
quand ils font attaqués. Ce s barrières fe ferment
a vec un v e r ro u i l, ce qui empêche les affiégeans
d e fe rendre fi-tôt maîtres du chemin couvert :
car , s’ils fautent la première rangée des paliffades ,
ils fe trouvent enfermés entre d e u x , ce qui leur
fait perdre beaucoup de monde.
O n a auffi retranché les places-d’armes rentrantes
& (aillantes avec des tambours dé charpente
de 5 à 6 toifes de fa c e , conftruits de gros
madriers de chêne de 8 à 9 pouces d’épa iffeur,
plantés debout & terminés à la hauteur de la pâ-
liffa d e , crénelés de diftance en diftance ; le tout
environné d’une ou deux rangées de paliffades
inclinées vers l’ennemi pour lui en empêcher
l ’accès.
Qu oiqu e ces tambours foient bons , je voudrois
en ufer autrement, du moins pour les places-
d’armes rentrantes. C e feroit d’y pratiquer un
retranchement F ( f ig . 1 9 4 .) de 14 à 15 toifes de
demi-gorge , & de 18 à 20 toifes de face , revêtu
entièrement de maçonnerie à la hauteur du parapet
du chemin couvert , fur lequel revêtement on
élèvera le pa rapet, obfervant qu’il foit couronné
d’une paliffade en fra ife , à la hauteur du revêtement
de maçonnerie.
C e t ouvrage auroit plufieurs avantages qui le
rendroient préférable au tambour de charpente.
C a r , premièrement, étant d’une conftruâion plus
afîurée ,.i l ne feroit point fujet à l’effet du ricochet
& des bombes q u i , venant malhéureulement à
tomber fur les premiers, comme cela arrive quelq
u e fo is , vous obligent abfolument de les abandonner.
Secondement, celui-ci dominant fur le glacis ,
©ppoferoit de très-grandes difficultés à l’en n emi,
lorfquîil voudroit avancer fon logement, jufques
fur les faces de ces places-d’armes : c a r , quand on
confidére qu’il faut effuyer.unfeu de moufqueterie
à bout touchant, & qu’on nè fçauroit éteindre ,
la chofe paroîtra bien difficile & bien périlleufe.
^ in fi on peut être affuré que cette partie du chemin
couvert n’eft point inlultable de v iv e force ,
& qu’il n’y a que lés plàces-d’armesTaillantes qui
le foient , mais dont le logement viendrait d’une
exécution meurtrière. Joint à tout c e la , qu’on
p eu t encore pratiquer des tambours de charpente
dans ces retranchemens , qui en prolongeront enco
re la dé fenfe, à moins que l’ennemi ne faffe,
entièrement fauter tout l’ouvrage J auquel cas il
emploieroit un temps confidérable.
>On peut auffi ne pas faire fes retranchements fi
grands, & y faire un foffé autour de 12 à 16 pieds
de la rg e , & creufé jufqu’à l’eau. O n fait deux
petites p oternes, une à chaque face de ce retranchement
près de la contrefcarpe, pour pouvoir en
fortïr & y rentrer, lefquelles on ferme en - dedans
par une ou. deux portes de & pouces d’épaiffeur,
& on paffe le foffé devant ces poternes fur un
madrier qu’on retire en-dedans. Ce s portes'ne peuv
en t être vue s de l’enn emi, étant couvertes de
la traverfe. C e f l , je crois, ce qu’on peut fouharter
de mieux.
Quand le foffé de la place eft f e c , on y peut faire
dans fon milieu, laquelle a 12 à 14 pieds de large
une cunette qui règne tout - autour par le h au t, &
4 à 6 pàr le bas. O n fait paffer une cunette fous la
caponnière par un aqueduc. ( F. fig. 220, 2 2 1 , 6*c.).
Les caponnières ont 30 pieds de la r g e , & ont une
banquette & un parapet pareil au chemin couvert
de la p la c e , & un glacis de 1 2 a 15 toifes de la rg e ,
a v ec deux forties vers la gorge du réduit , lefquelles
fe font comme celles du chemin couvert, & fe
ferment de même.
Les demi - caponnières fe font de même avec
une fortie près de la contrefcarpe , joignant la
gorge du retranchement de la place d’armes rentrantes
, laquelle on a eu foin d’échancrer, pour
qu’elle ne foit point vue des revers de logement
de l’ennemi.
Les lunettes avancées fe font fur la capitale
des demi-lunes des baftions , ou des places d’armes
rentrantes, faifant en forte que leurs faces foient
défendues par la p la c e , comme celles marquées
K j {fig. 194. ) qui font défendues par les faces des
demi-lunes L M N , & par le chemin couvert de.
la p la c e , & fi cela ne fe p eu t, il lès faut difpofer
de façon qu’elles le défendent l’une l’ autre. Leur
grandeur eft arbitraire. Leurs faces ont depuis 30
jufqu’à 60 toifes. Leurs flancs depuis 5 jufqu’à
1 5, toifes , & leur gorge n’eft point limitée, mais
elle doit rentrer en dedans de 8 , 10 ou 12 toifes
plus ou moins , pour pouvoir cacher la fortie
de la communication du chemin couvert de la.
place à cês ouvrages, & avoir un foffé de. 5 à 6
toifes entre elle &.la gorge.. Ce s communications-
fe font comme les caponnières.
Il eft bon de remarquer que- l’angle flanque
de ces ouvrages ne doit pas être éloigné de la
contrefcarpe du corps de la place de plus de 10O'
toifes, & qu’il la faut faire fur la prolongation des
places d’armes rentrantes, préférablement aux
l'aillantes, parce qu’elles feront moins expofées à
être prifes par la gorgé , & qu’elles prendront
mieux de revers les tranchées que l’ennemi fera
fur les angles (aillants, où il chemine ordinairem
en t,.ce qui l’obligera à les prendre, auparavant..
O n fait aux lunettes un foffé de 8 à 10. toifes d e
largeur , & vo ic i comme il faut en difpofer les-
icontrefcarpes, pour en tirer quelque avantage
pour la défenfe.
Il faudroit établir le terre-plein du chemin couvert
de la place à 3 où 4 pieds plus haut que le niveau du
terre in , & celui de l’avant-chemin couvert fur le
terre-plein, appellé communément reç-de-chaujfée9
enfuite on fera tomber la pente du glacis de la
place à 6 pieds plus bas que le terre-ple in aux
rentrants, allant à 9 ou. 1 o.auxfaillants.devant le s
lunettes., pour former de cette manière une contrefcarpe
, qu’on fera même plus haute, fi la diftance
de rayant-chemin couvert de la place permet
F O R
de la faire defcendre plus bas, pour que la pente
en foit modérée. . « >
Si l’avant-foffé Te peut remplir deau quon ne
puiffe pas faigner , on laiffera tomber cette con-
trefcarpe en rampe, fuivant le talus ordinaire des
terres. Autrement, on la revêtira de maçonnerie
fans èfcalier, parce que n’étant pas haute on y
montera avec des madriers, pofés fur de petits
chevalets qu’on renverfe en fe retirant.
Cette contrefcarpe revêtue donne lieu de pratiquer
des réduits ou des retranchements sûrs dans
les places d’armes rentrantes de ces ouvrages, j
femblables à ceux que nous venops de décrire :
ayant cela-de plus , qu’étant éloignés du feu de la
place, il leur faut faire un mur crenelé dans la
gorge, deTix pieds de hauteur, & d’un & demi
d’épaiffeur ; ceci s’entend fi le foffé eft fe c , parce
que l’ennemi ne manqueroit pas de s’y pofter.
Dans ce cas on communiquera par une galerie
fouterraine partant du foffé de la place, de laquelle
on montera dans fon terre-plein, au moyen
d’un efcalier dont là fortie . viendra (e rendre
contre la gorge, pour pouvoir le mafquer avec
un tambour de charpente, & de maintenir par - la
une retraite affurée. ' -
Si le terrein ne permetpas.de faire une pareille
galerie , la retraite, eft périlleufe ; mais on ne peut
faire autrement. _
Au refte les avant-chemins couverts fe conf-
truifent & fe défendent comme ceux du corps de la
placé. «
Je retranche le revêtement extérieur du parapet
de la' place tout - autour , l’expérience ayant fait
connoître qu’il ne fert qu’a bleffër , par les^ éclats
de pierre, les foldats qui font derrière. Ainft je
n’élève tout revêtement que jufqu’au cordon , laquelle
hauteur eft de 28 pieds au corps de la place,
à 4 pieds de haut au - deffous du talus extérieur,
& celui des demi-lunes.de même, & les autres
ouvragés'à proportion f comme on peut le voir
par les profils.-
La X IV e planche eft le plan, le profil, & l’exemple
qu’on peut faire un corps de garde dans les
demi-lunes , & y mettre , comme en Allemagne ,
un poêle qui chauffe le corps de garde de l'officier
& -celui des foldats. A fa place on peut faire des cheminées;
On peut y conftruire auffi un petit magafin
voûté pour renfermer la poudre & autres munitions,
en cas de befoin. J’eftime infiniment les petits
magafins que M. Belidor met fous le rempart de
chaque côté des poternes • ils font très utiles en
temps de fiège , on peut même les faire plus
grands, & leur faire prendre du jour du côté de
k place, fi on le juge néceffaire.. _
ConfiruÜion de U fortification régulière félon la
méthode de M. de Fauban-
M. de Vauban divife le côté extérieur du polygone
A B , qu’il fuppofe être de 180 toifes en doux
rr- vay inv 3- 7- 3-
parties égales , par la perpendiculaire C D , qu’ il
fait au quarré {fig. 2 0 1 . ) , d’une huitième partie
de ce côté au pentagone {fig. 202.), d’une feptième
p a rt ie , à l’hexagone {fig. 2 0 3 .) , & aux autres p o lygones
d’un plus grand nombre de côtés d’une
fixième partie. Nota , qu’aux polygones depuis huit côtés jufqu’à
ceux du plus grand nombre , je voudrois donner à la
perpendiculaire C D une cinquième partie du polygone
extérieur, pour que mes bafiions fuffent plus
grands , & n éujjent pas les angles, flanqués fi obtus.
C e tte perpendiculaire donne les lignes de dé*
fenfe A H & B G . 7 1 fait les faces À E & »B F ,
généralement longue des ~ du polygone extérieur
A B , ce qui fait environ 50 ou 52 toife s, & il
détermine les flancs E G & F H , en faifant-les
lignes de défenfe A H & B G égales aux lignes
A F & B E. D e forte que touts les coups tirés du,
flanc tendront vers la pointe du baftion qui lui e f t
oppofé , où ils doivent être dirigés.
Qu oiqu ’il propofe le côté extérieur du p o ly gone
de 180 toifes comme le plus parfait , &
qu’il le foit en e ffe t, le fyftème en étant fondé fur les-
maximes que nous avons données ci-d evan t, il ne
s’y attache cependant pas fi fcrupuleufement, qu’il
ne le faffe tantôt plus g ran d , & tantôt plus petit ,
quelques toifes de flanc , de face ou de courtine ,
de plus ou de moins, ne diminuant pas fort co n -
fidérablement la perfeéfion d’un front de fortification.
O n ne doit cependant pas donner plus de
200 toifes aux polygones exté rieu rs, parce que
la ligne de défenfe deviendroit trop longue. Mais*
on peut aller jüfques-là, lorfqu’on veut renfermer
un plus grand efpace avec la même quantité
de baftions, & donner 60 toifes aux faces
defdits baftions, touts les autres ouvrages , comme
foffé s, demi-lunes , contre-gardes, tenailles , réduits,
lunettes, remparts, banquettes , barbettes ,
parapets, flancs brifés , orillons , &c* Te f o n t ,
comme nous l’avons dit çi-devant.
Outre Cette manière de fortifier les places qui
eft fans contredit la m eilleu re, M . de Vauban
ayant remarqué que malgré la capacité de fes-
baftions, la grandeur de leurs flancs, joint à la
tenaille qu’il met dans le foffé pour y manoeuvrer
& communiquer a vec plus de facilité aux
dehors, cela, n’empêeheroit pas que l’ennemi ne
mît l’affiégé dans.la néceffité de capituler lorfqu’ il
auroit fait brèche à la face du baftio.vi , & qu’i l
fe feroit affuré. ;le. paffage, du foffé.*
L e tout bien confidéré , cela lui a donné lieu de
détacher les baftions des courtines , aux extrémité»
defquelles il met.des tours baftionnées , ainfi qu’ il,
fe v o it à B e lfo r t , ville de la province d’A lfa ce , &
à L an d a u , ce qui p rolongera durée d’un fiège,.
l ’ennemi étant obligé 9 p o u r arriver à la p la c e ,
d e faire le logement des baftions détachés ou
contre-gardes qui couvrent lefdites tours , dont on
lui rend l’exécution très difficile , par le feu voifirn
des tours & des retranchements qu’on pratique