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officier, ci ré rois nt à leur tour^ & viendroient fe
mettre iur le talus, ainii fucceffivement. En recommandant
aux foldats de ne point fe preffer ,
on parviendroit à faire un feu de parapet très
nourri & très meurtrier. Les mouvements qu’on
pourroit reprocher à notre feu de parapet , ne
peuvent être dangereux, parce qu’on les .fait à
l’abri, & parce quon les fait ceffer quand oh le
croit néceffaire.
Le feu de parapet de l’ordonnance de 1764
nous paroît devoir être réfervé pour la défenfe
d’un abattis & pour celle d’un mur qui auroit peu
de hauteur &. d’épaiffeur.
.§. X V I I.
Du feu en arriéré,
Le feu en arrière n’eft autre chofe qu’un feu de
demi-rang de bataillon où de file, qu’on i exécute
'par le troifième rang, après avoir toutefois fait paf-
fér les officiers ou les bas-officiers de ferre-file der- ,
rière le premier rang, devenu troifième, au moyen
du demi-tour à droite,
Obfervations fur le feu- en arrièret
Aux vices que nous avons remarqués danslefeu
de bataillon, de demi-rang & de file, fe joint ici
celui du changement de place, qui confume né-
ceffairement un temps long & précieux : comme
ce feu peut cependant être néceflàire, il ne s’agit,
pour l’améliorer , que de le borner à un feu de
deux rangs fait à volonté,
g . X V I I I .
Du feu en avançant,
Le feu en avançant n’e f t , comme le feu en
arrière, qu’un feu de bataillon, de demi-rang ou
de file fait de pied ferme, après avoir marché,
quelque temps fur un ennemi qui fait fa retraite.
Ce feu peut être néceffaire, il doit être confervé,
mais modifié. Voye£ le-paragrapheprécédent, 6* ceux
du feu de bataillon , defdemi-rang & de file*
§ . % \ %.
Du feu de chauffée.
L’ordonnance de 1764 ayant cru qu’une colonne
qui fuit une chauffée & qui a en tête une colonne
ennemie , doit l?éloigne< avec fon feu 3 avoit pref-
crit de faire alors ufàge du feu fuivant : la colonne
laiffoit à droite & à gauche du bord de la chauffée
un efpace de fix pieds de largeur ; auffitôt que fa
première divifion arrivoit proche de l’ennemi elle
faifoit feu ; auffitôt après elle fe partageoit en deux
portions égales, & faifqitun quart de converfion à ,
F E U
droite & à gauche, marchoit jufques fur le bord
de la chauflée, faifoit un à droite & un à gauche,
& longeant le flanc de la colonne, alloit en prendre
1* queue r auffitôt que la fécondé divifion étoit
demafquée , elle fe portoit vivement en avant, Ôt
repetoit les mêmes manoeuvres que la première.
Obfervations fur le feu de chauffée.
, f eu chauffée, tel que [nous venons de le
décrire, eut ete bon fi l’on n’avoit pas obligé le
ffildat de mettre genou à terre ; fi l’on n’avoit fait
feu que de .deux rangs ; fi l’on n’avoit pas été forcé
de laiffervuideun efpace de douze pieds, & fur-
tout f i . dans la circonftance prévue par l’ordonnance
, 1 arme blanche n’eût été préférable au
feu ; 1 inftruction de 1776 a donc eu raifon de
négliger le feu de chauffée.
■ S* X X .
Du feu à volonté ou de billebaude.
Le feu a volonté , ou de billebaude, fe fait fur
trois rangs, fans mettre un genou à terre ; chaque
foldat tire quand il le veut : pour faire finir ce feu ,
on fe fert d’un long roulement.
Obfervations fur le feu à volonté ou de billebaude*
D ’après ce que nous avons dit dans le cours de
cet article, on juge aifément que le feu de billebaude
efir celui que nous préférons ; oh juge encore
avec facilité que nous vaudrions que deux rangs
feuls tiraffent à la fois ; qu’on accoutumât le foldat
a bien placer fon fufil contre l’épaule, à ajufter
avec attention & à recharger avec foin ; ces trois
objets doivent entrer dans l’inftruétion particulière
du foldat, & même la eonftituer en grande partie.
Tels font les différents ƒ*«# connus jufqu’à ce
jour ; tels font leurs avantages & leurs inconvénients;
hâtons-nous de ]etter un coup-d’oeil rapide
fur le refte des objets qui doivent completter çet
article,
§. X X I,
Du feu ràfant & du feu fichant.
Les différents feux dont nous venons de nous
occuper, peuvént être rafants ou fichants, perpendiculaires
ou obliques : lorfque celui qui tire vi-fç
un objet qui eft à-peu-près à même hauteur que
lui, on dit que le feu eft rafant ; on dit au contraire
que h feu eft fichant quand il eft dirigé vers un
objet plus ou moins élevé que l’endroit d’où il
part.
Le feu rafant eft préférable au feu fichant, parce
que s’il n’atteint point l’obje't vers lequel il eft
dirigé , il peut en atteindre ou frapper quelqu’autre
placé fur la même ligne ; au lieu que le feu fichant,
fô
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fe perd dans l’air, ou s’enfonce dans la terre s’il
n’eft pas bien dirigé.
§ . X X I I .
Du feu perpendiculaire 6* du feu oblique.
Quand l’homme qui fait feu tire droit devant
lui fans avancer ou effacer une épaule plus que
l’autre, le feu eft perpendiculaire ; il eft oblique
quand , avançant une épaule plus que l’autre, le
foldat dirige fon arme ou vers fa droite ou vers fa
gauche.
Pour prouver la néceffité '& les avantages des
tirs obliques , nous allons emprunter les expref-
fions de l’auteur de l’effai général de ta&ique ;
nous nous abftiendrons de donnera cet ouvrage
les louanges qu’il mérite , il n’a pas befoin de ce
nouvel hommage, & nous nous fommes.impofé la
loi de ne donner des éloges à aucun homme
vivant.
J’ai obfervé, dit M. de Guibert, « que l’infanterie
tiroit machinalement & n’étoit point exercée
aux feux obliques & croifés ; il femble même
qu’on n’ait pas cru qu’il fût poffible de tirer ces
fortes de feux d’une troupe rangée en ligne droite ;
ce n’eft qu’en plaçant l’infanterie derrière des flancs
de fortifications, ou en fuivant des ordres baftion-
nés, qu’on a imaginé de fe procurer des tirs croifés
fur un point ; on peut cependant en tirer d’une
troupe formée en ligne droite ; car un foldat en
compagnie, tout un bataillon même, peut tirer
obliquement. Je dis un bataillon feulement, parce
qu’au-delà du front d’un bataillon, les tirs devien-
droient trop obliques pour que le foldat pût ajufter
avec facilité ».
Touts les foldats du premier rang & ceux
d’une file ifolée peuvent, en avançant légèrement
l’épaule droite ou l’épaule gauche, tirer obliquement
à droite ou à gauche » cela eft vrai ; mais
d’une file entourée de deux autres, il n’y a , ce me
femble, que le chef de la filé qui puiffe jouir de
cet avantage ; au moins n’avons-nous pu réuffir à
placer obliquement lesfufils des fécond & troifième
rang.
J’exercerai donc l’infanterie, continue M. de
Guibert, relativement à ces vues :« le feu ordinaire
& habituel fera le feu direâ ; je commanderai
auffi, quand je le voudrai, à une divifion de
mon bataillon ou à un bataillon de mon régiment,
feu oblique à droite, ou feu oblique à gauche. Si je
veux donner plus d’obliquité à mes tirs flanquants
& les faire converger à une diftance plus
rapprochée de mon front, j’écharperai légèrement
l’alignement des divifions ou bataillons qui me
donnent ces tirs ,. &. je les porterai fuivant mes
vues de direétion ».
Examinons maintenant dans quelles circonf-
tances & jufqu’à quel point l’obliquité &. la convergence
des tirs peuvent être avantageufes, afin
Art militaire, Tome J f
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de déterminer lès occafions où il faudra s’en fervir :
i ° . « l’ennemi venant fur moi en colonne ou fur
un froRt-mfërieur au mien, il me donne prife fur
fes flânes ; 2°. s’il ne s’attache qu’à une partie de
mon front, alors les parties qu’il n’attaquera pas
peuvent prendre des revers fur lui, ou du moins
croifer leurs feux avec ceux de la partie attaquée ;
30. je peux enfin me fervir des tirs obliques, même
quand< l’ennemi viendroit à moi fur un front égal
au mien, parce que mes feux étant réunis & convergents
, ils en feront plus meurtriers, puifqu’il
n’y aura aucune partie de mon front qui ne foit
traverfée & battue par eux.
Il faut obferver toutefois qu’à moins qu’on ait,'
par la pofition du terrein, quelques troupes dans
des points flanquants en avant de la ligne, il eft
néceffaire, pour que la protection que les feux
obliques & croifés peuvent donner à un front
attaqué, ait fon plein effet, que les. tirs ne foient
bien rendus obliques que quand l’ennemi eft:
environ à 60 ou 80 toifes, & qu’il n’y ait jamais
qu’un feul bataillon au plus qui croife fes feux
avec Ou pardevant le bataillon voifin. G’eft cette
théorie des tirs qu’il eft bien important que les
officiers méditent & réduifent en pratique. D ’elle
peut dépendre , je crois, le fuccès de la plus
grande partie des a étions de guerre, foit qu’on défende
un pofte, foit qu’on l’attaque. ; car réunir le
plus de feux poflibles fur le point qu’on veut attaquer
ou défendre ; occuper les faillants qui le
flanquent ou qui l’enfilent ; multiplier les feux de
ces faillants , & affujettir l’ennemi à paffer fous
eux , fi l’on défend ; les éviter ou les éteindre, fi
l’on attaque, tout cela eft du reffort de la tactique
comme de la fcience des fortifications, tout
cela fe peut en campagne & avec des bataillons,
fans retranchement , comme derrière des remparts,
ou des tranchées ; mais il faut pour cet effet
que les officiers connoiffent les différences des directions
des feux , les effets qui en réfultent, & que
les foldats foient exercés en conféquence.
§ . X X I I I .
Quel efi lemeilleur d'un feu très v i f ou d'un feu bien
ajufié?..
Un fauvage pour qui l’on traduiroit l’énoncé de
ce problème riroit, fans doute, aux dépens de celui
qui. le lui expliqueroit : prenez-vous vos ennemis,
diroit-il, pour des oifeaux que Fexplofion de la
poudre fait envoler ; pour-des lièvres timides que
la chûte d’une feuille épouvante ; ou pour des
femmes européennes , qui ne peuvent entendre
fans frémiffement le bruit le plus léger ? Non , fans
doute, lui diroit-on , nos ennemis font très valeu-
- reux , nos foldats font très braves ; nous fçavons ,
en général, que;le bruit n’eft que du bruit, qu’il n’y 1
a que les coups bien ajuftés qui nuifent à nos
l ennemis \ &. cependant nous cherchons plutôt à