Louis avec deux de ces fergents d’armes & dans
la fécondé un dominicain s confeffeur de ce prince,
avec deux autres de fes fergents d’armes. .
A . Première pierre.
B. Seconde pierre.
La compagnie des fergents d’armes devoir être
au moins de cent cinquante ou de deux cents
hommes ; puifqu’il eft marqué que Philippe V I ,
dit de Valois 3 voulant en faire une réforme , les
réduifit au nombre de cent. C ’étoient touts gentilshommes
& même gens de qualité. J’en ai vu
des liftes dans quelques mémoriaux de la chambre
des comptes de Paris, &.iL fé.trouve de grands
noms dans ces liftes.
De plus , ils avoient des privilèges qui mar-
quoient la conftdération que le prince avoit pour
eux : ils ne pouvoient être jugés par d’autres que
par le roi ou par le connétable ; & leur emploi
ne ceffoit point par la mort du fouverain , comme
d’autres charges de la maifon du roi en ce temps-là.
Voici encore une grande diftinéfion pour ceux
qui compofoient cette garde ; c’eft que nos rois
leur confioient la garde des châteaux de la frontière
; qui les faiîoient châtelains ; & qifils leur
aftignoient leurs, gages fur les bailliages & féné-
chauffées où çes châteaux étoient fitués ; quand
ils n’en avoient point , c’étoit le roi qui lès pay oit
comme les autres officiers de .fa maiion.
Je crois que quand Philippe Augufte les eut infti-
tués , d’abord ils étoient touts employés à fa garde
autour de fa tente , ou du logis où il demeuroit,
& dans les marches : mais il eft vràifemblable que
depuis ils ne fervoient que par brigades & par
quartiers ; au moins cela fe. fail'oit-il ainfi du temps
de Philippe-le-Bel,. comme il paroît par un ftatut
de ce prince de l'an 12.85 » dû il dit : item, fergents
d’armes, trente , lefquels feront à cour fans plus.
Les autres étoient dans les gouvernements, ou
occupés à d’autres emplois.
Leurs armes étoient non - feulement la maffe-
d’armes , mais encore l’arc & les flèches ; c’èft ce
qui eft marqué au même ftatut. Ils porteront
toujours leurs carquois pleins de carreaux. C ’étoit
une efpèce de flèche ainfi appellée, parce que le
fer en étoit quarré , comme je l’ai dit en parlant
des armes de ce temps-là. Une autre ordonnance
de l’an 1588, rapportée par Godefroy, dans les
annotations fur Thiftoire de Charles V I , leur
donne auffi des lances.
Quand ils étoient de garde devant l’appartement
du r o i , ils étoient armés de pied en cap, au moins
pendant le jour. Dans le monument de l’églife de
Sainte-Catherine , dont j’ai parlé, font représentés
quatre de ces fèrgents d’armes, dont deux font
armés de la manière que je viens de le dire , dans
la fécondé pierre , excepté la tête , où ils n’ont
qu’un cabaflet ou cafque léger, fur lequel un des |
deux a une efpèce a? voile rejetté en derrière,
qu’on appelloit du temps de Charles VII du nom
# cornette.
v C etoit de la même forte v qu’ils étoient a r m é s
a la guerre » excepté le cabaflet , au lieu duquel
ils avoient un heaume complet, &. je crois que
c eft de cette armure que leur vient leur nom de
fergents d’armes, comme on appelloit gens d’armes
&. hommes d’armes , les cavaliers qui avoient l’armure
complette, au lieu que la cavalerie légère
n avoit que. le cafque & la cuiraffe ; de même
: ceu* dont je parle étoient a p p e l l e s fergents d’armes,
farvienté&^rmorum , pour les diftinguer des autres
fergents ou gardes.qui étoient armés à la légère.
Les deux autres fergents d’armes repréfentés
dans la première pierre , n’ont point le harnois
comme les deux dont je viens de parler ; mais
1 un a une grande cafâque à grandes manches avec
un grand colier ou chaîne qui lui defcend fur la
poitrine ; 1 autre eft enveloppé d’un grand manteau
fourré à long poil ; il a la tête couverte d’un
bonnet. Le premier repréfente apparemment les
fergents d’armes , lorfqu’ils marchoient en quelques
cérémonies ; l’autre, ainfi que le penfe du
Tillet, repréfente ceux de ces fergents d’armes
qui gardoiént la porte de ia chambre pendant la
nuit, quand les portes du palais étoient fermées.
Le même du Tillet prétend que c’eft de ces
fergents d’armes que viennent ceux qu’on appelle
aujourd’hui les huiffiers de la chambre. En effet,
les huiffiers de la chambre portent des mafles en
certaines fêtes ; mais je ne fuis pas en cela de fon
avis. Ma raifon eft que dans quelques anciens aéfes
les huiffiers d’armes font tout-à-fait diftingués des
fergents d’armes,
Dans le ftatut de P h i l i p p e - l e - B e l de 1285 :
item, fergents d’armes, trente ; lefquels feront à
cour , fans plus ; deux huiffiers d’armes , & huit
autres fergents d’armes , & mangeront à cour.
Et dans deux états' de l’hôtel du roi Charles V I ,
de l’an 1386 & 1388 , il y a des liftes féparées
d ' h u i ffiers d’armes & dç fergents d’armes.
Je croirois donc que' les huiffiers de la chambre
d’aujourd’hui viennent des huiffiers d’armes ; qu’ils
étoient au dedans dé l’appartement, & leur fonction
etoit d’en ouvrir la porte à ceux qui dévoient y entrer
: car le nom d ’ h u i f i i e r vient d’un ancien mot François
huis s qui l i g n i f i e la même chofe que celui de
porte ;Jk il eft encore en ufage dans la même figni-?
fication en quelques provinces parmi le peuple.
Comme les fergents d’armes étoient armés de
pied en cap , il n’y a nul lieu de douter qu’ils ne
ferviffent à cheval dans les combats, mais ils fai—
foient la garde à pied au palais du roi : ainfi ils
fervoient à-peu-près comme font aujourd’hui les
gardes du corps.
Cette garde, en qualité d’un corps de milice , ne
dura pas au-delà du règne du roi Jean. J’ai déjà
remarqué que Philippe de Valois la réforma, &
la réduifit au' nombre de cent fergents d’armes.
Charles V étant régent du royaume pendant la
prifon du roi Jean fon père 3 les cafta prefque
touts & n’en çonfçrya que fix , apparemment parcs
qu’ils s’émancipèrent,.. ou quajs ne firent pas leur
devoir durant les guerres civiles que ce prince eut
à foutenir , ou peut-être qu’il n’avoit pas de quoi
fournir à leurs appointements.
Je n’en trouve non plus que flx marqués dans
l’état de la maifon de Charles V I , au mémorial
de la chambre des comptes que j’ai déjà cité ; mais
dans une ordonnance de l’an 1392. il s’en trouve
huit , dont la moitié fer voit par mois alternativement.
Ainfi , l’on, peut regarder cette garde ;
comme abolie en qualité de milice dès le temps '
de Charles V , étant réduite à un fl petit nombre, i
Je trouve encore une autre garde fous le règne ‘
de Charles V I 3 compofée de quatre cents hommes !
d’armes. C ’eft dans une de ces ordonnances datée j
du mois de février l’an 1.382., c’eft-à-dire 1383,
avant Pâques , félon notre manière de compter
d’aujourd’hui. Mais ce ne fut qu’une garde extraordinaire
qu’il fe. donna feulement pour l’expédition
de Flandres , qu’il méditoit en faveur de
Xouis , comte de Flandres fon vaffal, contre lequel
les Flamands s’étoient révoltés ; & il la cafta
a fon retour après la viftoire de Rofebeque.
C ’eft ainfi que Charles V I I I , pour fon expédition
du royaume de Naples, augmenta fa garde
de deux cents crennequiniers ou arbalétriers à
cheval , il ia conferva cependant après fon retour
en France ; & elle ne fut fuppiimée^qu’au commencement
du règne de Louis XII fon fuccefleur.
François Ier, pour la conquête du Milanès, créa
une troupe de même efpèce qui fit des merveilles .
a la bataille de Marignan ; mais elle ne paroît plus
depuis dans nos hiftojres.
Quelquefois ces princes augmentaient leur garde
pour paroître avec plus de pompe aux entrées
qu’ils faifoient dans les villes conquifes , ço'mme
fit Çhaiies'VII dans fon entrée à Rouen , après
avoir conquis cette capitale de Normandie fur les
Anglois , dont Mathieu de Coucy fait une magnifique
description. .
Quoique depuis Philippe Augufte jufqu’à Charles
V I I , nous ne trouvions que la garde des fergents
d’armes bien diftin&ement marquée dans l’hiftoire,
dans les états de la maifon de nos rois , il ne
s’enfuit pas qu’ils n’eüfTent que celle-là ; & en examinant
avec attention les monuments qui nous refterrt
de ces temps-là., pn trouve qu’en effet ils avoient.
une autre garde à cheval compofée d’écuyers , , I
c’eft-à-dire de gentilshommes ,- qu’on appelloit
eucyers du corps. C’eft pourquoi dans les hiftoires; '
de Charles V I & dans celles de Charles V I I ,-
par Jean Chartier & Mathieu de Coucy 3-& dans
les autres, quand il. eft fait mention des écuyers
qui etoient des officiers, de l’écurie , on ne manque
gueres de les appeller écuyers décurie , pour les
diftingner des éçuyèqs.dela garde ; & quand on
parle de ceux-.ci , on, lés appelle écuyers da
corps.
Dans les extraits des mémoriaux de la .chambre
des comptes de .Paris , par ,1e fleur .Godefroi , *
G A R î 9 5
parmi fes annotations fur l’hiftoire de Charles V I ,
! h nomme Pierre de Guirydit le Gallois, écuyer
! corPs du roi. Il parle encore des commandants
de cette garde, qui , dans ces mémoriaux de la
| chambre des comptes , font appellés maîtres de la
j grande garde des écuries du roi. Robertus de Mon-
! doucet, dit le Borgne : fcutifer corporis domini regis 3
| iÿlitutus primus fautifer corporis , 6» magifler magna
| f cufifarice domini- nojlri regis. Il parle encore de
; Philippe de Girefme dit le Cordelier, de Jean de
Karnieu, & de Bureau de D y c i , qui furent honorés
de la même charge.
Je trouve que Louis XII eut une garde flamande
très nomhreuie. Il en eft fait mention aufujet de
la bataille,de Ravennes ; les François-, fur le bord
du Rouço, efluyèrent tin terrible feu de la part
des Efpagnols : ils perdirent là près de deux mille
hqmmes ; M on. ajoute , de quarante capitaines
des gardes- flan çoifes & flamandes , il n’en réchappa
que,deux. C ’étoient des compagnies franches , car
il n y avoit point encore alors de régiment dès
gardes, & il n’y avoit que trois compagnies des
gardes du corps. -
Je ne dois pas omettre une garde de Henri I I I ,
appellée des quarante-cinq. C ’étoit quarante-cinq
gentilshommes appointés , dit le journal de ce
prince , à douze cents écus de gages & bouche à
cour , que le roi avoit mis fus depuis ces derniers
troubles , pour être toujours auprès de lui, comme
fûres gardes de fon corps 3 fe défiant de chacun j
& fe voyant comme défié de ceux de la ligue par
leur defobéifTance. Cette garde ne dura que quelques
années en qualité de garde ; ce font ceux
qu on appelle aujourd’hui .les gentilshommes ordinaires
de îâi maifon du ro i3 qu’on appelloit ainfi
des ce temps-la , comme il eft dit dans les m&»,
moires du duc de Nevers.
Enfin, il y eut une autre garde dont le corps fub-
fifte aujourd’hui en partie, mais non point en qualité
de garde. Çefont les cent gentils-hommes du
ro i, appellés communément les gentilshommes au
hec de corbin,;cè fut pendant longtemps un corps
très cqnfidérable. Je vais en faire par cette ralîon
l’hiftoire particulière , ôcenfuite je pafferai à celle
des corps qui compofent maintenant la garde du roi.
Gardes du corps.
Comme je borne mon hiftoire à la fin du rèpne
de Louis-le -Grand ,• tout, ce que je dirai de l’état
de la maifon du roi doit s’entendre principalement
du règne de ce prince.
Les gardes' du corps font la plus nombreufe
troupe de cavalerie de celles qui compofent la
maifon du roi...,
Chaque-,compagnie eft de trois cents foixante -
hommes. Elles ont chacune leur capitaine , ce font
des plus grands feigneurs du royaume. Ils fervent
par quartier.
Il y a trois.lieutenants pour chaque compagnie .,