environ
160 toifes quarrées de fuperficie , que je
| fuppofe devoir être- remplie de 3 pieds de hauteur
de bois ; fera 80 toifes cubes qu’il en faudra. La
corde eft de 6 pieds de long fur 6 de haut & 4
C c c