
Deux fous-lieutenants.
Trpis enfeignes.
Trois guidons.
Ce font là les changements qui fe font faits pour
les principaux officiers fous le précédent règne.
Depuis la création de la compagnie, elle a
toujours été au mpins de deux cents maîtres ; ce
nombre a été quelquefois augmenté ; il y a eu
pendant plufieurs années & juiques à la paix de
Rifwick , deux cents quarante Gendarmes employés
furies rôles , & pendant la dernière guerre toutsles
lurnumçraires qui fervoient en campagne étoient
payés.
Un fécond changement eft , qu’autrefois les premiers
officiers difpofoient des charges ou places vacantes
des Gendarmes Scies vendoient ; le capitaine-
lieutenant en^ayoit cent à fa difpofitipn , le fous-:
lieutenant quarante , l’enfeigne trente 8c le guidon
trente. Cette yénalité étoit contre les ordonnances
de 13 loi s , contre le bien dû fervice ne pou-
voit manquer d’introduire beaucoup de mauvais
lu jets .dans la compagnie ; elle étoit contraire
à la dignité , 8c pouvoit être même contre la fureté
du fouverain. Ce déiordre avoit déjà été
aboli dans les gardes-du-corps dès l’an 1664, par
une ordonnance de Louis X I V . Le prip.ee de
Souhife ayant été lait capitaine - lieutenant des
Gendarmes repréfgnta toutes ces raifonç au ro i,
qui les trouva très folides ; il abplit la vénalité des
places des Gendarmes , & pour dédommager les
officiers qui en tiroient un revenu cpnfidérable, il
ffiur affigna vingt-fix mille livres d’appointements
extraordinaires , qui font payés par quartier , à
partager entre eux ; fçavoir, treize mille livres
au capitaine', au lieutenant cinq piîjë ; deux .cents
livres au fous-lieutenant, trois mille neuf cent
ljvres à l’enfeigne, autant au guidon,
Par l’ordonnance du roi du i er mars 17 18 , les
capitaines - lieutenants d Gendarmes (le la garde
tiennent rang de premier meftre-de-camp de cavalerie,.
Les fous .-lieutenants , les enfeignesles
guidons, celui de me fixe• 4 e - camp du jour 8c
date de leurs brevet ou commiffion. Pareillement
1^ commiffion de mçftre-de/camp de cavalerie eft
] pinte 8c attachée de droit aux deux places d’aide-
major , lefquelles lont remplies par deuxmaréchauxr
des-logis au choix 8c à la nomination du- capitaine-
lieutenant. Les autres maréchaux-des-logis ont rang
de capitaine de cavalerie. Les brigadiers, les fous-
bivgadiers , les porte-étendarejo ont rang de lieutenant
de cavalerie.
Qn diftribue.de temps à autre un certain nombre
de croix de Saint-Louis aux officiers de la com*
pagnie , même à de fimples Gendarmes, lorfqu’ils
ont mérité cette marque d’honneur par quelque
action de courage , par leurs bleflures , ou par
Jeurs ancien« feryiees.
Il y a aufli des penuons attachées à la, compagnie
en faveuj- des offiçigr? fubakernes & anciens
| Par un arrêt du confeil de l’an 1657 , les deux
| cents hommes d’armes qui font fur le rôleportent
1 le titre d’écuyer 8c jouiftçnt des privilèges, font les
, mêmes que ceux des chevaux - légers de la garde \
j’en parlerai plus au long en traitant de cette compagnie
; les armes de cette compagnie font l’épée 8c
le piftolet. En temps de guerre , on diftribue aux
anciens Gendarmes, ou à ceux qui tirent le mieux,
quelques carabines rayées, dont ils fe fervent entièrement
dans les ocçafions.
L’uniforme ou l’habit d’ordonnance eft d’écarlate
chargé d’agréments 8c galons d’or fur toutes les
coutures , fans mélange d’argent. Au dernier habillement
fait en 1715 , l’on a ajouté les parements
de velours noir, qui étoient de l’ancien uniforme
de la compagnie,
Les officiers fupérieurs 8c autres , doivent être
montés fur des chevaux gris.
Il y a quatre trompettes 8c un timballier à la
fuite de la compagnie , §t quatre étendarts, fçavoir
un à chaque brigade.
Ifs font de fatin blanc, relevé en broderie
d’or • leurs devifes font des foudres qui tombent
du ciel, avec ces mots pour ame ; quo jubet ira-
tus Jupiter. Lorfque la cornette revient de l’armée
, certain' nombre de Gendarmes font détachés
pour accompagner les étendards jufques à la chambre
du roi , ,8c à la ruelle de- fon lit. L’on fait un
femblable. détachement pour Ifs aller prendre au
même endroit, "lorfque la compagnie eft affemblée
pour paffer en revue ou marcher çp campagne. Les
quatre étendards des Gendarmes 8c ceux des chevaux
fegers de la garde , font les feul$> qujfoient
portés chez le roi ^ comme capitaine de ces deux
compagnies. ( Daniel. Mil* Franc. ).
La compagnie de Gendarmes eft de deux cents
maîtres j on l’augmente quelquefois jufqu’à .qua*
rante en temps de guerre. C ’eft le rôi qui en eft
capitaine. Le commandant a le titre de capitaine-
lieutenant, comme l’ont touts les autres commandants
des compagnies qui compofent fe corps de
• la Gendarmerie de France.
Les Gendarmes de la garde ont, après le commandant
, deux officiers fupérieurs qui .ont le titre
de capitaines-fous-lieutçnants. Ils ont dp plus trois
officiers , qui ont chacun le titre à’enfçignç , 8c
trpis autres qui ont celui de guidon.
Il y a dix maréchaux^des-logis dans cette compagnie,
parmilesquels on en chojfit deux pour remplir
les fonctions de major, fous le titre d’aides-major.
Les deux fous-lieutenants des Gendarmes de la
garde ont, en qualité de capitaine-fons-lieptenartts ^
la préféançe 8c Je commandement dans le fervice
de la maifon du r o i, fur les lieutenants des gardes-
du-corps : c’eft un privilège que p’opt point les
autres fousrljeutenanîs dçs compagnies dç }a maifoq
du roi,
La compagnie des Gendarmes de la garde eft
djvifée en quatre brigades. Il y en a une de fer-r
?;ee chaque quartier chez fe roiP Çftte
a rang immédiatement âpres les gardes-du-corps. J
A l’armée, fon camp ferme la gauche de celui de
la maifon du roi.
Les Gendarmes de la garde , ainfi que les autres
maîtres de la maifon du r o i , ont d’abord le grade
de lieutenant de cavalerie.; après quinze ans de
fervice ils obtiennent celui de capitaine de cavalerie.
Voye£ G ardes-du- c o r ps .
- Les compagnies. d’ordonnance auxquelles on
donne en particulier Je nom de Gendarmerie,
font au nombre de huit, qui forment huit efea-
drons,
Les quatre premières compagnies font, i° . les
Gendarmes Ecoffois ; a°. les Gendarmes Anglois ;
30. les Gendarmes Bourguignons; 40. les Gendarmes
de Flandres ; ces quatre premières compagnies
font celles du roi.
Les autres compagnies portent le nom des
princes qui les commandent ; fçavoir , les Gendarmes
de la Reine, Dauphin, de Monsieur 8c
de M. le comte d’Artois, Chaque compagnie eft
compolée d’un capitaine - lieutenant, un premier
lieutenant, un fécond lieutenant, un fous-lieutenant
, un porte-étendard , quatre maréchaux-des-
logis , huit brigadiers , un fourrier quatre-vingt-
feize Gendarmes 8c deux trompettes.
Les Gendarmes 8c les chevaux-légers font armés
comme la cavalerie. Ils font habillés de rouge ,
avec quelques galons d’argent, 8c ils ont des bandoulières
qui diftinguent les compagnies.
Les capitaines - lieutenants des Gendarmes ont
rang de meftre-de-camp , auffi-bien »que touts les
fous-lieutenants, l’enfeigne 8c le guidon des Ecoffois.
Ce rang a été fixé par une ordonnance du
I er mars 1718 5 laquelle accorde aufli aux enfeignes
8c guidons des autres compagnies , le rang
de lieutenant-colonel. Les maréchaux-des-logis de
ce corps ont rang parmi les capitaines de cavalerie ;
mais ils ne montent point aux charges fupérieures
de leurs compagnies. Touts les emplois , jufqù’à
cèux des guidons comprit , fe vendent avec l’agrément
8c la permiflion du roi.
La compagnie des Gendarmes Ecoflois eft très
ancienne ; elle étoit fur pied dès le temps de Charles
VII. Elle étoit autrefois compofée d’Ecoffois ; mais
il y a du temps qu’elle ne l’eft plus que de François,
comme les autres compagnies. Il lui refte
encore pour privilèges particuliers , celui d’avoir
rang avant les deux compagnies de Moufquetaires :
elle monte la garde à cheval chez le roi avant ces
deux compagnies , lorfque famajefté eft à l ’armée
ou en voyage.
Toutes les compagnies de la maifon du roi 8c de
la Gendarmerie font fubordonnées au commandant
de la éavalerie , mais elles font.corps- entre elles :
elles ont un même commandant, quia fous lui deux
brigadiers ; fçavoir, l’un pour la maifon du roi ,
& l’autre pour la Gendarmerie. A l’armée la maifon
du roi 8c la Gendarmerie campent enfemble. La
Gendarmerie eft à la gauche des Gendarmes de la ,
garde; fon camp en eft feulement féparé par üiï
intervalle de vingt ou vingt-cinq toifes.
La Gendarmerie a la droite fur touts les régiments
de cavalerie de l’armée. ( Q. ).
GÉNÉRAL. Commandant en chef d'une armée* '
Les peuples confient à un général une partie de
leurs forces 8c de leur autorité , pour affurer leurs
propriétés , maintenir leurs droits , accroître leur
gloire , augmenter leur bonheur, 8c réprimer où
punir une nation ennemie. Après le rôle de fouverain
celui de général eft donc le plus grand 8c
le plus beau qu’on puiffe jouer fur le théâtre du
monde : mais fi rien n’eft plus glorieux que de
bien remplir cette place éminente , rien n’eft aufli
plus difficile. Pour peu qu’on réfléchiffe à la multitude
de connoiffances qu’elle demande , pour
peu qu’on ait entrevu le grand nombre de qualités
qu’elle exige ; rien ne doit étonner davantage que
de voir un homme feul, s’impofer volontairement
un pareil fardeau. Mais puilque la guerre eft mi
fléau que la conftitution des empires entraîne né-*
ceffairement après elle ; puifqu’il faut qu’un homme
ofe fe charger du commandement des armées ,
effayons 8’applanlr les difficultés que cette brillante
8c dangereul'e carrière doit lui offrir.
Pour montrer l’ordre que nous avons cru devoir
fuivre, 8c afin qu’on puiffe retrouver plus aifé-
ment les objets dont nous nous fommes occupés,
nous allons expofer la liaifon des différentes parties
de cet article.
Nous venons de voir que le général de voit
réunir des connoiffances étendues à des qualités
heureufes. Avant d’entrer dans aucun détail, nous
expofer ons les raifons qui nous ont déterminés à
parler d’abord des connoiffances.
Les connoiffances que le général doit réunir
peuvent être divifées en connoiffance des homme«
8c en connoiffances relatives aux fciences 8c aux
arts.
Ce font des hommes que le général doit commander
8c combattre, nous nous occuperons donc
en premier lieu de la connoiffance des hommes.
On verra combien il importe au général de fe
connoître lui-mêmeN, 8c d’étudier le coeur humain*
Nous tâcherons enfuite de dire pourquoi le chef
d’une armée doit connoître la nation qu’il commande
, 8c fur-tout le genre de valeur 8c les talents
de fes principaux fubordonnés ; nous examU
nerons enfin fi le général ne doit pas avoir étudié
avec le même foin , 8c la nation qu’il a à combattre
, & le chef ennemi qu’il veut vaincre , 8c
les officiers généraux dont il efpère triompher.
A mefure que nous démontrerons la néceflité
de ces diverfes connoiffances , nous eflàyerons
d’indiquer au général la voie qu’il doit fuivre pour
les acquérir ; 8c nous faifons voir aux militaires
de touts les- grades, combien il importe à leur
bonheur 8c à leur gloire qu’ils cherchent à réunir
toutes les connoiffances néceffaires aux généraux.
La multitudela diverfiné 8c les divers degrés