
des villes advienne au temps que les autres capi- !
taines foient en quartier. ».
» 50. Ladite compagnie étant compofée de cent
gentilshommes ou foldats fignalés de la nation , il
y en a vingt-cinq d’iceux appointés , portant des
hoquetons blancs couverts de papillotes d’argent,
defquels en fervent fix touts les quartiers de
l’année , les plus près de la perfonne du roi,
tant aux facres, églifes, cérémonies, réception
des ambaffadeurs, qu’aux entrées de ville, avec
le premier homme d’armes de France, qui fait le
nombre complet defdits vingt-cinq. Ce qui n’eft
point ès autres compagnies ; & aux enterrements
des rois , lefdits archers du nombre de vingt-cinq,
s’y trouvant touts, portent le cercueil là ou eft le
corps, depuis la ville de Paris jufqu’à Saint-Denis,
& même jufqu’au tombeau, fans qu’il foit permis
à d’autres d’y toucher.
» 6°. Et pour une marque de fidélité approuvée
dè longue main, les Ecoflois qui font en quartier
reçoivent les clefs de la maifon du r o i , ou du
logis où il fera, des mains des archers de la porte,
à fept heures du foir, faifànt fentinelle toute la
nuit jufqu’à fix heures du matin ; & alors, retirant
lefdites clefs des mains du capitaine eh chef, les
rendent aux archers de la porte , fans qu’aucun
des gardes Françoifes doivent toucher lefdites clefs
durant ledit temps.
» 70. Le roi étant à l’églife , les Ecoflois gardent
lè choeur , tant aux entrées , que près de la per-
fonnë du roi.
» 8°. Et là où il eft queftion que fa majefté paffe
par eau, ou paffe quelque rivière par bateau ou
barque, lefdites gardes EcofToifes fe mettent devant
& gardent le vaifleau appointé expreflement pour
la perfonne du ro i, & fa majefté y étant dedans ,
il y en a deux d’iceüx gardes EcofToifes auprès
de fa perfonne, fans qu’il y ait aucun des autres
gardes-du-corps, que les Ecoflois, pour le fait de
ce fervice.
» 90. Les quartiers venants à changer durant toute
l ’année 4 lefdites gardes EcofToifes commencent
toujours à entrer en garde le prèmier jour du
quartier , encore qu’ils auroient été de garde pour
tel fait de fervice.
» io°. Et lorfqu’il eft queftion déloger les quatre
compagnies des gardes-du-corps du R o i, les Ecof-
fois ont le premier choix des logis, fuivant le
département du fourrier que leur capitaine auroit
appointé pour cet effet, foit-il aux champs, ou à
la ville ; & étant contraints par prefle ou autrement
de loger enfemble, ils ont aufîî le premier
choix du lieu & des commodités particulières.
n iiw. Et afin que le capitaine fçache par effai
en quoi les Ecoflois qui fe préfentent à lui, font
capables de fervir le roi, il en met quelques-uns
en lieu de fervice appellé le guet, lefquels reconnus
par le temps & l’expérience , font pourvus
par ledit capitaine aux places vacantes , fuivant
fa volonté & le jugement qu’il en fait, le tout à J la charge qu’ils ay ent, fuivant la première Institution
, certificat de leur roi , en leur faveur,
faifant foi & démonftration de leur qualité,
moeurs & prud’hommie.
» ï 2°* Les gardes EcofToifes du corps des rois
de France portent fur leurs armes , en figne
d’honneur & mémoire perpétuelle d.e l’alliance
des deux royaumes ,f la frange & crépine d’argent
& foie blanche, qui représentent le blafon royal
& marque de l’état , Si. les quatre compagnies
Françoiies portent fur leurs armes diverfes couleurs
de livrée, fuivant la volonté particulière
du roi.
n » Le Seigneur d’Aubigny, maréchal de France ,
parmi beaucoup d’autres charges auxquelles les
rois de France les voulurent appeller, eut commandement
fur les cent Ecoflois de la garde-du-
corps, environ l’an 1 5 37.
« .............Ce grand roi, qui ne fe lafle jamais de
bien faire . .. ne peut arrêter la volonté qu’il a de
nous donner Son affeâion, qui fe témoigne véritablement
favorable en tout ce qui nous regarde
, Sic. ».
Après tout , quelque affe&ion qu’Henri IV
eût pour les Ecoflois, il ne remit point de capitaine
Ecoflois à la tête de la compagnie ; il n’a
jamais été remis depuis. Le lieutenant ( car
alors il n’y en avoit qu’un dans chaque compagnie
) , fut un Ecoflois du temps de Louis XIII.
Mais en 1656 je trouve qu’il fe fit un changement
à cet égard ; le roi Louis X IV , par
une déclaration du premier de juin, donnée à
Compiegne , déclare, veut & entend , que déformais
il y ait deux lieutenants dans ladite compagnie
, que l ’un foit Ecoflois , originaire ou de
race, & l’autre François : qu’il foit permis au
fleur de Lavenage, lieutenant Ecoflois, de garder
la moitié de fa charge , & de donner fa démiffion
pour l’autre, enfemble des gages, penfions, &
droits y appartenants, que ces charges foient
déformais exercées alternativement, & par fix
femaines ; que TEcoflois ferve les fix premières
femaines, & le François les fix autres.
Ce changement fut fuivi d’un autre , & ce fut,
apparemment, après la mort ou la démiflion entière
du fleur de Lavenage ; 'c’eft que les deux
lieutenants furent touts deux François , de manière
cependant que l’un des deux portoit encore
le titre de lieutenant François, & l’autre le titre
de lieutenant Ecoflois. Le François étoit le fieur
de Romecourt : mais depuis plufieurs années ce
titre même a cefle. Touts les officiers font François
, & parmi les gardes il n’y en a plus aufli
d’Ecoflois de nation. Un officier de la compagnie
Ecoffoife qui y a été longtemps , & qui la coii-
noît parfaitement, m’a dit que le dernier Ecoflois
qu’on y ait vu , étoit 'un gentilhomme nommé
Céton, qui y eft mort depuis bien des années , &
dont l’oncle avoit été autrefois lieutenant, & je
.
trouve qu’il l’étôit encore en 1660. Ainfi cette
compagnie n’eft plus aujourd’hui Ecoffoife que de
nom. On y obferye cependant encore cet ufage ,
comme pour cbnferver le fouvenir de ce qu’elle a
été autrefois : c’eft qu’à l’appel du guet les gardes
de la compagnie Ecoffoife répondent en ecoflois
hamir, c’eft un mot corrompu & abrégé de hhay
hamier, qu’ils répondoient autrefois , & qui veut
dire, me voilà.
Des changements qui fe font faits dans Us quatre
compagnies des gardes-du-corps & qui leur font
communs.
Le premier changement remarquable qui regarde
tout le corps en générai, & que j’ai déjà remarqué,
eft te nombre des compagnies. 11 n’y en avoit que
trois jufqu’au règne de François Ier, une Ecoffoife
&• deux Françoifes ; ce prince en créa une quatrième
de la manière que je l’ai expofé en parlant
de 1’ inftitution, des compagnies des ,gardes.
Le fécond changement confidérable .concerne 1e
nombre des gardes dans chaque compagnie. Sous
François Ier la compagnie Ecoffoife étoit de cent
hommes , fans y comprendre les vingt-quatre
qu’on nomme aujourd’hui gard.es de la manche &
l’homme d’armes. Depuis, cette compagnie fut
réduite comme les autres à cent, y compris tes
gardes de la manche. Les autres prédécefleurs du roi
Louis-le-Grand n’augmentèrent point ce nombre ,
& même fous 1e règne de ce prince, tes compagnies
des gardes furent longtemps fur 1e même
pied , & quelquefois au-deffous. L ’état de là
France de 1661 en fait le détail.
C ’étôit encore la même chofe en 1663. Chacune
des compagnies, dit encore le même auteur
fous cette année, eft compofée de cent hommes
fous un capitaine, un lieutenant & un enfeigne. 11
devoir remarquer qu’il y avoit deffous deux lieutenants
dans la compagnie Ecoffoife.
Il paroît que dès ce temps-là , ou un peu après,
le roi Louis XIV projetta de faire du changement
dans ce corps; car l’an 1644, au mois d’oélobre,
dans une revue des gardes-du-corps , il fit paffer
devant lui touts tes vieux gardes à pied l’un après
l’autre, pour les examiner & tes mieux coiïnoître ;
& il faut que l’année fuivante , c’eft- à- dire , en
1665, ce corps fût fur un tout autre pied qu’aupa-
ravant pour 1e nombre , puifque ,1e r o i , fur la
fin du mois d’oâobre ? fit un détachement de trois
cents de fes gardes, avec quatre .cents de fes mouf-
qqetaires, pour aller au fecours des Hollandois,
contre l’évêque de Murifter.
Avant la campagne de 1667 il avoit fait des
changements d’officiers dans ce corps & dans tes
autres troupes de fa maifon. Cette même année ,
félon les nouvelles imprimées de ce temps-là, il
fit faire , dans le parc de , Saint-Gernjain , l’exe'r-
cice des deux compagnies dès, gardes -du - corps
qui cômpôfoient huit efeadroris, léfquels, fans
doute, n'étoient pas. aufli gros qu’ils ont coutume
I d etre ; mais cela montre au moins que tes quatre
| compagnies étoient déjà beaucoup augmentées.
Selon les mêmes mémoires , en 1^674, dans
une revue que te roi fit de la compagnie Ecoffoife
de M. 1e duc de Noailles, & de celle de
M. 1e duc de Duras , l’une & l’autre étoient
chacune de plus de trois cents maîtres, & 1e
mois fuivant, dans une autre revue, les quatre
compagnies fe trouvant chacune de plus de trois
cents Soixante maîtres , le roi tes réduifit à trois
cents, tous gentilshommes ou officiers, & ceux
qui furent réformés , passèrent dans d’autres
corps. ‘
En 1676, tes quatre compagnies furent plus
nombreufes qu’elles n’avoient jamais été ; car
elles faifoient enfemble feize cents hommes, c’eft-
à-dire, qu’elles étoient chacune de quatre cents
hommes ; & enfin en 1690 , dans la revue qui
fe fit 1e quatrième de mars , auprès de Compiegne,
elles fe trouvèrent de feize cen;s quatre • vingr-
huit hommes ; elles furent réduites depuis à
quatorze cents quarante, c’eft-à-dire, chacune à
trois cents foixante hommes, & c’eft Tétât où elles
te trouvaient à la mort de Louis-le-Grand.
J ai fait diverles perquifitions pour pouvoir
marquer exaétement tes époques de ces diverfes
augmentations dans tes gardesdu - corps &. le
temps précifément où elles ont été faites; j’ai
coniulté fur cela tes rôles de la cour des aides ,
& tes regiftres de la chambre des comptes, où
font contenus tes payements des gardes ÿ mais je
n en ai pu rien conclure pour ce que j e cher-
. chois , c’eft-à-dire , pour tes époques précifes de
ces augmentations. Tout ce qui m’a paru de certain
, c eft qu’il ne s’eft point fait d’augmentation
confidérable dans les gardes avant 1664, & que
ce n’eft que depuis cette année qu’il s’en eft fait
en divers temps.
Je trouve un troifième changement dans tes
gardes-du-corps , qui fe fit encore vers ce temps-
la , c’eft-à-dire, en 1666 , ou un peu auparavant,
c’eft l’inftitution des cadets, jeunes gens de qualité
, qui furent diftribués dans tes quatre compagnies
; cela fe prouve par un mémoire manuferit
que 1e roi fit pour la difeiplinede fes gardes-du-corps.
Il eft daté de Saint-Germain-en-Laye, 30 décembre
de Tan 1666 : voici l’article où il eft fait mention
des cadets.
» Que tes cadets qui fervent fans paye faflènt te
fervice aufli régulièrement que ceux qui la reçoivent
, & lorfqu’ils manqueront, qu’ils foient punis,
tout ainfi que ceux qui. font couchés fur le rôle
defdits comptes ».
Il y avoit aufli dès-lors des cadets qui recevoient
la folde ; j’en ai vu dix de marqués à trente livres
par mois dans la compagnie Ecoffoife , fur tes
comptes de cette année 1666, à la chambre des
coniptes de Paris. Dans l’état de la France de 1674,
je jro u y é de ces cadets nommés au nombre de
plus fie cinquante.; j’en trouve, encore dans Tétât