Le témoignage de deux gardes iuffit pour la
conviction des accufés.
§• V .
Doutes fur les loix militaires qui concernent la
contrebande.
Lorsqu’on promulguera de nouveau une loi militaire
contre la contrebande , né fera - 1 - il pas a
propos de joindre à cette loi 9 un état détaillé des
objets totalement prohibés, & de ceux qui doivent
payer des droits? En prenant cette précaution, on
mettra les militaires dans le cas de ne pouvoir pas
répondre , je ne fçavois pas que cette marchandife fût
de contrebande.
Le roi fe réferve la punidon perfonnelle des
officiers de fes troupes qui ont fait la contrebande.
Ne feroit-il pas digne de la majefté royale de promulguer
une loi bien circonftanciée, & d’en renvoyer
l’exécution à un confeil de guerre ? Plus
allurés de ne pouvoir échapper à la punition , les
officiers feroient plus circonfpeâs.
La loi militaire affujétiffant dans certains cas , le
foldat contrebandier à la punition infligée par la loi
civile ; cette loi civile devroit être rapportée dans
notre code.
Si les foldats continuent à n’encourir qu’après fix
jours la punition infligée aux déferteurs j celui qui
ne fe fera abfenté que pendant cinq jours, & qui
aura fait la contrebande, fera traité trop favorable-
ment : il a commis deux fautes ; il faut qu’il fubifle
deux peines.
O u i , fans doute, les officiers font refponfables
de la-conduite de leurs foldats. ( Voye^ D u e l s . ).
Mais peuvent-ils toujours en répondre relativement
à la contrebande? Peuvent-ils, par exemple, empêcher
un foldat marié, à qui on a été forcé d’accorder
la permiffion d’avoir un logement hors des
cafernes, peuvent-ils, dis-jç, l’empêcher de receler
chez lui de faux tabac ?
On peut avec des armes blanches , prefque
aufli-bien protéger un commerce illicite , qu’avec
des armes à feu.
Le foldat contrebandier eft jugé dans la ville la
plus voifine de l ’endroit oh il a été arrêté , &
l ’on continue à faire transférer un déferteur des
frontières du Rouffillon ou de l’Alfafce, à celles
de la Flandre ou de la Bretagne, Çes mandations
coûtent énormément à l’état : tout§ les confeils de
guerre n’ont qu’une loi : que le déferteur foit puni
en préfence du régiment de Picardie ou de celui
de Champagne , l’exemple n’en eft pas moins puifi
fant : il réfulteroit peut-être , de-ce que nous pror
pofons , deux avantages ; le premier confifteroit,
en ce que les juges ne feroient jamais prévenus ni
contre le coupable , ni en fa faveur. ( Voye[ c o n s
e il de g u e r r e . Seftion première•). Le fécond
plus fçnfible,réfuîtera de l’incertitude oufe-ra chaque
jpldat ? fur le fort de fpn camarade qui aura dé?
fertê : un foldat fçait qu’il a déferté il y a deux ans
15 ou 20 foldats de Ion'régiment ; qu’il en a déferté
12 ou i j l’année dernière ; 8 ou 10 celle-ci,
& il n’en a vu ramener que 7 ou 8 en tout ; de
cette connoiffance il conclut, qu’un déferteur un
peu adroit fçait éviter la chaîne : de cette conviction
, à l’envie de défertef, il n’y a qu’un pas,
ou du moins la crainte d’une peine inévitable , ne
fe préfentant pas à lui ;, quand il eft fur le point de
fe traveftir ou#d’efcalader le rempart , il obéit au
premier tranfport de colère , ou fe laifïe entraîner
par le defir de changer de fituation. LaifTons - le
dans l’incertitude ; qu’il croie que la maréchauffée
fait parfaitement fon devoir ; que rien ne puiffe
lui perfuader le contraire ; & fi nous ne déracinons
pas la défertion , au moins nous l’affoiblirons beaucoup.
( Voye^ C o n tum a c e . ).
Pourquoi, lorfqu’il ne s’agit que d’une amende
pécuniaire ou de la prifon , l’inftru&ion du procès
n’eft-elle pas complette ? Pourquoi regarder mois
mois de prifon, comme une peine qu’on peut infliger
fans précaution ?
Les gardes des fermiers généraux , ne font-ils
pas parties au procès ? D ’après cela, leur témoignage
peut-il être valable ?
Peu de foldats font punis pour fait de contrebande
: c’eft la févérité des peines qui produit cette
impunité : cette févérité fait que les prépofés de la
ferme générale , & les fermiers généraux eux-
mêmes , fécondent les defirs des chefs de corps ;
adouciffez votre code pénal, touts les délits feront
punis , & le nombre de coupables diminuera.
( Foye£ C h â t im e n t s ^). ( C . ) .
CO N TR E -FO R T . Maffifde maçonnerie coiiff
truit derrière le revêtement d’un rempart, pour
lui donner plus de force & l’aider à foutenir la
pouffée des terrés. ( Vgyei pour fçs dimenfigns
F o r t if ic a t io n ).
Leur plan eft un trapèze. La partie qui touche le
revêtement, eft nommée racine; & la partie ou
le côté oppofé , eft nommé queue, On les élève
perpendiculairement, & on tient ordinairement
leur partie fupérieure un peu plu§ baffe que celle
du revêtement.
On donnoit autrefois, au contrefort, le nom
d’éperon.
CONTRE-FOSSÉ. On donnent autrefois ce
nom à ce qu’on nomme aujourd’hui avant-foffé.
CO N TR E -G A RD E , Ouvrage de fortification ^
compofé de deux faces parallèles à celles du baf-
tion ou de la dçmi-lune quelles couvrent. C ’eft
d’après cet ufage qu’on l’a d’abord nommée con-
ferve & couvrefaçe. On la conftruit le plus fouvent
devant un baftion : elle fert non-feulement à le
couvrir, mais encore à cacher les flancs des baf-
tions voifine qui le défendent; de forte que l’affié-
geant ne peut les découvrir & les ruiner qu’aprè§
s’être emparé de cet ouvrage. On donne peu
d’épaiffeur à fon rempart, afin d’y rendre le logement
plus difficile & moips sûr,
O n nomme aufli contregarde les baftions détachés
que Vaüban conftruit dans fon fécond &
fon troifième fy ftèm e , devant fes tours baftion-
n é e s , pour lés dimenfions & la conftruétion.
Voye^ F o r t if ic a t io n . (K ) .
O n donnoit autrefois des flancs aux contre-
gardes ; ils1 étoient formés par le prolongement
des faces du baftion. A lo r s cet ouvrage ne couvroit
que la pointe du b a ftion ; ôt , comme toute fa
gorge , prife .fur l’arrondiffement de la contref-
ca rp e ,.é to it circula ire, on lui donnoit le nom de
demi-lune. C ’eft celui que lui donnent touts les
anciens auteurs, &. même celui des travaux de
Marsy dans la dernière édition de cet o u v ra g e ,
en 1684. ( Q ) .
C O N T R E - M A R C H E . Mouvement d’une
troupe 1 6 7 , } , qui au lieu de marcher
dire&ement devant elle , ( fuivant l’alignement
B D P , ) , tourne fucceffivement par parties, ( fo it
files, après avoir fait à droite ou à g au ch e , foit
divifions après avoir rompu, ) , & prend une pofi-
t io n , ( F G , ) , contraire à celle qu’elle avoit.
C O N T R E -M U R . Mur extérieur, bâti autour
du mur principal d’une place. ( Q ) .
C O N T R E -O R D R E . Ordre contraire à un
autre ordre donné antérieurement.
C O N T R E -Q U E U E d’hironde ou d’aronde.
Ou v rag e à tenaille, dont les ailés vont du côté
de la placé , en s’éloignant l’une de l’autre. ( Voye^
T e n a il l e ). . ■ ■. • ■
C O N T R E -R O N D E . Ronde faite pour s’affurer
f i une ronde ordonnée a été faite exactement.
C O N T R E S C A R P E . Revêtement du côté extérieur
du foffé d’un ouvrage de fortification. A in f i,
dans une p la c e , la contrefcarpe règne tout autour
de fes o u v rag e s , ainfi que le chemin couvert.
(Poye{ C h em in c o u v e r t . ). La contrefcarpe eft
ordinairement en maçoimerie. Quelquefois on
prend ce mot dans un fens plus étendu , & on
y comprend non-feulement le revêtement du
fo f fé , mais aufli le chemin couvert & le glacis.
C ’eft dans cette acception que l’on dit attaquer,
infulterla C o n t r e s c a r p e , fe loger fur la C o n tres
c a r p e .
C O N T R E - T R A N C H É E . Voyei C o n t r e -
APPROCHES.
C O N T R E V A L L A T IO N . Retranchement dont
un général qui affiége une place fait environner
le camp de fon armée du côté de cette place.
L ’objet de ces retranchements eft de mettre l’armée
afliégeante à couvert des entreprifes d’une gaT-
nifon nombreufe. Voye^ Pl a c e s , ( attaque des. ).
C O N T R IB U T IO N S . Fournitures exigées d’un
p a y s ennemi.
Elles peuvent avoir deux objets : l’un, de faire
fublifter fon armée aux dépens du pays ennemi ;
l’autre , d’en en lever toutes les reffources que
l ’armée ennemie pourroit y trouver.
Les contributions fe payent quelquefois par
abonnement, lorfque. le pa ys a moins de vivres
que d’argent, ou qu’on les exige très-confidérab
les , foit pour punir les habitants, foit pour ne
rien laiffer dans un pays que l’on abandonne. O n
contraint les villes &. les villages à fournir les
contributions demandées, loriqu’ils ne la payent
pas à la première demande.
M. de Feuquières donne fur la le v é e des contributions
les maximes fuivantes.
L a guerre feroit bien onéreufe au p r in c e , s’il
falloit qu’elle fe fît entièrement à fes dépens. Sa
prudence peut bien le lui faire c ra in d re, -& l’engager
à prendre des mefures juftes a vec fes finan
ces, pour ne point manquer d’argent ; mais il
y en a aufli de très raifonnables à prendre a v e c fon
g én é ra l, pour l’épargne & l’augmentation de fes
fonds. Ce s mefures font les contributions. Il y en a
de deux fortes : celles qui fe tirent en fubfiftances,
ou commodités : & celles qui fe tirent en argent.
Ce lles qui fe tirent en commodités, ou fubfif-
tançe s, font les grains de toute ë fp è c e , les fourrages,
les v ian d e s, les v o itu re s , tant par eau que
par terre., les bois de toute e fp è c e , les pionniers,
le traitement particulier des troupes dans les quartiers
d’h iv e r , & leurs logements.
Il faut avant que de faire aucunes le v é e s , avo ir
un état jufte du pa ys qu’on v eu t imp ofer, afin de
rendre l’impofition la plus équitable, &. la moins
onéreufe qu’il fe peut. Il fe ro it , par exemple ,
injufte de demander des bois aux lieux qui n’ont
que des grains ou des prairies ; des charriais aux
pa ys qui font leurs voitures par eau. Il faut même
que toutes ces efpèces de lev ées ay ent des prétextes
, qui en adouciffent la charge au peuple.
C e lle des bleds ne fe doit faire que fur le pays
qui aura paifiblement fait fa r é c o lte , & comme par
forme de reconnoiffance de la tranquillité dont il a
jo u i , par le bon ordre & la difeipline de farmée .
Son utilité eft de remplir les magafins des places.
Ce lle des avoines & autres grains pour la nourriture
des ch ev au x, outre ces mêmes p ré te x te s,
doit avoir celui du bon ordre , qui confbnime infiniment
moins un p a y s , que de l’abandonner à
l’avidité des officiers & des ca va liers, fi on les
laiffoit les maîtres d’enlever les grains indifféremment
ou ils les trou veroien t, & fans o rdre n i règle.
C e lle des fourrages eft dè même. Il faut feulement
o b fe rv e r , que cette impofition doit être
faite en temps commode pour les v o itu re s , dans
les lieux oh l’on a réfolu de les faire confommer
par les troupes.
. Ce lle des viandes ne doit fe fa ir e , s’il eft pof-
j f ib le , que fur le pays oh l’on ne peut faire hiverner
' les trou pes, afin qu’elle ne porte pas de difette
dans celui oh feront les quartiers d’hiver. L e p ré-
' texte en doit être celui de la difeipline, difficile
à conferver lorfque l’armée manque de v ian d e ;
& le profit dffp rince eft la diminution de la fourn
itu re, qu’il en fait à fes troupes.
Les v o itu re s , tant par terre que par e a u , s’exigen
t, ou pour remplir les magafins de muflitions