
en marche & on le conduit ainfi que nous le dirons
dans l’article C o n v o i .
D ’après ce que nous venons de dire fur la
manière de lever les contributions en argent, en
grains & en fourrages , on voit aifément la conduite
qu’on doit tenir quand on eft chargé de raf-
fembler des pionniers ou des charriots , &c.
Le commandant du détachement donnera toujours
au bourguemeftre . un reçu de la qualité &
de la quantité des objets qu’il emrnenera ; il obligera
ce magiftrat à ligner la feuille du journal, fur
laquelle fera l’état des objets que le détachement
aura reçus. Il fera encore figner ce journal par fes
principaux fubordonnés. (Voye^ le mot J o u r n a l
& le paragraphe IV de cet article.'). ( C.-).
C O N TUM A C E . Refus de comparoître devant
les juges dans le délai fixé par la loi.
Les ordonnances veulent qu’on life à la parade
les fentences rendues par contumace dans les con-
feils de guerre -, contre les foldats qui ont été con-
tumacés. Quand la garde montante eft affemblée les
tambours battent un ban ; le major de la place, accompagné
de fon greffier , s’avance vers le centre de la
garde , ou vers le milieu d’un peloton du régiment
dont eft le fbldat contumace, & le dernierlitla lifte des
foldats qui ont été condamnés par contumace ; cette
lifte eft fréquemment très longue ; dans les grandes
places, elle eft fouvent compolée de i $ ou 20 noms.
Mettons-nous à la place du foldat ou mécontent
de l’état qu’il a embraffé , ou aigri par les mauvais
traitements qu’il croit avôîrmjuftementreçus , &.
raifonnons comme lui. Il eft donc , dit r il en lui-
même,. aifé de fortir de la ville ; on peut donc facilement
gagner les pays, étrangers, ou bien refter
inconnu au milieu du royaume, & y braver les
recherches de la maré chauffée &. la lévérité des
loix ; je profiterai de la première occaftçn favorable
que je trouverai pour çléferter ; on lira ici
une fentence contre moi, mais quel mal -cela me
fera-t-il ? Je ferai peut être placé aujourd’hui en
fa&ion à l’avancée, peut-être demain trouverai-je
tin bourgeois qui troquera mon habit uniforme
çontre une mauvaife vefte de travail, un charretier
qui me permettra de me biotir dans fon char,
quelque corde pour efcalader le rempart, tout
m’eft égal, qqand je ferai hors des murs, je n’aurai
plus rien à craindre. L’ocçafion qu’il defiroit fe
préfente \ il la faifit, & il en eft quitte pour une
contumace.
Il faut, fans doute ? faire le procès à tout foldat
qui a déferté, mais il nefaudroit pas lire à la parade
la fentence du confeil ; & fe borner à faire afficher
par un cavalier de la maréchauffée le placard fuivant
, fur la porte de l’églife paroiffiale de-chaque
foldat déferteur.
N. fils de N. & de N ., habitants, de cette pa-
roiffe, a été condamné à telle peine, pour s’être
rendu coupable du crime de défertion.
Ce placard devroit être imprimé en très gros
çaraétères, 6ç renpuvellé fe premier dimanche de
chaque mois pendant trois mois confécutifs. Pat1
ce placard on pourroit encore promettre une re-
compenfe de 30 livres à celui qui dénonceroit le
coupable ; ordonner au fyndic de le faire arrêter j
punir par une amende de 200 livres , le magiftrat
muni.cipal qui auroit négligé de s’acquitter de ce
d e v o ir : défendre aux curés de marier tout homme
dont le nom auroit été ainfi affiché, & aux notaires
de paffer des aéles en fa faveur , & c .
Ce s moyens qui n’ont aucun des inconvénients
des contumaces , produiroient certainement des
effets heureux. ( C. ).
C O N T R O L E . Regiftre tenu pour la vérification
d’un autre regiftre. "
C e u x qui font chargés du détail dans les régiments
d’infanterie & de cavalerie , doivent tenir
un contrôle e x a â des routes qui leur font envoyé es
pour les recrues & chevaux de remonte ; un autre
contrôle de touts les officiers des régiments ou
bataillons dont ils font le dé ta il, dans lequel ils
j doivent marquer la date des commiffions, lettres.,
ou brevets ; les charges vacantes, en fpécifiant fi
| elles le font par m ort, abandonnement, retraite, & c .
les noms des officiers abfents, le temps de leur
départ, le lieu de leur demeure, s’ils ont conge ou ■
n o n , pour combien de temps & leurs raifons.
Il leür éft défendu d’y porter les officiers nommés
aux places v a can te s , avant qu’ils ayent été
reçus , & ordonné de donner aux commiflaires des
guerres à chaque changement de garnifon, & a
la première r e v u e , une copie dudit contrôle , fignée
d’eux. ( Ordonn,. de Louis XIV, 2$ Juillet 170$ ,
\tr aoûp 1714•)•
Quant aux autres contrôles, voye^ C om m is s
a ir e s , H ô p it a u x .
CON TRO LEU R P E S GUERRES. Voye^
C om m is sa ir e s .
C o n tr o l eu r s des H ô p it a u x . Voy. H ô p i t
a u x .
CON TRO LEUR GÉNÉRAL DES V IVR E S.
Le mûnicionnaire général ne pouvant être trop informé
de ce qui fe paffe dans touts fes magaftns, &
le général dés vivres fecouru par de trop bons
commis , il eft néceffaire d’établir un contrôleur
général dans la province frontière où l’armée agit.
Ce fera proprement un directeur ou commis général
ambulant, & l’on peut fe fervir de celui qui
fera établi fur la même frontière, s’il y en a un.
En ce cas, il ajoutera les articles fuivants à ceux
que j’ai déjà preferits dans l’inftruftiori'que je lui ai
donnée, pag, 229.
Il faut choifir pour cet emploi un ancien commis
confommé dans les munitions, & qui foit 1 homme
de confiance de la compagnie. Elle lui donnera
une commiffion fort ample pour avoir la vue générale
fur tout ce qui la concerne; & fon exercice
fera çonfidéré en deux manières : o’eft-à-dire, qu’il
prendra d’abord une connoiffance parfaite des ma-
gafins qui devront fournir l’ armée , qu’enfuite il
accompagnera le général- des v ivres lorfqu’il entrera
trera en campagne, & que quand elle fera finie, l
il reprendra le même foin pour les vifites de fon
département pendant le quartier d’hiver.
La première chofe que fera ce contrôleur général
en prenant poffeflion., fera de faire un état
de toutes les places qui dépendent de lui & des
commis qui y travaillent; de fçavoir quelles font
leurs fondions, de qui ils tiennent leur emploi,
quel eft le cara&ère de leur efprit, la portée de
leur génie, leur capacité , &. quels emplois ils ont
exercés ; quelle eft leur famille, le lieu de leur
naiffance, leur âge, leurs moeurs, & fur-tout s’ils
font adonnés au jeu ; quelle réputation ils ont dans
le lieu, s’ils y font quelque commerce. Cette précaution
eft bonne, à l’égard fur-tout de ceux qui
tiennent la caiffe, & il informera le munitionnaire
de tout cela, mais avec certitude ; car j’ai déjà
dit que la première choie à quoi doit-regarder un
munitionnaire, c’eft de connoître parfaitement les
perfonnes à qui il confie fes affaires; les raifons
en paroiffent dans tout ce difeours.
Si l’on a acheté des grains & des avoines dans
fon département, c’eft par les lieux où en ont été
faits les achats qu’il commence fes vifites.
Il examine fi les régiftres des gardes-magafins
font en bonne forme , tant pour la recette que
pour la dépenfe. Pour la recette,, fi la quantité
y eft bien fpécifiée, la qualité, les différents-noms
des mefures, le poids du pays réduit au poids de
m.arc, en cas qu’il foit diffemblable ; fi le nom
du vendeur, le lieu de fa demeure,, la date du
marché font déclarés dans l’article : s’il eft parde-;
vant n o ta ir e o u en préfence de témoins, & en
bonne forme.
Pour la dépenfe, il verra quels envois le commis
a fait, les natures de grains & de farines, les quantités
, & les copies des lettres de voiture qu’il a
envoyées; fi elles font en bonne forme, & s’il y
trouve à redire, il. en donnera des modèles.
Après avoir pris un extrait des recettes ôr dé-
penfes , il verra ce qui refte en magafin ; il comptera
lui-même les fa es, & s’en fera donner des états
certifiés.
Il obfervera le même ordre au fujet de la caiffe,
examinant touts les payements & les quittances
qui doivent être couchées au dos des marchés,
& il comptera l’argent qui refte en nature, ou
en billets. Il paraphera le bas de toutes les pages
des régiftres qui lui feront repréfentés, & mettra
fon vu fur la dernière, avec la date du jour de
fa vifite. Cette précaution eft très utile en certains
endroits, où les commis font d’intelligence.
11 fe fera repréfenter encore toutes les lettres
que le munitionnaire aura écrites, pour voir par
leur leéhire s’il y a quelque chofe en ce lieu là
qui n’ait pas été exécuté ; en ce cas , il le fera faire
avant que de partir. On donnera les ordres pour
cela , faifant des remarques particulières à ce fujet.
Il connoîtra par la fuite des numéros , fi on lui
cache quelques-unes de ces lettres.
A r t militaire. Tome I I ,
Après la villte des papiers, il fe tranfportera
aux magafins, où la première chofe fera d’échan-
tiller les poids. Cet article eft important pour
les intérêts du munitionnaire, afin de rendre touts
les poids de fes magafins uniformes ; car s’ils font
plus forts dans un endroit & plus foibles dans un
autre , combien de faux déchets le fort donne
au foibie, & quel gain indirect peuvent faire les
commis dans cette confufion. Voilà de quel oeil
on doit la confidérer ; car celui qui fe voit des
déchets, fait tout ce qu’il peut pour les reparer
aux dépens de tel qui puiffe porter le fardeau.
On ne peut échantiller des poids au jufte, que
lôrfqu’on a un modèle parfait. 11 eft facile d’en com-
pofer un; j’en ai donné les moyens ailleurs; fur-
tout il faut que les poids foient de fer fondu, parce
que cette matière eft inaltérable. L’échantillon fur
lequel touts les poids de la munition doivent être
réglés, demeurera entre les' mains du commis général
du département pour y avoir recours ; on le
fera porter de temps en temps par touts les magafins
de la province, pour voir fi. ceux dont on fe
fert ne s’altèrent point.
Après que le contrôleur ambulant aura vérifié
les poids, il verra fi les magafins font tenus proprement,
& fi les portes ferment bien; fi les couvertures
ne font point rompues ; fi les lieux font
fecs & commodes ; fi les facs vuides font rangés
fur des cordes, ou fur des'perches ; s’ils font nets ,
n’ont point de trous, & le nombre qu’il y en a.
Enfuite il examine fi les grains & les farines
fe portent bien; il voit à l’égard de ceux qui font en-
fachés , s’il n’y a point trop de facs les uns fur
les- autres, & il coule la main entre deux pour
fentir s’ils ne s’échauffent point. Quand à ce qui eft
détaché, il en connoît facilement à l’oeil le bon ÔC
le mauvais.
S’il vifite des magafins d’entrepôts, il regarde
s’il y a beaucoup de facs réglés & prêts à enlever ;
il en fait pefer plufieurs qu’on tire de touts côtés
pour vérifier s’ils font de poids; & s’il n’y a pas
un allez, grand nombre de facs réglés, & en état de
partir, fuivant les ordres qu’on aura donnés, il fera
hâter ce travail, & même il reftera quelques jours
dans le lieu , en cas que le convoi foit preffé.
Quand il verra que des magafins ne font pas
commodes, il en cherchera d’autres, & les fera
changer : mais il faudra attendre qu’on en ait
voituré les effets , car le tranfport dans un magafin
nouveau cauferoit de faux frais.
Si l’on a fait des achats pour le munitionnaire
dans le lieu où il fe trouvera , il s’informera fi
les gens chargés du prix ne gagnent rien fur les
voitures, fur les porte-facs, fur les gens de journées,
&c.
Ce dernier article mérite fon attention particulière
; il doit voir les hommes de journée, les
connoître, les compter, & fçavoir les temps où
l’on en a pris le plus, fuivant le travail qui s’eft
préfenté à faire dans les magafins, par le charge