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on difpofe les troupes à - peu - près de la même i
manière que pour paffer une nuit. Chaque divifion '
de troupes fournit des tirailleurs qui fe placent,en
dehors du parc, & d’autres qui montent fur les
voitures. Si malgré le feu des deux efpèces de
tirailleurs l’ennemi approché toujours , la réferve
vole au fecours de la partie qui eft menacée ; ou
même , fi elle le croit néceffaire, elle fait une
.vigoureufe fortie.
Quand le jour eft arrivé , ou quand le péril
eft paffé, on fe remet en marche , comme nous
^e dirons plus bas.
§ . X I I.
Des haltes que fa it un convoi.
Quand le convoi eft obligé de s’arrêter pour faire
repaître les chevaux ou pour faire manger les
hommes , les découvreurs & l’avant-garde reftent
à leur diftance ; la moitié de chacun de ces corps
refte fous les armes & en bataille , faifant face au
chemin que l’ennemi doit naturellement füivre.
Quand la première partie a mangé ou s’eft re-
pofée allez longtemps, elle veille à fon tour ; il
en eft de même de la réferve &. des trois divifions
de l’efcorte.
Quand le convoi doit paffer la nuit dans un
village, on difpofe le convoi & Te village comme
nous le dirons, dans l’article V il l a g e .
§. X I I I.
De Vinfant 6* de la manière de doubler & de
dédoubler les files d’un convoi.
Toutes les fois que la largeur du chemin le permettra
un convoi marchera fur deux files : il occupera
ainfi un efpace moins confidérable, & par
coiîféquent fon efcorte fera plus forte par - tout.
La première 5c la fécondé partie du convoi marcheront
à la meme hauteur : il en fera de même
de la troifième & de la quatrième. La première
& la quatrième divifion marcheront fur le côté du
chemin qui fera félon les apparences le plus voifm
de l’attaque. Les charriots laifferont le milieu du
chemin vuide.
Un convoi ne marchera fur deux colonnes, que
lorfque le chemin fera affez large , pour que trois
voitures puiffent y paffer de front. On ne doit
cependant laiffer, entre les deux colonnes d’un
convoi, que l’intervalle néceffaire pour une demie
voiture ; ce qui équivaut à trois pieds.
Pour fe décider à mettre un convoi• fur deux
colonnes, il faut qù’il puiffe marcher ainfi au moins
pendant une heure.
Quand on voudra doubler un convoi, la première
divifion gagnera le côté qui lui fera pr'efcrit;
elle rallentira un peu fa marche. Ce mouvement
commencera par la queue de ç,ette divifion. La
fécondé divifion hâtera un peu le pas ÿ pour fe
porter à la hauteur de la première ; il en fera
de même de la troifième. La quatrième marchera
aufli vite quelle le pourra , pour joindre
la queue de la première , fe porter à hauteur
de la troifième , &. gagner le côté qu’elle doit
occuper.
Quand on voudra dédoubler le convoi, la première
divifion hâtera fa marche , & les autres
attendront l’inftant où elles pourront entrer dans
la colonne.
Quand le convoi fera doublé, les troupes qui
marcheront à la tête , & celles qui marcheront à
la queue , garniront avec foin l’ouverture qui fera
entre les deux files des charriots.
§• X I V .
Des défilés, gués, rivières, & c . qu’un convoi doit
traverfer.
Un convoi qui devra traverfer un défilé, un
gué, un village , exécutera, autant qu’il le pourra,
ces opérations difficiles , avant de rompre fa file
pour repaître ou parquer, & il fe' conduira comme
nous le dirons dans les articles D éfilé , gué ,
VILLAGE , RIVIÈRE , &C.
§ . X V .
De la manière dont un convoi doit fe conduire quand
il efi attaqué.
Quand un convoi rencontrera un ennemi très
fupérieur, le chef de l’efcorte portera tout de fuite
les yeux autour de lu i, pour reconnoître l’endroit
qui peut lui offrir la retraite la plus heureufe : il
cherchera un va'fte, enclos , un champ entouré
d’un foffé , d’une haie- épaiffe ; &c. Aufli-tôt qu’il
aura découvert un endroit favorable, il donnera
ordre au convoi de s’y rendre avec rapidité ; pendant
que les charretiers gagneront l’endroit qui leur aura
été défigné , le corps de9 réferve fe portera fur
l’ennemi pour , en retardant fa marche , donner
au convoi le temps de fe parquer & de faire les
difpofitions les plus convenables à fa défenfe.
Quand l’ennemi aura été repouffé, on fe remettra
en route , après s’être bien affuré toutefois que
l’aflaillant eft affez éloigné pour ne pouvoir revenir,
avant peu , troubler la marche du convoi.
Un ennemi qui n’eft pas plus nombreux que
l’efcorte du convoi, ne l’oblige pas à parquer; il la
force tout au plus à faire doubler la file des charriots.
Un ennemi inférieur eft aifément éloigné par
la réferve.
§ . X V I .
D ’un convoi qui n’a qu’une foible efcorte.
Un convoi qui n’a qu’une efcorte peu nombreufe
tre peut pafc divifer fon détachement, ainfi que
nous l’avons précédemment indiqué. Comme il ne
peut fe donner ni une avant-garde, ni une arrière-
garde , il fe contente de fe faire précéder &. fuivre
par quelques découvreurs : dans les cas extremes.,
la divifion de la tête & de la queue du convoi ne
font compofées chacune que d’une efcouade ; on
place de loin en loin , quelques foldats pour faire
filer les voitures ,& o n conferve le refte du détachement
réuni pour en faire l’ufage que nous
avons indiqué en parlant de la réferve. On a foin,
én cas d’attaque, de ne point fe dégarnir de tout
fon feu en même temps ; pour cela on partage la
réferve en quatre parties, qui ne font feu que fuc-
ceffivement. Si en plaçant une efcouade a la tete
&C une à la queue du convoi, on affoibliffoit trop
fon efcorte , on ne mettroit que deux hommes à la
tête , & deux à la queue ; dans aucun cas , on ne
fe difpenfera, ni de fe faire précéder & fuivre
par dés découvreurs, ni de partager fa referve au
moins en deux parties.
§ . X V I I.
D'un convoi qui defcend ou remonte une rivière.
Telle eft la-conduite que doit tenir un officier
particulier qui eft chargé de l’efcorte d’un convoi
qui voyage par terre. Mais fi le convoi fuit le courant
d’une rivière, ou s’il la remonte, quelles doivent
être alors fes difpofitions ?
Après avoir connu fon convoi & le cours de la
rivière , après avoir calculé les craintes qu’il doit
avoir & les efpérances qu’il peut concevoir avec
raifo.n, s’il defcend la rivière , il divifera fon détachement
én quatre parties, deux monteront les
bateaux , & deux voyageront par terre.
* Les deux partis qui voyageront par terre feront
compcfés de toute fa cavalerie , & des hommes de
fon infanterie les plus leftes & les plus vigoureux.
Les uns & les autres ne. porteront que leurs armes
& leurs munitions de guerre.
Autant qu’on le pourra, on occupera les deux
bords de la rivière ; on aura foin de fouiller au loin
touts les objets qui pourroient recéler les enne-
ipis.
Les découvreurs qui formeront le quart de l’ef-
corte qui eft à terre , feront-compofés d’hommes à
cheval ; ils précéderont toujours d’un quart de lieue
au moins la tête du convoi. On placera quelques
foldats intermédiaires, qui feront chargés de leur
faire paffer les ordres du chef du détachement, &
de porter à celui-ci les nouvelles que les découvreurs
auront apprifes. A la tête du convoi marchera
un autre quart de l’efcorte ; un autre quart
marchera à la queue, & le dernier quart fera employé
à fournir des découvreurs fur les flancs & fur
l’arrière-garde. Ces trôis dernières divifions- feront
mi-parties de cavalerie & d’infanterie. Ainfi lorfque
la rapidité de la rivière entraînera le convoi avec
violence, chaque cavalier pourra prendre un fa-n
taflin en croupe. . \
Quand les chevaux ou les hommes feront fatigués
, le convoi fera ha te au milieu de la riviere j
ou dans une anfe placée fur le bord oppofe a
celui que l’ennemi occupe. 11 en fera de meme
pendant la nuit.
A la fuite de chaque grand convoi il y aura un
certain nombre de bateaux vuides qui leront def-
tinés ou à paffer d’un côté à l’autre la partie de
l’efcorte qui devra traverfer. la riviere, ou a lui
porter un fecours d’hommes ou de munitions de
guerre, ou à faire fa retraite , s’il lui eft impoffible
de fe défendre.
Quand les découvreurs apperçoivent un corps
de troupes, ils avertiffent par un premier fignal,
qu’on ait à fe tenir fur fes gardes ; à ce fignal le
convoi fe raffemble , les deux tiers des foldats aif-
perfés dans les bateaux du convoi fe placent dans les
bateaux de fuite ; le convoi s’éloigne de la rive , fur
laquelle on a fait le fignal, & les bateaux de fuite
s’en approchent ; on ne rame plus ; bientôt les de-
couvreurs détruifent ou redoublent les craintes
qu’on a eues ; dans la première fuppofition le convoi
reprend l’ordre accoutume; dans la fécondé,
la divifion qui marchoit à la hauteur de la tête du
convoi, vole au fecours des découvreurs ; le convoi
ferre la rive qui eft tranquille, & les bateaux de
fuite , celle où on a donné l’alarme ; des coups de
fufil multipliés ne laiffent plus douter de l’attaque.
Les bateaux de fuite dépofent les hommes qu’ils
portoient, ils paffent la rivière, vont prendre la
moitié de l’efcorte qui étoit fur la rive tranquille ,
& la rapportent fur l’autre.Le convoi eft arrêté, les
bateaux de fuite fe tiennent à portée du champ de
• bataille ; fi l’eftorte eft totalement battue , le convoi
part; il rame avec la plus grande force ; il aime
mieux fe laiffer couler bas que de fe rendre ; s’il éft
conduit avec fageffe , il peut efpérer de n’être
point pris. L’efcorte gagne , eh fe battant toujours ,
l’endroit où font lès bateaux de fuite ; quand la
plus grande partie des foldats y eft entrée , ils
s’abandonnent au courant de l’eau , & comme ils
font moins chargés que’ le convoi, ils le rejoignent
bientôt.
Si l’efcorte eft vi&orieufe, on rétablit touts les
objets dans le premier ordre.
Si on eft attaqué' fur. lés deux rives , les bateaux
de fuite fe partagent, à droite &- à gauche, également
ou inégalement, fuivant que chaque attaque
eft vraie ou fauffe.
Quand un convoi remonte une rivière, l’efcorte
eft' encore divifée en quatre parties. Une eft dans
les bateaux, une fur la rive oppofée à l’ennemi,
& deux fur celle qu’il occupe. L’arrière-garde
peut , dans cette circonfiance , être très fo.ible.
Un convoi qui remonte une rivière , eft pouffé
par lè v e n t , porté par la marée,.ou traîné par des
hommes ou des chevaux. Les deux premières fup-
pofitions rentrent dans celle d’une rivière qu’on