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craignit les défeôk>as&vo^ulpt s’attacher-fes peuples
par la recôffriôlffâncè.* Il répandit de l’argent avec
profufion, donna des terres , affranchit les débiteurs
, accorda des grâces pour crime, même pour
ceux de leze - majefté , flatta fes fujets par des
manières douces &. affe&ueufes , régla le gouvernement
3. & partagea fon empire en trente-fix
nomes ou provinces* I l : établit fur chacune un
gouverneur, & remit le .pouvoir fouverain à fon
frété Armais , en. recommandant à fes foins fes
femmes & fes enfans. Il leva enfuite une grande
armée, & en diftribua les commandements à fes
compagnons, qui étoient au nombre de dix-fept
cents. Ce fut alors qu’il afligna un© partie des terres
de .l’Egypte pour l’entretien de la milice , détermina
pour chaque militaire une portion fuffifanté
à fon entretien-, fui vant fon grade , afin que nul
befoin ne l’obligeât jamais à chercher danst un autre
métier des moyens de fubfiftance , & qu’il ne fût
Occupé que des fondions militaires. '
Son armée étoit , d it - o n , de 600,000 mille
hommes d’infanterie , 245000' de cavalerie, &
27 jOoo chariots-de bagage. Il y joignit'deux grandes
flottés 3- pour; foumettre plus facilement les-côtes,
transporter- -desJ troüpeé -j des munirions , & les
riche (Tes des pays conquis, objet 'éternel de; l’avidité
des eonquerans : ils joignent toujours la paf-
fion du fafteà celle de la-gloite ; une de fes
armées navales fit voile par le golfe Arabique
dans la mer dés Indes ; l’autre fut deftinée à la
Méditerranée. Il conduisit fes troupes contre l’Ethiopie
qu’il rendit tributaire, fournit les côtes de
l’Afie jufqu’à Élude , 1 & dans la Méditerranée
celles de la Phénicie & plufieurs îles. Des colonnes
élevées dans toüts ces pays y furent longtemps les
monuments de fes victoires.
• Il marcha enfuite en Europe & attaqua les
Scythes & les Thraces. Mais l’âpreté de ces climats
froids , fi différents de l’Egypte , la pauvreté
«le leurs halùtâhts ;, 4à yie errante décès nomades^
& plus encore1 leur courage» y réprimèrent en lui
l ’efprit de conquêtes L’Europe ne' vit- point au-
delà des Thraces fes colonnes triomphales , &
leur faftueufe infeription : Séfoftris-j-roidés rois,
feigneur des fiigneurs a fournis cetté région par fis
armes, -■ '' .; ‘
On dit que fui vaut l’ëfprit hiéroglyphique des
Egyptiens , il défignôit; le courage des peuples
vaincus parla marqué]-'du fe-xe dés-hommes^, &
leur lâcheté par lé ;'-ligne dé celui- -des femmes
qu’Hérodot© vit en Sy r ie , fur quelques colonnes
4 e ce xonquèrant. Deux de fes monuments fub-
üftoient encore au temps du même- hiftotien ,
l ’un entre Smirne & Sardes , l’autée en allant
d’Ephèfe à Phocéè. On y voyoit la- figure d’un
homme de haute taille, armé à l’égyptienne &. à
^éthiopienne, tenant d’une main-un ja-vélot, de
l ’autre un arc , &■ portant fur la poitrine cette
iafcription en càrà'étëres h c iê s fa ix o n ^ u k e s pays
par .ma puijfance.
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Il revint en-fon royaume après neuf années.
Son frère Armais s’étoit emparé du gouvernement,
& n avoit pas refpeété fes femmes. A l’arrivée de
Séfoftris il diflimula , le reçut avec de grandes
demonftrations de joie , & la volqnté intérieure
de l’exterminer avec toute fa famillè. Il- l’attira
dans.-fon palais , & tandis que le 'roi , la reine &
leurs enfants fe repofoient après le feftin , Armais
fit mettre le feu à des rofeaux fecs difpofés par
fes ordres près de l’édifice. Séfoftris éveillé par
le bruit, les cris de fes gardes & de fes miniftres ,
s’échappa à travers des flammes , füivi de la reine
& de fes: enfants , pourfuivit le traître , &. le chaffa
de - l’Egypte.
Alors-, renonçant à -des conquêtes -qui. paroiffent
au fond n ’avoir été qu’un brigandage , il licènciâ
fon,armée ,» la la-ilia jouir des richeffes qii’ëlle avoit
enlevées à- l’A f ie , &! pour mieux affurer la paix
qu’il accordoit à fes peuples , il fit élever une
muraille d’Heliopolis à Pelufe , dans Tétendue
d’environ foixante lieues, contre les incurfions des
Syriens & des Arabes.
■ Après quelques autres régnés , l’Egypte fut partagée
en douze royaumes, dén-t le plus voifin de
la mer échut à Pfâmméticus. I l ‘-faifit l’avantage
de fa pofitiôn ,< &. par un grand commerce avec
les Phéniciens & les Grecs, fes états acquirent une
opulence qui excita la jaloufie des autres- - rois
égyptiens. Ils réunirent contre lui leurs forces.
Plammétichus n’ayant point- affez de troupes, ap-
pella des mercenaires arabes ÿ catiéiis-'f Ioniens i
& fe 'rendit -maîtré dé tout le royaume.' Mais
enfuite il porta trop loin fa re'connoiffance pour
ces étrangers. Dans une guerre qu’il fit en Syrie ,
ils eurent toujours les polies les plus honorables.
.Les Egyptiens en furent bleffés : deux-cents mille
l’abandonnèrent i & -malgré fes repréfentations
allèrent s’établir en Ethiopie. Çette perte augmenta
le befoin qu’il avdit des Grecs , & refferra
fbn alliance avec eux. Il afliégea en-Syrie la ville
d-Àfof , qü’il ne réduifk qu’aprës vingt-neuf ans.'
Les Scythes ayant conquis la Médie & formé le
deffein de pénétrer en Egypte , il marcha au-
devant d’eux , les rencontra en Syrie , & préféra
la voie des préfent-s & de 4a conciliation aux1
honneurs toujours incertains & trop chers d’une
v-i&oiive. 5 ■' :
■' *Son> fils Nécho, prince gu e r r ie reu t de grandes
flottes fur -lés deux'mèrs. Il fit la guerre aux Mèdes'
& aux Babyloniens.devenus redoutables par leurs
conquêtes: ; défit deux rois de Judâ 5 & vainquit
celui d’Affyr-ie.
lien eft des conquérants comme des vagues de
la mer qui s’élèvent, s’enflent, fe preffent & fe
détruifent. , Nabuehodonofor, roi dé Bàbylone -
marcha contre Nécho ,' le rencontra vers l’Eu-
phrate -, le 'défit & lui erîleva ce qu’il avoit- conquis'dans
l’Afie. -
‘ Son fils Pfammis fit la guerre aux Ethiopiens ,
&. laiffa par fa mort Apriès héritier & maître dec
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fon empire. Celui-ci prit Sidon ^d’affaut, vainquit
fur mer les Phéniciens & les Cypriots, & marcha au
fecours deJérufalem affiégée par Nabuchodbnofor.
Mais â l’approche de ce prince pc de fon armée,,
les ’ Egyptiens fe retirèrent, abandonnant les Juifs
à, leurs ennemis. Ce- manque de foi ne refta point
impuni. Urié armée qu’Apriès avoit envoyée
contre les Cyrénéens fut défaitë'prefqué en entier.
Les Egyptiens imputèrent ce inalhéur à leur monarque;;
if y eut des'tumultes & dës' féditidns.
Celui! des'grands, qui étoit le plus refpeêté par'le
peuple-, Amafis fut envoyé vers lui. Un égyptien
lui ayant mis fur. la tête un calqué , lé fàlua' roi
d’Egypte , & une acclamation 'générale confirma
ce choix. Patarbémis , député par Apriès , fomma
inutilement Amafis de comparoîtrë devant le monarque
, il fut renvoyé avec mépris, & fon maître
offenfé eut la barbarie de lui faire’ couper le héz
& les oreilles. Cet aéfë d’inhümàhité foùleva le
refte du peuple* Ainfi les deux rivaux fë - p réparèrent
à combattre , l’un à la tête des Egyptiens ,
l’autre avéc les Cariens, lés Ioniens, & d’ autrés
troupes mercenaires. La bataille fe donna près de
Memphis. Malgré des prodiges dé valeur, lqs
Grecs enveloppés par le grand nombre des EgyjJ
tiens furent entièrement defâits , & Aprièsi fait
captif»
On vit alors un événement extraordinaire. Le
peuple eut moins de clémence que le roi vainqueur.
Celui - ci ne craignant plus fon ennemi
l’avoit renfermé dans le palais de Sais , & l’y
faifoit traiter en monarque. Le peuple toujours
animé par l’efprit de vengeance , le demanda Me
le fit livre r,"& Apriès fut étranglé. Amafis .fut
le premier qui fournit l’îüe de Chypre & la rendit
tributaire. Vers la fin de fa vie , menacé par Cam-
b y fe , roi de Perfe , il fut abandonné par Phanès
chef des troupes grecques qu’il foudoyoit, général
habile , inftruit de tout ce qui concernoit l’E gypte,
& devenu l’allié de fon ennemi ; enfuite fe détachant
de l’alliance de Polycrate, tyran de Samos,
fous le frivole prétexte qu’étant devenu trop heureux
il dêvoit bientôt cellér de l’être , comme fi
l’on avoit droit d’abandonner fes amis près du
malheur , il laiffa un royaume chancelant à fon
fils Pfamménitris , qui vit bientôt pâroître Cambyfe
à la tête d’une grande armée.
Etoit-ce les moeurs de ces peuples, ou l’habitude
de la guerre qui les rendoit cruels ? Phanès
avoit laîffé fes fils en Egypte. Les Grecs reftés au
fervice de Pfamménitris les menèrent hors de fon
camp , les égorgèrent à la vue des Perfes & dè
leur père, reçurent leur fang , y jettèrent de l’eau'
& du vin, & buvant cet horrible mélange, commencèrent
le combat. Leur cruauté fut punie,
& les Egyptiens mis en fuite fe retirèrent à Memphis
, où bientôt ils exercèrent un autre aéle dé
barbarie. Cambyfe leur envoya un héraut. A peine
fut- il entré dans le port qu’ils fe jettèrent fur le
yaiffeau qui le portoit , l’égorgèrent lui & fon
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cortège , & . portèrent leurs membres fanglantsen
triomphe dans la-ville.. Ils furent auflitbt refferrés
par les Perfes forcés de fe rendre • & réduits à
la. plus terrible la plus vile fèrVitude.
Tous :;4es • efforts qu’ils firent pour brifer leur
joug,, les. fecours que-les Grecs leur donnèrent
rurènt impuiffahts jufqu’au règne de Darius-Nothus.
Sous ce pririée , Amyrth.ée citoyen de Sais , força
les Peïfesj à 1 quitter, l’Egypte , gouverna ce
royaume, , :
La guerre 1 continua entre la Perfe , le nouveau
rpi d’Egypte fes fuçceffeurs* Tachos ayant demandé
des fecours aux Lacédémoniens , ceux-ci
lui envoyèrent un corps èonfidérable., commandé
par Agéfilas,. Arrivé en Egypte , il s’arrêta fur le
rivage pour prendre quelque repos. Ce prince ,
de petite;,taille y,boiteux ,,o£logén&ire , idéfiguré
par des bleffures , étoit couché à terre, fur. un peu
•de, paille recouverte d?une peau , nayant qu’un
manteau d’étoffe groiîière. Rien ne le diftinguoit
de ceux-qui4’accompagnoient. Quel contrafte que
celui de cette égalité fimple & libre , avec les faf-
tueufes diftinftioîis du defpotifme & de la fervi-
tude 1 Les grands d’Egypte itiftruits de l’arrivée
du célèbre Agéfilas , accoururent avec un nombreux
magnifique cortège. Ils cher choient des
.yeux les habits ,.la fuite, le luxe , leifafte d’un
r o i , & on ne leur montroit qu’Àgéfilas : ils le
voyoient , leicherchoient & le demandoient eni-
core. Lorfqu’ils furent bien perfuàdés que c’étoit
lui qu’ils voyoiënt , quelques - uns rirent entre
eux & fe dirent que la montagne en travail avoir
enfanté. .
Cependant les ;dons de l’hofpitalité lui furent
offerts*; C ’étoient pluûeuts' chofes précieufes- ôt
rares avec quelques vivrés. I l refufa lescouronnes s,
les gasefums , les ornements , & reçut; de la farrnëÇ
des veaux & des oies. Comme on le preffoit d’ad-
cepter le refte , il le fit donner aux efclâves.
Tachos fe mit promptement en marche avec
fon armée, & s’en réferva le commandement ,
contre l’attente d’Agéfilas auquel il étoit promis.
Un roi d’Egypte , élevé dans tout le fafte oriental,
ne pouvoit pas plus en concevoir la débilité que
la force de cette fimplicité fpartiate qui offenfoit
fa mollefte. Le roi commanda l’armée entière,
l’athénien Chabrias la flotte, & Agéfilas fes concitoyens.
Quoique fatigué des hauteurs & des
vanités égyptiennes , ce grand homme fuivit le
monarque en Phénicie. Il le commanda en obéif-
fant, même contre fon avis & fes lumières. Rien
n’étant fi néceffaire au defpotifme que la préfence
.du maître , Agéfilas avoit confeillé à Tachos de
ne faire la guerre que par fes généraux ; l’événement
prouva la fageffe de fon confeil. Les Egyptiens
s’étant révoltés, choifirent pour roi Ne&a-
nèbus prince du fang royal. Celui - ci étoit dans
4’armée : il revint en Egypte avec une partie des
troupes 5 & fit folliciter Agéfilas. En même-temps
2 i l envoya des ambaffadeu-rs à Lacédémone» Cette
A ij