
Le régiment de Royal-Bavière, à Sandershauferi,
fit une ii furieufe décharge à la cavalerie ennemie
qui venoit pour le charger , qu’elle en fut on ne
peut pas plys maltraitée , êc ne reparut pas de
topte l’aétion.
Après la défaite du comte de Stirum à Hochftet,
le régiment de la Ferronais attaqua les bataillons
de l’arrière-garde, & en rompit les derniers rangs ;
mais le feu prodigieux des autres arrêta les progrès
de cette charge , &. l’artillerie, quoique fervie
avec autant de promptitude quapîe vivacité , n’empêcha
pas que ces bataillons ne fiffent plus de deux
lieues & demie fans fe rompre : cependant la cavalerie
les cotoyoit toujours, & gagnoit même le
devant. La retraite du comte de Staremberg après
la bataille de Villa-Viciofa ; la colonne des Anglois
à Fontenoy,\font encore des exemples remarquables
de la défenfd que peut faire un corps d’infanterie
à la faveur de l'on feu. Voyons maintenant les
effets de la baïonnette:
On a vu dans la plaine de Spire le régiment
de Navarre Sc celui du roi charger la baïonnette
au bout du fu jîl, pénétrant & renverfant tout ce
qui ofoit fe préfenter à leur paffage , fans voir la
fin ni le fond des corps qui fe fuccédoient. A
Almanza, la brigade du Maine attaqua l’infanterie
ennemie de la même manière, après en avoir
effuyé le feu fans tirer, & en fit un grand carnage.
L ’infanterie du duc de Vendôme, à Calcinato ,
fit plus : elle renverfa toute celle des ennemis &
une partie de leur cavalerie ; mais, fi ces fortes
de faits font affez fréquents depuis qu’on fe fert
du fujîl avec fa baïonnette, il faut aufli convenir
qu’ils font bien plus l’effet de la valeur & de l’im-
pétuofité des François, que de la confiance que
le foldat a dans fon aime', qui doit être la même
chez nos ennemis, & que ce genre de combat,
qui convient fi fort à notre nation, ne lui a pas
toujours réuflî. On voudroit bien pouvoir citer
quelque occafion ou un corps d’infanterie ait empêché
, avec la baïonnette au bout du fu f il, un
corps de cavalerie de l’enfoncer , & affez fouvent
de le battre ; mais ces exemples , s’il en exifte,
font bien rares, ou bien ils nous ont échappé. La
fermeté des Anglois à Fontenoy & à Minden ,
citée par les partifans du fufil y ne fçauroitleur être
favorable. Ceux qui ont vu ces deux batailles,
fçavent bien à quoi l’on doit attribuer laréfiftance
de nosennemis. ( M. D. L. R. ).
FUSILIER. Soldat armé d’un fufil. Le premier
régiment fut créé en 1671 pour la garde-de l’artillerie.
( Voye£ lç dictionnaire d’artillerie & l’article
infanterie. ).
FUSTIBALE. Voye£ DiCl. des antiquités. .
FU Y A R D . On donne ce nom aux foldats,
qui après un combat défavantageux , quittent le
champ de bataille en défordre , & fe retirent en
foule en fuyant de touts côtés.
: Le plus grand malheur qui puiffe arriver à des
battues ? ç’eft de fç retirer ainfi. Car en
gardant leur ordre de bataille, elles fe font fôujoufi
refpeûer de 1 ennemi. , qui n’oie s’en approcher
qu avec c i r c o n i p e é t i o n . Si les différentes tentatives
qu’elles doivent faire pour lui échapper font in-,
fruéfueufes, il eft toujours prêt à les recevoir à
compofition ; mais en fuyant fans ordre , on s’ex-
pofe - à périr prefqu’indubitablement. Loin de
fonger a fe défendre , on jette les armes pour
fuir plus légèrement ; touts les fuyards étant faifis
du meme eTjprit de crainte, s’embarraffent les uns
les autres , de manière que l’ennemi qui eft à leur
trouffes, en fait fans effort & fans danger , tel
carnage qui! juge à propos. Ajoutez à cela que
lorlque la frayeur s’e ft une fois emparée d’une
troupe , elle fe précipité elle-même dans les plus
grands dangers. Rivières , marais impraticables
rien ne 1 arrête. On court alors à une mort certaine
& honteufe , plutôt que de s’arrêter pour
regarder 1 ennemi en face , & lui en impofer par
une contenance affuréç , qui fuffit feule pour
modérer l’aéfiyité de fa pourfuite, & quelquefois
meme pour le faire fuir lui-même , ( comme il y
en a plufieurs^xemples, ) , fi ï ’ o n eft capable de
faire quelques efforts pour profiter du défordre
dans lequel fa pourfuite doit l’avoir mis. « Dans une
armee de vaillants hommes , dit Agamemnon dans
Homere , il s’en fauve toujours plus qu’il n’en
périt ; au lieu que les lâches n’acquièrent pas de
gloire , mais leur l â c h e t é leur ôtant les forces,
ils deviennent la proie des ennemis.»
M. le maréchal de Puyfegur, qui rapporte ces
paroles d’Homère dans fon livre de Y art de la
guerre 3 obferve aufli a cette occafion , qu’en combattant
vaillamment & en bon ordre , on perd
beaucoup moins de monde , & que la perte des
hommes eft bien plus grande dans les déroutes.
Lorfqu une tr.oupe eft une fois mife en défordre,
on ne doit la pourfuivre , fuivant les plus habiles
militaires , qu’autant qu’il eft néceffaire pour la
difperfer entièrement, & la mettre hors d’état de
5 M « C ’étoit la pratique des Lacédémoniens.
Ils pemoient aufli , & avec raifon , qu’il n’eft pas
digne d’un grand courage de tuer ceux qui cèdent
6 qui ne fe défendent pas.
• Si la pourfuite des fuyards peut être fufceptïble
de quelque inconvénient, lorfqu’on s’y abandonne
trop inçonfidérément, c ’ e ï î fur-tout lorfqu’une aile
pu une autre partie de l’armée a battu celle, de
l’armée e n n e m i e qui lui étoit oppofée. Car fi la
partie viâorieufe s’attache trop opiniâtrement à la
pourfuite d e s fuyards, e l l e laide fans défenfe le
flanc des troupes qu’elle couvroit dans fordre de
la bataille; alors fi l ’ennemi peut tomber deffus,
& qu’il attaque en même temps ces troupes par
Ip flanc & par le front, il les mettra bientôt en
d é f o r d r e , ainfi que le refte de l’armée , malgré la
vi&oire de l’une des parties de cette armée. L e chevalier
de Folard en rapporte plufieurs exemples,
tant anciens que modernes, dans fon commentaire
fur, Polybe, 2 7 , vol, pages 444 & fuiyantes, On en
trouve
trouve aufli dans Y art de la guerre \ par M. le
maréchal de Puyfégur, qui obferve que les fautes
de cette efpèce font aufli anciennes que la guerre, i
u p eft fi naturel, dit cet auteur, à des hommes
qui combattent de la main pour s’ôter la v ie , de
ne fonger qu’à ce qui fe paffe où ils font, & non
a ce qui, fe fait ailleurs , que quand ils ont tant
fait que de renverfér ceux contre lefquels ils combattaient
, il n’eft pas furprenant qu’ils cherchent à
profiter de 1 avantage qu’ils ont pris fur eux au
péril .de leur vie ; & il n’y a que l’art & la
fcience de là guerre qui puiffent mettre de juftes
bornes à - cette pourfuite. » (A r t de la Guerre,
L. II. pag. 80. ). ( Q. ).
. f y Y A R D ,( ig milice.}. Ce mot, pris fubftan-
ti vemen t , fignifie un fujet miliciable , qui ayant
ete averti de fe rendre au joue indiqué pardevant J
le commiffaire prépofé à la levée de la milice , j
P°.ur.( Y fifer au for t, Ôc qui ayant négligé ou
refufe de s’y trouver , a été déclaré fuyard par
l e procès - verbal du tirage . de la milice , fur la
dénomination du fyndic ou des garçons de la
communauté.
Les garçons ou hommes mariés miliciables qui
tombent dans ce cas , doivent être pourfuivis &
contraints de fervir pendant dix ans , a la décharge
a de ceux auxquels le fort eft échu, & qui
les arrêtent , ou des communautés qui ont des
miliciens à fournir.
Ceux qui pour raifons légitimes ne peuvent fe
prefenter a la levee , doivent commettre une per-
fonne , à l’effet de déclarer les caufes de leur ab-
fence, & de tirer pour eux, à peine d’être déclarés
fuyards.
Ceux qui font engagés pour entrer par la fuite
dans un état qui doit les exempter du fervice de
la milice , ne font pas pour cela exempts de tirer
au fort.
Ceux qui fe prétendent engagés dans les troupes,
doivent en juftifier par certificats des officiers qui
ont reçu kurs engagements , & cependant joindre
lans delai leurs régiments , fans pouvoir reparoître
r a” ? *a Pr°vmce > même avec congé, qu’lis ne
juitinent qu’ils1 ont joint leurs corps & paffé en
revue , à peine d’etre arrêtés & mis en prifon
pour fix mois , & condamnés à fervir dans la
milice pendant dix ans ; ils encourent la même
peine, f i, après avoir joint, ils reftent plus de fix
mois dans la province.
Ceux qui ont été déclarés fuyards ne font plus
i reçus a tirer au fo r t, ni déchargés de cette qualité
, au cas que par furprife ou autrement, ils
parviennent à s’y faire admettre.
Les fuyards arrêtés font préfentés au commif-
faire charge de la levée , & par lui conftitués
miliciens.
Les fuyards' conftitués miliciens , doivent fervir
dans la milice pendant dix ans ; ils n’ont pas le droit
d’en faire conftituer d’autres en leur place, & font
fujets , comme tout autre milicien , aux peines
des ordonnances concernant le fervice de la milice.
Ceux qui prétendent avoir des raifons valables
pour fe faire décharger de la qualité de fuyard,
doivent les expofer à l’intendant de la province -,
qui y prononce fuivant le mérite de la demande/'
Touts ces moyens violents employés pour forcer
des citoyens a embraffer un état pénible & fouvent
dangereux , auquel-leurs inclinations répugnent,
femblent attaquer les droits de la nature & de la
fociété; mais on abandonnera cette opinion , fi
1 on veut bien confiderer que dans tout état l'intérêt
general eft le fondement & la mefure de ces
^ro_’p ? que^ l’homme eft à la fociété ce que la
fociete eft a lui ; qu’il lui 'doit les mêmes fe-
cours relatifs qu il peut en prétendre pour fa coh—
| fervation & fon bonheur ; & que tout individu
dans un corps politique ne peut être regardé que
comme ennemi, quand il lui refufe ces fecours,
'& qu il facrifie la chofe publique à fon avantage
particulier.
Il y a' autant de moyens de fervir la patrie J
que de claffes différentes de citoyens ; celui du
fervice de la milice eft un des plus néceffaires, &
en meme temps des plus onéreux aux fujets ; le
bien général & particulier exige que là charge
en foit répartie fur le plus grand nombre d’hommes
poffible, préférablement fur ceux qui n’ont pas
d état, d’induftrie, ou de fonctions effentielles pour
la fociete, & que le légiflateur féviffe contre ceux
q u i, fans raifons légitimes, cherchent à s’y fouf-
traire par des moyens frauduleux. (Ce/ article eft
de ,M. D u r iv a l le jeune.}.
G AB
r
V T A B 1 0 N. Efpèce de panier cylindrique fans
tond, qm fert dans les fièges à former le parapet
lapes , tranchées i' logements , &c.
• j de fapes ou de tranchées ont deux
pieds & demi de haut , & autant de diamètre :
ds doivent avoir huit, neuf ou dix piquets , chacun
c e quatre a cinq pouces de tou r ,la c é s , ferrés &
'A r t militaire. Tome 11•
G A B
■ bien bridés haut & bas:, avec des menus brins de
fafemes élagués en partie. ( Voye^fig. 310 , le plan
& l’elevation d’un gabion }.
Les gabions fe pofent le long de la ligne fur
laquelle o.n veut former ou élever' un parapet :
' on creufe le ^ foffé de la fape ou de la tranchée
derrière ; & loi) en prend la terre pour les remplir;