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pêche de tenir la mer de longtemps , vous vous "
tapprocherez du fyftème précédent. Si elle va *
exécuter quelque expédition, après fon départ vous !
.pourrez faire filer des troupes dans la province.
« ] ,out Service peut s'y faire par des troupes
treglees ou par les milices de-terre, celui des batteries
suffi, Je voudrois qu’on n'y employât pas-les
'gardes-côtes. Cette milice, par fa coilffitution eft
incapable de bien fervir. Elle eft une furcharge '
pour les parodies de la côte dans lefquelles on
lève en outre des matelots & des canonniers matelo
t s , ce qui attaque la population avec le eom-
'xnerce & I agriculture ; cependant-cette milice ni
v em e , ni p ay é e , ni nourrie , ni dreffée, n’eft pas
-sneme fufceptible de l’être, puifqu-’elle ne refte pas
-aflemblée , ne fçauroit s’acquitter d’un fervice mii
’demande de l’adrefte , de l ’exaclitude, ■ & qui eft
député important. Les paroifles -ont encore la
•corvée du guet pour tranfporter les paquets &
des lettres relatives au fervice. Ce moyen de cor-
Wefpondance eft très -utile ; -auffi -je ‘defirerois que
>ces paroiffes, délivrées de la -garde-c&e , le fiflent
très exaflement-; ce qu'il eft impoffible d’obtenir
' ^ uelIement, ou que les cavaliers de patrouille le
tfiffent, ce qui feroit plus Ample., plus sûr & plus
prompt.
■ Syjlème de défenfi quand-m eft maître de ia-mer.
’O n domine fur-cet élément, lorfque l’ennemi
«Sa pas de marine , ou lorfque celle qu’il a eft con-
ttrainte à garder la défenfive. Alors il ne vous refte
-a prendre d’autre précaution' contre fes vaiffeaux,
•que celle que la . prudence diète, pour ne point
‘éprouver des échecs auxquels les-haferds de la mer,
da rufe ou la -hardieffe de l’enr.emi -vous peuvent
‘expofer. Ainfi vos poftes à l’*bri d'un coup de
•main, la province munîe d’une quantité de -troupes
■ fuffifantes pour repouffer une defeente inopinée,,
Vous êtes affez en gârde ftuvterre ,1e refte dépend
‘de vos flottes.
Quant à la mer, puifque-le' grand avantage qu’on
‘obtient d’y dominer eft de faire librement fon
•commerce, il neffaut point négliger la proteélian
•des vaiffeaux côtiers ,.làns quoi-les eorfaires le dé-
'foleroient impunément.- Cfeft pour-cette raifonque
•les nôtres ont toujours fait‘tant de prifeslur des
-Anglois ; mais dans cette guerre ils avoient changé
’ de plan : ils avaient ftâtionné des-bâtiments à-peu-
près comme je le propofe ; ces bâtiments, au pre-
•mier avis, couroient fur nos corfaires, qui prelque
ctcaits , croifant fans jugement, attendoient- qu’on
des vint prendre. Aujourd’hui que l’extrême difette
«de'tnatelots les empêche fans doute de continuer
•cette proteéfion au commerce, nos corfaires recommencent
à bien prendre.
- C ’eft dans la pofition d’un état «qui fuppofe ce
fy f tèm e q u ’il eft néceflaire .pour lui d’ouvrir ,.i]e
plus qu’il eft p o flib le , des voûtes du centre des
W » vm» k s.;poftes,:afin'qæd!aifan«e desr-ttiaf.
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ports & la modicité dès frais facilite le ïlu x& J e
reflux des marchandifes , ce qui ranime l’agriculture
&-1 mduflrie, lefquelles à leur tour entretiennent
ou augmentent la population que -la mer -at-
taque.
•La Françe ,par fa pofition entre deux mers , qui
Communiquent direâement avec les contrées,
iources ou but du commerce ; par fa population-;
par la variété ôi la furabondanee de fes productions
de première néceffité, ou d’-une qualité ex-
cluiive ; enfin par le caraflère affif & induftrieux
de les habitants, ne peut fe paffer ni de-commerce
ni de tnarine. Le foin du gouvernement doit donc
être de -couvrir fes provinces maritimes ; d'en
•rendre fur-tout les coter pratiquables. Puifaue les
poftes & les places de commerce s’-y trouvent,
c eit fur leurs routes que les 'voitures, les négo-
oants, les-matelots, les troupes & les munitions
de guerre & de bouche paffent fans ceffe. Cepen-
dant les -côtes font peut-être la partie du royaume
la plus négligée quant aux routes & aux paffaees,
& finement celle où l’on trouve le moins de ref-
lource pour voyager .-ou pour fubfifter. C ’eft donc
•a tort qu’on a blâmé M. le duc d’Aiguillon lorfqu’il
• S B » conftruire des routes en.Bretagne.
, Mais quand -bien même la-France feroit réduite
■ a n avoir qu’une marine médiocre, fes forces de
terre ront affaz confidérables pour qu’elles n’ayen-t
rien-a redouter d’un-accès trop facile ; & fl elle
etoit réduite au feul commerce de fes produâions
6L de fon mduftrie, { deux objets qui, attachés
au loi Se au génie, ne peuvent lui être enlevés )_
ce leroit pour elle un -motif plus puiffant de multiplier
& de perfeélionner fes routes du côté de la
mer, afin de compenfer, par Faiftivité de fon commerce
intérieur , ce qu’elle auroit perdu dans celui
de traitevou de fpéculation tda Chine & ’le Japon
n en^ont pas d’autres ; néanmoins , à bien des
•égards, ils font plus floriffants qu’aucun état -commerçant
que ce foit.
Gomme il paroît qu’on eft décidé à foutenîr
j - 6/-!?ar'ne pu'fiante , je ne p e u x . m’empêcher
d millier encore fur l’inutilité du fer-vice des-batteries
de-eerc, parce qu’il oblige le gouvernement
-a augmenter le corps d’artillerie. Ce corps a -eu-.,
dans cette guerre-ci, de plus que dans les autres,
la conftruciion & la direéiion des batteries en
France & dans fes colonies; & l’exécution,des
pièces des régiments ; auffi quoique nous-n’ayons
qu une guerre de m e r , à peine peut-il y fuffire.
A prétends pas dire qu’on ne puiffe peut»
etre augmenter-un peu plus le corps, fans que
cela produife les: inconvénientsvcités ; mais je -erois
fermement que l’augmentation ■ qu’occafionne les
batteries de côte fera en. pure perte -, puifque l’état
n-en -retirera • aucun ■ avantage, -ou -que d’autres
I fu jets, pou voient les-occuper,
j - EH bien. î -dira-t-on, fi la guerre; parterre furvieut
•on -l’augmente de -beaucoup. -Le-conviens -qu’on
1 i^ut-folder&abre voter bien -plus d’individus
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#i’y en ajoutais puifque chacun a fa manière d ’envi-
•lager les chofes , je repréfenterai que non-feule-
’inent je ne crois pas fon augmentation „profitable,
Pliais que je la crois nuifible , autant -à lui-qu’à
l ’état : à celui-ci.,.parce .que fi-c’eft un -principe
reconnu que les forces .principales , telles que les
vaiffeaux de ligne, l'infanterie , la cavalerie., ne
dévoient jamais excéder le terme -que la ‘force
•abfolue de chaque état leur -fixe,, à plus forte
traifon, les forces aeceffoires , telles que les troupes
•légères, les vaiffeaux hors de rang & l’artillerie ,
me doivent-elles pas outrepaffer leur terme relatif
-aux.premiers ou leur devenir égales.
-Ce furcroît d’augmentati««, fruit de l’excès de
«confiance qu’on a dans les forces fecondaires,
; ne peut s’effeétuer fans furcharger l’état, ou bien
fans diminuer le nombre -ou . la qualité des forces
principales., puifque dès-lors on fe fie „plus aux
machines qu’aux hommes ; ceft-à-dire , .plus dans
fl’mdüftrie »mécanique que dans le courage & la
ifcience deMa taéfique : car le but des .premières
'.eft d’atteindre l’ennemi de Join., .& fans en être
■ aulîi dangereufement atteint; au lieu que celui
•du .guerrier-coniifte à fondre fur fon ennemi avec
un . tel avantage, que fa bravoure fuecombe fous
lia vôtre.
J’ai dit funeûe au corps en particulier, parce
«•que ■ touts les corps aeceffoires exigent chez les
^individus des qualités ou des talents que touts les
ihommes ne poffédent pas ; comme la .taille &
:1a force; ou qu’ils ne font point fufceptibles
■ d’acquérir , tels que-l’adreffe , l'intelligence & eer-
tîaines-connoiffances (fur-tout dans l’a r tille r ie ,en
îforte que plus ces corps deviennent nombreux,
{.plus cette ^valeur intrinsèque , réfultante de ;la
•valeur particulière de fes membres, diminue. :
■ le hafard finit par décider des ûiccès de cette
^partie dans laquelle on mettoit toute fa confiance.
T e l fut le fort des machines fous le Bas-Empire,
^auxquelles l’art militaire dut la barbarie où xil
(refta plongé jufqu’à ces temps modernes ; où, en
(■ réintégrant les forces principales , on diminue les
^aeceffoires.
-L’eftime.qu’on a pour ces corps e ft, comme
/je l’ai d it, en raifon de celle qu’on fait des, particuliers,
.ce qui fait -fentir la néceffité de leur
iaccorder des avantages dont les autres .ne font
‘ îii jaloux,, ni humiliés, .parce qu’ils v o y e n t qu’il
<eft jufte ôc néceffa-ire de récompenfer 6c d’encou-
i rager les talents. ■ L’Etat r le fait auffi fans peine, ,
itantque ces corps peu nombreux n’aviliffent pas
•ies grâces, en les rendant, trop communes, & ne
furchargent pas trop fes finances. par leur multi-
rplicité-i mais Jorfqu’ ayant .acquis une "utilité au-
' deffns > de leur terme il eft contraint .de les
augmenter •■ confi dérablement, il arrive - d’abord
- que ces faveurs -excitent . la qaloufie .des autres
(corps.; elles deviennent une humiliation,pour- eux-
émemes ,:qui .finit par ûes :faice ('dégénérer, s L’état
‘«s-laffe bientôt -de (.continuer ^Ees -avantages Si
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■ multipliés ; il les diminue, puis finit par les ôter.
Alors cette perte , du véritable aiguillon du mér
ite , anéantit les qualités de ces corps privilégiés.
.11 y a déjà plufieurs années que le corps eft
menacé de perdre , & a même perdu plufieurs
de fes avantages ; j’en-citerai des exemples.
'Les officiers en réfidence, les fupérieurs,^
quoiqu’e a a â iv ifé , ont des appointements moindres
que ceux d’un pareil, grade dans les régiments ;
cependant il en eft quantité qui ont plus de travail
& pins de frais que ces derniers: tels font ceux
qui font .employés actuellement fur les cales,
i ° . Les capitaines en fécond n’y.ont aucun .traitement
, & ce que j’ai dit de leur chef fe peut dire
d’eux : Les officiers employés fur les côtes dans
les autres guerres avoient aumoins quarante livres
par mois. 3 °. Quoique toutes les troupes ayent
eu une augmentation confidérable de folde.,
les corps royaux n’en ont eu aucune, & il fe
trouve dans les régiments deux capitaines-en
premier qui n’ont pas plus d’appointement
que ceux en fécond..40. Enfin, le-corps, depuis
M.vde Saint-Germain , eft menacé de perdre des
commiflions de capitaines ; .pour les lieutenants
& les chefs bien plus anciens que. ceux des autres
.troupes, ils n’ont cependant le brevet de brigadier
que très-longtemps après eux ; mes craintes i ne
font donc pas mal fondées l
■ Du fer.vice des. côtes.
La 'conftruéîion , l’armement &, la direction - dia
fervice des côtes font confiés à l’artillerie ; les
• canonniers gardes côtes, les gardiens de batterie
& de fignaux ; les compagnies du .guet, •&
■ quelques détachements d’infanterie,font,employés
. à l’exécution. de ce fervice fous elle4 .on -fen a
chargée , ,parce que la partie principale de «ce
fervice & la plupart de fes dépendances fe trouvent
des fondions diredes ou relatives à l’artillerie^
• & ^que le refte lui eft .commun , avec les ^autres
troupes.
• Cependant on ne lui a pas donné la conftrue»*
:tion des- édifices & des petits forts affedés ..aiix
batteries^ cette réferve paroit mal fondée.
porte préjudice au fervice : -mal fondée, ; puifque
ce corps eft par-tout ailleurs dans l’ufage de- construite
fesymàgafics & -fes..arfenaux ; or les petits
édifices , des batteries font . deftinés. à loger fes
munitions .& les gens fous fes ordres : préjudiciable
au fervice, parce.que Tétabliffement d’twi
même;j>ofte dépendant de deux corps., .c’eft
hafard qu’il.-n’y ait pas contrariété d’opinion
de volonté , • tant pour- la . capacité ,i.que pour : la
. pofition des •.édifices qui., l ’une &. l’autre, fout
1 de fait relatives ,à l’emplacement des batteries,»
■ & au nombre des pièces: leur réparation fouffre
. auffi parce que-lesypoftes font très-éloignés entre
l-eux , &• chilien .où.téfidedes officiers .du prince-:
tqàülsine .font leurs, travauji-qu’enicertains-temos.;