
la fanté des foldats , efpèce d’hommes q u i , par
fa ra re té , devient touts les jours plus précieufe.
O n deyroit encore augmenter la punition de l’ef-
couade , de la d ivifion , & de la fubdivifion dont
feroit le coupable : pour que tout le régiment
fût intéreffé à empêcher les duels , on pourroit
l ’obliger à défiler une ou deux fois pou f chaque
combat Singulier. O n devroit ceffer de punir les
foldats des fautes de leurs chefs , & .faire fup-
porter aux officiers & aux bas - officiers de la
compagnie des du élifte s, les dépenfes que les.
duels caufent à l’état. C e tte augmentation de
peine eft jufte , & elle produiroit des effets
heureux.
Pourquoi le roi donne-t-il des appointements
aux officiers & une p a y e aux bas • officiers ? C ’eft
fans doute pour que les uns & les autres puiffent
fe livrer entièrement à leur métier. Toutes les
fois qu’ils le n égligent, & que , par cette négligence
, il arrive du dommage à ce qui leur eft
confié , fur qui doit donc tomber la perte ? Eft-
ce fur l’é ta t , qui a fait tout ce qu’il de v o i t , ou
fur les officiers & les bas - officiers qui n’ont pas
rempli les devoirs auxquels ils s’étoient engagés ?
Ce tte augmentation de peine produira des effets
heureux. Chacun frappé de la crainte de monter
huit piqu ets , & par celle d’être obligé de payer
le prix d’un dégagement , ou de plufieurs journées
d’hôpital , redoublera d’attention,, & les
duels deviendront infiniment plus rares.
Quand un homme fortiroit donc de l’hôpital
où un duel l’auroit conduit , ou bien après fa
m o r t , s’il étoit viéfime des bleffures qu’il auroitf
r e ç u e s , ou même après fa réforme , s’il étoit incapable
de continuer fes fervices , le prix des
journées d’hôpita l, dans le premier cas , celui du
dégagement de l’homm# dans le fécond & troi-
iième , feroit porté en dégenfe aux officiers &
bas-officiers de fa compagnie, & réparti proportionnellement
à leurs appointements.
O n pourroit pour cela dreffer un tableau ou
d’ après la dépenfe to ta le , la fomme feroit répartie
en quinze portions égales.
Les caporaux contribueroient-» pour»«« i
Les fergents« • • • « ................... • • pour» • • a
Les fous-lieutenants«.................. pour««« a
L e lieutenant en fécond...................pour««« i f
L e lieutenant en premier.......... pour««« i f
L e lieutenant en fécond...................pour««« 1 \
L e capitaine en premier« • • • • • pour« • • 4
T o ta l.................................... 15
C e n’eft pas tout encore : il faut q u e , fans dif-
tinélion de cas & de personnes , les combats finguliers'
ne foient jamais impunis ; car , fi on ne
lévit que contre ceux qui viendront à la connoif-
fance du commandant de la place , bientôt les
corps prendront de fi bonnes^ pré cautions , que
le vingtième des duels fera à peine connu. Pour
que touts les combats-finguliers foient punis, il faut
qu’il foit défendu au chirurgien-major, fous peine de
caffation , de traiter en fecret un foldat bleffé par
un coup d’arme blanche ou d’arme à feu ; il faut
qu’il foit ordonné au chef du corps d’infliger aux
compagnies la punition qu’elles méritent ; & qu’il
foit affuré de la perte de fon em p lo i, fi le lieutenant
de roi , ou fon repréfentant, eft inftruit
du délit par toute autre voie que la fienne.
Quelque utile que foit le réglement dont nous
venons de nous oc cu p e r , nous ne nous flattons
pas qu’il puiffe prévenir touts les combats fingu-
liérs parmi les foldats. Nous croyons , a v ec le
doéleur R o b er ton , « que jamais une fimple promulgation
de loix & de réglements ne fuffit pour
détruire un ufage quelque abfurde qu’il foit , s’il
eft établi depuis longtemps , & s’il tire fà force
des moeurs &. des préjugés du fié d e ou il eft
établi j?.. Mais nous efpérons qu’il en fera, des
combats finguliers comme il en fut des combats
judiciaires ; lorfqu’on chercha à les détruire par
des loix févères , d’abord ils ne perdirent prefque
rien : ce temps eft paffé. Ils devinrent enfuite
moins fréquents : nous fommes à cette fécondé
époque. Enfin ils tombèrent tout-à-fait endéfuétude»
C ’eft là notre efpoir. ( C ).
É C H
E iC H A R P E . (feu d’ ). Feu qui bat par un angle
moindre que vingt degrés. Les flancs d e sbaftions,
dans le fyftème du comte de Pagan, faifant un
angle de 100 degrés a vec la cou rtine, peuvent
être battus d'écharpe du chemin couvert opp’ofé.
É C H A U G U E T T E . Voye^ G u é r it e .
É C O L E M IL IT A IR E . L ’école royale militaire
eft un établiffement, fondé par Louis X V , en
faveur des enfans de la noMêffe Françoife, dont
E C O
les pères ont confacré leurs jours & facrifié leurs
biens & leur vie à fon fervice.
O n ne doit pas regarder comme n ou ve lle, l’idée
générale d’une inftitution purement militaire, ou
la jeuneffe pût apprendre les élémens de la guerre.
O n a fenti de tout temps qu’un art où les talents
fupérieurs font fi ra re s , avoit befoin d’une théorie
auffi folide qu’étendue. O n fçait avec quels
foins les Grecs &. le? Romains cultivoient l’efprit
& le corps de ceux qu’ils deftinoient à être les 1
défenfeurs de la patrie : on n’entrera point dans
un detail que perfonne n’ignore ; mais on ne peut
s’empêcher de faire une réflexion auffi fimple
que vraie. C ’eft fans doute à l’excellente éducation
qu’ils donnoient à leurs enfants , que ces peuples
ont dû les héros précoces qui , commandoient
les armées a v ec le plus grand fu c c è s , à un âge
où les mieux intentionnés commencent à préfent
a s’inftruire ; tels furent Scipion , Pompée., Cæfar ,
& mille autres qu’il feroit aifé de citer. • |
Les parallèles que nous pourrions faire dans ce
g en re , ne nous feroient peut-être pas avantageux ;
les exemples , en très petit nombre , que nous
ferions en état de produire à notre av an tag e, ne
devroient peut-être fe confidérer que comme un
fruit de l’éducation réfërvée aux grands feuls , &
par conféquent ne feroient point une exception à
la règle.
O n ne parlera pas non plus de ce qui s’eft pratiqué
longtemps dans la monarchie ; tout le monde,
pour ainfi dire , y étoit guerrier : les troubles intérieurs
, les guerres fréquentes a v e c 'le s nations
vo ifin es , les querelles particulières m êm e , obli-
geoient la nobleffe à cultiver un art dont elle
étoit fi fouvent forcée de faire ufage. D ’ailleurs ,
la conftitution de l’état militaire étoit alors fi différente
de ce qu’elle eft à préfent , qu’on ne peut
admettre aucune comparaifon. Touts les feigneurs
de .fiefs, grands ou petits, étoient obligés de marcher
à la guerre avec leurs vaffaux ; & le même
préjugé qui leur faifoit méprifer toute autre pro-
feffion que celle des a rm e s, les engageoit à s’inftruire
de ce qui pouVoit les y faire, diftinguer.
O n n’oferoit pas affirmer cependant que la nobleffe
cherchât alors à approfondir beaucoup les
myftères d’une théorie toujours difficile ; mais
c’eft peut-être auffi à cette jiégligence qu’on d o i t 1
imputer le petit nombre des grands généraux que
notre nation a produits dans les temps dont je
parle,.
Q u o i qu’il en fo i t , l’état militaire étant devenu
un état fixe , & l’art de la guerre s’étant fort perfectionné,
principalement dans deux de fes plus
importantes p a rtie s, le génie & l’artillerie , les
opérations devenues plus compliquées, ont plus
, befoin d ’être éclairées par une théorie folide , qui
puifle fervir de bafe à toute la pratique.
Depuis très longtemps touts les gens éclairés
quantité d’excellentes vues enfantées avec peine ,
fouvent louées , & rarement fuivies.
ont p eu t-ê tre fenti la néceffité de cette théorie \
quelques - uns même ont ofé propofer des idées I
générales. L e célèbre la N o u e , dans fes difçours !
politiques & militaires, fait fentir les avantages j
d ’une éducation propre à former les guerriers: il j
fait p lus , il indique quelques moyens analogues ]
aux moeurs de fon temps, & à ce qui fe prati-
quoit alors dans le peu de troupes réglées que j.
nous avions. Ces difçours furent e f t im é sm a is j
l ’approbation qu’on leur donna fut bornée à cette I
admiration f té r ile , qui depuis a été le fort de j
Le cardinal Mazarin eft le feul qu’on connoiffe ,
après la N o u e , qui ait tenté l’exécution d’une
inftitution militaire, Lorfqu’il fonda le collège qui
porte fon n om , il eut intention d’y établir une
efpèce à'école militaire , fi-l’on peut appeller ainfi
quelques exercices du corps qu’il v o u lo i t y introduire
, & qui femblent fe rapporter plus directement
à l’art de la gu e rre, quoiqu’ils foient communs
à touts les états. Ses idées ne furent pas
accueillies favorablement par l’UniVerfité de Paris,
& la mort du cardinal termina la difpute. C e t établiffement
eft devenu un fimple co llè g e , & à cet
égard on ne croit-pas qu’il ait eu aucune diftinc-
tion , fi ce n’eft que la première chaire de mathématiques
qui ait été fondée dans l.Univerfité , l’a
'été au collège Mazarin.
Une idée auffi frappante ne de voit pas échapper
1 M. de Louvois : auffi ce miniftre eu t- il l’intention
d’établir à l’hôtel ro y al des invalides , une
école propre à former de jeunes militaires. O n
ignore les raifons qui s’opposèrent à fon de ffein ,
mais il eft sûr qu’il n’eut aucune exécution.
Il étoit difficile d’abandonner entièrement un
projet dont l’utilité étoit fi démontrée. V ers la fin
du dernier fiècle on propofa l’établiffement des
cadets gentilshommes, comme un moyen certain
de donner à la jeune nobleffe une éducation digne
d’e lle , & qui de voit contribuer néceffairement aux
progrès de l’art militaire. Les différentes compagnies
qui furent établies alors , après diverles
révolutions, furent réunies en une feule à M e t z ,
& en 1733, le roi jugea à propos de la fupprimer.
C e tte inftitution pouvoit fans doute avoir de
grands inconvénients. Il feroit fuperflu d’entrer
dans ce dé ta il, il fuffit de dire que ,depuis ce temps-
Yécole des cadets n’a point été rétablie.
En 1724 , un c ito y e n , connu par fon z è le , par
fes talents , & par fes fervices , ne craignit pas 'd e
renouveller un projet déjà conçu plufieurs. fo is ,
& toujours échoué : il avoit des, connoiffances
affez vaftes pour trouver les moyens d’exécuter
de grands deffeins, & l’on comp toit, fans d o u te ,
fur fon g én ie , lorfqu’on adopta l’idée qu’il pré-
fenta d’un collège académique , dont le but étoit
non-feulement d’inftruire la jeuneffe dans l’art de
la g u e r re , mais auffi de cultiver,touts les talents ,
& de mettre à profit toutes les difpofitions qu’orj
trou v ero it, dans quelquè genre que ce pût être.
La th éo log ie , la jurifprudence-, la politique , les
fc ien c e s , les arts ,, rien n’en étoit exclu. T o u te s
les mefures étoient prifespour l’exécution : la place
indiquée pour le bâtiment, étoit dans la plaine de
Billancourt ; les plans étoient arrêtes, la dotation
ét^it fixée , lorfque des circonftances particulières
firent évanouir ce projet. Quelques Joins qu’on fe
, foit d o n n é , il n’a pas été polüble de recouvrer
les mémoires qui avoient été laits à cette o ccafion ;
l’on y auroit t ro u v é , fans, d o u te , des rechercher